Lettre d’information de Libre Théâtre n°21

9 mai 2017

Le Théâtre d’Edmond Rostand

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Dessin de Z. Bakbio. Source : Bnf/Gallica

Nous vous invitons à découvrir l’œuvre théâtrale d’Edmond Rostand et ses multiples facettes, à travers l’exploration des 7 pièces mises en ligne sur le site Libre Théâtre.
Cyrano de Bergerac reste l’œuvre maîtresse, mêlant fantaisie et sublime dans une fresque héroïque et romantique. L’Aiglon a la même puissance poétique que Cyrano. C’est le récit bouleversant de l’échec du fils de Napoléon Ier et de Marie-Louise d’Autriche, « l’histoire d’un pauvre enfant ». Ce rôle de jeune homme a été écrit pour Sarah Bernhardt, qui créa le rôle à 57 ans.
Cette grande tragédienne a été également à l’origine de deux autres pièces de Rostand. La Princesse lointaine conte le destin de Joffroy Rudel, un troubadour aquitain, qui a tant chanté la beauté légendaire de la princesse de Tripoli, Mélissinde, qu’il en est tombé amoureux. Cette pièce marque la première collaboration entre Edmond Rostand et Sarah Bernhardt, alors en pleine gloire et qui est à la recherche de nouveaux talents pour le Théâtre de la Renaissance qu’elle dirige. La Samaritaine est  une pièce religieuse, inspirée par les Evangiles, qui raconte la rencontre de Jésus et Photine.
Chanteclerc est un autre monument de Rostand. C’est une très belle fable poétique, lyrique et allégorique qui raille tous les défauts des hommes, incarnés par différents animaux de basse-cour : la vanité, l’ambition, la jalousie, le cynisme, la prétention… La critique a été féroce pour cette comédie hors-norme, rarement mise en scène aujourd’hui du fait du nombre d’acteurs et de costumes nécessaires
Deux autres pièces, moins connues, sont tout aussi intéressantes. Les Romanesques, premier succès d’Edmond Rostand représenté à la Comédie-Française, est une comédie charmante et pleine d’humour qui met en scène deux jeunes amoureux et leurs pères qui se détestent… en apparence. À l’opposé de la légèreté des Romanesques, l’ultime pièce de Rostand, La Dernière Nuit de Don Juan, est sombre et désespérée. Cette œuvre, moins brillante, parce que moins travaillée, a été d’ailleurs éditée de manière posthume. Elle fournit néanmoins une belle matière théâtrale en mettant en scène l’affrontement de Don Juan et d’un marionnettiste, qui n’est autre que le Diable.

Si vous souhaitez en savoir plus sur cet auteur (et le rôle joué par sa femme, la poétesse Rosemonde Gérard, dans l’élaboration de son œuvre), nous vous recommandons très chaleureusement le spectacle Les Rostand à la Folie-Théâtre (voir notre avis ci-dessous).


Biographie d’Edmond Rostand

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Edmond Rostand par Jean Reutlinger. Source : BnF/Gallica

Nous avons repris la biographie parue dans le numéro spécial de la revue La Rampe du 15 décembre 1918, consacré à la mort d’Edmond Rostand. Cet article très complet rappelle les grandes étapes de la vie de l’auteur, mais témoigne également de l’admiration qu’il a suscitée auprès de ses contemporains  : « Edmond Rostand le plus populaire de nos auteurs dramatiques, le plus illustre de nos poètes n’est plus. La grippe stupide l’a enlevé brusquement à l’affection et à la tendresse de sa femme, de sa famille et de ses amis et admirateurs si nombreux…. » Lire la suite.


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Les romanesques : une maquette de costume par Marcel Mültze. Source : BnF/Gallica

Les Romanesques (1894)

Un mur sépare les jardins de deux hommes qui se détestent, Bergamin et Pasquinot.  Mais Percinet et Sylvette, leurs enfants, s’aiment, tels Romeo et Juliette, et se retrouvent chaque jour près du mur en cachette. En réalité, la haine entre les deux pères est un subterfuge pour que les jeunes gens, à l’esprit trop « romanesque », tombent amoureux et se marient permettant la réunion des deux propriétés. Les deux pères imaginent un faux enlèvement pour rendre possible la réconciliation entre eux. Tout se passe comme prévu, mais quand ils avouent aux deux jeunes gens leur machination, le mariage est alors compromis…
Les Romanesques ont été joués le 21 mai 1894 à la Comédie-Française. La critique a été très favorable. Lire la suite.


