Le Cid de Pierre Corneille
Tragi-comédie en vers, représentée pour la première fois le 7 janvier 1637 au théâtre du Marais.
Première édition en 1637, deuxième version en 1648 puis version définition en 1661.
Distribution : 8 hommes, 4 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument
Chimène et Rodrigue s’aiment, mais Don Diègue, le père de Rodrigue, et le Comte de Gomès, le père de Chimène, se querellent. Le Comte offense Don Diègue en le souffletant. Don Diègue, trop vieux pour se venger par lui-même, demande à Rodrigue de sauver son honneur. Rodrigue tue le père de Chimène en duel. Bien qu’elle soit toujours amoureuse, Chimène doit à son tour défendre son honneur en réclamant à Don Fernand, roi de Castille, la tête de Rodrigue.Mais l’attaque du royaume par les Maures donne à Rodrigue l’occasion de montrer sa valeur et d’obtenir le pardon du roi. Plus que jamais amoureuse de Rodrigue, Chimène reste sur sa position et obtient du roi un duel entre don Sanche, qui l’aime aussi, et Rodrigue. Elle promet d’épouser le vainqueur. Rodrigue victorieux reçoit du roi la main de Chimène : le mariage sera célébré l’année suivante.
La « Querelle du Cid »
Les premières représentations du Cid en 1637 remportent un vif succès. Richelieu protège Corneille, et le fait anoblir par le roi en 1637 mais deux dramaturges, Jean Mairet et Georges de Scudéry accusent Corneille de ne pas respecter les règles du théâtre classique : non respect de la règle des trois unités, genre hésitant entre la tragédie et la comédie, invraisemblances, trop grand nombre de péripéties, sujet espagnol et non pas antique alors qu’une guerre avec l’Espagne est en cours. En juin 1637, Scudéry fait appel à l’arbitrage d’Académie française, tout juste créée en 1635. En décembre 1637, l’Académie présente un texte mis au point par Jean Chapelain : Les Sentiments de l’Académie sur la tragi-comédie du Cid, dans lequel elle ne retient pas l’accusation de plagiat, mais donne raison à Scudéry sur la question des règles, même si elle reconnaît à la pièce « un agrément inexplicable » et contient un certain nombre d’observations de style. La querelle repart de plus belle, mais Richelieu clôt les débats en ordonnant aux adversaires de Corneille d’arrêter leur polémique. Corneille modifie la pièce en 1648 en enlevant les aspects de comédie et en accentuant le côté tragique. La version définitive est imprimée en 1661.
Voir sur le sujet l’article de Civardi Jean-Marc, « Quelques critiques adressées au Cid de Corneille en 1637-1638 et les réponses apportées. », L’information littéraire 1/2002 (Vol. 54) , p. 12-26 librement accessible sur cairn.info
Quelques mises en scène
Comédie-Française, 1940
Mise en scène de Jacques Copeau, scénographie d’André Barsacq, costumes de Marie-Hélène Dasté.
Avec Jean-Louis Barrault (Don Rodrigue), Marie Bell (Chimène), Madeleine Renaud (l’Infante), Jean Hervé (Don Diègue), Andrée de Chauveron (Elvire), Jean Debucourt (Don Gormas), Germaine Rouer (Léonor), Louis Seigner (Don Fernand), Jean Deninx (Don Sanche), André Bacqué (Don Arias), Antoine Balpêtré (Dom Alonse).
Le premier rôle de Jean-Louis Barrault à la Comédie Française.
Lien vers le dossier rassemblant des coupures de presse sur Gallica
Théâtre national populaire/ Festival d’Avignon, 1951
Mise en scène de Jean Vilar, costumes de Léon Gischia.
Avec Gérard Philipe (Don Rodrigue), Françoise Spira (Chimène), Jeanne Moreau (l’Infante), Pierre Asso (Don Diègue), Lucienne Le Marchand (Elvire), Jean Leuvrais (Don Gormas), Monique Chaumette (Léonor), Jean Vilar (Don Fernand), Jean Negroni (Don Sanche), Charles Denner (Don Arias), Jean-Paul Moulinot (Dom Alonse).
