XVIIIe siècle

Chronique sur des pièces ou des auteurs dramatiques du XVIIIe siècle

La Double Inconstance de Marivaux

Comédie en trois actes et en prose de Marivaux créée le 6 avril 1723 à l’hôtel de Bourgogne par les Comédiens italiens.
Suite à la fusion du Théâtre-Italien avec l’Opéra-Comique, la pièce n’a été rejouée à la Comédie-Française qu’en 1934.
Distribution : 4 hommes, 3 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Silvia et Arlequin se portent un amour pur et réciproque, mais le Prince a jeté son dévolu sur la jeune villageoise. Il la fait enlever, la garde en son palais, et livre les amants à Flaminia pour qu’elle mette en oeuvre la machination de la double inconstance. Pas à pas, les amoureux sont pris au piège d’une mise en scène habilement menée sans jamais s’apercevoir qu’ils en sont les acteurs, ou les marionnettes. Silvia se laisse séduire par un officier qui se révélera être le Prince tandis qu’Arlequin tombe sous le charme des paroles de Flaminia. Un couple défait en donne deux. L’amour qu’on pensait éternel cède le pas au temps du plaisir éphémère. Le monde rural, rustique, pauvre et impuissant ne résiste pas à la corruption de la cour, de la coquetterie, de la richesse et des honneurs. L’inconstance du monde, son instabilité, contamine qui croit être fidèle à ses émotions et pense n’être que le spectateur de ce déséquilibre sans y participer. (résumé de la Comédie-Française)

Un extrait

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:MarivauxDoubleInconstancy.jpg
Théâtre complet de Marivaux avec illustrations de Bertall. Source : wikimedia

Acte III, Scène 5
Le Prince. 

Tu te plains donc bien de moi, Arlequin ?
Arlequin.
Que voulez-vous, monseigneur ? il y a une fille qui m’aime ; vous, vous en avez plein votre maison, et cependant vous m’ôtez la mienne. Prenez que je suis pauvre et que tout mon bien est un liard ; vous qui êtes riche de plus de mille écus, vous vous jetez sur ma pauvreté et vous m’arrachez mon liard ; cela n’est-il pas bien triste ?
Le Prince, à part.
Il a raison, et ses plaintes me touchent.
Arlequin. Je sais bien que vous êtes un bon prince, tout le monde le dit dans le pays ; il n’y aura que moi qui n’aurai pas le plaisir de dire comme les autres.
Le Prince.
Je te prive de Silvia, il est vrai ; mais demande-moi ce que tu voudras ; je t’offre tous les biens que tu pourras souhaiter, et laisse-moi cette seule personne que j’aime.
Arlequin. Qu’il ne soit pas question de ce marché-là, vous gagneriez trop sur moi. Parlons en conscience ; si un autre que vous me l’avait prise, est-ce que vous ne me la feriez pas remettre ? Eh bien ! personne ne me l’a prise que vous ; voyez la belle occasion de montrer que la justice est pour tout le monde !

La Double Inconstance sur le site de l’INA

Adaptations télévisées

Cette pièce a fait l’objet de plusieurs adaptations télévisées dont certaines sont disponibles sur le site de l’INA

  • Marcel Bluwal en 1968 (avec Daniel Lebrun, Judith Magre, Jean-Pierre Cassel et Claude Brasseur). Lien vers un extrait sur le site de l’INA ;
  • Jean-Roger Cadet en 1982 (avec Patrice Kerbrat, Jean-Paul Roussillon, Françoise Seigner, Dominique Constanza) ; Lien vers un extrait sur le site de l’INA
  • Carole Giacobbi en 2009 (avec Clément Sibony, Elsa Zylberstein, Serge Hazanavicius et Jean-Hugues Anglade).Lien vers un extrait sur le site de l’INA.