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Sarah Bernhardt dans le rôle de Mélissinde. Source : Bnf/Gallica

La Princesse lointaine (1895)

Le succès des Romanesques à la Comédie-Française permet à Edmond Rostand de rencontrer Sarah Bernhardt. Elle  lui commande le rôle de Mélissinde. Edmond Rostand s’inspire de la Vida de Jaufre Rudel.  Mucha, ami de Sarah Bernhardt et sous contrat d’exclusivité avec elle,  co-produisit la pièce et réalisa des dessins des costumes, bijoux, décors, programme du spectacle… Lire la suite.


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Sarah Bernhardt dans le rôle de Photine. Source : BnF/Gallica

La Samaritaine (1897)

Évangile en trois tableaux et en vers, représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre de la Renaissance le 14 avril 1897.

Libre Théâtre propose de découvrir la très belle affiche dessinée par Mucha, un enregistrement audio de Sarah Bernhardt, quelques superbes photos de la grande tragédienne dans le rôle de Photine, deux éditions illustrées de la pièce à feuilleter… Lire la suite.


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Constant Coquelin dit aîné créateur de Cyrano. Source : BnF/ Gallica

Cyrano de Bergerac (1897)

Outre le texte intégral de la pièce, Libre Théâtre vous propose de découvrir un trésor : le film tourné en 1900 à l’occasion d’une expérience de cinéma sonore, le Phono-Cinéma-Théâtre, pendant l’Exposition Universelle de Paris. Ce témoignage est exceptionnel à plus d’un titre : on y voit Coquelin, le créateur de Cyrano en 1897 dans un film colorisé, avec une bande son. En relation avec la pièce, Libre Théâtre propose également des liens vers des affiches, des enregistrements vidéos ou audios de grands interprètes, des dossiers pédagogiques et le récit de la première représentation de Cyrano…
« Soirée stupéfiante, formidable, irrésistible !  Et voici Edmond Rostand sacré notre plus illustre poète dramatique. Cyrano a été un succès, que dis-je un succès, un triomphal succès. Et c’était justice, puisque c’était le triomphe de l’imagination, de l’esprit, de la sensibilité, de l’abnégation et de la bravoure. C’est un conte de fées, mais de l’espèce la plus captivante qui soit, l’histoire d’un vrai artiste et contée par un vrai poète » Lire la suite.


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M. Rostand et son Aiglon. Dessin de A. Rouveyre. Source : BnF/Gallica

L’Aiglon (1900)

La pièce a été créée le 15 mars 1900 au Théâtre Sarah-Bernhardt avec, dans le rôle de l’Aiglon, Sarah Bernhardt, Lucien Guitry puis Coquelin l’Ainé dans le rôle de Flambeau. La pièce fut jouée sans interruption jusqu’au 30 octobre 1900 et partit en tournée en France et à l’étranger, notamment aux Etats-Unis.

L’Aiglon a été interdit pendant l’Occupation avant d’être repris au moment de la Libération et de triompher, comme une œuvre patriotique, pendant 2 ans au Théâtre du Châtelet. La première eût lieu le 3 août 1945 en présence de quatre ministres et au profit des orphelins de la Résistance, dans une mise en scène de Maurice Lehmann. Deux « Aiglon » jouaient en alternance : Jeanne Boitel et Pierre Cresson. Le journal Résistancedu 6 juin 1945 titrait « Mozart sera l’Aiglon », Mozart étant le nom de la comédienne Jeanne Boitel lorsqu’elle était dans la clandestinité. Lire la suite.


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Les Animaux de Chantecler : Le chat (Chabat), la pintade (Augustine Leriche), la poule faisane (Simone), le coq superbe (Lucien Guitry) etc… : affiche de Daniel de Losques en 1910. Source : BnF/Gallica

Chantecler (1910)

Chantecler, un fier coq, règne sur la basse-cour. Son chant est tellement puissant qu’il est persuadé qu’il fait se lever le soleil chaque jour.
Après le succès de Cyrano et de L’Aiglon, les critiques et spectateurs attendaient avec impatience la nouvelle création d’Edmond Rostand. Mais la forme de Chanteclerdéconcerte. Malgré certaines critiques haineuses (notamment du côté de la presse nationaliste) ou dubitatives, le public se presse nombreux. La pièce part ensuite en tournée dans toute la France et à l’étranger.
Libre Théâtre propose quelques documents intéressants autour de cette pièce : le récit de la première par Léon Blum dans Comœdia, les dessins des incroyables costumes… Libre Théâtre propose également deux regards contemporains : l’adaptation de cette pièce pour la télévision par Jean-Christophe Averty en 1976 et la mise en scène de Jérôme Savary en 1994. Lire la suite.


