Le Voyage dans la lune de Jacques Offenbach, mise en scène d'Olivier Fredj

Triomphe de l’hilarant Voyage dans la lune d’Offenbach, mis en scène par Olivier Fredj à l’Opéra Grand Avignon

 

Spectacle vu à Avignon le 24 mars 2023
Crédit photo : Cédric & Mickaël Studio Delestrade – Avignon

Le Voyage dans la lune de Jacques Offenbach est une féérie lyrique en 23 tableaux aux décors fantastiques, se succédant à un rythme effréné, ce qui constitue l’une des nombreuses difficultés de cet opéra hors norme, et qui explique qu’il soit si rarement représenté. L’action de cette opérette rétro-futuriste se déroule en effet à la fois sur la Terre et sur la Lune, en des lieux aussi différents et grandioses qu’un observatoire astronomique, une forge dantesque, un palais de verre ou un volcan. Un défi pour tout metteur en scène, donc, que relève avec brio Olivier Fredj.

Le livret de cette œuvre lyrique est fortement inspiré des romans de Jules Verne (De la Terre à la Lune et Voyage au centre de la Terre, notamment). En utilisant le procédé du théâtre dans le théâtre pour faire de la représentation un tournage, le metteur en scène souligne délibérément le côté factice de l’ensemble, tout en exploitant habilement le potentiel comique de cette histoire fantastique mais aussi symbolique. Olivier Fredj joue avec intelligence des images vidéos, tout en convoquant la machinerie traditionnelle de l’opéra pour proposer des scènes d’une grande beauté. Il parvient à provoquer l’hilarité du public par la gestuelle et la voix de ces personnages extravagants, ainsi que par les costumes dont ils sont affublés. Olivier Fredj réussit également à transmettre avec finesse le message de l’œuvre originale, prônant la tolérance vis-à-vis de l’Autre et critiquant les préjugés de la société bourgeoise, en ce qui concerne la condition féminine notamment. Jamais le choix de mélanger les genres n’a paru aussi pertinent et cohérent, le tout sous le portrait en transparence d’un Offenbach goguenard, plus actuel que jamais.

 

La musique entraînante de Jacques Offenbach, servie avec allant par l’orchestre national Avignon-Provence sous la direction d’Yves Senn, réjouit par son inventivité. Elle provoque elle aussi le rire, et parfois l’émotion.  L’ensemble des interprètes, solistes et membres du Chœur de l’Opéra Grand Avignon, jouent la comédie aussi bien qu’ils chantent. Le duo dans les airs d’Héloïse Mas, incarnant avec panache le rôle travesti de Caprice, et de Sheva Toval, une Fantasia tour à tour enjouée ou touchante, restera longtemps dans nos mémoires. 

 

On n’oubliera pas les danseurs acrobates qui contribuent également au succès de cette féerie.

 

Un spectacle tout public à ne pas manquer. Encore à Avignon, ce dimanche à 14h30.

Critique de Ruth Martinez

Distribution

Direction musicale :  Yves Senn

Mise en scène : Olivier Fredj


Décors et costumes : Malika Chauveau
Lumières : Nathalie Perrier
Chorégraphe : Anouk Viale
Assistant à la mise en scène : Florimond Plantier
Assistant aux lumières : Mathieu Cabanes
Études musicales : Mathieu Pordoy

 

 

Caprice : Héloïse Mas
Fantasia : Sheva Tehoval
V’lan : Matthieu Lécroart
Microscope : Eric Vignau
Cosmos : Thibaut Desplantes
Cactus : Christophe Poncet de Solages
Quipass’parla :  Enguerrand de Hys
Popotte : Marie Lenormand
Flamma/Adja : Jennifer Michel

 

Chœur de l’Opéra Grand Avignon
Orchestre national Avignon-Provence

 

Crédit photo : Mac Ginot
Crédit photo : Mac Ginot
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