Le Mercure Galant ou la Comédie sans titre
Cette pièce créée le 5 mars 1683 met en scène une galerie de personnages ridicules voulant à tout prix faire publier des informations à leur sujet dans Le Mercure galant. Cette chronique est l’occasion de redécouvrir cette comédie et de rappeler l’importance du Mercure Galant, gazette qui informait le public parisien et provincial des dernières nouvelles de la Cour et de l’actualité mondaine. C’est une source majeure pour l’histoire littéraire et artistique à partir de 1672.
Cette pièce a été créée en 1683 sous le titre Le Mercure galant et a été attribuée au départ à l’acteur Poisson. Après une polémique avec Donneau de Visé, auteur de la gazette portant le même nom, Edme Boursault assume la paternité de la pièce, la renomme La Comédie sans titre, et la réédite onze ans plus tard avec un avis « Au lecteur » qui revient sur ce conflit.
Distribution: 14 hommes, 7 femmes
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A l’origine de cette parodie : le Mercure Galant
Le Mercure galant se présente sous la forme d’une lettre fictive envoyée à une marquise en province. C’est l’une des premières gazettes françaises, fondée en 1672 par Donneau de Visé, afin d’informer le public parisien et provincial des dernières nouvelles de la Cour et de rendre compte de tous les événements mondains parisiens (naissances, mariages, décès, nominations, fêtes, cérémonies religieuses). De nombreux articles sont consacrés à la vie littéraire, à la musique et aux spectacles : critiques de nouvelles pièces, critiques de nouveaux livres, séances de l’Académie française, poésies galantes, mais également nouvelles, courtes pièces, énigmes ou histoires à épisodes…Le Mercure Galant est agrémenté d’illustrations et compte une chronique de mode.
La diffusion et l’audience de la gazette augmentant d’année en année, Donneau de Visé et Thomas Corneille, qui l’a rejoint à la direction, sont soumis à de nombreuses influences et proposent de plus en plus souvent des articles promotionnels, sources des saynètes satiriques proposées par Boursault.
Le Mercure Galant est une source majeure pour l’histoire littéraire et artistique à partir de 1672, et un poste d’observation privilégié de l’émergence de la critique des lettres et des arts en France. Voir le site de l’OBVIL : http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/mercure-galant/
La pièce d’Edme Boursault
L’auteur met en scène une galerie de personnages ridicules voulant à tout prix faire publier des informations à leur sujet dans Le Mercure galant.
Il se justifie ainsi dans l’avis au lecteur de la nouvelle édition de la pièce intitulée La Comédie sans titre :
« Mon dessein, en faisant cette pièce de théâtre, n’a pas été de donner aucune atteinte à un livre que son débit justifie assez ; mais seulement de satiriser un nombre de gens de différents caractères, qui prétendent être en droit d’occuper dans Le Mercure Galant la place qu’y pourraient légitimement tenir des personnes d’un véritable mérite. Je croirais avoir rendu un service important à son auteur, et même à ceux dont je veux parler, si j’avais fait des portraits assez ressemblants pour épargner à l’un la peine d’écouter tant de sottises, et aux autres la honte de les dire. «
Un extrait avec le soldat La Rissole
La Rissole.
Or donc, pour en venir à ma belle action,
Vous saurez que toujours je fus homme de guerre,
Et brave sur la mer autant que sur la terre.
J’étais sur un vaisseau quand Ruyter fut tué ;
Et j’ai même à sa mort le plus contribué :
Je fus chercher le feu que l’on mit à l’amorce
Du canon qui lui fit rendre l’âme par force.
Lui mort, les Hollandais souffrirent bien des mals !
On fit couler à fond les deux Vice-Amirals.
Merlin.
Il faut dire des maux, Vice-Amiraux. C’est l’ordre.
La Rissole.
Les Vice-Amiraux donc ne pouvant plus nous mordre,
Nos coups aux ennemis furent des coups fataux.
Nous gagnâmes sur eux quatre combats navaux.
Merlin.
Il faut dire fatals et navals. C’est la règle.
La Rissole.
Les Hollandais réduits à du biscuit de seigle,
Ayant connu qu’en nombre ils étaient inégals,
Firent prendre la fuite aux vaisseaux principals.
Merlin.
Il faut dire inégaux, principaux. C’est le terme.
La Rissole.
Enfin, après cela nous fûmes à Palerme.
Les bourgeois à l’envi nous firent des régaux :
Les huit jours qu’on y fut furent huit carnavaux.
Merlin.
Il faut dire régals et carnavals.
La Rissole.
Oh ! Dame,
M’interrompre à tous coups, c’est me chiffonner l’âme,
Franchement.
Merlin.
Parlez bien. On ne dit point navaux,
Ni fataux, ni régaux, non plus que carnavaux.
Vouloir parler ainsi, c’est faire une sottise.
La Comédie sans titre, dans les Registres de la Comédie Française
L’exploration du site des Registres de la Comédie Française permet de découvrir que cette pièce a été jouée 216 fois en pièce principale entre mars 1683 et novembre 1783 et 158 fois en pièce de complément entre 1754 et 1793.
Sources :
Texte établi par Libre Théâtre à partir de La comédie sans titre, revue et corrigée par son véritable auteur, Edme Boursault. Edition J. Guignard (Paris), 1694. Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Yf-3357
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k85940j
La comédie sans titre ou Le mercure galant [Spectacle] : comédie en 4 actes / texte d’Edme Boursault ; avec Préville (Maître Sangsue), Augé (Maître Brigandeau). http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84061075