Extrait du site de l’INA
C’est sans aucun doute celle de Marcel Bluwal en 1968 qui a le plus marqué la mémoire collective.

http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00354/la-double-inconstance-de-marivaux.html
Extrait du téléfilm réalisé par Marcel Bluwal en 1968. Source : INA

Bluwal en effet, dans son adaptation, cherche à inscrire le plus fidèlement possible l’action dans un cadre naturel – celui du château de Vic sur Aisne (près de Soissons), réaménagé au XVIIIe siècle pour le cardinal de Bernis. Ce choix, avec les plans en extérieur et la musique baroque qui accompagnent l’ouverture du téléfilm, ajoute du sens et un plan descriptif intéressants pour renforcer les effets de narration nécessaires à l’encadrement d’une pièce filmée hors studio ou hors plateau de théâtre. Cette volonté de vraisemblance s’accorde de plus avec les esthétiques propres aux dramaturgies et à la littérature des Lumières, qui s’attachent à mettre en scène, grâce à des éléments réalistes, la nature, les sentiments vrais et une peinture de la société d’alors. Bluwal est connu pour la qualité de ses adaptations théâtrales et notamment pour son travail sur les auteurs du XVIIIe siècle. On lui doit un Mariage de Figaro d’après Beaumarchais et la réalisation, en particulier, d’une autre pièce de Marivaux, Les Jeux de l’amour et du hasard dans laquelle on retrouve les mêmes acteurs que dans La Double inconstance.

Avec La Double inconstance en 1968, Bluwal offre aux spectateurs, habitués aux fictions et aux séries historiques en costume, un bel exemple des productions prestigieuses réunissant des acteurs importants et populaires, qui étaient réalisées pour la télévision. Ce téléfilm est d’autant plus important dans l’histoire de la télévision qu’avec l’arrivée en 1967 de la deuxième chaîne couleur, Bluwal peut donner pleine mesure à son goût pour le décor naturel et la prise de vue en extérieur. Et l’on voit bien, dans La Double inconstance, cette attention si particulière pour les ambiances lumineuses, les couleurs, la facture et l’évolution des costumes au fil de la fiction qui, dans une perspective symbolique, prennent en charge le statut social du personnage, éclairent les relations qu’il entretient avec les autres protagonistes, disent quelque chose de l’état et de la transformation psychologique des personnages. En d’autres mots, Bluwal transpose le matériau théâtral en fiction cinématographique en composant, à la manière d’un peintre, un point de vue double sur l’univers spatial et psychologique qui organise les tensions dramatiques chez Marivaux ; tensions dont le réalisateur cherche à rendre compte en alternant le « plan général » pour traduire la « froideur » et le plan serré qui, au contraire, « donne une impression d’humanité ».
(Lien vers le site de l’INA).
Voir aussi la page Jalons du site de l’INA qui propose  un extrait de l’ acte II, Scène 12.

Extraits de mises en scène sur le site de l’INA

Mise en scène par Jean Luc Boutte à la Comédie-Française, juin 1981.
Reportage : Lever de rideau. Interview de Jean Luc Boutte sur la langue de Marivaux et la modernité de la pièce. Différents extraits avec Dominique Constanza, Françoise Seigner, Richard Fontana et Patrice Kerbrat en scène. Lien vers le site de l’INA

Mise en scène de Jean-Pierre Miquel, à la Comédie-Française (Théâtre du Vieux Colombier), janvier 1995
Extrait de la pièce – Le livre « La double inconstance » dans la collection Classiques Larousse – Interview de Coraly Zahonero qui interprète le rôle de Sylvia – Extrait de la pièce – Interview de Jean Pierre Miquel, le metteur en scène. Lien vers le site de l’INA

Lien vers la pièce à l’Affiche

Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux

Comédie en trois actes et en prose de Marivaux, représentée pour la première fois par les Comédiens Italiens ordinaire du Roi, le 23 janvier 1730 au Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne. (Voir le compte rendu dans le Mercure de France d’avril 1730 sur Gallica).
Distribution: 5 hommes, 2 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre.

L’argument

Alors que leurs pères ont décidé de les marier, Sylvia et Dorante ne se sont encore jamais vus. Pour pouvoir « examiner » son fiancé, Sylvia prend la place de sa suivante Lisette. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que Dorante a eu la même idée et a échangé ses vêtements avec son valet Arlequin. Chacun se méprend sur la véritable condition de l’autre et lutte contre un sentiment qui lui paraît inavouable : la barrière des préjugés, liés aux différences de conditions sociales semble infranchissable. Dorante sera le premier à révéler sa condition de maître. Mais Silvia pousse la comédie jusqu’au bout. Elle veut amener Dorante à renoncer à ses privilèges en acceptant d’épouser une soubrette…

Quelques mises en scène

Les mises en scène ci-dessous permettent d’illustrer la variété des lectures possibles de la pièce de Marivaux.

