Le théâtre au XIXe siècle
Le théâtre romantique
Le drame romantique apparaît au début du XIXème siècle, influencé par le théâtre de Shakespeare, redécouvert à cette époque, ainsi que par les romantiques allemands. Il est théorisé par Victor Hugo dans la Préface de Cromwell (1827) qui proclame la liberté totale de l’invention et de la forme théâtrale.
C’est un théâtre le plus souvent historique où se mêlent différents styles, le tragique, le pathétique, mais aussi le comique afin de représenter le monde dans sa totalité, à la fois grotesque et sublime. Cette nouvelle forme de théâtre refuse de se confronter aux obligations et règles d’écriture du théâtre classique comme le maintien des trois unités (lieu, temps, action), le respect de la bienséance ou le principe de la vraisemblance. L’effet dramatique vise à émouvoir le spectateur, en faisant appel à sa sensibilité. L’action se déroule dans de multiples lieux, décors intimes mais également dans la nature.
Le héros romantique incarne les révoltes et le « mal du siècle ». C’est un être déchiré, torturé, en proie aux passions mais souffrant aussi d’aspirations contradictoires comme Lorenzaccio, dans le drame de Musset, Ruy Blas, le héros de Victor Hugo ou Chatterton le personnage tourmenté de Vigny.
Les représentations des pièces du théâtre romantique donnent lieu à des confrontations entre les « modernes » et les « classiques ». En 1830, Hernani, de Victor Hugo, déclenche les passions et provoque la « bataille d’Hernani » en raison de son thème, de son style et de sa composition. La pièce, qui ne respecte pas les règles de la dramaturgie classique, est répétée à la Comédie-Française dans des conditions difficiles. Le soir de la première représentation, le 25 février 1830. Les partisans de Victor Hugo, les jeunes artistes romantiques mais aussi Balzac, Nerval, Dumas, Berlioz et Gautier sont là et acclament la pièce, étouffant toute critique. Le lendemain les journaux font des comptes rendus très négatifs de la pièce et s’offusquent de l’intervention bruyante des romantiques.
Ce n’est qu’à la fin du siècle, avec Edmond Rostand que le théâtre romantique renait après une parenthèse de quelques décennies. Il obtient son premier succès en 1894 avec Les Romanesques, pièce en vers présentée à la Comédie-Française, mais le triomphe vient avec Cyrano de Bergerac (1897) puis avec L’Aiglon (1900).
Le théâtre complet de Victor Hugo sur Libre Théâtre (texte intégral, résumé des oeuvres et illustrations)
Le théâtre complet d’Alfred de Musset sur Libre Théâtre (texte intégral, résumé des pièces et illustrations)
Le théâtre complet d’Edmond Rostand sur Libre Théâtre (texte intégral, résumé des pièces et illustrations)
Le théâtre d’Alfred de Vigny sur Libre Théâtre
Le théâtre d’Alexandre Dumas père sur Libre Théâtre
Le mélodrame
Parallèlement au romantisme se développe un genre théâtral plus populaire baptisé « mélodrame ». Inspirant la crainte et les larmes, il s’appuie sur un jeu et des effets scéniques spectaculaires. Les mélodrames se déroulent généralement en trois actes. Les intrigues tumultueuses reposent sur le conflit entre un « bon » et un « méchant », le héros triomphant de tous les obstacles. L’action est conçue autour d’une succession de péripéties et de rebondissements spectaculaires (batailles, poursuites à cheval, catastrophes en tout genre). René Guilbert de Pixérécourt est le plus connu des auteurs de mélodrames.
Le théâtre de Pixérécourt sur Libre Théâtre.
Le vaudeville
Au XIXe, le vaudeville, qui mêlait à l’origine comédie et chansons, évolue : le terme désigne désormais une comédie populaire légère, pleine de rebondissements dont les chansons ont disparu. (Le théâtre chanté prend alors le nom d’opérette, popularisée par Jacques Offenbach.)
Le vaudeville se développe sous le Second Empire : la bourgeoisie enrichie devient le plus fidèle public du théâtre où il est bon de se montrer.
Avec Un chapeau de paille d’Italie (1851), Eugène Labiche fait évoluer le genre en imposant un rythme endiablé : quiproquos, jeux de mots et péripéties se multiplient. A travers ses 176 pièces, souvent écrites en collaboration, il porte un regard critique et amusé sur les travers de la petite bourgeoisie.
Georges Feydeau perpétue le vaudeville en développant la mécanique comique : Tailleur pour dames (1886), L’Hôtel du libre échange (1894), La Dame de chez Maxim (1899)… Il renouvelle ensuite le genre par une étude plus approfondie des caractères dans ses comédies de mœurs en un acte, montrant notamment la médiocrité des existences bourgeoises avec On purge bébé (1910), Mais n’te promène donc pas toute nue ! (1911).
Tout le théâtre de Labiche sur Libre Théâtre (texte intégral, résumé des oeuvres et illustrations)
Tout le théâtre de Feydeau sur Libre Théâtre (texte intégral, résumé des oeuvres et illustrations)
Le drame bourgeois
La « pièce d’intrigue » est popularisée dans les années 1830-1840 par Eugène Scribe. Proche du mélodrame, ce genre appelé ensuite « drame bourgeois » utilise habilement certains ressorts, comme le retournement de situation, le quiproquo et du suspense. Marqué par le réalisme et influencé par un esprit moralisant, il représente les réalités et les questions sociales de l’époque (mariage, adultère, héritage, etc.). Un des grands succès de la période est La Dame aux camélias de Dumas fils, représentée en 1852. Un autre auteur marquant de drames bourgeois est Émile Augier. (Les Lionnes pauvres)
Le théâtre d’Eugène Scribe sur Libre Théâtre
Le théâtre d’Alexandre Dumas fils sur Libre Théâtre
Le théâtre d’Emile Augier sur Libre Théâtre.
