Chronique sur des pièces ou des auteurs dramatiques du XIXème siècle.
Le théâtre d’Alexandre Dumas (père)
Alexandre Dumas père. Photographie, tirage de démonstration/ Atelier Nadar. Gallica
Alexandre Dumas (dit aussi Alexandre Dumas père) est né le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts (Aisne) et mort le 5 décembre 1870. L’auteur des Trois Mousquetaires et du Comte de Monte-Cristo est aussi un auteur dramatique prolifique. Il écrit avec Adolphe Leuven et Pierre-Joseph Rousseau le vaudeville en un acte La Chasse et l’Amour qui connaît un grand succès en septembre 1825. Il écrit son premier drame historique, Henri III et sa cour en 1828. La pièce, présentée à la Comédie-Française le 10 février 1829, connaît un énorme succès. Elle est qualifiée de « scandale en prose », un an avant Hernani, la pièce de Victor Hugo, qualifiée de « scandale en vers » à sa création en février 1830. Il connaît d’autres succès avec Christine (mars 1830), Antony, qui triomphe le 3 mai 1831, La Tour de Nesle (mai 1832, qui reste à l’affiche pendant plus de huit cent représentations successives) et Kean (août 1836).
En 1846, Dumas fait construire son propre théâtre à Paris, boulevard du Temple, qu’il baptise « Théâtre-Historique ». Le théâtre est inauguré en février 1847 et accueille les pièces de plusieurs auteurs européens (Shakespeare, Goethe, Calderon, Schiller) avant de faire faillite en 1850.
Liste des œuvres théâtrales
Ivanhoé, 1822 La Chasse et l’Amour, représenté pour la première fois à Paris sur le théâtre de l’Ambigu-comique, le 22 septembre 1825 sur Gallica avec James Rousseau et Adolphe de Leuven La Noce et l’Enterrement, vaudeville en trois tableaux, représenté pour la première fois à Paris, sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin, le 21 novembre 1826 sur Gallica Fiesque de Lavagna, 1828 Henri III et sa cour, drame historique en cinq actes et en prose, représenté sur le Théâtre Français par les comédiens ordinaires du Roi le 11 février 1829 sur Gallica La Cour du roi Pétaud, 1829 Christine, ou Stockholm, trilogie dramatique sur la vie de Christine, cinq actes en vers, avec prologue et épilogue. Représenté à Paris sur le Théâtre Royal de l’Odéon le 30 mars 1830, sur Gallica Napoléon Bonaparte ou Trente Ans de l’histoire de France, Drame en six actes. Représenté pour la première fois, sur le Théâtre Royal de l’Odéon le 10 janvier 1831, sur Gallica Antony, drame en cinq actes, représenté pour la première fois sur le théâtre de la Porte Saint-Martin, le 3 mai 1831 sur Gallica Charles VII chez ses grands vassaux, tragédie en cinq actes, représentée pour la première fois sur le Théâtre Royal de l’Odéon le 20 octobre 1831, sur Gallica Richard Darlington, drame en cinq actes et en prose, représenté pour la première fois sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin le10 décembre.1831, publié en 1832, sur Gallica Teresa, drame en cinq actes et en prose, représenté pour la première fois sur le Théâtre Royal de l’Opéra-Comique le 6 février 1832, sur Gallica Le Mari de la veuve, comédie en un acte et en prose, représentée pour la première fois sur le Théâtre-Français le 4 avril 1832, sur Gallica La Tour de Nesle, drame en cinq actes et neuf tableaux (avec Frédéric Gaillardet), représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin, le 29 mai 1832 sur Gallica Le Fils de l’émigré, 1832 Angèle, drame en cinq actes en prose, Porte Saint-Martin, 28 décembre 1833, publié en 1834 sur Gallica La Vénitienne, 1834 Catherine Howard, drame en cinq actes en huit tableaux, Porte-Saint-Martin, 2 juin 1834 sur Gallica La Tour de Babel, 1834 Cromwell et Charles Ier, 1835 Le Marquis de Brunoy, 1836 Don Juan De Marana ou la chute d’un ange : mystère en cinq actes, représenté pour la première fois à Paris sur le théâtre de la Porte Saint-Martin, le 30 avril 1836, sur Gallica Kean, ou Désordre et Génie, comédie en cinq actes, représentée pour la première fois aux Variétés le 31 août 1836, sur Gallica Piquillo, opéra-comique en trois actes, représenté pour la première fois sur le Théâtre Royal de l’Opéra-Comique le 31 octobre 1837, sur Gallica Caligula, tragédie en cinq actes et en vers, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français le 26 décembre 1837, publié en 1838, sur Gallica Paul Jones, drame en cinq actes, représenté pour la première fois, à Paris le 8 octobre 1838, sur Gallica Le Bourgeois de Gand ou le Secrétaire du duc d’Albe, 1838 Bathilde, 1839 Mademoiselle de Belle-Isle, drame en cinq actes, en prose, représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français le 2 avril 1839, sur Gallica L’Alchimiste, drame en cinq actes en vers, représenté pour la première fois, sur le Théâtre de la Renaissance le 10 avril 1839 sur Gallica Léo Burckart, 1839 Jarvis l’honnête homme ou Le Marchand de Londres, 1840 Hamlet prince de Danemark, drame en vers en cinq actes et huit parties, représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre-historique le 15 décembre 1841, sur Gallica (avec Paul Meurice) Un mariage sous Louis XV, comédie en cinq actes, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français le 1er juin 1841, sur Gallica Jeannic le Breton, ou le Gérant responsable, 1841 Lorenzino, drame en cinq actes et en prose, 1842. (Adapté en roman sous le titre Une nuit à Florence sous Alexandre de Médicis, 1861) sur Gallica Le Séducteur et le Marin, 1842 Halifax, comédie en trois actes et un prologue, 1842 sur Gallica Le Mariage au tambour, 1842 Les Demoiselles de Saint-Cyr, comédie en cinq actes, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français le 25 juillet 1843, sur Gallica Louise Bernard, drame en cinq actes, 1843, sur Gallica L’École des princes, 1843 Une fille du régent, comédie en cinq actes dont un prologue, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français le 1er avril 1846, sur Gallica Le Laird de Dumbiky, drame en cinq actes, 1844 sur Gallica Le Garde-forestier, 1845 Un conte de fées, 1845 Les Mousquetaires, drame en cinq actes et douze tableaux, représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l’Ambigu-Comique le 27 octobre 1845, sur Gallica Échec et mat, 1846 Intrigue et Amour, drame en cinq actes et neuf tableaux, traduit de Schiller, représenté pour la première fois à Paris, sur le Théâtre Historique, le 11 juin 1847, sur Gallica La Reine Margot, drame en cinq actes et treize tableaux (avec Auguste Maquet), représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre Historique, le 20 février 1848 sur Gallica Catilina, drame en cinq actes et sept tableaux (avec Auguste Maquet), représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre Historique, le 14 octobre 1848 sur Gallica Hamlet, prince de Danemark, Drame en vers, en 5 actes et 8 parties, avec Paul Meurice. 1848, sur Gallica Le cachemire vert, comédie en un acte (avec Eugène Nus), représentée pour la première fois à Paris sur le Théâtre du Gymnase, le 15 décembre 1849 sur Gallica Le Chevalier d’Harmental, drame en cinq actes et dix tableaux (avec Auguste Maquet), représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre Historique, le 26 juillet 1849, sur Gallica Le Comte Hermann, drame en cinq actes, avec préface et épilogue, 1849 sur Gallica Le Connétable de Bourbon ou l’Italie au XVIe siècle, 1849 La Guerre des femmes, sur Gallica Le Testament de César, 1849 La Chasse aux chastes, fantaisie en trois actes et huit tableaux, 1850, sur Gallica Trois Entractes pour l’amour médecin, 1850, sur Gallica Urbain Grandier sur Gallica Le Vingt-quatre février ou L’Auberge de Schawasbach, 1850 sur Gallica Les Chevaliers du Lansquenet, 1850 Le Vampire, 1851 sur Gallica La Barrière de Clichy, drame militaire en 5 actes et 14 tableaux, représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre National le 21 avril 1851, sur Gallica Les Âmes vaillantes, 1852 Le Marbrier, drame en trois actes d’Alexandre Dumas, représenté pour le première fois à Paris sur le théâtre du Vaudeville le 22mai 1854, sur Gallica La Conscience, drame en cinq actes et en six tableaux, représenté pour la première fois à Paris sur le théâtre impérial de l’Odéon, le 4 novembre 1854 sur Gallica La Jeunesse de Louis XIV, comédie en cinq actes en prose, 1854, sur Gallica Romulus (comédie), 1854 sur Gallica L’Orestie tragédie en trois actes, imitée de l’antique, Porte-Saint-Martin, 5 janvier 1856 sur Gallica La Tour Saint-Jacques, drame en cinq actes en neuf tableaux (Avec X. de Montépin), Théâtre impérial du Cirque le 15 novembre1856 sur Gallica Le Fils de la nuit ou le Pirate, 1856 Le Verrou de la reine, 1856, sur Gallica L’Invitation à la valse, comédie en un acte et en prose, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Gymnase le 18 juin 1857, sur Gallica Les Forestiers, drame en cinq actes, représenté pour la première fois, à Paris, sur le Grand-Théâtre parisien le 28 mai 1865 sur Gallica Le Gentilhomme de la montagne, sur Gallica L’honneur est satisfait, comédie en un acte, Gymnase dramatique, 19 juin1858 sur Gallica L’Envers d’une conspiration, comédie en cinq actes, Vaudeville, 4 juin1860 sur Gallica Le Roman d’Elvire, opéra-comique en trois actes (avec Adolphe Leuven), Opéra-Comique, 4 février 1860 sur Gallica La Veillée allemande, 1863 Roméo et Juliette, 1864 Les Mohicans de Paris : drame en cinq actes, en neuf tableaux, avec prologue, 1864 sur Gallica Gabriel Lambert, sur Gallica Les Voleurs d’or, 1864 La Dame de Monsoreau, drame en cinq actes et dix tableaux, 1868 (avec Auguste Maquet) sur Gallica Valentin-Valentine ou Valentin et Valentine, 1868 Madame de Chamblay, sur Gallica Les Blancs et les Bleus, drame en cinq actes et onze tableaux, représenté pour la première fois au Théâtre du Châtelet, le 10 mars 1869 sur Gallica
Monte-Cristo, drame en cinq actes, quinze tableaux (avec Auguste Maquet) sur Gallica Le Comte de Morcerf (3ème partie de Monte-Cristo), drame en cinq actes et dix tableaux (avec Auguste Maquet), 1851 sur Gallica Villefort (4ème partie de Monte-Cristo), drame en cinq actes et dix tableaux (avec Auguste Maquet), représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre de l’Ambigu, le 8 mai 1851, sur Gallica
La Jeunesse des Mousquetaires, sur Gallica Les Mousquetaires, sur Gallica
Pour en savoir plus :
Comment je devins auteur dramatique, sur Gallica Simples lettres sur l’art dramatique, sur Gallica
CALLET-BIANCO, Anne-Marie (dir.) ; LEDDA, Sylvain (dir.). Le théâtre de Dumas père, entre héritage et renouvellement. Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2018 (généré le 09 avril 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/87820>. ISBN : 9782753577497. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.87820.
