InKarnè par la Compagnie Deraïdenz

Théâtre Golovine – 1 Bis rue Sainte Catherine – Avignon
du 7 au 27 juillet à 20h15- Relâches : 10, 17, 24 juillet

Selon Bergson, le comique surgirait de la déshumanisation du corps. On provoquerait le rire en réduisant l’être humain à une machine devenue absurde, faute d’être pilotée par un esprit éclairé. Mais il n’y a souvent qu’un faux pas du comique au dramatique, et cette dialectique du corps et de l’esprit peut aussi définir le sentiment tragique de l’existence. Une dialectique qui est aussi au cœur du spectacle de « marionnettes », lorsque cet art est porté à son plus haut degré symbolique, comme c’est toujours le cas dans les créations de la Compagnie Deraïdenz.

Avec InKarnè, cependant, parle-t-on d’un spectacle de marionnettes ou d’un spectacle sur la marionnette ? Cette performance, en effet, ne nous donne pas à voir un mannequin humanisé, animé par un manipulateur en retrait. Nous assistons au contraire à un corps à corps entre le manipulateur et sa marionnette, entre l’esprit et le corps, et en l’occurrence entre une danseuse et sa propre enveloppe charnelle. Comme dans la langue, le signifiant est inséparablement lié au signifié pour produire un signe, le corps de la danseuse est indissociable de son esprit pour produire ce moment de grâce, de sensualité et de sens qu’est la danse.

Chacun, bien sûr, sera libre d’interpréter à sa manière ce magnifique spectacle, esthétique et poétique. Quoi qu’il en soit, avec InKarnè, la Compagnie Deraïdenz nous suggère, plutôt que de nous perdre corps et âme dans un douloureux combat avec nous-même, de retrouver la joie de danser notre propre vie en réconciliant le matériel et le spirituel. Pour recouvrer l’espace d’un instant cette fluidité jubilatoire du mouvement qui nous affranchit de la pesanteur de notre humaine condition tragi-comique.
Un spectacle d’une rare intensité, à ne manquer sous aucun prétexte.
Critique de Jean-Pierre Martinez

Spectacle vu le 23 mai 2021 à la Chapelle du Miracle à Avignon

 

Photo Serge Gutwirth

Interprétation : Marion Gassin

Mise en scène : Léa Guillec

Construction Marionnette et Composition : Baptiste Zsilina

Création Décor : Barbara Fougnon et Salvatorè Pascapé Assistés par Sarah Rieu

Photo: Serge Gutwirth

Production : DERAÏDENZ

 

 

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