Drame en 4 actes avec prologue et épilogue, écrit entre 1907 et 1915 et publié en 1921 (deux ans après le décès de Victor Segalen) Distribution : 4 hommes, 4 femmes Lien vers le texte intégral sur Libre Théâtre
Gravure de Georges Daniel de Monfreid illustrant l’édition de 1921 dans la Collection Le Théâtre d’Art Source Gallica
Orphée-Roi est une oeuvre remarquable par son traitement original du mythe d’Orphée, par son lyrisme et surtout comme expérimentation concrète d’une authentique synesthésie. En effet, Victor Segalen développe dans cette pièce un thème évoqué une première fois de manière théorique dans son essai « Les synesthésies et l’école symboliste », puis de façon romanesque avec sa nouvelle « Dans un monde sonore », deux textes parus au Mercure de France.
Libre Théâtre a édité la pièce Orphée-Roi, en l’association avec l’essai Les synesthésies et l’école symboliste et la nouvelle Dans un monde sonore. Lien vers l’édition
La Nouvelle Idole de François de Curel
Pièce en trois actes, représentée pour la première fois à Paris, au Théâtre Antoine, le 11 mars 1899. Représentée à la Comédie-Française le 26 juin 1914. Distribution : 4 hommes, 4 femmes Retraitement par Libre Théâtre à partir de l’édition du Théâtre complet de Françoise de Curel (tome 3) : textes remaniés par l’auteur avec l’historique de chaque pièce, suivi des souvenirs de l’auteur. (Source : Gallica) Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre Lien vers le Théâtre de François de Curel
Argument
Albert Donnat, médecin réputé et professeur à l’Ecole de médecine, a commis un acte irréparable. Travaillant sur le cancer et soignant une jeune religieuse phtisique dont le diagnostic laisse présager sa mort prochaine, il lui inocule une tumeur pour en pouvoir suivre l’évolution. Le scandale de ses expérimentations humaines est dévoilé par la presse. Sa femme le rejette violemment, dans un premier temps, et essaie de trouver du réconfort auprès d’un jeune psychologue expérimental. La jeune fille guérit miraculeusement de sa phtisie, après avoir bu de l’eau de Lourdes, sans savoir qu’elle va bientôt mourir d’un autre mal : le savant constate que le cancer « inoculé » se développe à grande vitesse dans le corps de la patiente. Albert décide alors de s’injecter à son tour les cellules cancéreuses.
À propos de la pièce
M. de Curel, académicien / Agence Meurisse. Source : Gallica
Les pièces de François de Curel sont des « pièces à thèses ». Elles s’inscrivent dans la veine naturaliste et mettent en scène des problèmes philosophiques et moraux : les rapports familiaux, la réalité sociale, les questions morales…
François de Curel, dans la Nouvelle Idole, oppose trois Idées qui permettent, selon lui, à l’homme de s’élever : la Science (incarnée par Albert Donnat), la Foi (incarnée par la jeune religieuse Antoinette Milat) et l’Amour (incarnée par la femme d’Albert Donnat, Louise).
La création
Caricature d’André Antoine par Camara (vers 1905). Source Gallica
La pièce est crée le 11 mars 1899 au Théâtre Antoine, par André Antoine, qui signe la mise en scène et interprète le rôle principal d’Albert Donnat. Les réactions de la presse sont très positives comme se plaît à le rappeler François de Curel dans la préface introduisant la pièce dans l’édition de ses œuvres complètes (consultable sur Gallica) Dans le Journal Catulle Mendès écrit : « pour la première fois sur la scène française, des idées abstraites en opposition sont devenues des êtres réels en conflit, réels et vivants, d’une humanité si douloureuse qu’elles créent, dans la sublimité spirituelle, un poignant drame sensuel. » Léon Kerst dans le Petit Journal : « J’ai bien dit un chef-d’oeuvre. Et j’entends maintenir le mot ; car jamais, si j’interroge mes souvenirs, je n’ai éprouvé sensation pareille ni émotion comparable… Que cela est beau ! Et quelle puissance détient le penseur qui peut vous faire ainsi vibrer par la seule force de l’Idée et du Verbe qui l’exprime. » Robert de Flers dans la Liberté : « À peu près seul en ce temps où l’ironie, le scepticisme et la rosserie se partagent les scènes parisiennes, M. de Curel a eu la noble audace de porter à la rampe les conflits des plus graves problèmes contemporains. » Seul le célèbre critique Sarcey émet des réserves mais François de Curel retient les aspects positifs le concernant : « Il a des qualités indéniables d’homme de théâtre. Il y a, dans la Nouvelle Idole, une scène dont l’idée, au point de vue purement dramatique, est géniale. »
La mise en scène d’André Antoine
Une leçon clinique à la Salpêtrière, André Brouillet, 1887. Source : wikimedia.