Fils d’un maître maçon parisien, Michel-Jean Sedaine se présente comme «maçon poète». Il publie d’abord des pièces poétiques puis du théâtre : de 1756 à 1761, il écrit des comédies accompagnée de musique. Il collabore avec des musiciens connus, Philidor, Monsigny, Grétry. En 1764, il fait jouer Rose et Colas, pleine de fraîcheur et de conventions.
Il écrit deux pièces pour la Comédie-Française : Le Philosophe sans le savoir (1765), drame bourgeois et La Gageure imprévue (1768), sorte de marivaudage. Le succès de Sedaine continue à l’Opéra-Comique avec notamment le Déserteur (1769). Le succès de Richard Cœur de Lion (1784) ouvre à Sedaine les portes de l’Académie française (1786). La Révolution le ruine.
Liste de quelques pièces
(hors opéra, opéra-comique, pastorale, opéra-ballet) Le Philosophe sans le savoir, comédie en 5 actes et en prose, représentée pour la première fois sur le Théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain le 2 décembre 1765 (109 représentations jusqu’en 1793), texte intégral sur Libre Théâtre La Gageure imprévue, comédie en 1 acte en prose, représentée pour la première fois au Théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain le 27 mai 1768 (102 représentations jusqu’en 1793), texte sur Gallica Le Roi et le fermier, comédie en trois actes, représentée pour la première fois le 22 novembre 1762, texte sur Gallica Rose et Colas, comédie en un acte, représentée pour la première fois le 8 mars 1764 Le déserteur, drame en trois actes, représenté pour la première fois le6 mars 1769, texte sur Gallica Le Magnifique, comédie en trois actes, représenté le 19 mars 1773, texte sur Gallica Félix ou l’enfant trouvé, comédie en trois acte, représentée pour la première fois le 24 novembre 1777, texte sur Gallica Aucassin et Nicolette ou les Mœurs du bon vieux temps, comédie mêlée d’ariettes, représenté pour la première fois à Versailles le 30 décembre 1779, texte sur Gallica Richard cœur de lion, comédie en trois actes, représentée pour la première fois le 21 octobre 1784, texte sur Gallica Raoul Barbe Bleue, comédie en trois actes, représentée pour la première fois le 2 mars 1789, texte sur Gallica
Le Théâtre d’Alfred Jarry
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Alfred Jarry est né le 8 septembre 1873 à Laval. Elève du lycée de Saint-Brieuc, il compose des comédies en vers et en prose. À la rentrée de 1888, il entre en première au lycée de Rennes où enseigne Félix Hébert, professeur de physique, qui inspira le personnage d’Ubu. Surnommé P.H., Père Heb, il est chahuté. Les lycéens écrivent depuis plusieurs années une chronique dont il est le héros ridicule. Dans l’un des épisodes, rédigé vers 1885 par Charles Morin et intitulé Les Polonais, il est roi de Pologne. Jarry adapte ce texte en comédie et la représente avec les marionnettes du « Théâtre des Phynances » à partir de décembre 1888 dans le grenier de la famille Morin, puis à partir 1890 dans l’appartement des Jarry.
En 1891 Jarry est en rhétorique supérieure au lycée Henri-IV, à Paris avec Léon-Paul Fargue et Marcel Schwob. Son premier livre, Les Minutes de sable mémorial, paraît au Mercure de France en 1894. Jarry se lie avec Alfred Vallette, directeur du Mercure, et avec sa femme Rachilde.
Appelé au service militaire à Laval en novembre 1894, Jarry est réformé en décembre 1895. Cette expérience lui inspirera Les Jours et les nuits, roman d’un déserteur, paru en 1897.
Ubu roi est représenté pour la première fois le 10 décembre 1896 au Théâtre de l’Œuvre. Ubu enchaîné paraît en 1900. Peu à peu, Alfred Jarry finit par s’identifier à son héros Ubu. Épuisé, malade, harcelé par ses créanciers, malgré l’aide financière d’Octave Mirbeau et de Thadée Natanson, Jarry meurt le 1er novembre 1907, à l’hôpital de la Charité
Illustration de l’Édition du Mercure de France, 1896. Source : bnF/gallica
Ubu roi, drame en cinq actes, créé le 10 décembre 1896 au Nouveau-Théâtre à Paris avec Firmin Gémier et Louise France. Chronique et texte intégral sur Libre Théâtre Ubu enchaîné, 1900, texte intégral sur Gallica Ubu sur la butte, réduction en 2 actes d’Ubu roi… 1906, sur Gallica Le Moutardier du pape, opéra-bouffe en trois actes, sur Gallica
Par la taille, 1 acte comique et moral, en prose et en vers, pour esjouir grands et petits, 1906, sur Gallica L’Autre Alceste, drame en cinq récits 23 août 1896, sur Gallica
Le Théâtre d’Emile Augier
Emile Augier débute en 1844 avec des comédies en vers qui se déroulent dans le monde antique (La Ciguë) puis se tourne vers des comédies « sérieuses » dénonçant l’hypocrisie et les excès des milieux bourgeois de la monarchie de Juillet, puis du Second Empire. Il reste principalement connu pour ses comédies de mœurs.
Il est élu à l’Académie française en 1857.
Emile Augier est avec François Ponsard un des représentants de l’ »Ecole du bon sens », qui s’oppose au mouvement romantique. Augier défend la morale bourgeoise, dénonçant le mauvais usage de l’argent l’appétit de luxe, la spéculation (Les Effrontés), le matérialisme (La Contagion), l’hypocrisie des Jésuites (Le Fils de Giboyer, Lions et renards).
Liste des pièces d’Emile Augier
La Ciguë, comédie en deux actes et en vers, texte intégral sur Gallica Un homme de bien, comédie en trois actes et en vers, 1845, texte intégral sur Gallica L’habit vert, proverbe en un acte en prose, représenté sur le Théâtre des Variétés le 23 février 1849, avec Alfred de Musset, texte intégral sur Gallica Gabrielle, comédie en 5 actes en vers Théâtre Français, 15 décembre 1849, texte intégral sur Gallica Le Joueur de flute, comédie en un acte et en vers, représenté à la Comédie)Française, le 19 décembre 1850, texte intégral sur Gallica Les méprises de l’amour, comédie en cinq actes et en vers, 1852, texte intégral sur Gallica Diane, drame en cinq actes en vers, représentée à la Comédie-Française le 19 février 1852, texte intégral sur Gallica Philiberte, comédie en trois actes et en vers, Théâtre du Gymnase, 19 mars 1853, texte intégral sur Gallica La Pierre de touche, comédie en cinq actes et en prose, représentée à la Comédie-Française, le 23 décembre 1853, texte intégral sur Gallica Le Gendre de M. Poirier, comédie en 4 actes en prose. Paris, Gymnase, 8 avril 1854, texte intégral sur Gallica La Ceinture dorée, comédie en trois actes en prose, Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 3 février 1855, texte intégral sur Gallica Maître Guérin, comédie en cinq actes, en prose, texte intégral sur Gallica La Jeunesse, comédie en 5 actes et en vers, Second Théâtre Français, 6 février 1858, texte intégral sur Gallica Les Lionnes pauvres, pièce en 5 actes, en prose. Paris, Vaudeville, 22 mai 1858, par Émile Augier et Édouard Foussier, chronique et texte intégral sur Libre Théâtre Le mariage d’Olympe, pièce en 3 actes, en prose, Théâtre du Vaudeville, le 17 juillet 1859, texte intégral sur Gallica Un beau mariage, comédie en quatre actes et en prose, Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 5 mars 1859, texte intégral sur Gallica Les Effrontés, comédie en cinq actes et en prose, texte intégral sur Gallica L’Aventurière, comédie en 4 actes en vers, Comédie Française, 10 avril 1860, texte intégral sur Gallica Les Fils de Giboyer, comédie en 5 actes, en prose, représentée sur le Théâtre-Français le 1er décembre 1862, texte intégral sur Gallica La Contagion, étude de mœurs parisiennes, comédie en cinq actes et en prose, représentée pour la première fois à Paris sur le Théâtre impérial de l’Odéon, le 17 mars 1866, texte intégral sur Gallica Paul Forestier, comédie en 4 actes, en vers, Théâtre Français, 25 janvier 1868, texte intégral sur Gallica Lions et Renards, comédie en cinq actes et en prose, Théâtre-Français, 6 décembre 1869, texte intégral sur Gallica Le post-scriptum, comédie en un acte, en prose, Théâtre-Français le 1er mai 1869, texte intégral sur Gallica Les Fourchambault, comédie en cinq actes, texte intégral sur Gallica Jean de Thommeray, comédie en cinq actes et en prise, Théâtre-Français le 29 décembre 1873, avec Jules Sandeau, texte intégral sur Gallica
Madame Caverlet, pièce en quatre actes et en prose, Théâtre du Vaudeville, 1er février 1876, texte intégral sur Gallica Le prix Martin, comédie en trois actes en prose, avec Eugène Labiche, Palais-Royal le 5 février 1876, chronique et texte intégral sur Libre Théâtre
Eugène Scribe est né à Paris, le 24 décembre 1791. Il est l’auteur dramatique le plus populaire et le plus joué du XIXe siècle, non seulement en France mais aussi à l’étranger. A partir de 1810, il écrit des vaudevilles, renouvelant le genre en développant les intrigues et en dépeignant les réalités morales, sociales, économiques de son époque. En 1815, avec « Une nuit de la garde nationale », il remporte son premier succès et continue à écrire sans interruption jusqu’à sa mort, en 1861.
