Le théâtre au XVIIe siècle

La Tragédie

Reprenant les théories de la Poétique d’Aristote, très commentée pendant la Renaissance, et à la formulation de la règle des trois unités, la tragédie classique respecte la règle des trois unités. Cette règle a pour but de ne pas éparpiller l’attention du spectateur pour qu’il se concentre sur l’intrigue pour mieux le toucher et l’édifier :

  • Unité d’action : la pièce ne met en scène qu’une seule action principale. Il peut y avoir des intrigues secondaires mais ces dernières doivent trouver leur résolution au plus tard en même temps que l’action principale.
  • Unité de temps : toute l’action représentée est censée avoir lieu dans un seul jour.
  • Unité de lieu : toute l’action représentée se déroule dans un seul endroit.

Théâtre du Marais. Scène du Cid, de Corneille : [estampe] / Ad. M. [sig.] Source BnF
Théâtre du Marais. Scène du Cid, de Corneille : [estampe] / Ad. M. [sig.] Source BnF
La tragédie classique française est inspirée des tragédies antiques grecques. Elle met en scène que de très hauts personnages, appartenant à l’histoire ou aux mythes de l’Antiquité.

Les faits doivent paraître vraisemblables aux spectateurs : il faut qu’ils aient l’illusion d’assister au déroulement d’une histoire réelle. La tragédie doit aussi respecter la vraisemblance et la bienséance.

La tragédie doit également respecter la bienséance. Le comportement des personnages doit être conforme à leur âge et à leur condition sociale. Rien ne doit choquer la sensibilité ou les principes moraux du spectateur : violence et intimité physique sont exclues de la scène.

Le dénouement est souvent tragique. La tragédie classique prétend remplir une fonction morale, conforme ainsi au principe de catharsis définie par Aristote. En s’identifiant à des personnages dont les passions coupables sont punies par le destin, le spectateur de la tragédie se voit délivré, « purgé » des sentiments inavouables qu’il peut éprouver secrètement.

Les principaux auteurs de tragédies au XVIIe siècle  :

Jean Racine (1639-1699) – Chroniques de Bérénice, Britannicus, Phèdre

Pierre Corneille (1606-1684): liste des œuvres sur Libre Théâtre

Jean de Rotrou (1609-1650) –  Antigone sur Libre Théâtre, Agésilan de Cochos sur Théâtre Classique, L’Innocente Fidélité sur Gallica, Le Véritable Saint Genest sur Wikisource,  Venceslas sur Wikisource

Georges de Scudéry (1601-1667) : Eudoxe sur wikisource, L’Amour tyrannique sur Théâtre classique, Le Prince déguisé sur wikisource, Le Vassal généreux sur wikisource

Thomas Corneille (1625-1709) : La Mort d’Achille sur Wikisource, Le Comte d’Essex sur Wikisource, Le Festin de pierre sur Wikisource, Médée sur Wikisource, Persée et Démétrius sur Wikisource, Stilicon sur Wikisource, Ariane sur Wikisource, Timocrate sur Théâtre Classique

mais aussi :

François Hédelin Aubignac (abbé d’, 1604-1676) : La Pucelle d’Orléans sur Gallica

Balthasar Baro (1600?-1650) : Célinde sur Gallica

Catherine Bernard (1662-1712) – Chronique de Brutus sur Libre Théâtre, 

François Le Métel de Boisrobert (1592-1662)  : La Vraie Didon ou la Didon chaste sur Gallica

Claude Boyer (1618-1698) : Oropaste ou le Faux Tonaxare sur Théâtre Classique

Jean Galbert de Campistron (1656-1713) : Arminius sur Théâtre classique

Nicolas Chrétien des Croix (15..-16..) : Les Portugais infortunés sur Gallica

Prosper Jolyot de Crébillon (1674-1762) : La Nuit et le moment sur wikisource, Atrée et Thyeste sur wikisource, Catilina sur Théâtre Classique, Rhadamisthe et Zénobie sur Théâtre classique

Savinien de Cyrano de Bergerac (1619-1655) : La Mort d’Agrippine sur wikisource, Le Pédant joué sur Gallica

Antoinette Des Houlières (1638-1694) : Genseric sur Gallica, La mort de Cochon sur Gallica