Le deuxième acte se déroule chez le psychologue expérimental, Maurice Cormier, où la femme d’Albert Donnat vient se réfugier. Il pratique l’hypnose pour soigner les névroses hystériques de jeunes femmes. Le cabinet permet d’observer sans se faire voir les réactions des jeunes femmes une fois hypnotisées. Mireille Losco-Lena dans un article intitulé «Une leçon clinique à la Salpêtrière, 1887 : trois conceptions de la mise en scène théâtrale » souligne la mise en abyme du dispositif théâtral sur lequel travaille André Antoine avec le Théâtre-Libre : observer depuis le « quatrième mur » les milieux et les gestes (voir aussi sur Libre Théâtre, le théâtre de Zola et le naturalisme) : « Antoine invente un usage nouveau de la mise en scène : il en fait un outil d’observation en faisant glisser dans le champ du spectacle théâtral l’expérience du regard clinique. »
Une histoire inspirée d’articles concernant d’Eugène Doyen
Caricature du docteur Eugène Doyen dans La Vie ardennaise illustrée. Journal artistique et littéraire. Source : wikimedia
Eugène Doyen est considéré comme l’un des rénovateurs de la chirurgie française de la fin du XIXème siècle malgré ses théories inexactes sur le cancer et ses pratiques controversées. Il est l’inventeur de nombreux instruments chirurgicaux et de perfectionnements dans la technique opératoire. À partir de 1888, il s’engage dans des expériences d’immunisation contre le cancer. En 1891, éclate « l’affaire Doyen » dite de la « greffe cancéreuse » qui fait scandale dans les journaux. Sur deux de ses patientes, il est accusé d’avoir prélevé un fragment tumoral sur un sein malade pour le greffer sur le sein indemne. La justice ouvre une enquête qui, faute de preuves, reste sans suites. Ces travaux l’éloignent de la Faculté et l’isolent dans ses recherches. Il croit plus tard découvrir le germe en cause dans les cancers et utilise des sérums et un vaccin censé permettre la rémission de certaines tumeurs. Sa renommée internationale lui permet de proposer des traitements très onéreux qui n’aboutissent pas. Il est définitivement discrédité aux yeux de la communauté académique mais continue de faire paraître des articles dans les publications médico-chirurgicales.
La Nouvelle Idole est l’une des premières œuvres littéraires qui mentionne le cancer, au moment où se développe la peur de cette maladie.
Pour aller plus loin :
Johannes Landis, « La pièce bien défaite : physique et pragmatique du drame », paru dans Loxias, Loxias 14, mis en ligne le 14 septembre 2006, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=1213.
Comédie en deux actes représentée pour la première fois au Gymnase-Dramatique le 1er septembre 1852.
Distribution : 5 hommes, 3 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
Le maestro Santorelli a adopté trois jeunes filles après la mort de leur mère : Nina, l’aînée, est une parfaite maîtresse de maison, douce et sensible ; Camille, modeste et très attentive aux autres, se révèle une cantatrice de premier ordre ; enfin Flora possède une beauté ravageuse mais a un caractère difficile et est jalouse du succès de Camille.
Un Marquis, ami du maestro, leur rend visite. Il a entendu chanter Camille et est tombé sous le charme. Troublé par la beauté de Flora, il est d’abord persuadé que c’est elle, la merveilleuse cantatrice, et lui fait part de son admiration. Mais il rend vite compte de son erreur. Flora, terriblement dépitée se laisse enlever par un prince qui se dit l’ami des artistes, et qui lui fait obtenir un engagement pour Naples. Toute la famille, accompagnée du marquis, part à la poursuite de Flora pour lui faire entendre raison.