À la fin de 1820, le théâtre du Gymnase-Dramatique est spécialement ouvert pour accueillir son répertoire qui devient ensuite en 1824 le « Théâtre de Madame », sous la protection de la duchesse de Berry. En 1829, Eugène Scribe contribue à la naissance de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, dont Beaumarchais avait eu l’idée. Scribe, sans abandonner le vaudeville, cherche à conquérir les scènes plus officielles et développe la comédie historique et la comédie de mœurs. Après le succès de « Bertrand et Raton ou l’Art de conspirer » à la Comédie-Française il est élu à l’Académie française en 1834. Entre 1822 et 1859, vingt-quatre pièces de Scribe sont jouées à la Comédie-Française dont Adrienne Lecouvreur (1849). Il est l’auteur contemporain le plus joué sur cette scène au XIXe siècle. Il travaille également comme librettiste pour l’opéra (La Juive avec Halévy, 1835 ; Les Huguenots avec Meyerbeer, 1836) et l’opéra-comique, avec Daniel Auber (Le Domino Noir, 1837),Manon Lescaut, 1856).
Il a écrit 425 pièces, dont 249 vaudevilles , 94 opéra-comiques, 32 comédies et 30 opéras.
Liste des principales œuvres théâtrales d’Eugène Scribe
Bertrand et Raton ou L’art de conspirer, comédie d’ Eugène Scribe estampe 1833. Paris : Comédie-Française, 04-11-1833. Source Gallica
Une Nuit de la Garde Nationale, vaudeville en un acte, représenté pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le samedi 4 novembre 1815, texte intégral sur Gallica Le Comte Ory, anecdote du XIème sicle, vaudeville en un acte, représenté, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 16 décembre 1816, texte intégral sur Gallica Le Nouveau Pourceaugnac, comédie vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois , sur le théâtre du Vaudeville, le 18 février 1817, texte intégral sur Gallica Le Solliciteur ou l’art d’obtenir des places, comédie en un acte, mêlée de couplets, représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre des, Variétés, le 7 avril 1817, texte intégral sur Gallica Frontin Mari-Garçon, comédie vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 18 janvier 1821. texte intégral sur Gallica Une Visite à Bedlam, comédie en un acte mêlée de vaudeville, Représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 24 avril 1818, texte intégral sur Gallica La Somnambule, comédie-vaudeville en deux actes, représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 6 décembre 1819, texte intégral sur Gallica Caroline, comédie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Vaudeville, le 15 mars 1819, et reprise le 30 décembre 1820, sur le théâtre du Gymnase dramatique texte intégral sur Gallica Le Ménage de Garçon, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 27 avril 1821 texte intégral sur Gallica L’Avare en goguettes, comédie-vaudeville, représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 12 juillet 1823, texte intégral sur Gallica Les Adieux au Comptoir, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 9 août 1824, texte intégral sur Gallica La Charge à payer, ou la Mère intrigante, comédie-vaudeville représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 13 avril 1825. texte intégral sur Gallica Le Vieux Mari, comédie-vaudeville, texte intégral sur Gallica Théobald, ou le Retour de Russie, comédie-vaudeville, représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 12 février 1829, texte intégral sur Gallica La Famille du Baron, vaudeville épisodique en un acte, représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 31 août 1829, texte intégral sur Gallica L’Intérieur de l’Etude ou le Procureur et l’avoué, comédie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, sur le théâtre des Variétés, le 1er février 1821, texte intégral sur Gallica Les Eaux du Mont-d’Or, texte intégral sur Gallica Le Parrain, comédie en un acte et en prose, représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 23 avril 1821 texte intégral sur Gallica Rodolphe ou frère et sœur, drame en un acte, représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de Madame, le 20 novembre 1823, texte intégral sur Gallica Le Coiffeur et le Perruquier, vaudeville en un acte, représenté, pour la première fois, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 15 janvier 1824 texte intégral sur Gallica La Haine d’une Femme ou le jeune homme à marier, comédie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Gymnase, le 14 décembre 1824, texte intégral sur Gallica L’Ecarté ou un coin du salon, tableau-vaudeville en un acte, représenté, pour la première fois, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 14 novembre 1822, texte intégral sur Gallica Les Grisettes, vaudeville en un acte, représenté, pour la première fois, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 8 août 1822, texte intégral sur Gallica Le Baiser au Porteur, comédie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 9 juin 1824, texte intégral sur Gallica La Quarantaine, comédie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, sur le théâtre de Madame, le 3 février 1825, texte intégral sur Gallica Le Plus beau jour de la Vie, comédie-vaudeville en deux actes, représentée, pour la première fois, sur le théâtre de Madame, le 22 février 1825, texte intégral sur Gallica La Demoiselle à Marier ou la première entrevue, comédie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, sur le théâtre de Madame, le 18 janvier 1826, texte intégral sur Gallica La Loge du Portier, tableau-vaudeville en un acte, représenté, pour la première fois, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 14 janvier 1823 texte intégral sur Gallica La Belle-Mère, comédie-vaudeville en un acte, représenté, pour la première fois, à Paris sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 1er mars 1826 texte intégral sur Gallica Le Médecin de dames, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 17 décembre 1825, texte intégral sur Gallica Les Premières Amours ou les souvenirs d’enfance, comédie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 12 novembre 1825 texte intégral sur Gallica Le Charlatanisme, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 10 mai 1825, texte intégral sur Gallica Simple Histoire, comédie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 26 mai 1826, texte intégral sur Gallica Le Mariage de raison, comédie-vaudeville en deux actes, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 10 octobre 1826, texte intégral sur Gallica Le Bon Papaou la Proposition de mariage, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois sur le théâtre du Gymnase le 2 décembre 1822, texte intégral sur Gallica Valérie, comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois, à Paris sur le Théâtre Français le 21 décembre 1822, texte intégral sur Gallica Le Mariage d’argent, comédie en cinq actes et en prose, représentée pour la première fois à Paris sur le Théâtre-Français le 3 décembre 1827, texte intégral sur Gallica Les Manteaux, comédie-vaudeville en deux actes, représentée pour la première fois à Paris sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 20 février 1826, texte intégral sur Gallica La Manie des places ou la Folie du siècle, comédie vaudeville, représentée pour la première fois à Paris sur le Théâtre de Madame, le 19 juin 1828, texte intégral sur Gallica Les Moralistes, comédie-vaudeville, représentée pour la première fois à paris sur le Théâtre de Madame, le 22 novembre 1828, texte intégral de Gallica Malvina ou un mariage d’inclination, comédie-vaudeville en deux actes, représentée pour la première fois à Paris sur le Théâtre Madame, le 8 décembre 1828, texte intégral sur Gallica Le Menteur véridique, comédie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 34 avril 1824 , texte intégral sur Gallica Coraly ou la sœur et le frère, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois sur le théâtre du Gymnase le 19 novembre 1824, texte intégral sur Gallica Le Confident, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois sur le théâtre du Gymnase le 5 janvier 1826, texte intégral sur Gallica L’Ambassadeur, comédie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 10 juillet 1826 , texte intégral sur Gallica La Chatte métamorphosée en femme, folie-vaudeville en un acte, représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 3 mars 1827, texte intégral sur Gallica Avant, Pendant et Après, esquisses historiques représentées pour la première fois sur le théâtre du Gymnase le 28 juin 1828, texte intégral sur Gallica Dix ans de la Vie d’une Femme ou Les Mauvais conseils, drame en cinq actes et neuf tableaux, représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 17 mars 1832, texte intégral sur Gallica L’Auberge, ou les Brigands sans le savoir, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Vaudeville, le 19 mai 1812, texte intégral sur Gallica Les Deux Maris, comédie-vaudeville en un acte mêlée de couplets, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre des Variétés, le 3 février 1819, et reprise en 1829 au théâtre du Vaudeville, sous le titre de M. RIGAUD, texte intégral sur Gallica La Pension bourgeoise, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 27 mai 1823, texte intégral sur Gallica Le Château de la Poularde, comédie-vaudeville, représentée, pour la première fois, à Pans, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 4 octobre 1824, texte intégral sur Gallica Yelva, ou l’Orpheline russe, vaudeville en deux parties, représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 18 mars 1828, texte intégral sur Gallica Madame de Sainte-Agnès, comédie-vaudeville représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase dramatique, le 20 février 1829, texte intégral sur Gallica Bertrand et Raton, ou l’art de conspirer, comédie en cinq actes et en prose, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français, le 14 novembre 1833, texte intégral sur Gallica La Passion secrète, comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français, par les comédiens ordinaires du Roi, le 13 mars 1834, texte intégral sur Gallica L’Ambitieux, comédie en cinq actes et en prose, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français, le 27 novembre 1834, texte intégral sur Gallica Les Inconsolables, comédie en un acte et en prose, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français le 8 décembre 1829, texte intégral sur Gallica La Petite Soeur, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 6 juin 1821, texte intégral sur Gallica Mémoires d’un colonel de hussards, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 21 février 1822, texte intégral sur Gallica Le vieux Garçon et la petite Fille, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 24 mai 1822, texte intégral sur Gallica Le bon Papa ou la proposition de mariage, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 2 décembre 1822, texte intégral sur Gallica L’Intérieur d’un bureau ou la chanson, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 25 février 1823, texte intégral sur Gallica Le Menteur véridique, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 24 avril 1823, texte intégral sur Gallica La Maîtresse au logis, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 9 juin 1823, texte intégral sur Gallica Partie et Revanche, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 16 juin 1823, texte intégral sur Gallica Un dernier Jour de fortune, comédie-vaudeville en un acte, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 21 novembre 1823, texte intégral sur Gallica La Passion secrète, comédie en trois actes, représentée pour la première fois au Théâtre-Français, le 13 mars 1834, texte intégral sur archive.org
L’ambitieux, comédie en cinq actes, représentée pour la première fois au Théâtre-Français, le 27 novembre 1834, texte intégral sur archive.org La camaraderie, ou la Courte Echelle, comédie en cinq actes, représentée pour la première fois au Théâtre Français le 19 janvier 1837, texte intégral sur archive.org Les Indépendants, comédie en trois actes, représentée pour la première fois au Théâtre-Français le 20 novembre 1837, texte intégral sur archive.org Le Verre d’eau, ou les Effets et les causes, comédie en cinq actes et en prose, représentée sur la scène du Théâtre-Français le 17 novembre 1840, texte intégral sur archive.org Le Puff ou Mensonge et vérité, comédie en cinq actes et en prose, représentée sur le Théâtre-Français le 22 janvier 1848, texte intégral sur Gallica Adrienne Lecouvreur, comédie en cinq actes et en prose, représentée sur le Théâtre-Français le 14 avril 1849, texte intégral sur Gallica Les Contes de la reine de Navarre ou la Revanche de Pavie, comédie en cinq actes et en prose, représentée sur le Théâtre-Français le 13 octobre 1850, texte intégral sur Gallica Bataille de Dames, comédie en trois actes et en prose, représentée sur le Théâtre-Français le 17 mars 1851, texte intégral sur Gallica
Alexandre Dumas fils est né le 27 juillet 1824 à Paris, enfant illégitime d’Alexandre Dumas père. Il publie son premier roman, La Dame aux Camélias, en 1848, adapté ensuite par Verdi La Traviata (1853). Il fait jouer sa première pièce, Diane de Lys, en 1851.