Jean Vilar avait mis en scène le Cid en 1949, pour la troisième édition du Festival d’Avignon, dans la Cour d’honneur du Palais des Papes ; mais c’est deux ans plus tard, en 1951, que ce spectacle devient légendaire, lorsque le rôle de Rodrigue est repris par le jeune comédien Gérard Philipe, qui a rejoint depuis peu le TNP de Vilar. Sur la rencontre de Gérard Philippe avec Jean Vilar, écoutez la fiction radiophonique d’Affaires sensibles, France Inter, 22 avril 2016
Festival d’Avignon, 1998
Mise en scène de Declan Donnellan Interview du comédien William Nadylam, le jeune comédien noir qui incarne Rodrigue dans le spectacle, et qui récuse une lecture superficielle des personnages. Plusieurs brefs extraits du spectacle.
« Avec sa mise en scène, présentée au Festival d’Avignon en 1998, Declan Donnellan est le premier à oser succéder à Vilar et à son Cid mythique de 1951, incarné par Gérard Philipe. Metteur en scène irlandais affectionnant les œuvres classiques, qu’il met en scène aussi bien à Londres qu’à Moscou ou à Paris, Donnellan souhaite faire sonner autrement le monument de Pierre Corneille. Il choisit donc de donner à voir ses personnages dans un contexte contemporain, où l’honneur est avant tout un mot vide, et où l’héroïsme le cède souvent à la peur, à la fanfaronnade ou au désir. L’atmosphère générale est donc légère, à l’exemple du flamenco qui accompagne la tirade d’impuissance de Don Diègue. Dans le rôle de Rodrigue, William Nadylam est noir comme les Maures qu’il combat, et donne à voir un personnage sensible et mal assuré, moins glorieux, mais plus humain que le stéréotype scolaire que l’histoire a généralement retenu. La nouveauté de cette relecture a sans doute contribué au grand succès de ce spectacle, qui a longuement voyagé après cette création. »
Théâtre Renaud-Barrault, 1985
Mise en scène de Francis Huster, scénographie de Pierre-Yves Leprince et costumes de Dominique Borg.
Avec Francis Huster (Don Rodrigue), Jany Gastaldi (Chimène), Martine Chevallier (l’Infante), Jean Marais (Don Diègue), Nadine Spinoza ou Martine Pascal (Elvire), Jean-Pierre Bernard (Don Gormas), Monique Melinand (Léonor), Jean-Louis Barrault (Don Fernand), Jacques Spiesser (Don Sanche), Christian Charmetant (Don Arias), Antoine Duléry (Dom Alonse).
Lien vers le site de l’INA qui propose un extrait de l’émission Tous en scène, magazine mensuel, consacré au théâtre et diffusé sur FR3. L’édition du 9 décembre 1985 est consacrée au Cid que Francis Huster, invité par Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, a mis en scène au Théâtre du Rond-Point à l’occasion du 340ème anniversaire de la pièce. L’ancien sociétaire de la Comédie-Française signe là sa première mise en scène, qui est un véritable succès. Il joue le rôle de Rodrigue, tandis que Jean Marais interprète Don Diègue. Le reportage propose quelques extraits fameux de la pièce de Corneille (on entend par exemple les célèbres stances de Rodrigue, de l’acte I, scène 6, ou encore la tirade de Don Diègue déplorant sa «vieillesse ennemie», I, 4), entrecoupés d’entretiens avec les artistes.
MC93 Bobigny, 1988
Mise en scène de Gérard Desarthe, scénographie et costumes de Pierre Dios.
Avec Samuel Labarthe (Don Rodrigue), Marianne Basler (Chimène), Gabrielle Forest (l’Infante), Robert Rimbaud (Don Diègue), Maryvonne Schiltz (Elvire), Jacques Alric (Don Gormas), Anne Brochet (Léonor), Victor Garrivier (Don Fernand), Pierre Gérard (Don Arias). Lien vers le dossier de presse disponible sur le site du Théâtre des Célestins.
Actuellement à l’affiche
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