La presse lors des premières représentations
Echo des coulisses, 8 septembre 1854. Source : Bnf/Gallica
« Il fait si bon d’avoir à louer en toute franchise, et sans arrière pensée, d’avoir à rendre compte d’une de ces comédies écrites avec le cœur et qui sont tout simplement de petits chefs-d’œuvre! Le Démon du Foyer n’est rien moins que cela. Idée simple, intrigue nulle si l’on veut, ce n’en est pas moins un tableau de mœurs, plein de grâce et de fraîcheur et qui repose des déclamations du gros mélodrame et des lazzis, un peu trop crûs quelquefois, des vaudevilles à la mode.
Ainsi que nons l’avons dit, le sujet est des moins compliqués. — Un Maestro a élevé trois jeunes filles, Nina, l’aînée, a pris soin du ménage, c’est un cœur excellent, une nature exceptionnelle. – La cadette, Camille, est devenue une cantatrice distinguée, une des gloires du théâtre de Milan, — et la plus jeune, Flora, le démon du foyer — est un peu coquette — un peu jalouse, — très envieuse, aussi fait-elle le tourment de l’excellente famille. C’est pour ne plus assister aux triomphes de sa sœur Camille , qu’elle se laisse enlever par un prince soi-disant ami des artistes, et qui lui fait obtenir un engagement pour Naples. — La famille désolée poursuit la fugitive qui reconnaît ses fautes et promet de se corriger.
On le voit, le sujet est des plus simples et cependant il y a là-dedans des scènes très touchantes, des caractères largement tracés qui ont toujours rendu l’auditoire attentif. Le succès a été complet. » Henri Lacroix
Voir aussi Le Nouvelliste, article de A. Roche du 3 septembre 1852. Source : BnF/Gallica : « un chef d’œuvre de l’esprit et de délicatesse »
Le Mariage de Victorine de George Sand
Comédie en trois actes représentée pour la première fois au Gymnase-Dramatique le 26 novembre 1831.
Distribution : 5 hommes, 3 femmes
Texte intégral de la pièce à télécharger sur Libre Théâtre
L’argument
George Sand imagine une suite à la pièce de Sedaine, Le Philosophe dans le savoir, représentée en 1765. Dans la pièce de Sedaine, le riche négociant Vanderk marie sa fille. Le même jour, son fils Alexis doit se battre en duel contre un officier qui a traité tous les commerçants de fripons. Alexis considère que son père a été insulté. L’atmosphère de fête liée au mariage est donc assombri par la perspective de ce duel.
George Sand choisit Victorine, la fille d’Antoine, l’homme de confiance de M. Vanderke, comme personnage central de sa comédie. On comprenait dans la pièce de Sedaine que Victorine était éprise d’Alexis, en dépit de sa condition sociale. La pièce de George Sand s’ouvre avec l’annonce du mariage de Victorine avec Fulgence, le jeune commis fier et ambitieux de M. Vanderke. Victorine est soucieuse d’obéir à son père, mais elle sent confusément que ce mariage ne la rendra pas heureuse. Elle a du mal à avouer son amour pour Alexis, qui l’aime aussi, mais dissimule également ses sentiments. Fulgence se rend compte de l’indifférence de Victorine à son égard et des sentiments qu’elle éprouve pour Alexis. Il lui indique qu’une fois mariés, ils quitteront la maison de M. Vanderke. Victorine tente de lutter contre Fulgence et contre son père. Son salut viendra de la perspicacité de M. Vanderke et de sa générosité.
George Sand précise dans sa préface : « Ce sont des hommes bien trempés, qui luttent contre les fausses idées de leur siècle, tout en conservant avec la même fermeté les idées éternellement bonnes et vraies. On respire l’honneur, le courage et la générosité dans l’atmosphère de M. Vanderke. On sent que rien de grand et de fort ne sera impossible dans cette famille ; et, en présence de ce chaste amour de la petite Victorine pour l’héritier d’un nom et d’une fortune, en présence de cette fierté puritaine du vieux Antoine, qui s’efforce d’étouffer l’amour de sa fille, on ne peut pas douter un instant du résultat que Sedaine a laissé prévoir et que j’ai osé montrer. »
Pour en savoir plus
Olivier Bara. « Du théâtre de Nohant aux scènes parisiennes: répétitions, adaptations,réécritures. » Tréteaux et paravents. Le théâtre de société au XIXe siècle, Créaphis, pp.167-181, 2012.<hal-00910241>
Critique enthousiaste de Louis Huart dans L’Argus : revue théâtrale et journal des comédiens du 29/11/1851. Source : BnF/Gallica
Critique acerbe de Francisque Sarcey dans Quarante ans de théâtre : feuilletons dramatiques. [Volume 4] 1900, disponible sur Gallica
Le mariage de Victorine, comédie de George Sand : estampe de 1851. Source : BnF/Gallica
Les Vacances de Pandolphe de George Sand
Comédie en trois actes, représentée pour la première fois au Gymnase-Dramatique le 3 mars 1852.