Il est aux côtés d’Eugène Scribe et d’Emile Augier, un des fondateurs du « drame bourgeois ». Proche du mélodrame, ce genre utilise habilement certains ressorts, comme le retournement de situation, le quiproquo et du suspense. Marqué par le réalisme et influencé par un esprit moralisant, il représente les réalités et les questions sociales de l’époque : condition de la femme, mariage, argent, corruption…
Les principales œuvres théâtrales d’Alexandre Dumas fils
Le Bijou de la reine, comédie en vers en un acte (1845) Texte intégral sur Gallica La Dame aux camélias, Paris, Le Vaudeville, 2 février 1852. Texte intégral sur Gallica Diane de Lys, Paris, théâtre du Gymnase, 15 novembre 1853. Texte intégral sur Gallica Le Demi-Monde, Paris, théâtre du Gymnase, 20 mars 1855. Texte intégral sur Gallica La Question d’argent, Paris, théâtre du Gymnase, 31 janvier 1857. Texte intégral sur Gallica Le Fils naturel, Paris, théâtre du Gymnase, 16 janvier 1858. Texte intégral sur Gallica Le père prodigue, Paris, théâtre du Gymnase, 30 novembre 1859. Texte intégral sur Gallica L’Ami des femmes, Paris, théâtre du Gymnase, 5 mars 1864. Texte intégral sur Gallica Les Idées de Mme Aubray, Paris, théâtre du Gymnase, 16 mars 1867. Texte intégral sur Gallica Une visite de noces, Paris, théâtre du Gymnase, 16 octobre 1871. Texte intégral sur Gallica La Princesse Georges, Paris, théâtre du Gymnase, 2 décembre 1871. Texte intégral sur Gallica La Femme de Claude, Paris, théâtre du Gymnase, 16 janvier 1873. Texte intégral sur Gallica Monsieur Alphonse, Paris, théâtre du Gymnase, 26 novembre 1873. Texte intégral sur Gallica L’Étrangère, comédie en quatre actes, Paris, Théâtre-Français, 14 février 1876. Texte intégral sur Gallica La Princesse de Bagdad, pièce en trois actes, Paris, Théâtre-Français, février 1881. Texte intégral sur Gallica Denise, pièce en quatre actes, Paris, Théâtre-Français, 19 janvier 1885. Texte intégral sur Gallica Francillon, pièce en trois actes Paris, Théâtre-Français, 17 janvier 1887. Texte intégral sur Gallica Le Demi-monde, comédie en 5 actes et en prose, Texte intégral sur Gallica
Le Théâtre de Pixerécourt
René-Charles Guilbert de Pixerécourt est né le 22 janvier 1773 à Nancy, dans une vieille famille lorraine. Il est contraint de renoncer à ses études de droit et rejoint l’armée de Condé. Après huit mois de campagne, il décide de rentrer en France. Cet ancien aristocrate se retrouve finalement secrétaire de Carnot au Ministère de la guerre. Il continue sa carrière dans l’administration qui lui permet d’écrire.
Marguerite d’Anjou, mélodrame de Pixérécourt : estampe 1810. Source Gallica
Son premier grand succès vient en 1798 avec Victor, ou l’Enfant de la forêt, drame en 3 actes, en prose et à grand spectacle joué à l’Ambigu-Comique. Le 2 septembre 1800, Coelina ou l’Enfant du mystère paraît à l’affiche du même théâtre et sera jouée 387 fois à Paris et 1089 fois en province. Pixerécourt enchaîne ensuite les succès : L’Homme à trois visages (1801, 378 représentations à Paris, 644 en province), La Femme à deux maris (1802, 451 représentations à Paris, 895 en province), Tékéli, ou le Siège de Montgatz (1803, 430 représentations à Paris, 904 en province). En 1805, La Forteresse du Danube et Robinson Crusoé tiennent l’affiche toute l’année au théâtre de la Porte-Saint-Martin. En 1809, il est au théâtre de la Gaîté, où il fait jouer La Citerne ; le 30 octobre 1810, c’est la grande réussite des Ruines de Babylone. Jusqu’en 1814, le succès est toujours là mais pour un nouveau triomphe, il lui faut attendre en juin Le Chien de Montargis (quelque 400 représentations). En 1815, après le gros échec de son Christophe Colomb, il produit LeMonastère abandonné ou la Malédiction paternelle qui donne lieu à 267 représentations. En 1818, à la Gaîté, Le Belvédère ou la Vallée de l’Etna rencontre un vif succès. En 1819, à l’Ambigu-Comique, est jouée La Fille de l’Exilé ou Huit mois en deux heures ; et la même année, le 1er septembre : Les Chefs écossais, à la Porte-Saint-Martin.
Robinson Crusoé, mélodrame de Pixérécourt : costume de Marty (Robinson) / dessiné par Chaponnier 1805. Source Gallica
À partir de 1820, le succès réapparaît de temps à autre, mais ce sont pour les meilleures pièces une centaine de représentations : Le Drapeau blanc (1821) ; Ali Baba ou les Quarante voleurs (1822) ; Le Moulin des Étangs (1826) ; La Tête de mort ou les Ruines de Pompéi (1827).
Pendant près de 40 ans, il soutient une intense activité d’auteur, de direction de théâtres et d’inspecteur de l’Administration. Il a écrit 111 pièces, principalement des mélodrames, représentées plus de 30 000 fois. Il meurt le 27 juillet 1844.
Ses mélodrames se fondent sur un schéma narratif presque invariable, et sur des personnages stéréotypés. Une situation familiale paisible est troublée par l’arrivée d’un Traître dont les machinations mettent en péril l’ordre social, familial, voire naturel (les catastrophes naturelles, orages, tremblements de terre, éruptions volcaniques, abondent). C’est au Père, et à la Victime (jeune fille ou enfant) que le traitre s’en prend en particulier. Tout paraît perdu, jusqu’à ce que le Héros désintéressé (souvent accompagné d’un personnage d’idiot, le Niais) ne vienne rétablir l’ordre et l’autorité légitime (le Père).
Liste des pièces les plus connues
LES PETITS AUVERGNATS, Comédie en un acte et en prose, mêlée d’ariettes. Texte intégral sur Gallica
LA FORÊT DE SICILE, Drame lyrique en deux actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
VICTOR, ou L’ENFANT DE LA FORÊT, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica (1798)
LE CHATEAU DES APENNINS, ou LE FANTÔME VIVANT, Mélodrame en cinq actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LA SOIRÉE DES CHAMPS-ÉLYSÉES, Comédie épisodique en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles. Texte intégral sur Gallica
LE PETIT PAGE, ou LA PRISON D’ÉTAT, Comédie en un acte et en prose, mêlée d’ariettes. Texte intégral sur Gallica
ROSA ou L’HERMITAGE Du TORRENT, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
COELINA, ou L’ENFANT DU MYSTÈRE, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LE CHANSONNIER DE LA PAIX., impromptu en un acte et en prose, mêlé de vaudevilles. Texte intégral sur Gallica
FLAMINIUS A CORINTHE, opéra en un acte et en vers. Texte intégral sur Gallica
LE PÉLERIN BLANC Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LE VIEUX MAJOR Comédie en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles. Texte intégral sur Gallica
L’HOMME A TROIS VISAGES, ou LE PROSCRIT, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LA PEAU DE L’OURS, Folie en un acte et en prose mêlée de vaudevilles.Texte intégral sur Gallica
RAYMOND DE TOULOUSE, ou LE RETOUR DE LA TERRE SAINTE, Drame lyrique en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LA FEMME A DEUX MARIS, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
PIZARRE, ou LA CONQUÊTE DU PÉROU, Mélodrame historique en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LES DEUX VALETS, Comédie en un acte et en prose. Texte intégral sur Gallica
LES MINES DE POLOGNE, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
TÉKÉLI, ou LE SIÈGE DE MONGATZ, Mélodrame historique en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LES MAURES D’ESPAGNE, ou LE POUVOIR DE L’ENFANCE, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
AVIS AUX FEMMES ou LE MARI COLÈRE, Comédie en un acte et en prose, mêlée d’ariettes. Texte intégral sur Gallica
LA FORTERESSE DU DANUBE Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
ROBINSON CRUSOÉ Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LE SOLITAIRE DE LA ROCHE NOIRE, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
KOULOUF, ou LES CHINOIS, Opéra comique en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
L’ANGE TUTÉLAIRE, ou LE DÉMON FEMELLE, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LA CITERNE, Mélodrame en quatre actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LA ROSE BLANCHE ET LA ROSE ROUGE, Drame lyrique en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
MARGUERITE D’ANJOU, Mélodrame historique en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LES RUINES DE BABYLONE, ou GIAFAR ET ZAïDA, Mélodrame historique en trois actes et en prose.Texte intégral sur Gallica
LE BERCEAU, Divertissement en un acte et en vaudevilles, Texte intégral sur Gallica
LE PRÉCIPICE, ou LES FORGES DE NORVEGE, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LE FANAL DE MESSINE, Mélodrame en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
L’ENNEMI DES MODES, ou LA MAISON DE CHOISY, Comédie en trois actes et en prose.Texte intégral sur Gallica
LE PETIT CARILLONNEUR, ou LA TOUR TÉNÉBREUSE, Mélodrame en trois actes et en prose.Texte intégral sur Gallica
LE CHIEN DE MONTARGIS, ou LA FÔRÊT DE BONDY, Mélodrame historique en trois actes et en prose.Texte intégral sur Gallica
CHARLES-LE-TÉMÉRAIRE, ou LE SIÈGE DE NANCY, Mélodrame historique en trois actes et en prose.Texte intégral sur Gallica
CHRISTOPHE COLOMB, ou LA DÉCOUVERTE DU NOUVEAU MONDE, Mélodrame historique en trois actes et en prose. Texte intégral sur Gallica
LE SUICIDE, ou LE VIEUX SERGENT, Mélodrame en deux actes et en prose.Texte intégral sur Gallica
Le Théâtre de François de Curel
M. de Curel, académicien / Agence Meurisse. Source : Gallica
François de Curel est né à Metz, le 10 juin 1854. Issu d’une vieille famille industrielle lorraine, François de Curel est diplômé de l’École centrale des arts et manufactures en 1873. Il devait prendre la succession de son père à la direction des forges familiales, mais il préfère s’orienter vers la littérature: il publie en 1885 des nouvelles dans La Nouvelle Revue et la Revue du monde latin et un roman, L’Été des fruits secs, puis en 1889 Le Sauvetage du grand-duc. Il écrit la même année sa première œuvre dramatique, Sauvé des eaux, et, quelques mois plus tard, La Figurante, pièces qui sont refusées par les lecteurs du Théâtre-Français et de l’Odéon. Il envoie alors ces deux pièces plus une troisième, L’Ortie (1891), sous trois signatures différentes à André Antoine, qui les accepte toutes. L’Envers d’une sainte rencontre le succès critique et public le 25 janvier 1892 au Théâtre-Libre. Ses pièces se succèdent sur les plus célèbres scènes parisiennes. Il est élu le 16 mai 1918 à l’Académie française.
