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Café Müller, créé par Pina Bausch en 1978, est une œuvre emblématique dans l'histoire de la danse contemporaine. Chaque mouvement, chaque déplacement et chaque interaction semble constituer les éléments constitutifs d’une bible originelle à laquelle se réfèrent tous les chorégraphes depuis. Boris Charmatz, le nouveau directeur artistique du Tanztheater Wupertal, nous invite avec Forever à une immersion totale dans Café Müller. Pendant sept heures, vingt-cinq danseurs se relaient pour interpréter cette pièce mythique, dans une transe, envoûtante et cathartique. L’interprétation a cappela des airs de Purcell par Julien Ferranti décuple l’émotion. Chaque performance est accompagnée de témoignages d’auteurs et de danseurs, figures historiques ou nouveaux interprètes, offrant des éclairages singuliers, parfois pleins d’humour, sur cette œuvre majeure. Le public participe aussi à sa façon à cet atelier imaginaire : inconfortablement installés à dessein sur des praticables au contact direct des danseurs, debout sur les passerelles ou plus classiquement assis dans des fauteuils, les spectateurs sont invités à se déplacer afin de varier les points de vue. Tentant parfois maladroitement de se mouvoir avec la même grâce que les artistes, le public devient partie intégrante de cette expérience unique. Un spectacle coup de cœur de Libre Théâtre.

Alexis HK et Benoît Dorémus nous proposent un tour de chant théâtralisé, composé de chansons à thème et d'intermèdes en forme de sketchs faussement ou parfois vraiment improvisés. L'univers est à la fois poétique et humoristique. Ce duo comique et romantique fonctionne à merveille, la voix chaude et la nonchalance du premier se combinant parfaitement avec la voix plus perchée et le caractère plus mordant du deuxième. Le spectacle dans son ensemble apparaît comme un éloge de la modestie, l'apparente superficialité du propos cachant une profonde sensibilité aux petites choses de la vie, qui en font tout le sel. On est vite conquis par cet irrésistible duo aux allures de Simon and Garfunkel sous Prosac, dissertant dans leur loge avant un concert sur la vanité de l'existence en général et du showbiz en particulier. Un coup de cœur de Libre Théâtre.

Il est de grands écrivains comme Céline, dont on admire l'œuvre en dépit de la petitesse de leur vie, qui les disqualifie en tant qu'homme par des compromissions nauséabondes. Il en est d'autres dont l'œuvre est en parfaite harmonie avec une vie exemplaire, vouée toute entière au service de l'Homme et du Peuple. Hugo et Zola sont de ceux-là. Située au moment de "l'Affaire", cette pièce est un duel verbal sans merci entre Zola, le génie littéraire que tout le monde connaît, qui sa vie durant paya le prix de ses engagements, et un pamphlétaire à succès de l'époque, complètement oublié aujourd'hui : Léon Daudet, le fils d'Alphonse. L'Affaire Dreyfus est la la fois la honte et l'honneur de la France. La honte des obscurs motifs de la condamnation de cet honnête homme, en pleine montée de l'antisémitisme dans notre pays. L'honneur de son éclatante réhabilitation, rendue possible par le courage d'une poignée d'intellectuels et par la liberté de la presse. Ce spectacle s'inscrit dans la lignée des grandes confrontations verbales au théâtre, comme "Le Souper" ou "Diplomatie". Il est solidement basée sur l'écriture ciselée de Didier Caron, servie par l'interprétation étincelante de Pierre Azéma et de Bruno Paviot. Il nous livre avec brio et souvent avec humour un message humaniste, en ces temps troublés où ressurgissent partout dans le monde les vieux démons qui ont déjà causé tant de souffrances par le passé. Oui, tout simplement, cela fait du bien d'entendre parfois un très beau texte, superbement interprété, et porteur d'espoir. Alors pourquoi s'en priver ? Cette pièce, en effet, nous rappelle aussi qu'il n'y a pas de bon spectacle sans un bon auteur... à une époque où, à Avignon notamment, trop de comédiens ou de metteurs en scène pensent pouvoir se passer d'un auteur tout court. Avec des œuvres comme celle-ci, mais aussi Fausse Note, ou encore Un Cadeau Particulier, cet auteur discret, qu'on peut croiser tous les jours en train de tracter lui-même dans les rues d'Avignon, bâtit une œuvre à la fois brillante et engagée, s'adressant néanmoins à un très large public. Le théâtre que l'on aime et que l'on défend. Un Coup de Cœur de Libre Théâtre.

Mothers, A Song for Wartime

Mères. Un chant pour temps de guerre. Les filles et les mères font partout dans le monde l'objet de violence. En temps de paix dans tous les compartiments de la société, mais aussi, voire surtout, dans les foyers. En temps de guerre où le viol est élevé au rang d'arme de destruction massive. Il est des spectacles pour lesquels on ne peut distinguer la dimension esthétique et la portée politique. C'est le cas de cette performance collective chantée et parfois même criée à la face du public et du monde. Marta Górnicka a rassemblé pour l'occasion un groupe de femmes principalement ukrainiennes, victimes de ces violences utilisées comme une continuation de la guerre par d'autres moyens. Quand dire c'est faire, quand crier c'est agir, le spectacle vivant devient un défi à la barbarie et un combat pour l'émancipation. Un combat qui semble hélas sans fin tant les fragiles victoires sont souvent suivies d'impitoyables contre-attaques. Oui, l'invasion de l'Ukraine tient au sens figuré comme au sens propre d'un viol collectif. Et au cri de révolte de ces femmes violentées mais toujours debout, le public de la Cour d'Honneur a répondu par une longue "standing ovation" en marque de soutien. Soutien à l'Ukraine, aux femmes, aux femmes ukrainiennes, et à toutes les femmes partout dans le monde.

Pour tous les amateurs de musique classique, la mention Köchel qui sert à identifier les œuvres de Mozart est souvent une énigme. C’est à la résolution de ce mystère que nous invite ce spectacle, à travers l’exploration des œuvres de Mozart et de la sonate pour piano n° 11 (K331), célèbre pour son troisième mouvement dit « alla turca ». Entre burlesque et récital, Camille de Léobardy illustre le difficile processus créatif, même chez un génie, en faisant dialoguer les personnages de Mozart et de Ludwig van Köchel, tout en interprétant des extraits de la sonate dans sa version originale, mais aussi dans de multiples variations passant avec facilité du tango au jazz. Une prouesse musicale et théâtrale, non dénuée d’humour puisqu’elle propose une version inédite pour harmonica et djembé. Un spectacle rafraichissant pour vos soirées avignonnaises.

Actualité du répertoire de Jean-Pierre Martinez

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