Distribution : 5 hommes, 3 femmes
Texte intégral à télécharger sur Libre Théâtre
Pandolphe, un docteur en droit, vient d’arriver à sa maison de campagne et espère se reposer. Il est accueilli par Marinette, sa fidèle servante et par Pédrolino, son jeune jardinier. Mais son repos est rapidement troublé par l’irruption de Léandre, un marquis, avec qui il est en affaire. Il découvre aussi que Violette, la filleule de Marinette, est également dans la maison. Pédrolino en est éperdument amoureux et veut l’épouser. On apprend que Violette vient d’hériter. Elle demande à Pandophe de l’accompagner dans ses démarches. Léandre et Pascariel, son ancien valet vont tout faire pour essayer de capter l’héritage avec l’aide d’Isabelle, une aventurière et de Colombine, sa servante.
Une comédie inspirée par la comédie italienne.
« Dans les Vacances de Pandolphe, le personnage principal est un professeur de droit, un bourgeois pur et simple, un misanthrope bienfaisant qui aime paternellement et qui est filialement aimé » Extrait de la Correspondance de George Sand. Source : BnF/Gallica
Les réactions des critiques
Article du Ménestrel du 07 mars 1952. Source : BnF/Gallica
« Gymnase.—Ce théâtre devient de plus en plus littéraire. La pièce qu’il vient d’offrir au public sous le titre : Les Vacances de Pandolphe, est une tentative hardie, originale, due à une plume vigoureuse, décidément en mesure d’aborder tous les genres dramatiques. Dans cette oeuvre, qui a le caractère du pastiche, Mme George Sand a voulu marier la fantaisie bouffonne de la comédie italienne avec le style de Molière et la langue du Berri. Les célèbres types de Léandre, Pierrot (Pedrolino), Pascariel, Colombine, Isabelle, etc., se meuvent dans ces trois actes au milieu d’une action comique et intéressante. Certes, cette bizarre fusion ne saurait plaire à tout le monde ; et la crudité de certains termes empruntés aux comédies de Poquelin, ainsi que la folle exagération de quelques scènes, ont dû provoquer une opposition pudibonde dans l’élégante salle du boulevard Bonne Nouvelle, où ce genre est tout-à-fait dépaysé. Mais le rigorisme d’une partie du public n’a pu tenir contre l’originalité de l’ensemble et surtout contre l’admirable verve des interprètes. Ici, nous n’avons que des éloges à donner. Bressan remplit le rôle de Pedrolino d’une façon ravissante. Lafontaine est un amusant capitaine Fracasse de la vieille roche ; son duel avec Pascariel a excité une hilarité générale. Mlle Figeac est une Colombine des plus délurées. Mais deux figures ressortent un peu plus sérieusement dans ce tableau bouffon : celle du docteur Pandolphe, personnage plein de sens et d’une brusque bonhomie, parfaitement joué par Numa ; et, enfin, Violette, dont la physionomie douce et modeste tranche également avec tous ces types extravagants de la comédie italienne. Ce rôle, confié à Mme Rose Chéri, se signale par une grande sobriété de paroles et de toilette, et notre charmante comédienne nous prouve qu’elle n’a besoin ni de phrases pompeuses ni de costumes luxueux pour impressionner le public. Une simple robe de bure, un langage vrai, un accent qui part du coeur, voilà tous les frais de Mme Rose Chéri dans les Vacances de Pandolphe, et avec ce simple contingent elle domine l’oeuvre de Mme George Sand. Ajoutons que la mise en scène est des plus soignées ; il y a tels décors, notamment celui du second acte, qui inspirera de la jalousie à maint théâtre spécialement consacré à cet accessoire. En somme, ce pastiche de Mme George Sand, ainsi servi par Mme Rose Chéri, Bressan, Numa et Lafontaine, mérite d’attirer tout Paris ; et ce sera sa destinée. »
JULES LOVY.