Les pièces de François de Curel s’inscrivent dans la veine naturaliste. On peut distinguer dans son œuvre :
les pièces à caractère social et familial jouées entre 1892 et 1897 : L’Envers d’une sainte, Les Fossiles, L’Invitée, Sauvé des eaux, La Figurante, Le Repas du lion
les pièces qui mettent en scène des problèmes philosophiques et moraux : La Nouvelle Idole, 1899 ; La Fille sauvage, 1902 ; Le Coup d’aile, 1906 ; L’Âme en folie, 1919 ; La Comédie du génie, 1921 ; L’Ivresse du sage, 1922
les drames de la guerre inspirés de la première guerre mondiale : Terre inhumaine, 1922 ; La Viveuse et le Moribond, 1926.
Les œuvres théâtrales
Simone et Claude Garry dans « La danse devant le miroir » de François de Curel / dessin de Yves Marevéry. 1914. Source Gallica
La Danse devant le miroir, pièce en 2 actes, Paris, Nouvel-Ambigu, 17 janvier 1914. Texte intégral sur archive.org La Figurante, comédie en 3 actes, Paris, Théâtre de la Renaissance, 5 mars 1896. Texte intégral sur archive.org L’envers d’une sainte, pièce en trois actes, représentée pour la première fois au Théâtre-Libre, à Paris, le 25 janvier 1892. Texte intégral sur Gallica L’Amour brode, pièce en 3 actes, Paris, Comédie-Française, 12 octobre 1893 Les Fossiles, pièce en quatre actes, représentée dans sa forme primitive au Théâtre-Libre le 29 novembre 1892 et reprise sous sa nouvelle forme par la troupe duThéâtre-Français dans la salle de l’Odéon le 21 mai 1900. Texte intégral sur Gallica L’Invitée, comédie en trois actes, représentée pour la première fois au Théâtre du Vaudeville, le 19 janvier 1893. Texte intégral sur Gallica La Nouvelle Idole, pièce en trois actes, représentée pour la première fois au Théâtre Antoine à Paris le 11 mars 1899 et représentée à la Comédie-Française le 26 juin 1914. Chronique et texte intégral sur Libre Théâtre Le Repas du lion, pièce en quatre actes, représentée pour la première fois au Théâtre Antoine, le 26 novembre 1897. Texte intégral sur Gallica La Fille sauvage, pièce en cinq actes, représentée pour la première fois au Théâtre Antoine, le 17 février 1902. Texte intégral sur Gallica Le Coup d’aile, pièce en 3 actes, Paris, Théâtre Antoine, 10 janvier 1906. Texte intégral sur archive.org La Comédie du génie, comédie en 3 actes et 8 tableaux, 1918-1919. Texte intégral sur archive.org L’Âme en folie, comédie dramatique en 3 actes, Paris, Théâtre des Arts, 23 décembre 1919. Texte intégral sur archive.org La Biche au bois, féerie-vaudeville, 1920 L’Ivresse du Sage, comédie en 3 actes, Paris, Comédie-Française, 5 décembre 1922 Terre inhumaine, drame en 3 actes, Paris, Théâtre des Arts, 13 décembre 1922 La Viveuse et le moribond , comédie en 3 actes, Grand Théâtre de Monte-Carlo, 29 décembre 19252, reprise au théâtre des Arts, 6 janvier 19263. Orage mystique, pièce en 3 actes, Paris, Théâtre des Arts, 1er décembre 1927
Le Théâtre d’Alfred de Vigny
Caricature d’Alfred de Vigny par Nadar (vers 1850). Source : Gallica
Alfred de Vigny est né le 27 mars 1797 à Loches, au sein d’une famille issue de la vieille noblesse militaire. Figure influente du romantisme, il écrit parallèlement à une carrière militaire commencée en 1814 et publie ses premiers poèmes en 1822 (Poèmes antiques et modernes). Il fréquente les milieux littéraires parisiens et notamment le Cénacle romantique de Victor Hugo. Avec la publication de Cinq-Mars en 1826, il contribue au développement du roman historique français. Ses traductions versifiées de Shakespeare s’inscrivent dans le drame romantique, de même que sa pièce Chatterton (1835).
En 1838, après une rupture sentimentale avec Marie Dorval et la mort de sa mère, Alfred de Vigny s’installe pour la première fois au Maine-Giraud, son domaine situé en Charente. De retour à Paris, il se mêle de nouveau à la vie politique et littéraire. Il parvient en 1845 à se faire élire, au bout de la cinquième tentative, à l’Académie française. Il meurt le 17 septembre 1863 à Paris.
Ses œuvres théâtrales
La Maréchale d’Ancre, drame représenté pour la première fois au second Théâtre-Français le 25 juin 1831. Texte intégral sur Gallica Quitte pour la peur, comédie en un acte, représenté pour la première fois à l’Opéra, le 30 mai 1833. Texte intégral sur Gallica Chatterton, drame en trois actes représenté pour la première fois au Théâtre-Français le 12 février 1835. Texte intégral sur Gallica Othello, le More de Venise, tragédie en cinq actes, représentée pour la première fois sur le Théâtre-Français le 24 octobre 1829 (composition d’après Shakespeare). Texte intégral sur Gallica
Notice de Gauthier-Ferrières
Extrait de Théâtre d’Alfred de Vigny ; notices et annotations par Gauthier-Ferrières. Source Gallica
Bien qu’il ne fût guère fait pour le théâtre, Alfred de Vigny y avait cependant songé dès sa première jeunesse. « J’étais lieutenant de la garde royale, dit-il, en garnison à Versailles en 1816, lorsque je fis une assez mauvaise tragédie de Julien l’Apostat. » Il avait fait encore, vers la même époque, c’est-à-dire de dix-huit à vingt ans, une tragédie de Roland et une autre d’Antoine et Cléopâtre. Plus tard, étant malade du choléra en 1832, il les brûla toutes les trois dans la crainte des éditions posthumes. Selon lui, il n’y avait de supportable, dans Roland, qu’un vers sur Jésus-Christ :
Fils exilé du ciel, tu souffris au désert.
Le poète Gaspard de Pons, camarade de Vigny au régiment, avait retenu et citait un autre vers : « A la fin de la pièce, dit-il, dans ses Adieux poétiques, Angélique demandait pardon à Roland qui lui répondait : « Vous m’avez fait trop souffrir, je ne sauraIS vous pardonner sur la terre, mais, quoi qu’il en soit :
Mourez, je vais mourir, et nous verrons après.
Et Gaspard de Pons trouvait sublime ce vers justement à cause du second hémistiche qui nous fait un peu sourire aujourd’hui, « ne fût-ce, disait-il, que par la ferme confiance qu’il exprime dans l’immortalité de l’âme ».
En réalité, malgré ces tentatives, Vigny n’aimait guère le théâtre. Sa nature réservée et presque sacerdotale, sa pudeur silencieuse, sa muse aux ailes d’ange descendait difficilement des demeures célestes d’Éloa aux planches poussiéreuses de la scène. Sans y avoir jamais particulièrement réfléchi, il a sur le théâtre les idées de l’école romantique.
« Le genre bâtard, écrit-il, dans son Journal, c’était la tragédie faux antique de Racine. Le drame est vrai, puisque, dans une action tantôt comique, tantôt tragique, suivant les caractères, il finit avec tristesse comme la vie des hommes puissants de caractère, énergiques de passion.
Le drame n’a été appelé bâtard que parce qu’il n’est ni comédie ni tragédie, ni Démocrite rieur ni Héraclite pleureur. Mais les vivants sont ainsi. Qui rit toujours, ou toujours pleure ? Je n’en connais pas, pour ma part.
