Le Journal fou d’une infirmière d’après Anne-Xavier Albertini
Bourse du travail CGT – 8 rue Campane – Avignon
du 2 au 21 juillet à 20h – Relâche les 8, 15 juillet
Les histoires de « fous » ne sont pas toujours drôles. Un spectacle sur le quotidien d’une infirmière dans un hôpital psychiatrique pouvait donc soulever quelques craintes, car la folie, si elle n’est pas théâtralement transmissible, fait peur. Dès les premières minutes de ce seule en scène, ces craintes se dissipent devant le visage solaire, l’énergie communicative et la bonne humeur belle et bien contagieuse de Prune Lichtlé, qui signe aussi cette adaptation théâtrale du roman d’Anne-Xavier Albertini, paru en 1976.
Sans pathos ni misérabilisme, même si les situations évoquées sont souvent douloureuses, Prune Lichtlé incarne cette infirmière habitée par sa mission, mais aussi tous les personnages qui l’entourent : les collègues, les médecins, sa famille ou ses proches. Mais surtout ces « fous » auxquels elle ne peut faire autrement que de s’attacher, quelle que soit la difficulté à les prendre en charge au quotidien, et quelles que soient les horreurs qu’ils aient pu commettre pour en arriver à être internés. Car la folie n’exclut jamais tout à fait l’humanité. Et parce qu’en chacun de nous il y a sans doute, pour le meilleur ou pour le pire, un fou qui sommeille. Peu à peu, cependant, cette infirmière au grand cœur mesure la part d’aliénation que comporte ce travail qui la ronge de l’intérieur, et elle finira par se libérer de cette blouse qui l’enserre comme une camisole.
Si ce récit tragiquement drôle est d’abord un témoignage historique sur le retard de la psychiatrie en France dans les années soixante, les difficultés du métier d’infirmière qu’il décrit (souffrance au travail, manque de considération, rémunération indigne) restent hélas d’actualité.
Un spectacle plein d’humour et d’humanité, à ne pas manquer.
Critique de Ruth Martinez
Vu le 20 octobre 2021
D’après le roman d’Anne-Xavier Albertini
Adapté et interprété par Prune Lichtlé
Mise en scène par Thierry Jahn
Lien vers le site du Festival OFF