Voir aussi les critiques sévères de :
– Albert Monnier dans Le Journal pour rire du 12 mars 1852 sur Gallica
– Auguste Lireux dans Le Constitutionnel du 10 mars 1852 sur Gallica
Les vacances de Pandolphe, comédie de George Sand : estampe / dessin de Maurice Sand. Source : BnF/Gallica
Claudie de George Sand
Drame en trois actes représenté pour la première fois au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 11 janvier 1851.
Distribution: 5 hommes, 3 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument
Claudie fait les moissons avec son grand-père le Père Rémy chez les métayers Fauvreau. Le fils Fauveau, Sylvain tombe amoureux de la jeune fille, travailleuse et réservée. Mais le père Fauveau a d’autres vues pour son fils : la Grand’Rose, la propriétaire de la métairie, une belle femme riche et élégante que convoite également Denis Ronciat. Claudie rencontre par hasard sur Denis Ronciat. On comprend très vite qu’il est à l’origine de ses malheurs : il a séduit Claudie quand elle avait 15 ans en lui promettant le mariage mais il l’a abandonnée. Un enfant est né de cette liaison. C’est dans la misère que Claudie a élevé son enfant, décédé à l’âge de trois ans. Denis Ronciat révèle une partie de l’histoire à Rose qui, jalouse de l’intérêt de Sylvain pour Claudie, veut éloigner la jeune fille et son père. Sylvain est désespéré. Dans une très belle scène, le Père Rémy prend la défense de Claudie et ridiculise Denis Ronciat, qui est chassé. Tout le village entoure et soutient Claudie. Sylvain lui demande sa main.
À propos de Claudie
Jules Lemaître dans Impressions de théâtre 1ère série à propos de la reprise de Claudie au Théâtre national de l’Odéon, 16 mai 1887 sur Gallica
« J’ai constaté avec joie, la semaine dernière, le grand succès de Claudie. Personne, je crois, n’a complètement échappé au charme de cette dramatique idylle. (…)
Oui, tous ces personnages sont vrais. Du moins ils le sont assez à mon gré. L’action est d’une simplicité lumineuse ; elle sort tout entière d’une situation initiale et se développe sans aucune intrusion du hasard : ce qui est une des marques des belles œuvres dramatiques. Et le décor, qui agrandit et embellit les personnages, explique l’action et y contribue. Ce drame est aussi une géorgique ; et géorgique et drame semblent ici inséparables. Le « milieu » est justement celui où le dénouement de la pièce (le mariage d’une fille-mère avec un autre homme que le séducteur) pouvait être accepté le plus aisément : car les paysans, s’ils ont plus de superstitions, ont moins de préjugés sociaux que la bourgeoisie. M. Dumas fils, rien qu’en transportant la même histoire dans une classe supérieure (Denise), s’est créé des difficultés dont lui seul peut-être pouvait triompher.
Dans Claudie, cela va tout seul. C’est en pleine campagne qu’un drame évangélique se trouve encore le mieux à sa place. On a cette impression, que le profond sentiment de justice et de charité, en vertu duquel Ronciat est condamné et Claudie absoute et relevée par le père Rémy, par Sylvain, par la mère Fauveau, par la Grande Rose, et même par le père Fauveau, est, comme la gerbe de blé, un produit du travail de la terre. »
Voir aussi la critique de Clément Caraguel dans l‘Argus du 24 janvier 1851 : « La hardiesse de l’idée, la réalité et la logique des caractères, la hauteur soutenue de la pensée et la force de l’exécution font de cette pièce une des œuvres les plus vivantes de Georges Sand. L’effet produit a été immense. Nous avons entendu crier au paradoxe; avouez cependant qu’il est bien rare qu’un paradoxe s’empare à ce point de la foule et produise ces frémissements d’une émotion irrésistible. »
Illustrations sur Gallica
Théâtre de la Porte Saint Martin. Claudie. 3e acte. Claudie, mademoiselle Lia-Félix ; madame Fauveau, madame Genot ; la Grand’Rose, Daubrun ; Rémy, M. Bocage ; Sylvain, M. Fechter ; Fauveau, M. Perrin ; Denis Ronciat, M. Barré. Dessin de Janet Lange.1851. Source : BnF/Gallica
Le théâtre illustré. Claudie, représentée au théâtre de Cluny : dessin de M. Adrien Marie et Gillot sc. 1879. Source : BnF/Gallica
Monsieur Vernet de Jules Renard
Comédie en deux actes représentée pour la première fois sur la scène du Théâtre Antoine le 6 mai 1903. Entrée dans le répertoire de la Comédie-Française en le 30 mai 1933.
