Biographie d’Eugène Labiche

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Eugène Labiche. Atelier Nadar 1910. Source : BNF/ Gallica

Eugène Labiche naît à Paris le 5 mai 1815. Son père est un riche industriel qui possède une fabrique de sucre à Rueil-Malmaison. Une fois son baccalauréat en poche en 1833, il voyage avec des amis en Suisse, dans la péninsule italienne et en Sicile. Il envoie à un journal parisien de petites scènes de vie pleines de fantaisie, qu’il publiera en 1839 sous le titre La Clé des champs. À cette époque, il rédige aussi des articles de critique théâtrale dans la Revue du théâtre.


Les débuts

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Caricature d’Eugène Labiche pour le Panthéon Nadar. Source : BnF/Gallica

En 1837, Eugène Labiche fonde avec Auguste Lefranc et Marc-Michel une association de production théâtrale, qu’il appelle avec humour « l’usine dramatique » et crée en collaboration avec ses deux amis sa première pièce, La Cuvette d’eau. L’année suivante, en 1838, il remporte un premier succès avec Monsieur de Coislin. Il publie ensuite régulièrement deux à trois pièces par an. Il ne retiendra aucune d’entre elles quand il éditera son Théâtre complet.

En 1842, il épouse une riche héritière âgée de dix-huit ans, Adèle Hubert. À son mariage, il promet à son beau-père d’abandonner le théâtre. Il tient son engagement pendant un an, mais s’ennuie tellement que sa femme l’encourage à se remettre à écrire.

Le succès en 1844 du Major Cravachon, au Théâtre du Palais- Royal, lui permet de devenir le collaborateur régulier de cette salle.

Eugène Labiche tente une carrière politique en 1848 et se porte candidat à Rueil-Malmaison lors des premières élections au suffrage universel masculin, pour l’Assemblée constituante  de la IIe République. C’est un échec  : il abandonne la politique jusqu’en 1868, date à laquelle il est élu maire de Souvigny-en-Sologne, commune dont dépend le château de Launoy qu’il  achète en 1853.


Le succès

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Labiche par Nadar (entre 1854-1870). Source : BnF/ Gallica

Sa production s’accélère à partir de 1848 avec en moyenne 10 pièces par an. Il devient le principal vaudevilliste des années 1840-1860  et connait le succès avec Embrassons-nous, Folleville ! (1850), Un chapeau de paille d’Italie (1851), Le Misanthrope et l’Auvergnat (1852), Mon Isménie (1852), L’Affaire de la rue Lourcine (1857), Le Voyage de Monsieur Perrichon (1860),  Les Deux Timides (1860),  La Poudre aux yeux (1861), La Station Champbaudet (1862), La Cagnotte (1864).

Un grand nombre de ces pièces sont données au théâtre du Palais-Royal, qui accueille des comédies et des vaudevilles.

En 1849, il est élu membre de la commission de la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques, en qualité d’archiviste.


La reconnaissance

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Eugène Labiche par Marcellin Desboutin. Source : RMN

En 1861, il est  fait chevalier de la Légion d’honneur. Labiche œuvre ensuite pour être représenté sur la scène de la prestigieuse Comédie-Française  :  il y parvient en 1864, avec la pièce Moi, puis en 1876, avec La Cigale chez les fourmis, écrite en collaboration avec l’académicien Ernest Legouvé. Mais le public se montre peu enthousiaste.

16 autres pièces seront données entre 1871 et 1878 dont deux comédies de caractère : Doit-on le dire ?  (1872) et Le Prix Martin (1876) qui est un échec. Après l’échec relatif de La Clé, jouée en 1877, il arrête  sa carrière d’auteur dramatique et se consacre à l’édition de ses œuvres complètes publiées en 1880. Il est élu la même année à l’Académie française, après quelques débats. Lors de son discours de réception à l’Académie, Labiche définit clairement son objectif à travers ses oeuvres : amuser le public. Alphonse Daudet, soulignera  : « Labiche n’est pas seulement un merveilleux amuseur, mais un observateur profond, un railleur qui sait toujours où va son rire. »

Le 27 janvier 1881, il préside le banquet annuel de l’Association des anciens élèves du lycée Condorcet et prononce un discours fort applaudi : «Ce qu’il vous faut promener dans le monde, c’est notre gaieté, cette gaieté qui est de vieille race française et qu’aucun peuple ne possède. Entretenez avec amour ce feu national – Riez !» .

Labiche meurt à Paris le 13 janvier 1888, à l’âge de soixante-treize ans. Il est enterré au cimetière de Montmartre.

Au total, Eugène Labiche a écrit 176 pièces dont la quasi-totalité (172) en collaboration avec d’autres auteurs  (on en compte 46). Les plus collaborateurs les plus réguliers sont  : Alfred Delacour, Marc-Michel,  Édouard Martin, Alfred Monnier, Auguste Lefranc et Alfred Choler.

Delacour décrit ainsi leur méthode de travail, « notre mode de collaboration étant le suivant : notre plan fait, j’écris la pièce entière, que Labiche récrit à son tour sur mon manuscrit ».  Il semble que le travail de révision de Labiche consistait principalement à supprimer des longueurs, à intervenir sur les répliques des personnages et l’enchaînement des situations pour renforcer les effets comiques.

Son « Théâtre complet », paru en 1879, compte 57 pièces que Labiche a lui-même sélectionnées.
Libre Théâtre vous propose 83 pièces en texte intégral et en téléchargement gratuit, accessible sur Libre Théâtre via la page Le Théâtre d’Eugène Labiche.

Chroniques concernant Labiche sur Libre Théâtre :
Le mariage chez Labiche
Labiche et le rire : les procédés comiques dans le théâtre de Labiche

Sources:

Bassan Fernande. La comédie de boulevard au XIXe siècle. In: Cahiers de l’Association internationale des études francaises, 1991, n°43. pp. 169-181. Lien sur Persée

Emelina Jean. Labiche : le comique de vaudeville. In: Romantisme, 1991, n°74. Rire et rires. pp. 83-92. En ligne sur Persée

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