Pierre Du Ryer (1605-1658) : Alcimédon sur wikisource, Saül sur Théâtre classique

François de Fénelon (1651-1715) : Dialogues des Morts sur Gallica

Alexandre Hardy (1570?-1632?) : Elmire ou l’Heureuse Bigamie sur Gallica, Scedase ou l’hospitalité violée sur Gallica

Gautier de Coste La Calprenède (sieur de, 1609?-1663) : Le Comte d’Essex sur Théâtre Classique

Pierre Mainfray (1580-1630) : La Rhodienne ou la Cruauté de Soliman sur Gallica

Nicolas Soret (15..-16..) : La Céciliade ou Martyre sanglant de saincte Cécile, patrone des musiciens sur Gallica

Tristan L’Hermite (1601-1655) : la Mariane sur Théâtre Classique, La Mort de Sénèque sur Théâtre Classique

Théophile de Viau (1590-1626) : Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé sur Théâtre Classique

La Comédie

La comédie cherche à divertir le spectateur, à le faire rire. Contrairement à la tragédie, dans la comédie, les personnages sont de condition moyenne ou modeste et le dénouement est heureux.

Le malade imaginaire
Le malade imaginaire : [estampe] . Bnf
Molière (1622-1673) est le plus illustre représentant du genre. Après s’être inspiré de la farce et de la Commedia dell’arte dans ses premières pièces, Molière développe différents genres de comédie  : comédies de mœurs,  comédie de caractère,  comédie-ballet qui inclut des ballets. Jean-François Regnard (1655-1709), l’autre grand auteur de comédies écrit tout d’abord des farces pour le Théâtre-Italien, puis des comédies d’intrigues,  jouées au Théâtre-Français. Dancourt (1661-1725) est également un auteur prolifique de comédies, dans des genres différents : intermèdes, parodies d’opéras, divertissements de cour, fantaisies mythologiques, des comédies en cinq actes et surtout de courtes pièces en prose, les « dancourades », écrites en langage parlé.

Les autres auteurs de comédies du XVIIème siècle : 

Baron (1653-1729) : L’Homme à bonne fortune sur Gallica

Isaac de Benserade (1613-1691) : Iphis et Iante sur Gallica

Charles de Beys (1610-1659) : Les Illustres Fous sur Gallica

Edme Boursault (1638-1701)  – Chronique Le Mercure galant ou la Comédie sans titre

Brosse ( 15..?-1651) : Les Songes des hommes éveillés sur Gallica

David-Augustin de Brueys (1640-1723) : L’Avocat Patelin sur Théâtre Classique, Le Grondeur sur Gallica

Pierre Corneille (1606-1684)  – Chronique sur L’illusion comique, liste des œuvres sur Libre Théâtre

Thomas Corneille (1625-1709) : L’Amour à la mode sur Wikisource, L’Inconnu sur Wikisource, Le Galant doublé sur Wikisource, Les Illustres Ennemis sur Wikisource,

Jean Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676) : Chronique sur Les Visionnaires sur Libre Théâtre

Jean Donneau de Vizé (1638-1710) : La Devineresse ou les Faux Enchantements sur Gallica

Pierre Du Ryer (1605-1658) : Alcimédon sur wikisource, Les Vendanges de Suresnes sur Théâtre classique

Guyon Guérin de Bouscal (16..-1657) : Don Quichotte de La Manche sur Gallica

Jean de La Fontaine (1621-1695) : Astrée sur wikisource, l’Eunuque sur wikisource

Lambert ( 16..-16..) : La Magie sans magie, sur Gallica

Noël Lebreton Hauteroche (sieur de, 1617-1707)  – Chronique Le Souper mal apprêté

Jean Mairet (1604-1686) : La Salvanire ou la Morte vive sur Gallica, Les Galanteries du Duc d’Ossone, vice-roi de Naples sur Gallica

Montfleury (1639-1685) : La Femme juge et partie sur Gallica

Charles Perrault (1628-1703): L’Oublieux sur Gallica

Paul Scarron (1610-1660) : Jodelet ou le Maître valet sur Théâtre Classique, La Fausse Apparence sur wikisource

Les lieux de représentation à Paris au XVIIème siècle

Le Théâtre de la foire se développe au début du XVIIème siècle  à Paris à l’occasion des foires annuelles de Saint-Germain et de Saint-Laurent et, plus tard, de Saint-Ovide. Tabarin est le plus célèbre des comédiens du théâtre de la foire du début du XVIIème. Habillé d’un manteau s’attachant à la hauteur des manches (un « tabar ») et d’un pantalon de toile blanche, toujours coiffé d’un grand feutre, il improvisait des monologues, interpellait les passants, dialoguait avec la foule ou encore avec un comparse (Mondor, son maître qui était en réalité son frère). Ses harangues lui donnaient également l’occasion de vendre des baumes et remèdes. Les tabarinades étaient souvent de style pamphlétaire et incisif.