Distribution : 3 hommes, 5 femmes
L’argument
M. Vernet est un brave homme qui aime l’escrime et les artistes. Il invite un soir Henri Gérard, un jeune homme avec lequel il s’entraîne à l’épée et découvre qu’il est poète. La famille Vernet doit partir pour deux mois à la mer et M. Vernet propose au jeune homme de partir avec eux, pour donner des leçons à leur jeune nièce, Marguerite, qui les accompagne. L’entourage est conquis par ce beau jeune homme, qui s’éprend de Mme Vernet et lui déclare sa flamme, alors même que M. Vernet lui propose d’épouser Marguerite…
Illustrations
Illustrations de Maillaud extraites de l’édition Fayard de 1911. Source : BnF/Gallica
Monsieur et Madame Vernet se prennent d’amitié pour un jeune artiste, Henri Gérard. La famille Vernet doit partir pour deux mois au bord de la mer et M. Vernet propose à Henri de les accompagner. L’entourage est conquis par ce beau jeune homme, qui s’éprend de Mme Vernet et lui déclare sa flamme.
En adaptant pour le théâtre son célèbre roman L’Écornifleur, Jules Renard met en scène dans cette comédie en deux actes des personnages ordinaires, mais sensibles. Entre humour et mélancolie, l’écriture, ramassée et précise, évoque avec subtilité les relations d’un couple.
Distribution : 3 hommes, 5 femmes
ISBN 978-237705-084-0 Mars 2017 74 pages ; 18 x 12 cm ; broché. Prix TTC : 9,90 €
Le Chandelier d’Alfred de Musset
Comédie en trois actes et en prose, publiée dans la Revue des Deux Mondes, en 1835, et représentée, pour la première fois, le 10 août 1848, au Théâtre-Historique. Reprise le 29 juin 1850 à la Comédie-Française.
Distribution : 6 hommes, 2 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre.
L’argument
Le notaire Maître André arrive en colère dans la chambre de sa femme, la jeune et jolie Jacqueline : un de ses clercs a vu un homme escalader son balcon. Jacqueline se défend avec tant d’énergie que son époux lui demande pardon de ces soupçons. À peine a-t-il quitté la chambre que le capitaine Clavaroche, son amant, sort de l’armoire. Il suggère à Jacqueline, pour détourner les soupçons de son mari, de choisir « un chandelier », un jeune homme dont elle se fera aimer et qui sera surveillé par le mari, tandis que le véritable amant sera tranquille. Jacqueline choisit Fortunio, le troisième clerc de son mari, qui est éperdument amoureux d’elle. Mais Fortunio surprend la conversation de Jacqueline et Clavaroche et comprend qu’il a été dupé.
Illustrations
Illustrations pour les oeuvres d’Alfred de Musset] / Eugène Lami, peintre ; Adolphe Lalauze, graveur. 1883. Source : BnF/Gallica
Théâtre de Alfred de Musset. Tome III, dessins de Charles Delort gravés par Boilvin. Source : BnF/Gallica
Mises en scène
Le chandelier / mise en scène de Jacques Destoop. – Paris : Nouveau Théâtre Mouffetard, 12-12-1989. Photographie Daniel Cande. Source : BnF/Gallica
Sur le site de l’INA
Adaptation par Claude Santelli en 1977 avec Michel Galabru, Marie-Christine Barrault, …
Lien vers un extrait en ligne sur le site de l’INA
Interview de Madeleine Renaud, sur son rôle de Jacqueline à la Comédie-Française en 1936. Lien vers le site de l’INA
À quoi rêvent les jeunes filles d’Alfred de Musset
Comédie en deux actes et en vers. Publication dans la Revue des deux Mondes en 1832, puis publiée sous le titre Un Spectacle dans un fauteuil avec trois poèmes, un drame (La Coupe et les Lèvres) et un conte oriental (Namouna), publiée également dans le recueil de Poésies. Première représentation identifiée le 29 novembre 1880 à la Comédie-Française.
