Le Théâtre national Ivan Vazov à Sofia (Bulgarie)
À l’occasion de notre deuxième séjour à Sofia pour assister à trois pièces de Jean-Pierre Martinez (Elle et Lui, Un cercueil pour deux et Strip Poker), Libre Théâtre a eu l’honneur de bénéficier d’une visite privée du Théâtre national Ivan Vazov, avant d’être invité à une représentation de « Hashove » (Exilés), un spectacle à ne pas manquer, même si vous ne parlez pas bulgare. L’occasion de nous intéresser à l’histoire du Théâtre national Ivan Vazov.
Lien vers l’article général consacré au théâtre en Bulgarie.
L’histoire du bâtiment
À la fin du XIXème siècle, après la guerre russo-turque qui aboutit à la libération de la Bulgarie du joug de l’Empire Ottoman, la ville de Sofia devient la capitale de la principauté de Bulgarie et se modernise. La construction d’un théâtre national est votée en décembre 1898. Le professeur Ivan Shishmanov, alors ministre de l’Éducation, transforme, sous l’impulsion des représentants les plus influents de la culture bulgare, la troupe « Larmes et rires » en une institution publique nommée Théâtre National.
Le bâtiment est construit près de l’ancien palais du tsar à Sofia (aujourd’hui la Galerie nationale d’art) à partir d’un projet des architectes viennois Hermann Helmer et Ferdinand Fellner, à l’emplacement du théâtre en bois Osnova. Le bâtiment est achevé fin 1906 et la première représentation a lieu le 3 janvier 1907. La salle peut accueillir 900 spectateurs.
Ivan Shishmanov accueille la troupe du Théâtre national dans le nouveau bâtiment par ces mots : « Une jeune nation a besoin de l’influence ennoblissante de la scène. Voyez-vous non seulement comme des prêtres de l’art, mais aussi des éducateurs publics. Ce magnifique bâtiment n’est pas encore un théâtre. Il le deviendra lorsqu’il vivra par le jeu des acteurs »
En février 1923, lors d’une représentation, le décor de la scène s’enflamme soudainement. Le théâtre est gravement endommagé et la restauration du théâtre, dans un style néoclassique, dure jusqu’en 1929.
Lors du bombardement de Sofia en 1943/1944, le bâtiment est à nouveau gravement endommagé et réparé en 1945. La dernière grande rénovation a eu lieu en 1971-1975 avec la restauration de l’aspect d’origine du théâtre et la construction d’une deuxième salle, plus petite. En 2007 les façades, la toiture et les éléments décoratifs, notamment les dorures, sont rénovés.
Le Théâtre national Ivan Vazov aujourd'hui
Le Théâtre national dispose aujourd’hui d’une grande scène avec 780 places, d’une « salle de chambre » avec 135 places et d’une salle « Apostol Karamitev » au quatrième étage dotée de 90 places.
Comme de nombreux théâtres en Bulgarie, le Théâtre National dispose d’une troupe d’acteurs permanente, au sein de laquelle on retrouve certains des meilleurs acteurs bulgares, de différentes générations.
57 pièces sont inscrites au répertoire du théâtre. De très nombreux auteurs bulgares ont écrit pour la scène et certaines pièces sont devenues des classiques.
Chaque saison, plus de 600 représentations sont proposées sur les trois scènes du théâtre.
Hashove (Exilés) d'après Ivan Vazov, adaptation et mise en scène d'Alexander Morfov
En 1904, Hashove a été la première pièce à être mise en scène au Théâtre national. En 1954, elle était de nouveau programmée pour fêter le 50e anniversaire du théâtre. Pour le centième anniversaire, Alexander Morfov a proposé une adaptation flamboyante de cette œuvre qui, depuis 2004, est donnée régulièrement dans la grande salle du Théâtre national, qui porte le nom de son auteur Ivan Vazov.
La pièce, mêlant drame et comédie, raconte l’histoire d’un groupe de révolutionnaires bulgares réfugiés en Roumanie à la fin du XIXème siècle quand la Bulgarie faisait partie de l’Empire ottoman. Alexander Morfov fait appel à toute la machinerie sophistiquée du Théâtre national pour enchaîner de manière spectaculaire les tableaux, souvent d’une grande poésie : nous suivons les exilés dans un café, un théâtre, une patinoire ou au pied d’un mur où sont inscrits à la craie les mots « la Mort ou la Liberté ». Sa mise en scène multiplie les clins d’œil au cinéma européen, d’Amélie Poulain à Wim Wenders, en passant par Fellini. Ne comprenant pas la langue bulgare, nous n’avons pas pu apprécier les répliques qui déchaînent l’hilarité de la salle. En revanche, la dimension universelle du propos, portée par le jeu des comédiens et le choix des musiques, ne peut qu’émouvoir.
Une expérience théâtrale à ne pas manquer.
Le Théâtre au Musée national d'histoire
Si vous êtes à Sofia, ne manquez pas le Musée national d’histoire, au pied du Mont Vitosha