En province, les comédiens allaient de ville en ville jouer sur des scènes improvisées ou dans certains Jeux de Paume. Les deux plus célèbres troupes ambulantes furent celle de Floridor (rentrée en 1638 au Théâtre du Marais) et celle de Molière.

Au milieu du XVIIème siècle, quatre troupes de théâtre rivales coexistent à Paris, associées à 3 salles de spectacle : celle du Marais, celle de l’Hôtel de Bourgogne et celle du Palais-Royal, dirigée par Molière .

Hôtel de Bourgogne

Intérieur d'un théâtre / Wille fils ; Bibliothèque nationale de France.
Intérieur d’un théâtre / Wille fils ; Bibliothèque nationale de France.

En 1548, la société des Confrères de la Passion construit dans l’Hôtel de Bourgogne une salle de spectacle pour présenter des mystères. Après un arrêt du Parlement leur défendant de jouer des pièces religieuses, les Confrères obtiennent le monopole des représentations théâtrales profanes sur Paris, et louent leur théâtre aux troupes itinérantes. L’Hôtel de Bourgogne est alors la seule salle de théâtre permanente. En 1598, les « Comédiens ordinaires du Roy » créés par Valleran Le Conte occupent la salle, qu’ils partagent à partir de 1600 avec les Gelosi, première troupe italienne en résidence.

Hôtel du Marais

Pour concurrencer l’Hôtel de Bourgogne, l’acteur Montdory décide de monter son propre théâtre à Paris et s’installe en 1634 dans le quartier très à la mode du Marais, rue Vieille-du-Temple. Dans les années 1660, elle se spécialise dans les pièces à machines, mais reste moins fréquentée que l’Hôtel de Bourgogne et le Palais-Royal de Molière. De nombreux acteurs l’Hôtel de Bourgogne et du Palais Royal viennent du théâtre du Marais.

Théâtre du Palais-Royal

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Représentation théâtrale au Palais Royal avec Louis XIII, Anne d’Autriche et Richelieu par Jean de Saint-Igny

Afin de casser le monopole de l’Hôtel de Bourgogne, le cardinal de Richelieu fait élever en 1637 un théâtre sur l’aile est du bâtiment du Palais-Royal (à l’emplacement de l’actuelle Comédie-Française). L’inauguration a lieu en 1641. Le Théâtre-Italien et la troupe de Molière se partagent la scène entre 1662 et 1673. À la mort de Molière, Lully récupère les lieux pour y fonder l’Académie royale de musique.

Hôtel de Guénégaud

Après la mort de Molière en 1673, les comédiens du Marais rejoignent sur ordre royal la troupe des comédiens de Molière, et cette nouvelle troupe s’installe à l’Hôtel Guénégaud, rue Mazarine. Le 18 août 1680, Louis XIV signe  à Charleville  l’acte fondateur de la Comédie Française qui réunit au théâtre Guénégaud, les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne à ceux qui s’y produisaient déjà.

Le 21 octobre 1680, une lettre de cachet, signée à Versailles, consacre la fondation d’une troupe unique, composée de vingt-sept comédiens et comédiennes choisis par le roi pour leur excellence, dans le but de « rendre les représentations des comédies plus parfaites ». La troupe unique jouit du monopole des représentations en français à Paris et dans les faubourgs.
Chassés de l’Hôtel Guénégaud quelques années plus tard par les Clercs du Collège des Nations – actuelle Académie Française – les Comédiens Français investissent, dès 1689,  leur nouvelle salle, située rue des Fossés Saint-Germain, aujourd’hui,  rue de l’Ancienne Comédie, à la hauteur du N° 14, face au Café Procope qui rassemblait alors les célébrités littéraires.

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