Le naturalisme et la critique sociale
En France, au milieu du XIXe siècle, l’intérêt pour la psychologie et les problèmes sociaux donne naissance au naturalisme : l’art est investi d’une mission de progrès, qui passe par la description objective du monde réel. Pour Emile Zola, le théâtre et la littérature doivent illustrer les plaies de la société pour mieux les guérir. Il écrit pour le théâtre plusieurs drames, qui font scandale mais ne rencontrent pas le succès : Thérèse Raquin, Les Héritiers Rabourdin, Le Bouton de rose, Renée et Madeleine,
Le théâtre naturaliste trouve son terrain d’expérimentation sur la scène du Théâtre-Libre, ouvert par André Antoine en 1887. Dans ses mises en scène, les comédiens doivent vivre leurs personnages. Il insiste sur l’importance de la gestuelle, libère le jeu d’acteur des conventions et prône un jeu plus naturel. Il veut donner au spectateur l’impression d’assister à une « tranche de vie » en s’appuyant sur des costumes et des décors modernes et réalistes jusque dans les moindres détails. L’obscurité est faite dans la salle tandis que le gaz puis l’électricité permettent de concevoir des éclairages variés. Reprenant la théorie du quatrième mur (Diderot), il donne une grande importance au rôle du metteur en scène, qui passe du statut de technicien à celui de créateur.
Henry Becque cherche à atteindre une vérité sociale dans les intrigues qu’il met en scène, notamment dans la très cynique pièce Les Corbeaux. Mirbeau propose une tragédie prolétarienne, Les Mauvais bergers, l’éclosion d’une grève ouvrière et son écrasement dans le sang au théâtre de la Renaissance en 1897, avec Sarah Bernhard et Lucien Guitry. On citera également la pièce de Mirbeau le Foyer, terrible histoire d’un foyer charitable recueillant des jeunes filles. Révélé par Antoine, François de Curel pose dans ses pièces des problèmes contemporains : relations entre patrons et ouvriers (Le repas du lion, 1897) ou l’attitude du savant en face de la science : La nouvelle Idole, 1899). La version théâtrale de Poil de carotte de Jules Renard est montée avec succès par André Antoine en 1900.
Tout le théâtre d’Octave Mirbeau sur Libre Théâtre (texte intégral, résumé des oeuvres et illustrations)
Tout le théâtre d’Emile Zola sur Libre Théâtre (texte intégral, résumé des oeuvres et illustrations)
Tout le théâtre de Jules Renard sur Libre Théâtre (texte intégral, résumé des oeuvres et illustrations)
Tout le théâtre d’Henry Becque sur Libre Théâtre (texte intégral, résumé des oeuvres et illustrations)
Le théâtre de François de Curel sur Libre Théâtre.
Le théâtre symboliste
Le théâtre symboliste refuse tout réalisme et cherche à exprimer les tréfonds de l’âme humaine et des vérités métaphysiques universelles.
Villiers de l’Isle-Adam est précurseur du théâtre symboliste avec Axël ; ses premières pièces sont autant de tentatives de repenser l’esthétique dramatique et de casser les conventions. (La Révolte)
La représentation, proche de la cérémonie, est d’abord la représentation de la vision du poète. Cette esthétique rejette tout réalisme : les personnages immobiles, passifs et réceptifs à l’apparition de figures de rêve ou de l’au-delà. Les pièces symbolistes sont principalement représentées au Théâtre de l’Oeuvre.
Le décor ne fait qu’évoquer un lieu, le langage est précieux et recherché, le jeu des acteurs est stylisé. Maeterlinck, avec notamment Pelléas et Mélisande (1892) crée un univers imaginaire et angoissant. Le théâtre symbolique marque une rupture avec certaines conventions théâtrales.
Tout le théâtre de Maurice Maeterlinck sur Libre Théâtre
Le théâtre de Villiers de l’Isle-Adam sur Libre Théâtre
Les nouvelles formes de comédies
La fin du XIXème siècle voit l’émergence de nouvelles formes de comédies.
Georges Courteline dénonce avec un sens aigu de l’observation, les tracasseries administratives, la justice (Un client sérieux, 1897, le gendarme est sans pitié, 1899), l’armée (Les Gaietés de l’escadron, 1895).
En 1896, Alfred Jarry fait représenter Ubu roi au Théâtre de l’œuvre qui fait aussitôt scandale. Parodie du théâtre historique shakespearien ou romantique, cette satire féroce de toutes les formes d’autorité subvertit tous les principes du théâtre classique.
Alphonse Allais écrit et fait représenter quelques comédies, vaudevilles, revues, féeries et proverbes de 1896 à 1904.
Avec Les Affaires sont les Affaires (1903), Octave Mirbeau revient à la comédie classique de mœurs et de caractères. Il fait aussi jouer en 1904 six petites pièces en un acte, recueillies sous le titre de Farces et moralités (Vieux Ménage ,L’Epidémie, Les Amants, Le Portefeuille ,Scrupules, Interview).
Tristan Bernard écrit plus de soixante-dix comédies, explorant toutes les facettes du genre, de la comédie d’intrigue à la comédie de mœurs, peintures indulgentes, sensibles et gaies de personnages souvent attachants (Les Pieds nickelés, le Danseur inconnu, Le Costaud des Epinettes).
Tout le théâtre de Georges Courteline sur Libre Théâtre
Tout le théâtre d’Octave Mirbeau sur Libre Théâtre
Le théâtre de Tristan Bernard sur Libre Théâtre
Le théâtre d’Alfred Jarry sur Libre Théâtre
Le théâtre d’Alphonse Allais sur Libre Théâtre