Distribution : 5 hommes, 3 femmes
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument
« La scène est où l’on voudra. » Ninon et Ninette sont deux jumelles que leur père, le duc Laerte a décidé de marier. Par différents stratagèmes, il fait naître le sentiment amoureux chez les jeunes filles, en utilisant le jeune ingénu Silvio et en évinçant son neveu Irus.
Mise en scène à la Comédie-Française
Avril 1937. Coupure de presse. Source : BnF/Gallica
Entre 1880 et 1959, la pièce a été jouée 201 fois à la Comédie-Française (lien vers la notice.)
Charles Granval l’a mise en scène entre 1926 et 1937 avec M. Denis d’Inès (le Duc Laerte) ; Pierre Bertin (le Comte Irus) ; Jean Yonnel (Silvio) ; Madeleine Samary (Flora) ; Madeleine Renaud (Ninon) ; Marie Bell (Ninette) ; Emile Drain (Spadille) ; Raymond Rognoni (Quinola). Décor de Marie Laurencin et musique de Claude Debussy. Puis en 1937 dans une distribution un peu différente avec Madeleine Renaud, Jeanne Sully, Denise Clair, Denis d’Ines, Pierre Bertin, Echourin, Robert Manuel, Julien Bertheau.
Sur le site de l’INA
Réalisation en 1957 pour la télévision par Françoise Gir. Extrait gratuit sur le site de l’INA Réalisation Maurice Cazeneuve en 1964 pour la télévision. Extrait gratuit sur le site de l’INA.
Comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois par les Comédiens Français, le 6 novembre 1734.
Distribution : 4 hommes, 4 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
Oeuvres de Marivaux : théâtre complet. Illustration par Bertall. Source : BnF/Gallica
L’argument
Hortense, fille du Comte, doit épouser Rosimond, venu avec sa mère, la Marquise, pour le mariage, dans la propriété du comte à la campagne. Hortense aime Rosimond mais ne goûte pas ses manières de petit-maître. Elle décide que le mariage ne se fera que si elle réussit, avec l’aide de sa suivante Marton, à le corriger et à le faire avouer simplement qu’il l’aime. Frontin, valet de Rosimond, lui-même corrigé par Marton, va également les aider. Mais, deux amis de Rosimond arrivent : Dorante, son meilleur ami, et la comtesse Dorimène, qui, par orgueil, veut épouser Rosimond.
A propos de la pièce
Extrait de la note d’intention de Clément Hervieu-Léger.
« En 1733, quand Marivaux termine Le Petit-maître corrigé, c’est un auteur reconnu, qui brigue avec légitimité un fauteuil à l’Académie française. Il vient de publier La Vie de Marianne et les quatre premiers livres du Paysan parvenu. Ses dernières pièces jouées, L’Heureux Stratagème et La Méprise ont remporté un très gros succès à la Comédie-Italienne. Espérant sans doute effacer le souvenir de l’échec des Serments indiscrets, très mal reçus deux ans auparavant, il offre en 1734 Le Petit-Maître corrigé aux Comédiens-Français. La pièce est immédiatement reçue et mise en répétitions. Le 6 novembre, c’est la première. Un échec cuisant. Le lendemain, 7 novembre, l’accueil n’est pas plus favorable. La pièce est retirée de l’affiche… pour deux siècles ! Notre première du 3 décembre prochain (2016) sera la 3e représentation de la pièce à la Comédie-Française. Les spécialistes de Marivaux penchent pour attribuer la chute de la pièce à une cabale sans doute orchestrée par Crébillon. Mais la modernité et l’inventivité de la pièce ont sans doute été mal perçues à l’époque. »
Source : Dossier de presseLe Petit-Maître corrigé, mise en scène de Clément Hervieu-Léger, Comédie-Française, décembre 2016.
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