Suggestion de Georges Courteline
Saynète parue dans le supplément littéraire du journal La Lanterne le 22 décembre 1898 (source Gallica et éditée dans le recueil Les Fourneaux en 1904 puis dans Coco, Coco et Toto de 1910 et dans le recueil Le Miroir concave en 1919.
La version présentée est celle de Coco, Coco et Toto (changement dans le nom du journal lu par la dame. Dans la version de La Lanterne, il s’agit du Littoral, et quelques changements mineurs dans les répliques).
Distribution : 4 hommes, 1 femme
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L’argument
La scène représente un café. Au premier plan, Ratcuit et Labouture discutent de sciences occultes devant deux bocks à demi vidés. Au fond, attablée, une dame seule, plongée dans la lecture de l‘Echo de Paris. Entre la dame qui lit L’Echo et le couple Ratcuit-Labouture, un billard, où deux messieurs, armés de queue et de craie, se livrent aux douceurs du carambolage. Ratcuit tente d’hypnotiser la femme et la forcer par la seule puissance de son regard à lever les yeux et à les amener sur lui.
Un extrait
Labouture.
Tu es idiot, Ratcuit ; tais-toi. Tu parles comme un vermisseau.
Ratcuit,qui suit son idée.
… et j’en ai eu les preuves, entends-tu ?
Labouture.
Que tu parlais comme un vermisseau ? Je te crois sans peine.
Ratcuit.
Il ne s’agit par de cela ; ne fais donc pas l’imbécile.
Labouture, enchanté, rigole.
Ratcuit.
Je te répète que j’ai vu de mes yeux, et des centaines de gens assistaient aux mêmes expériences, les phénomènes de suggestion de l’ordre le plus extraordinaire et le plus incompréhensible ! Est-ce clair ?
Labouture.
Tais-toi. Tu divagues.
Ratcuit, opiniâtre.
J’ai suivi pendant plusieurs mois les conférences du docteur Luis, à l’hôpital de là Charité…
Labouture.
Oui, mon vieux.
Ratcuit, qui commence à rager.
… et chaque fois j’en suis revenu émerveillé…
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