Une opérette à Ravensbrück de Germaine Tillion

Théâtre Le Chien qui fume, 75 rue des Teinturiers, Avignon
du 7 au 29 juillet à 10h30 – Relâches : 12, 19, 26 juillet

Une opérette à Ravensbrück, le pied de nez d’une déportée au totalitarisme et à la mort

Le camp de concentration et d’extermination est en soi une réalité très difficilement concevable par ceux qui ne l’ont pas vécue. En 1943, Germaine Tillion, déportée à Ravensbrück pour faits de résistance, décide de continuer le combat en résistant aussi à la réalité destructrice et mortifère de ce camp réservé aux femmes : dans un ultime instinct de survie, avec ses camarades, elle y écrit… une opérette. Ce recours inouï à la création artistique, qui plus est dans l’une de ses formes les plus légères et les plus enjouées, pour combattre la déshumanisation imposée aux déportés avant même leur mort programmée, est un pied de nez au totalitarisme et à la mort. « Le rire, même dans les situations les plus tragiques, est un élément revivifiant » nous dit Germaine Tillion. De fait, elle fera partie des rares déportées à sortir vivante de ce camp lors de sa libération par la Croix-Rouge. Elle repose aujourd’hui au Panthéon.

Ethnologue de formation, c’est un regard ironique que porte Germaine Tillion sur sa propre condition de déportée, en mettant en scène dans cette opérette un naturaliste imbu de sa personne, décrivant doctement lors d’une conférence d’un surréalisme cruel cette « espèce » particulière de prisonniers nommés « Verfügbar », refusant de participer à l’effort de guerre nazi et pour cela assignés aux travaux les plus pénibles.

Ne vous y trompez pas, cependant, si cette œuvre composée de façon clandestine dans l’anti-chambre de la mort est en elle-même un acte héroïque de résistance, c’est aussi une véritable opérette, brillamment mise en scène et superbement interprétée. « On peut rire jusqu’à la dernière minute » disait encore Germaine Tillion. Ce spectacle, jusqu’à la dernière minute, vous fera passer des larmes aux rires.

Il y a de très bons spectacles. Et il en est aussi de tout simplement essentiels. Courrez voir celui-ci. Un coup de cœur (et un coup au cœur) de Libre Théâtre.
Critique de Jean-Pierre Martinez

Lien vers le site du Chien qui fume
Lien vers le site de la Compagnie Nosferatu

Mise en scène et adaptation : Claudine Van Beneden
Avec : Solène Angeloni, Angeline Bouille, Isabelle Desmero, Barbara Galtier, Claudine Van Beneden et Raphaël Fernandez
Musicien sur scène : Grégoire Béranger.
Arrangements musicaux : Grégoire Béranger et Jean Adam
Scénographie : Blandine Vieillot
Costume : Marie Ampe
Son : Manu Giroud
Création lumières : Hervé Bontemps
Régie lumières : Clémentine Gaud et Benjamin Duprat
Chorégraphie : Jérémy Pappalardo

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