Le Malade imaginaire de Molière à l’affiche
Au Théâtre Michel jusqu’au mai
Mise en scène de Jean-Philippe Daguerre
Distribution :
Argan : Didier Lafaye
Cléante et Monsieur Fleurant : Alexandre Beaulieu
Angélique et Louison : Marguerite Dabrin
Béline : Marie-Laure Girard ou Maïlis Jeunesse
Thomas Diafoirus, Monsieur Purgon et Monsieur Bonnefoy : Olivier Girard
Béralde et Monsieur Diafoirus : Frédéric Habéra
Toinette : Sophie Raynaud
Assistant à la mise en scène Olivier Girard
Costumes Catherine Lainard
Décors Déborah Durand
Photographies Fabienne Rappeneau
Note d’intention
Tout le monde sait que c’est au cours d’une représentation du « Malade Imaginaire » que Molière poussa le premier de ses derniers soupirs.
Notre grand homme, déjà malade, écrivit la plus belle de ses farces pour régler ses comptes avec la médecine et… la mort… omniprésente tout au long de la pièce à travers différentes simulations et jeux de rôles de nos personnages qui s’amusent les uns les autres à faire semblant de mourir.
Je ne m’étendrai pas sur l’universalité de cette œuvre qui, par le thème qu’elle aborde, fait un écho formidable à notre société malade de tout… et parfois de n’importe quoi.
J’aimerais surtout souligner le génie de Molière qui réussit à nous faire « mourir » de rire tout en touchant au cœur de nos angoisses existentielles.
Le canevas de ce chef d’œuvre a inspiré, par sa construction dramatique et comique, bon nombre de comédies françaises et internationales qui lui ont succédé.
« Le Malade Imaginaire » est une véritable machine théâtrale qui, par ses enjeux et ses extraordinaires dialogues, tient le spectateur en haleine tout en le faisant rire comme une baleine.
La seule chose qui m’ennuie dans cette comédie-ballet, c’est justement le coté ballet.
Sachant que j’ai le plus grand respect pour les arts de la danse et de la musique que je ne cesse de mettre en avant dans mes différents spectacles, je continue à penser malgré tout que les additionnels chorégraphiques et musicaux de certaines pièces de Molière et surtout de celle-ci sont en trop.
J’ai l’impression que Molière avait un cahier des charges à respecter vis à vis de la cour et que ces obligations d’ajouts artistiques étaient plus une contrainte royale qu’un véritable choix de l’auteur… d’autant plus que lorsque Molière présentait ses spectacles au grand public, il les « allégeait » de toute cette « chantilly » pour n’en garder que la substantifique moelle : Le Texte.
Je me contenterai donc d’apporter à la pièce un simple écho musical à l‘aide d’une clarinette jouée sur scène par un de mes comédiens-musiciens afin de souligner, parfois, les atermoiements digestifs de notre malade et célébrer, toujours, le ballet fantastique et ridicule des différents médecins apparaissant à cheval sur leur Clystères géants à la manière des sorciers d’Harry Potter sur leurs balais.
L’autre parti pris important auquel je tiens concerne le personnage de Béralde, frère d’Argan et relai intellectuel et humaniste de Molière dans la pièce.
Je veux Choisir des moments silencieux ou de transitions dans le spectacle afin que le spectateur comprenne que Béralde est un vrai malade (il pourrait par exemple tousser dans son mouchoir couvert de sang) qui avec beaucoup de dignité cache sa maladie aux différents protagonistes et surtout à son frère toujours en train de se plaindre de maladies qu’il n’a pas.
Nous aurions alors un malade imaginaire plaintif et égocentrique face à un vrai malade pudique et généreux.
Concernant l‘approche esthétique et scénographique du spectacle, je continuerai à défendre l’idée que « l’habit ne fait pas le moine » et que le charme et la beauté des costumes classiques ne nuisent en rien aux désirs d’une mise en scène moderne et renforce même le voyage sonore de cette si belle langue à laquelle Molière convie le spectateur.
Pour le décor, en partant du principe que le comédien est au centre du jeu théâtral que je propose, je me contenterai d’un superbe trône central pouvant évoquer une chaise bébé pour adulte entouré en fond de scène par deux peintures sur tulle représentant deux médecins à échelle humaine permettant un jeu de transparence fantasmagorique, au cours du spectacle, avec des médecins en chair et en os.
C’est toujours avec émotion et passion que le joyeux équipage du « Grenier de Babouchka » s ‘apprête à embarquer dans sa navette théâtrale afin de rejoindre pour la sixième fois la planète « Molière » sur laquelle on se sent si bien.
Jean-Philippe Daguerre
Bande-annonce : https://youtu.be/hdcb8Y3phj4
THEATRE MICHEL
38 Rue des Mathurins 75008 Paris
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