Merlin dragon ou la Dragonne de Desmarres

Source : Registres de la Comédie Française http://cfregisters.org/
Source : Registres de la Comédie Française

Comédie en un acte et en prose, de Desmarres, représentée pour la première fois le 26 avril 1686 sur le Théâtre Français.
Distribution: 11 hommes, 3 femmes
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Qui est Desmarres ?

Extrait du commentaire sur cette oeuvre parue dans le Répertoire choisi du théâtre français, avec des remarques, des notices et l’examen de chaque pièce. Visé, TH. Corneille, La Fontaine, Lachapelle, Desmarres. Paris, Dabo-Butschert, 1824.‎

« On ne sait point en quelle année il naquit : il mourut très âgé en 1715 ou 1716. Il avait été trésorier et secrétaire des commandements du grand Condé. Tout ce qu’on sait de lui, c’est qu’il était un des spectateurs les plus assidus de la Comédie-Française, pour laquelle il avait une si grande passion, qu’il était rare qu’il y manquât un seul jour. Il était toujours aux banquettes placées sur le théâtre. Il était, dit-on, assez laid de figure, et portant ses cheveux, qui étaient extrêmement blancs, car alors de vastes et larges perruques sans poudre étaient en grand usage. Content de la réussite de sa petite comédie, il ne voulut pas en hasarder une seconde. Peut-être ne la composa-t-il que pour obtenir ses entrées. Cependant on lui a attribué une tragédie de Roxelane, donnée en 1643 ; mais il est probable qu’elle était d’un autre Desmarres, car il aurait à peine été au monde à cette époque. La pièce de Merlin dragon eut un assez grand succès dans l’origine, puisqu’elle fut jouée vingt-quatre fois en moins d’un mois… »

L’argument

Monsieur de la Serre, riche et avare, sur le point de marier son fils avec la fille de M. Oronte, change d’avis et fait la demande en mariage pour lui-même. Pimandre, son fils, est désespéré. Merlin, valet d’un de ses amis lui propose ses services. Alors que le mariage est conditionné par le retour du fils d’Oronte, capitaine de dragons, Merlin et quelques comparses se déguisent en militaires et s’installent dans la maison de M. de la Serre, en pillant ses biens. Pour se débarrasser du capitaine, La Serre consent à ce que son fils épouse la fille de M. Oronte.

Merlin dragon dans les Registres de la Comédie Française

La pièce Merlin dragon sera présentée le 9 janvier 2016, avec la tragédie Brutus de Catherine Bernard, au Théâtre du Vieux-Colombier, dans le cadre des Journées Particulières organisées par la Comédie Française, l’occasion d’entendre des extraits de ces deux pièces lus avec talent par la Troupe de la Comédie Française, mis en contexte par Agathe San Juan, conservatrice-archiviste de la Comédie Française.

Cette séance est aussi l’occasion de mettre en lumière les données des Registres de la Comédie Française qui viennent d’être mises en ligne sur le site http://cfregisters.org/fr (version beta).

Une rapide recherche sur les données des registres permet de constater que Merlin Dragon a été représenté 99 fois entre 1686 et 1702, associé à des tragédies de Corneille (23 fois), Campistron (16 fois), Racine (16 fois), Catherine Bernard (4 fois) mais aussi à des comédies de Molière. La première de Merlin dragon s’est déroulée le vendredi 26 avril 1686 ; elle accompagnait le Cid de Pierre Corneille.

Merlin Dragon a été représenté avec la pièce Brutus de Catherine Bernard, mardi 9 janvier 1691 et dimanche 4 février 1691. Il est intéressant pour se familiariser aux données des registres de comparer les informations relatives à ces deux représentations qui se déroulent dans la salle de la rue des Fossés Saint-Germain-des-Prés (actuellement rue de l’Ancienne Comédie).

Registres de la Comédie Française
Source : Registres de la Comédie Française http://cfregisters.org/

Informations sur les tarifs et la fréquentation de la représentation du 9 janvier 1691
1 loge basse (33 livres) = 33 livres
91 billets à 3 livres = 273 livres
103 billets à 0,30 livres = 154,10 livres
20 billets à 0,20 livres = 20 livres
409 billets à 0,15 livres = 306,15
Total : 787,50 livres
(note 1 livre= 20 sols)

Lors de la représentation du 4 février 1691, il n’y a pas de loge vendue (ni haute, ni basse) et moins de billets à 3 livres (67). Le total de la recette s’élève à 729 livres. Ces deux représentations se situent dans la moyenne des recettes des représentations sur cette période.

Si l’on s’intéresse aux recettes des soirées au cours desquelles s’est joué Merlin dragon, la base de données permet d’identifier les deux extrêmes : la représentation de la pièce associée à la tragédie Thésée d’Antoine de La Fosse génère une recette de 1624 livres, mercredi 3 février 1700, tandis que lundi 11 juin 1691, la recette de la représentation de la pièce, associée à Bérénice de Jean Racine, ne s’élève qu’à 142  livres. De multiples raisons, historiques, sociologiques ou économiques, expliquent ces écarts que nous aurions l’occasion d’explorer dans les prochaines chroniques consacrées au théâtre classique.

On note sur les registres que des frais extraordinaires étaient prévus pour la pièce Merlin : une chopine de vin et 12 verres pour alimenter l’exercice de la dernière scène :

Prenez garde à vous, dragons, on va faire l’exercice.
A droite et à gauche, rangez-vous sur deux files.
A droite et à gauche, portez la main droite au broc.
Haut le broc.
Portez la main gauche au broc.
Posez vos brocs à terre.
Remettez-vous.
Portez la main gauche au bonnet.
Tirez vos verres. Portez la main droite au verre.
Portez le verre à la bouche.
Soufflez les verres.
Reprenez vos brocs.
Haut le broc.
Joignez les verres au broc.
Chargez.
Remettez vos brocs.
Haut le verre.
Ouvrez la bouche.
Portez-y. le verre.
Tirez.
Retirez vos verres.
Prenez haleine.
Halte-là.
Les hautbois, préparez-vous.
Joignez les verres au broc.

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