En tout cas, comme Henri de Transtamare, le bâtard a roulé par terre le légitime et l’a poignardé. »
De la comédie il écrit : « J’aime peu la comédie qui tient toujours plus ou moins de la charge et de la bouffonnerie, » et encore : « Je sais apprécier la charge dans la comédie, mais elle me répugne parce que, dans tous les arts, elle enlaidit et appauvrit l’espèce humaine, et, comme homme, elle m’humilie. »
C’est avec ces idées qu’il entre dans la lice romantique. Il avait quelque chose de pressé à dire au public, et le théâtre lui paraissait la meilleure des tribunes, ainsi qu’il écrivait lui-même dans sa préface d’Othello. Il ajoutait encore, dans la même préface : « La scène française s’ouvrira-t-elle, ou non, à une tragédie moderne produisant : — dans sa conception, un tableau large de la vie, au lieu du tableau resserré de la catastrophe d’une intrigue; — dans sa composition, des caractères, non des rôles, des scènes paisibles sans drame, mêlées à des scènes comiques et tragiques; — dans son exécution, un style familier, comique, tragique et parfois épique ?»
Mais, avant de jouer un « air de son invention », disait Vigny, il fallait refaire l’instrument et l’essayer sur le public. C’est pourquoi, se bornant à écrire une oeuvre de forme, il allait transporter sur la scène un drame shakespearien. Shakespeare est pour lui un homme à part : « Il ne suffit pas d’entendre l’anglais pour comprendre ce grand homme, dit-il, il faut entendre le Shakespeare qui est une langue aussi. Le coeur de Shakespeare est un langage à part. »
En collaboration avec Emile Deschamps, il commence par Roméo et Juliette, qui est achevé en mars 1828. Emile Deschamps a écrit les vers des trois premiers actes, Vigny ceux des deux derniers. En avril, le drame est reçu à la Comédie française, mais des obstacles s’élèvent, et le projet de représenter la pièce est abandonné et repris plusieurs fois. Finalement elle ne fut jamais représentée, et, en 1844, Deschamps écrivit à son tour les deux derniers actes, et publia la pièce entière.
Sans se décourager, Vigny écrit un Othello qu’il lit à ses amis le 17 juillet 1829, et qui est reçu quelques jours après à la Comédie-Française, presque en même temps que Marion Delorme. La pièce est représentée en octobre, et soulève une vive opposition. C’est déjà une soirée orageuse qui laisse prévoir celle d’Hernani, une escarmouche avant la grande bataille :
« On s’est ennuyé pendant trois heures sur quatre, écrit le Constitutionnel. Souvent on applaudissait au parterre pendant qu’on riait dans les loges et qu’on sifflait au paradis. Ici, on admirait les belles réparties de cette conception bizarre ; là, et aux passages les plus bouffons, on battait des mains avec une sorte de fureur en apostrophant les spectateurs paisibles qui ne partageaient pas le frénétique enthousiasme de la camaraderie littéraire. Dans cette occasion solennelle, la congrégation des exclusifs a poussé si loin son ardeur admirative qu’il est heureux, non seulement pour ses adversaires, mais encore pour les auditeurs froids et désintéressés, qu’elle n’ait pas eu à sa disposition le coussin d’Othello. Toutefois des oreillers n’auraient pas été inutiles pour la grande partie des spectateurs calmes et bénévoles. »
Malgré toutes les attaques parmi lesquelles il faut signaler surtout un article d’Armand Carrel (National, 22 février 1830) la victoire resta à Vigny, qui en parlait comme d’un « amer succès». Mais déjà il préparait un drame en prose, la Maréchale d’Ancre, qui fut joué à l’Odéon le 25 juin 1831. Malgré d’incomparables qualités, on ne peut pas dire que cette pièce soit heureuse. « Il y a dans ce drame une grande multiplicité d’événements, écrivait Alfred Nettement, mais peu d’action. On marche beaucoup sans qu’elle marche, c’est là son défaut. » Comme dans Cinq-Mars, Vigny n’a pas hésité ici à modifier l’histoire, et la Maréchale y est exécutée avant l’assassinat de son mari. De plus, il s’y mêle une histoire de vendetta corse dans la personne d’un ancien amant de Léonora Galigaï, et tout cela est inutilement enchevêtré. On y reconnaît l’influence de Shakespeare. La pièce n’eut guère qu’une douzaine de représentations. Le rôle de la Maréchale était tenu par Mlle Georges, et c’est à Dorval que Vigny eût désiré le confier, mais elle put y paraître dans une reprise que la Porte-Saint-Martin fit de la pièce, en 1832. Il y avait déjà longtemps que Vigny ressentait pour Dorval une passion contenue. Il n’allait au théâtre que pour la voir, et il ne manquait jamais de lui rendre visite dans sa loge. C’est sûrement au retour d’une de ces visites qu’il crayonnait des notes comme celles-ci dans son Journal :
Une actrice vraiment inspirée est charmante à voir à sa toilette avant d’entrer en scène. Elle parle avec une exagération ravissante de tout ; elle se monté la tête sur de petites choses, crie, gémit, rit, soupire, se fâche; caresse, en une minute ; elle se dit malade, souffrante, guérie, bien portante, faible, forte, gaie, mélancolique, en colère ; et elle n’est rien de tout cela, elle est impatiente comme un petit cheval de course qui attend qu’on lève la barrière, elle piaffe à sa manière, elle se regarde dans la glace, met son rouge, l’ôte ensuite ; elle essaye sa physionomie et l’aiguise ; elle essaye sa voix en parlant haut, elle essaye son âme en passant par tous les tons et tous les sentiments. Elle s’étourdit de l’art et de la scène par avance, elle s’enivre.
Ce fut bientôt, entre le poète et l’actrice, le commencement d’une liaison qui unit leur nom dans le beau succès de Chatterton. Auparavant Vigny écrivit Quitte pour la peur, un petit proverbe en un acte que Dorval joua à l’opéra, dans une représentation à bénéfice, le 30 mai 1833. Le sujet de cet acte lui avait été fourni par une anecdote qu’il avait entendue, comme il le raconte, dans son Journal :
Je me rappelle, en travaillant, un trait fort beau que la princesse de Béthune me conta un soir. M. de X… savait fort bien que sa femme avait un amant. Mais, les choses se passant avec décence, il se taisait. Un soir il entre chez elle ; ce qu’il ne faisait jamais depuis cinq ans. Elle s’étonne. Il lui dit : Restez au lit ; je passerai la nuit à lire dans ce fauteuil. Je sais que vous êtes grosse, et je viens ici pour vos gens. Elle se tut et pleura : c’était vrai.
Malgré le charme qu’on trouve dans ce petit acte, on sent que Vigny n’est pas là à son aise. Le marivaudage ne lui va pas, et l’on ne peut s’empêcher de songer aux exquis proverbes que Musset écrivait à la même époque. Faguet dit que Quitte pour la peur laisse l’impression d’un « opéra-comique solennel »; Vigny lui-même l’appelait un « joujou de salon » et ne pensait, en l’écrivant, qu’à « celle qui réalisait ses inventions sur la scène, et recevait sur son front les couronnes de fleurs qu’on leur jetait. » Cependant, comme il ne fut jamais frivole dans ses pensées ni dans ses actes, il donnait à cette « bagatelle » un fond plus grave qu’on ne pensait, et il écrira plus tard sur ce sujet, à la vicomtesse du Plessis (8 août 1848) : « Il est bon de corriger des Othello sans amour, comme il s’en est trouvé souvent en France ; et de montrer une vengeance de bon goût, qui est en même temps une noble et généreuse protection, un pardon et une réparation. »
Mais tout l’effort du poète au théâtre était réservé pour Chatterton. On sait que le sujet en est tiré du roman de Stello, qu’il avait publié en 1832. « Avec la Maréchale d’Ancre, écrivait-il, j’essayai de faire lire une page d’histoire sur le théâtre ; avec Chatterton, j’essaie d’y faire lire une page de philosophie. » En réalité, il ne voulait encore que préparer de la gloire à Marie Dorval, et c’est pour elle seule qu’il travaillait. Il le lui écrira même plus tard, au moment de leur rupture : « Que faisais-je pour moi ? Etait-ce une grande gloire que de mettre au théâtre une idée de l’un de mes livres ? C’était pour toi, tu l’as oublié. »
Chatterton, présenté au Théâtre-Français, fut d’abord refusé par le comité de lecture. Heureusement, Jouslin de La Salle, alors directeur et favorable à Vigny, après avoir lu le manuscrit à la reine Marie-Amélie et au duc d’Orléans, qui furent très intéressés, passa outre à la décision du comité, et la pièce put être représentée le 12 février 1835.
En refusant Chatterton, le comité de lecture était bien moins hostile à Vigny qu’à Dorval, pour qui il savait que la pièce était faite, car Dorval, enfant de la balle ayant roulé dans beaucoup de théâtres, semblait une intruse dans la maison. On répétait partout dans les coulisses qu’elle soufflait le rôle à Mlle Mars, à qui il était dû. Les répétitions furent donc remplies d’incidents dus à la malveillance que l’on témoignait à la nouvelle venue. Heureusement la volonté de Vigny était ferme comme son amour, et il souffrit toutes les récriminations sans rien dire. Dorval les souffrit fort bien aussi, malgré sa nature impressionnable. Le jour où l’on apporta sur la scène l’escalier qui conduit à la chambre de Chatterton et du haut duquel elle devait tomber au dénouement, on rit beaucoup à l’idée de sa « dégringolade», et chacun attendit le moment où elle allait « dégringoler ». Mais elle n’en fit rien, et attendit le jour de la première représentation pour offrir ce spectacle à ses camarades.
