Un pied dans le crime d’Eugène Labiche et Adolphe Choler

Comédie-vaudeville en trois actes, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal, le 21 août 1866.
Distribution : 6 hommes, 5 femmes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Gaudiband et Blancafort sont des voisins ennemis. Ils se sont déclarés la guerre pour des questions de noisetiers aux feuillages envahissants, de chats dont les miaulements sont insupportables, de statues antiques trop dénudées, de pigeons barbares…

Un ami de Gaudiband, Gatinais essaie de régler ce conflit et pour se débarrasser du chat miauleur, il tire discrètement sur l’animal …mais blesse un homme.  Edgar, filleul de Gaudiband, jeune avocat promis à la fille de Gatinais, décide de mener l’enquête pour confondre le coupable de cette tentative de meurtre.

Au deuxième acte, Gatinais, rentré à Paris, apprend qu’il est nommé juré, ce dont il se montre particulièrement fier. Mais les ennuis ne font que commencer : Poteu, le valet de Gaudiband, a vu Gatinais tirer sur Geindard et en profite pour négocier contre son silence une place de cocher que Gatinais n’a pas les moyens de lui offrir. De plus, Edgard lui affirme avoir découvert une pièce à conviction qui devrait permettre de confondre le coupable…

Un extrait

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400876j
portrait de Lhéritier (Gaudiband) par Lhéritier, 1866. Source : BnF/ Gallica

Edgard, vivement, venant du fond.
Bonjour, Poteu. Où est mon parrain ?
Poteu.
Monsieur ?… Il trempe.
Edgard.
J’apporte du nouveau. Tu ne sais pas ce qu’on vient de me remettre chez le concierge ?
Poteu.
Non.
Edgard.
Un papier timbré, un acte extra-judiciaire pour parrain.
Poteu.
Ah ! je sais de qui… c’est du voisin, M. de Blancafort !
Edgard.
Ah ! il croit nous faire peur ; nous allons voir.
Poteu.
Qu’est-ce qu’il nous veut encore, ce vieux noble ?
Edgard.
Enfin ! voilà la guerre déclarée ; il va pleuvoir des sommations, des significations, des assignations…
Poteu.
Mais, pourquoi ?
Edgard.
Mon ami, entre voisins, à la campagne, ça finit toujours par là.
Poteu.
Ils étaient si amis autrefois ! ils avaient fait ouvrir une porte de communication dans le mur qui sépare les deux jardins… les domestiques en profitaient…

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b64008754
Portrait de Geoffroy (Gatinais) / par Lhéritier, 1866. Source : BnF/ Gallica

Edgard.
Maintenant elle est murée.
Poteu.
Ils échangeaient des primeurs… des melons… et les domestiques en profitaient.
Edgard.
Maintenant ils échangent par-dessus le mur des trognons de chou et des assiettes cassées. Il paraît qu’ils ont des griefs.
Poteu.
Des bêtises ! M. de Blancafort se plaint du chat de M. Gaudiband, qui vagabonde la nuit et se livre à une musique surexcitante… Il nous a priés de le tenir à l’attache.
Edgard.
À quoi parrain a répondu une lettre très sèche… « Monsieur, commencez par museler vos pigeons, qui viennent s’ébattre dans mon potager et picorer mes petits pois… »
Poteu.
Les Blancafort se plaignent encore des statues de Monsieur.
Edgard.
Ce sont des reproductions de l’antique.
Poteu.
Le jardin en est plein… Madame de Blancafort dit que ça lui fait l’effet comme si qu’elle aurait sous ses fenêtres une école de natation.
Edgard.
Chacun cultive son jardin comme il l’entend ! Il convient bien à M. de Blancafort de se plaindre, lui qui a un noisetier qui déborde sur le mur mitoyen d’une façon scandaleuse !
Poteu.
C’est le mot.
Edgard.
Nous lui dirons deux mots, à son noisetier…
Poteu.
Et à ses noisettes.

Pour aller plus loin :

Dossier Pièce (dé)montée Mise en scène Jean-Louis Benoit n° 109 – septembre 2010, sur le site du CRDP

Krakovitch, O. (1990). Labiche et la censure ou un vaudeville de plus ! Revue Historique,284(2 (576)), 341-357. http://www.jstor.org/stable/40955240

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