La Danse du soleil par le Geneva Camerata

Vu à l’Opéra Grand Avignon le 30 avril 2022

©Barbarapian

Avec cette Danse du Soleil, proposée par le chorégraphe Juan Kruz Díaz de Garaio Esnaola en collaboration avec le Geneva Camerata et le danseur Martí Corbera, le public est invité à expérimenter une forme artistique hybride et jubilatoire, relevant au choix du concert dansé ou de la chorégraphie symphonique.

Dès l’arrivée des musiciens sur scène, le décorum un peu compassé et délicieusement suranné entourant d’ordinaire le concert de musique classique semble involontairement perturbé : pas de chaises, pas de pupitres et bientôt un étrange intrus, pieds nus et en débardeur blanc, déambulant entre les instrumentistes tout en essayant de communiquer avec eux par la danse. L’orchestre lui répond en musique, en interprétant la suite orchestrale du Bourgeois Gentilhomme de Jean-Baptiste Lully. D’abord hostiles, les musiciens, bousculés, se prennent au jeu et dialoguent avec ce magnifique danseur, Martí Corbera, en explorant toute la gamme des sentiments pouvant naître d’une rencontre inattendue. Les musiciens dansants du Geneva Camerata nous proposent ainsi une interprétation inédite et magistrale de l’œuvre de Lully, nous donnant à entendre mais aussi à voir le rythme et la ligne mélodique de cette musique de ballet. Cette étrange alchimie révèle aussi les individualités et met en lumière la sensibilité artistique de chacun des musiciens. Le spectacle est joyeux, ludique voire comique, mais il devient émouvant quand le chef d’orchestre, le génial David Greilsammer, transforme peu à peu sa direction en une chorégraphie fluide et vient à la rencontre de Martí Corbera pour former avec lui un duo troublant d’une profonde beauté.

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La Symphonie n°40 en sol mineur de Mozart est au programme de la deuxième partie de ce voyage initiatique et synesthésique aux sources de ces émotions esthétiques largement indissociables que sont la musique et la danse. La chorégraphie, plus sombre et plus tourmentée, explore les thèmes de la séparation et de la mort, en associant les musiciens de l’orchestre à l’expérience de la chute et de l’obscurité. Malgré ou en raison de ces conditions de jeu extrêmes, l’interprétation est brillante. Le spectacle s’achève en apothéose en un tableau christique d’une grande force à la fois musicale et picturale.

Une expérience unique à ne manquer sous aucun prétexte.

Critique de Ruth Martinez

Chorégraphie : Juan Kruz Díaz de Garaio Esnaola
Danse : Martí Corbera
Direction : David Greilsammer
Orchestre : Geneva Camerata

Lien vers le site de l’Opéra Grand Avignon

Lien vers le site du Geneva Camerata

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