Ce soir du 12 février 1835 est resté aussi mémorable dans les annales romantiques que la première de Hernani et d’Antony, et Vigny put l’appeler avec orgueil « ma soirée ». Le rôle de Chatterton était admirablement tenu par Geffroy, et celui du Quaker par Joanny, mais on n’avait de regards que pour Dorval incarnant Kitty Bell :
« Je la vois encore, dit Maxime Du Camp dans ses Souvenirs littéraires, avec ses mitaines de dentelle noire, son chapeau de velours, son tablier de taffetas ; elle maniait ses deux enfants avec des gestes qui étaient ceux d’une mère, non d’une actrice… Malgré sa voix trop grasse, elle avait des accents plus doux qu’une caresse ; dans sa façon d’écouter, de regarder Chatterton, il y avait une passion contenue, peut-être ignorée, qui remuait le coeur et l’écrasait. Les spectateurs étaient anxieux, c’était visible; l’angoissé comprimait jusqu’à l’admiration. À je ne sais plus quel passage on cria : « Assez 1 » Immobile, appuyé sur le rebord de la loge, étreint par une émotion jusqu’alors inconnue, j’étouffais. »
Au troisième acte, la « dégringolade », tant attendue des partenaires de Dorval, fut pour elle l’occasion d’un véritable triomphe. Ses camarades vaincus avaient fui dans la coulisse, et, pour répondre aux interminables rappels qui l’acclamaient, elle s’avança sur le bord de la scène, entourée des deux enfants qui avaient incarné près d’elle les enfants de Kitty Bell. Après la représentation, Joanny, qui n’avait pas été des moins acharnés contre elle, lui apporta sas excuses et son admiration. Toute la salle était en délire. Il y avait là, à côté du public élégant, de jeunes poètes qui savaient qu’on plaidait leur cause sur le théâtre, et, dans un des coins les plus sombres, applaudissait le pauvre HégésippeMoreau,qui avait, dit-on, engagé son gilet au Mont-de-Piété, afin de pouvoir assister à la représentation. Maxime Du Camp, alors âgé de treize ans, nous apprend qu’il s’évanouit à la fin de la pièce ; il n’est pas jusqu’à Labiche lui-même, qui ne se soit senti romantique et fatal ce soir-là, car il écrivit à son collaborateur Leveaux : « Je suis encore tout palpitant, mon coeur saigne, comme broyé dans un étau. Le drame de Vigny me remplit ; il circule dans mes veines ; c’est mon sang. »
Si le public fut pour Chatterton, il n’en fut pas de même de la critique. Balzac déclarait la pièce absurde, et la résumait plaisamment ainsi : « Premier acte : Dois-je me tuer ? « Deuxième acte : Je dois me tuer. « Troisième acte : Je me tue. »
Le plus dur fut Gustave Planche, qui écrivit dans le numéro du 15 février 1835 de la Revue des Deux Mondes un article où non seulement Vigny, mais encore Dorval étaient maltraités. Un jeune poète, Emile Péhant, s’indigna au point de vouloir provoquer en duel Buloz, qu’il jugeait responsable de l’article comme directeur de la Revue des Deux Mondes, et Alfred de Musset écrivit à propos des critiques de Chatterton deux sonnets qu’on ne trouve pas dans ses œuvres. Comme il détestait Planche, c’est à lui qu’il pensa particulièrement en écrivant le premier :
O critique du jour, chère mouche bovine, Que te voilà pédante au troisième degré ! Quel plaisir ce doit être, à ce que j’imagine, D’aiguiser sur un livre un museau de fouine
Et de ronger à l’ombre un squelette ignoré ! J’aime à te voir surtout en style de cuisine Te comparer sans honte au poète inspiré Et gonfler ta grenouille au pied du boeuf sacré !
De quel robuste orgueil l’autre jour je t’ai vue Te faire un beau pavois au fond d’une Revue ! Oh ! que je t’aime ainsi, dépeçant tout d’abord
Quiconque autour de toi donne signe de vie, Et puis d’un laurier rose, amer comme l’envie, Couronnant un chacal sur le ventre d’un mort !
Le second sonnet fut dicté à George Sand, on le lui a même quelquefois attribué, bien qu’elle n’ait jamais fait de vers et que ceux-ci, quoique plutôt médiocres, portent bien la marque de Musset :
Quand vous aurez prouvé, messieurs du journalisme, Que Chatterton eut tort de mourir ignoré, Qu’au Théâtre-Français on l’a défiguré; Quand vous aurez crié sept fois à l’athéisme,
Sept fois au contresens et sept fois au sophisme, Vous n’aurez pas prouvé que je n’ai pas pleuré. Et si mes pleurs ont tort devant le pédantisme, Savez-vous, moucherons, ce que je vous dirai ?
Je vous dirai : Sachez que les larmes humaines Ressemblent dans nos yeux aux flots de l’Océan : On n’en fait rien de bon en les analysant ;
Quand vous en puiseriez deux tonnes toutes pleines, En les faisant sécher, vous n’en aurez demain Qu’un méchant grain de sel dans le creux de la main !
Pour Vigny, que lui importaient les amertumes de la critique, et la froideur des anciens amis. Son triomphe était complet et il écrivait :
« Ma récompense est grande puisque dorénavant je puis avoir confiance entière dans l’attention d’un public dont on avait trop douté. Je sentais, presque seul, qu’il était mûr pour les développements lyriques et philosophiques, pour l’action toute morale. Il n’y a rien désormais qu’il ne soit capable d’entendre, car j’ai tendu la corde jusqu’à faire croire à chaque instant qu’elle était prête à se briser… »
Son triomphe fut même trop grand en ceci qu’il provoqua parmi les jeunes poètes malheureux une crise de chattertonisme. Thiers, alors ministre de l’intérieur, recevait journellement des lettres de jeunes gens qui, ne doutant pas de leur génie, menaçaient de se donner la mort si on ne venait pas à leur secours : « Il me faudrait renvoyer tout cela à M. de Vigny, » répondait Thiers. Le danger devint tel qu’un député, M. Charlemagne, osa dénoncer, du haut de la tribune de la Chambre, le drame de Vigny comme prêchant le suicide. Vigny, indigné, riposta dans la Revue des Deux Mondes : « Loin de conseiller le suicide, écrivait-il, j’avais dit : « Le suicide est un crime religieux et social ; c’est ma conviction. Mais, pour toucher la société, il fallait lui montrer la torture des victimes que fait son indifférence. »
L’indignation de Vigny s’explique contre « ceux qui ne savent pas entendre et qui ne savent pas lire. » Peut-être Chatterton a-t-il tourné passagèrement la tête à quelques jeunes gens qui prenaient orgueilleusement pour du génie leur impuissance et leur faiblesse, mais, à part cela, quel mal a-t-il pu faire, et qui a-t-il jamais poussé au suicide ? Escousse et Lebras eux-mêmes, ces deux jeunes poètes qui s’asphyxièrent dans une nuit de désespoir, étaient morts depuis trois ans lorsque parut Chatterton, et c’est le soir même de la représentation qu’un autre malheureux, Emile Roulland, se tuait dans une chambre de la rue Saint-Honoré (au n° 149). Loin d’inventer une maladie, Vigny se borna donc seulement à en constater une, et à en chercher les remèdes au fond de son âme toute pleine de pitié devant la majesté des souffrances humaines.
Que la critique de 1835 ait pu après cela être sévère, et écrire avec Gustave Planche : « Toute la vie de Chatterton se résume dans un seul mot : l’orgueil. S’il y a un drame à construire avec son nom, c’est l’orgueil qui poseia les fondements de l’édifice, » c’est là une opinion à laquelle nous ne saurions nous rallier. Chatterton ne fut ni un orgueilleux ni un plagiaire, comme on essaya de le démontrer, et sa patrie n’hésita pas à l’appeler, bien après sa mort, il est vrai, un marvellous boy (merveilleux enfant) : « A présent comme alors, écrivait Vigny à deux traducteurs des oeuvres de Chatterton (26 juin 1839), je n’en pense pas moins que ce suicide fut un homicide de la société, et que, dans une organisation meilleure, le mérite, que confirme si bien votre traduction, eût reçu de l’État une existence régulière et invariable qui ne peut humilier comme l’humiliaient des secours qu’il regardait comme des aumônes et qu’il voulait fuir dans la tombe. » Respectons donc, comme il doit l’être, le noble plaidoyer de Vigny, qui n’aspirait qu’à sauver de la misère les génies qui auraient pu y végéter, et donnons à Chatterton la même pitié qu’à Kitty Bell, si belle et bonne entre ses deux enfants.
Si Chatterton assurait la gloire à Alfred de Vigny, il ne lui assura pas le bonheur. Dorval ne tarda pas à trahir son poète, et il n’eut de consolation qu’en pensant que Kitty Bell du moins vivrait toujours : « Un acteur prend un drame comme une robe, écrivit-il, le revêt, le chiffonne et le jette pour en mettre un autre. Mais cette robe dure plus que lui. »
Comédie-Française. Chatterton, par M. le comte Alfred de Vigny (acte III, scène VI) : [estampe] / Morin. Source : Gallica
Auguste Villiers de l’Isle-Adam naît à Saint-Brieuc en 1838 dans une famille de la noblesse française bretonne. Noble mais pauvre, Villiers de l’Isle-Adam étudie dans divers collèges de Bretagne et se passionne pour le piano et la poésie. En 1855, il suit ses parents qui s’installent à Paris et fréquente les cafés d’artistes. Il rencontre notamment Catulle Mendes, Charles Baudelaire et Leconte de Lisle.
Il commence une carrière de journaliste, publie des recueils de poésies, puis un roman (Isis), sans rencontrer le succès. Il s’essaie ensuite au théâtre mais les pièces Ellen en 1865 et Morgane en 1866 sont refusées. Il retourne à la poésie. En 1867, Villiers devient rédacteur en chef de la Revue des Lettres et des Arts et fréquente Mallarmé, Verlaine et les Frères Goncourt. En 1869, il écrit son premier conte cruel, intitulé L’Intersigne, et un court roman Claire Lenoir. En janvier 1870, Alexandre Dumas fils parvient à faire accepter sa pièce La Révolte au Vaudeville, mais elle n’est représentée que 5 fois. Il n’arrive pas à faire jouer ses nouvelles pièces, L’évasion et Axel. En 1883, paraît son premier recueil Contes cruels chez Calmann-Levy, et c’est le succès tant attendu. Une amitié forte le lie à Mallarmé et Huysmans. Les principales revues lui ouvrent leurs pages : Le Gil Blas, La Vie moderne, La Jeune France.Villiers de l’Isle-Adam publie en 1886 L’Eve future, roman où se mêlent science-fiction et surnaturel. En 1887, Villiers publie Tribulat Bonhomet, un recueil de contes, suivi de deux autres, en 1888, Histoires insolites et Nouveaux Contes cruels. Au cours de l’hiver 1888, il est atteint d’un cancer et meurt dans le dénuement le plus total le 18 août 1889.
