Le théâtre au XVIe siècle

[Farce des Grecs] : estampe de Jean de Gourmont
[Farce des Grecs] : estampe de Jean de Gourmont. Source : Gallica/BnF
La Renaissance voit naître la volonté des souverains de mieux contrôler les divertissements populaires subversifs, notamment les sotties qui ridiculisaient régulièrement les membres de la famille royale et de l’Église, avec parfois un contenu politique particulièrement partisan. Parallèlement, l’Église promulgue l’interdiction des mystères en 1548.  Plusieurs représentations royales installent la tragédie comme divertissement de cour. La comédie ne connaît pas le même honneur, et après quelques représentations royales tantôt glorieuses tantôt calamiteuses des spectacles d’Etienne Jodelle notamment, tous les types de comédies furent interdits par édit du Parlement de 1588 à 1594. Cette période vit cependant refleurir l’art du mime comique et la farce continua d’exister sous des formes plus ou moins clandestines.

La Tragédie

La tragédie occupe la part essentielle de ce théâtre qui montrent le malheur des grands et leur retournement de fortune.

C’est un théâtre de la parole où le personnage agit peu et se lamente. Les sujets sont puisés dans la Bible mais aussi les mythes grecs.

Théodore de Bèze avec Abraham sacrifiant  écrit la première tragédie française qui ne soit pas une adaptation et une traduction d’une œuvre antique.

Etienne Jodelle avec Cléopâtre captive écrit la première vraie tragédie française à l’antique, qui exercera une forte influence sur le développement ultérieur du genre en mettant en place une dramaturgie qui perdurera longtemps. On citera aussi Didon se sacrifiant.

Robert Garnier est l’un des plus illustres représentants de ce genre : il fut le plus joué, ses œuvres ont été maintes fois réimprimées et connurent un grand succès en librairie : Antigone ou la Piété,  Bradamante, CornélieHippolyte, La TroadeLes JuivesMarc Antoine, Porcie

La Comédie

La comédie quant à elle, qui voulut rompre avec la tradition médiévale, ne s’imposa pas, on n’en compte guère plus d’une vingtaine. Elle résulte également de l’imitation des pièces de l’antiquité et essentiellement du comique latin Térence, un des auteurs les plus lus du XVIe. Elle emprunta également à la Commedia erudita, comédie italienne florissante dans la première partie du XVIe elle-même issue de la comédie antique de Plaute et de Térence, représentée en Europe et à la cour de France.

Tout comme la tragédie, la comédie se veut reflet, miroir de la société. Elle raconte les amours contrariés de jeunes filles et gens transposées dans la France de la Renaissance, avec parfois des références à l’actualité telles les guerres de l’époque : les lieux sont parfois familiers du public, certaines pièces se déroulent à Paris, et le cadre permet à l’occasion de peindre le milieu bourgeois à travers l’intrigue.

La pièce la plus célèbre est L’Eugène, une comédie humaniste d’Étienne Jodelle, représentée pour la première fois en 1553, à l’Hôtel de Reims, en même temps que Cléopâtre captive. C’est la première comédie à l’antique en langue française, même si certains de ses éléments sont encore proches de la farce : elle constitua un moment fort dans l’histoire de la Pléiade. Elle fut représentée le 9 février 1553, d’abord devant le roi Henri II à l’Hôtel de Reims, puis au collège de Boncourt.  La représentation fut un succès, et fut suivie par une festivité à l’antique à Arcueil réunissant tous les participants et amis, connue sous le nom de Pompe du bouc.

Retour en haut