Un client sérieux de Georges Courteline

Comédie en un acte, représentée pour la première fois au Carillon le 24 août 1896, publié en 1897.
La scène de la première audience figure sous forme de saynète avec des intermèdes chantés dans Les Ombres Parisiennes (1894), sous le titre A Huitaine !

Distribution : 9 hommes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre.

L’argument

https://archive.org/details/unclientsrieux00cour
Un Client sérieux. Illustration d’après les dessins de Barrère. Edition de 1912. Source : archive.org

Le Substitut craint d’être révoqué car Barbemolle, avocat au Barreau de Paris, voudrait prendre sa place. Dans la salle d’audience, Lagoupille se présente pour être jugé des faits qui lui sont reprochés mais ce dernier n’a pas d’avocat… Par chance, le fameux Maître Barbemolle est présent dans la salle et va être désigné avocat de Lagoupille par l’huissier.
Le tribunal entre en séance. La première audience de la journée est reportée pour une quatrième fois. La deuxième audience concerne justement le cas de Lagoupille. Alfred accuse ce dernier de se comporter « comme un cochon » dans son café du Pied qui remue. Le patron, excédé par le comportement de Lagoupille qui accapare tout autour de lui quand il se rend dans son café, a tenté de l’en expulser par la force.

Lien audio

Lien vers l’enregistrement audio réalisé par le site  courteline.org

Un extrait

Lagoupille.
J’ai à dire que M. Alfred se conduit comme un cochon.
Le président.
Vous l’avez déjà dit. Ensuite ?
Lagoupille.
Ensuite, c’est un sale menteur ! Comment, qu’y dit, je prends une consommation ?… J’en prends sept !
Alfred.
Sept ?
Lagoupille.
Oui, sept !
Alfred.
Par semaine ?
Lagoupille.
Par jour.
Alfred.
Vous vous fichez du monde. Citez-les donc un peu, vos sept consommations. Non, mais citez-les donc, qu’on voie !

https://archive.org/details/unclientsrieux00cour
Un Client sérieux. Illustration d’après les dessins de Barrère. Edition de 1912. Source : archive.org

Le président.
Répondez.
Lagoupille.
Monsieur, c’est bien simple. J’arrive et je demande un café. Bon, on me sert un verre de café,
trois morceaux de sucre, une carafe d’eau et un carafon de cognac.
Le président.
Ça fait une consommation.
Lagoupille.
Ça fait une consommation.
Alfred.
Jusqu’ici nous sommes d’accord !
Lagoupille.
Bon ! je bois la moitié de mon café et je comble le vide avec de l’eau. Ça me fait un mazagran. Deuxième consommation.
Alfred.
Quoi ? Quoi ?
Le président.
Laissez parler le prévenu.
Lagoupille.
Dans mon mazagran, je mets de l’eau-de-vie : ça me fait un gloria.
Alfred.
Ah çà ! mais…
Barbemolle.
Ces interruptions continuelles sont insupportables. Je supplie la partie civile de laisser mon client s’expliquer.
Lagoupille.
Bon ! je prends un deuxième morceau de sucre et je le mets à fondre dans l’eau, ça me fait un verre d’eau sucrée. Dans mon verre d’eau sucrée, je reverse du cognac ; ça me fait un grog. Mon grog bu, je m’appuie un peu de cognac pur, ça me fait une fine champagne.
Le président.
Et enfin ?
Lagoupille.
Enfin, sur mon dernier bout de sucre, je verse le restant de mon carafon. J’y mets le feu, ça me fait un punch.Total : un café, un mazagran, un gloria, un verre d’eau sucrée, un grog, une fine et un brûlot. Sept consommations.
Le président.
C’est exact !
Alfred.
Charmant ! Et à la fin du compte, combien est-ce que je touche, moi ? Six sous ! Et vous croyez que ça m’amuse, après que vous m’avez rasé toute la soirée, d’inscrire six sous à mon livre de caisse ?
Lagoupille.
Ça vous embête ? Eh bien, prenez une caissière.

Lien sur le site de l’INA

Introduction à l’oeuvre de Courteline et retransmission d’Un Client sérieux depuis la salle Richelieu de la Comédie Française  sur le site de l’INA

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