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Extrait de Vogue du 01 avril 1922. Source : BnF/Gallica

La Dernière Nuit de Don Juan (1911)

Don Juan est emmené par la statue du Commandeur aux Enfers mais négocie avec le Diable. Celui-ci lui accorde un sursis de dix ans. Dix ans après, le Diable revient chercher Don Juan sous les traits d’un marionnettiste. Don Juan défend l’œuvre de sa vie, mais dans une cruelle joute oratoire, le Diable va montrer à Don Juan l’échec de son existence.

Cette pièce a été éditée après la mort d’Edmond Rostand en 1921 et créée en mars 1922 au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Lire la suite.


Actuellement à l’affiche

Les Rostand par la Compagnie Intersignes

A la Folie Théâtre, 6, rue de la Folie Méricourt, 75011 Paris
Vendredi et samedi à 19h30, jusqu’au 3 juin 2017

Ce spectacle nous invite à entrer dans l’intimité du couple Rostand en faisant revivre sur la scène la relation tumultueuse de l’immense auteur de Cyrano de Bergerac avec la poétesse Rosemonde Gérard, à travers quelques moments-clés de leur vie. L’excellent texte de Philippe Bulinge, spécialiste de l’œuvre d’Edmond Rostand, évoque avec bonheur l’histoire de cette relation passionnée, tout en nous donnant à entendre quelques-uns des plus beaux  vers de Rostand. La pièce nous dévoile le rôle de Rosemonde qui a accompagné avec abnégation Edmond dans son douloureux processus de création, au point de ne plus écrire elle-même pour mettre son talent au service de son mari puis de son fils, Maurice. À travers cette succession de tableaux qui nous dépeignent quelques moments de la vie d’Edmond Rostand, c’est aussi une page brillante de l’histoire du théâtre en France qui est rappelée, grâce à une mise en scène sobre mais efficace.

Ce texte est en outre porté par de grands acteurs  : Vincent Arnaud est un Rostand qui passe de l’exaltation au désespoir. Charlotte Michelin incarne une Rosemonde touchante et parfois bouleversante, mais toujours déterminée.

Un spectacle, passionnant et surtout très émouvant, à ne pas manquer  ! Lire la suite.


L’Île des esclaves, par la troupe du Bon Air

Comédie Saint-Michel
95 Boulevard Saint-Michel
Les jeudis à 19h45, les samedis à 15h15, les dimanches à 18h15
À la Comédie Saint-Michel, la jeune compagnie du Bon Air nous  propose de découvrir ou redécouvrir ce texte drôle et touchant, portant un regard critique sur la société de son époque.
Le décor est sobre : quelques filets de pêche rappellent que nous sommes sur une île, une malle échouée évoque le récent naufrage. Les relations sociales et le renversement des rôles sont habilement symbolisés par quelques accessoires qui changent de mains : une épée, un collier, des escarpins, une bouteille, une veste… Mais Trivelin, le sage gouverneur, garde, avec son pistolet, la maîtrise des événements. Cette économie de moyens permet de mettre encore davantage en lumière la belle performance des cinq jeunes comédiens au service de la langue brillante et ciselée de Marivaux.
Théo Lelong, qui signe également la mise en scène, incarne un Iphicrate hautain et manipulateur. Euphrosine, interprétée par Aurélie de Raphélis Soissan, d’abord méprisante, devient bouleversante quand Arlequin propose de l’épouser. Nicolas Barry, tout en mesure, tour à tour grave et enjoué, incarne le gouverneur de cette république utopique. Jules Prieur Sergent joue un Arlequin espiègle, revanchard mais aussi très humain et fondamentalement bon. Jeanne Feydel, en Cléanthis, pétille de malice mais sait aussi devenir dure et cassante, pour se venger des humiliations qu’elle a subies de la part de son intransigeante maîtresse.
En résumé, un spectacle enthousiasmant, à ne pas manquer, surtout pour la formidable performance de ces cinq jeunes comédiens. Lire la suite.


Le Tartuffe, mise en scène par Antonio Díaz-Florián

Du 24 avril au 26 juin 2017 au Théâtre de l’Épée de Bois. Cartoucherie Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris. Lundi à 20h30.
Laissant de côté un parti pris réaliste, la mise en scène d’Antonio Díaz-Florián se joue donc des conventions théâtrales par ce dispositif en aplat, qui fait ressortir toute la profondeur du texte. On comprend alors que c’est bien la question de la vérité qui est au centre de la pièce. Loin de l’hypocrite ridicule des mises en scène classiques, en le mettant ainsi à distance, la Troupe de l’Épée de Bois nous propose un Tartuffe, lui aussi victime de ses passions, qui jamais n’a été si proche de nous. Lire la suite.


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data.libretheatre.fr recense aujourd’hui 747 oeuvres théâtrales du domaine public. Le chargement du texte intégral de ces oeuvres se poursuit. 350 textes ont été traités à ce jour.

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