Les œuvres théâtrales
Une œuvre théâtrale entre romantique et symbolisme, du drame historique au drame moderne. Morgane, écrite en 1860, publiée en mars 1886. Drame en 5 actes. Texte intégral sur Gallica Elën, 1865. Drame en trois actes. Texte intégral sur Gallica La Révolte, drame en un acte publié créé le 6 mai 1870 au Théâtre du Vaudeville et publié en 1870. Texte intégral et chronique sur Libre Théâtre Le NouveauMonde, 1875. Drame en cinq actes. Texte intégral sur Gallica Axël, 1890. Texte intégral sur Gallica L’Évasion, 1887. Drame en un acte représenté pour la première fois au Théâtre-Libre sur la scène du Passage de l’Élysée des Beaux Arts le 12 octobre 1887 et repris par le même théâtre à la Porte-Saint-Martin le 25 janvier 1891. Texte intégral sur Gallica Le Prétendant (version définitive de Morgane), écrit en 1874, publication posthume. Drame en cinq actes, représentée pour la première fois en 1965. Texte intégral sur Gallica
Villiers de l’Isle-Adam vu par Paul Verlaine
(Publié dans les Hommes d’aujourd’hui, n°258, 5ème volume, vers 1880)
Le comte Philippe-Auguste-Mathias de Villiers de l’Isle-Adam, poète français, né à Saint-Brieuc, le 7 novembre 1840, descend d’une des plus hautes maisons de France et d’Europe.
Il débuta presque enfant dans les lettres par un volume de vers édité chez Perrin, de Lyon, et introuvable. Ce livre contenait un grand nombre de morceaux des plus remarquables dont il me serait agréable de pouvoir citer quelques-uns si l’espace ne m’était trop mesuré. C’est modestement et orgueilleusement intitulé Premières Poésies. Espérons bien que l’auteur reprendra, dans le recueil de ses œuvres complètes, ce merveilleux péché de jeunesse.
La prose — mais une prose aussi belle que les plus beaux vers — appela de bonne heure Villiers de l’Isle-Adam (c’est ainsi que ses amis le nomment le plus communément, et ses intimes le nomment Villiers tout court ; dans sa famille, on lui dit et on dit de lui Mathias). En 1865, très jeune encore, il fit Elën, un drame d’amour exquis et sombre dont il faudrait citer le magnifique rêve d’opium. Le lecteur, après avoir pris connaissance de ce fragment, pourrait comprendre à quel écrivain de race et de taille l’on a affaire quand on visite ce poète absolu. Car poète, bien qu’ayant écrit relativement peu de vers, il l’est plus certainement qu’aucun de cette époque-ci, ou tout au moins autant que les plus vraiment poètes du siècle. Du poète il a la sensibilité, la vibration, l’éclair, il en a aussi la langue au suprême degré, sonore et riche et disant magnifiquement tout ce qu’il a fallu dire et rien d’autre, puisque du poète il possède encore le bon sens, ce don suprême du poète, le bon sens, le vrai ! le tact, la mesure (dans les deux sens qui n’en font qu’un). Mais voici non hélas ! le chef-d’œuvre tout entier, qui ne compte pas moins de trois pages de fin texte, du moins quelques lignes détachables sans trop de vandalisme :
« Je sais, chantait Maria, pendant que la barque glissait ténébreusement, je sais un Esprit fatigué d’élévations stériles et d’espoirs fondés sur les Ténèbres. Longtemps son vol puissant fut l’honneur des cieux ; dans ses regards dormaient les rêves éternels ; les soirs l’adoraient comme leur hôte et leur génie ; les couchants, lorsqu’il s’exaltait au sein de leurs profondeurs hantées par les mânes des dieux : empourpraient le glorieux veilleur de flammes et de merveilles ; — il s’attarda, par une soirée d’orgueil, d’amour et de triomphe, et la nuit foudroya ce mage de l’Ether.
« Maintenant les cieux l’ont oublié ; sa vie ne peut plus en explorer les parages ennemis ; il est tombé à travers ses espérances perdues ; il ira s’ensevelir dans la dureté de son adieu. »
Ce drame d’Elën contient une scène des plus hardies : Un jeune étudiant s’est endormi sur un banc de mousse d’une charmille d’auberge ; Elën survient et le voit, puis le contemple ; il lui est tout à fait inconnu. Un caprice la prend et, dans un monologue étincelant où se trouvent des choses comme celles-ci : « S’il savait que j’étais là ?.., Hélas ! pauvre femme charmante ; il m’a vue sans doute, et me voir c’est me connaître pour ces enfants… Peut-être il ne me connaît pas, je suis folle… », elle résout d’avoir ce jeune homme pendant trois jours, sans lui dire son nom, et de s’en aller après, « pour, dit-elle, rester pure et respectée dans l’âme de quelqu’un sur la terre », et elle l’éveille d’un baiser sur le front.
SAMUEL. Hein ? qu’est-ce ? (Après un profond silence.) Oh ! comme vous êtes belle ! ELEN. Voulez-vous venir avec moi, monsieur ? SAMUEL (debout, ébloui). Comme vous êtes belle ! ELEN (l’entraînant par les deux mains). Venez, venez ! (Ils traversent la charmille ensemble.) (Le rideau tombe.)
N’est-ce pas que c’est un peu le Passant ? avec, disons-le à la louange de Coppée et de Villiers (le signataire de ceci a l’honneur de compter parmi les intimes de notre poète) des différences du tout au tout. Ici le « passant » est un jeune homme fait moitié philosophe et moite rêveur, dont l’amour va mettre la philosophie à l’envers et cuber la rêverie, et cette Elën de malheur est une tout autre gaillarde que la bonne Sylvia. Zanetto paraît bien, dans le drame de Villiers, sous le nom de Matuccio, chanteur et page d’Elën, dix-sept ans, précise le personnœ dramatis ; mais attendez :
Distingué par Elën d’un coup de pistolet d’entre une bande de brigands italiens dont il faisait partie à l’âge heureux de quinze ans, puis soigné chez elle et vu, qu’il était spirituel et joli comme un démon, promu son page, il a bien quelque idée pour sa maîtresse : « Ô trop dédaigneuse Elën ! » se dit-il dans la scène I ; mais il préfère à tout les pays de soleil, de paresse et d’amourettes, et l’or qui lui procurera tout cela. Aussi se fait-il allègrement le complice de la jalouse et très riche Mme de Valburg et empoisonne, non sans grâce et par des fleurs, la belle créature qui meurt au milieu d’une fête, dans son palais resplendissant de lumières, de toilettes, d’yeux joyeux et de sourires. Aux funérailles d’Elën, Samuel, l’étudiant endormi du premier acte, tout d’un coup édifié sur le passé de celle-ci, jette cruellement sur son cercueil, pour la payer des trois dernières nuits, une bourse pleine d’or, de billets et de diamants, toute sa fortune, qui est immense, réalisée de la veille, en vue de fuir et de vivre avec la courtisane, qu’il avait crue pure jusque-là et toute à lui. De cette bourse miraculeuse le rusé page s’empare et s’esquive en criant : Tout est bien qui finit bien !
L’auteur a choyé, gâté ce personnage pourtant épisodique et de pure utilité, et qui ne dit pas un mot qui ne soit terriblement portant et toujours exquisite, comme dit intraduisiblement l’Anglais, brillant comme l’acier, sinistre comme le crime. Sans compter que, ô les ravissants travestis ! dans cette pièce moderne (l’action se passe en 18… probablement après Leipzig ou Waterloo, à en juger par une allusion de Samuel à des « batailles pour la patrie ») il arbore des costumes aussi éclatants que variés, soie cramoisie, satin blanc, perles, poignards à gaine d’or. La splendide petite canaille toutefois n’empiète pas sur les quatre principales figures, Elën, la Valburg, Andréas et Samuel, figures très bien campées et véritablement magistrales de vie intense et de langage essentiellement approprié dans sa superbe grandiloquence. En somme Elën est un magnifique drame écrit et composé par un maître et dont la représentation serait bien à désirer pour l’honneur obscurci de la scène française.
Parallèlement à Elën, Villiers publiait Isis, un roman, ou plutôt la première partie d’un roman philosophique, dont il est douloureusement regrettable que la suite n’ait pas paru. Tel qu’il est, ce fragment considérable suffirait à classer l’auteur parmi les premiers de nos prosateurs, et moi j’ose ajouter qu’il est un de ses nombreux titres à se voir sortir du rang par l’avenir et proclamé le plus grand.
La philosophie qui ressort de cette œuvre et de toutes les œuvres de Villiers, je soutiendrai à qui voudra et je prouverai qu’elle mérite toute attention, tout respect, et je ne tiens pas pour sûr qu’elle ne soit pas un jour la formule du siècle.
Morgane, un drame plus beau peut-être encore qu’Elën, profond et noir, avec des splendeurs, suivit de près la publication d’Isis. La cour de la Naples de Nelson et de Caroline y déploie ses intrigues sanglantes, ses terribles passions, son luxe et son mystère. La charmante et perverse figure d’Emma Lyonna, duchesse de Hamilton, pénètre l’action d’un frisson saphique tout nouveau depuis Shakespeare au théâtre. La Révolte absurdement tombée en 1869, au Vaudeville ; le Nouveau Monde que jouèrent naguère les Nations, aux applaudissements de l’élite, deux essais miraculeux, complètent avec Axel, dont les fragments publiés pronostiquent un immense succès définitif, le théâtre de Villiers, qui a toute une série dramatique en gestation, pour notre bonheur et l’honneur éternel des Lettres.
Claire Lenoir, une longue nouvelle parue en 1869 dans la Revue des Lettres et des Arts dirigée par notre poète, est un génial mélange d’ironie, de métaphysique et de terreur. Les Contes cruels devaient de nos jours répéter cette triple note bien caractéristique du génie de Villiers, avec l’autorité d’un talent plus mûr. Les Contes cruels et la Révolte sont les seuls livres de notre auteur que puisse se procurer facilement un amateur du grand et du beau, du fin et du profond. L’unique Bibliothèque Nationale est à même de pourvoir le curieux de ses premières œuvres. L’avenir évidemment ménage au grand public une réimpression complète.
En attendant, j’ai cru bien faire d’insister surtout sur Elën et quelque peu sur les autres productions de cette période.
Lisez toujours les Contes cruels et la Révolte.
Pour en savoir plus : Villiers de l’Isle-Adam. Le théâtre et ses imaginaires, Littératures n°71, 2014.
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