  • 1959 : interprétation dans les studios de la télévision française par les acteurs de la Comédie-Française, dans une mise en scène de Maurice Escande et une réalisation de Claude Dagues : extrait sur le site de l’INA
  • 1967 : adaptation pour la télévision par Marcel Bluwal (avec notamment Jean-Pierre Cassel, Claude Brasseur, Danièle Lebrun) : extrait sur le site de l’INA
  • 1976 : mise en scène de Jean-Paul Roussillon (Comédie-Française), extrait de la captation sur le site de l’INA, extrait de la vidéo des Editions Montparnasse sur YouTube
  • 1987 : mise en scène d’Alfredo Arias (Théâtre de Aubervilliers, puis des Célestins) : extrait du spectacle sur le site de l’INA , superbes dessins des masques de singes portés par les comédiens sur le site regietheatrale.com
  • 1999 : mise en scène de Jean-Pierre Vincent. Dossier de presse sur le site lesarchivesduspectacle.net
  • 2009 : mise en scène de Jean Liermier, dossier et extraits sur le site de TV5 Monde, extraits complémentaires sur YouTube.
  • 2012 : mise en scène de Galin Stoev (Comédie-Française) : extrait sur Culture Box, dossier pédagogique (rôle et enjeux des costumes)
  • 2014 : mise en scène de Laurent Laffargue (Théâtre de l’Ouest Parisien, Manufacture à Nancy), extraits sur YouTube, dossier pédagogique
  • 2016 : mise en scène de Salomé Villiers, bande annonce sur YouTube, voir aussi A l’affiche

Voir aussi

Pour en savoir plus sur l’oeuvre : les essentiels de la littérature sur Gallica avec notamment une interview de Françoise Rubellin.

Une adaptation en bande dessinée : http://www.editions-delcourt.fr/pdf/jeu_de_l_amour_et_du_hasard_fiche_pedago.pdf

La pièce dans le Film L’Esquive d’Abdellatif Kechiche : http://yjmauss.fr/cinemauss/cinemauss/Lesquive_files/l’esquive.pdf

Un extrait (acte I, scène1)

https://archive.org/stream/thtrenouvedo00mariuoft#page/n11/mode/2up
Théâtre de Marivaux. Nouv. ed., ornée de portraits en pied coloriés dessinés par Bertall. 1873/ Source : archive.org

Sylvia.
Mais encore une fois, de quoi vous mêlez-vous, pourquoi répondre de mes sentiments ?

Lisette.
C’est que j’ai cru que, dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ; Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise qu’il vous marie, si vous en avez quelque joie : moi je lui réponds qu’oui ; cela va tout de suite ; et il n’y a peut-être que vous de fille au monde, pour qui ce oui-là ne soit pas vrai ; le non n’est pas naturel.

Sylvia.
Le non n’est pas naturel, quelle sotte naïveté ! Le mariage aurait donc de grands charmes pour vous ?

Lisette.
Eh bien, c’est encore oui, par exemple.

Sylvia.
Taisez-vous, allez répondre vos impertinences ailleurs, et sachez que ce n’est pas à vous à juger de mon cœur par le vôtre…

Lisette.
Mon cœur est fait comme celui de tout le monde ; de quoi le vôtre s’avise-t-il de n’être fait comme celui de personne ?

Sylvia.
Je vous dis que, si elle osait, elle m’appellerait une originale.

Lisette.
Si j’étais votre égale, nous verrions.

Sylvia.
Vous travaillez à me fâcher, Lisette.

Lisette.
Ce n’est pas mon dessein ; mais dans le fond voyons, quel mal ai-je fait de dire à Monsieur Orgon que vous étiez bien aise d’être mariée ?

Sylvia.
Premièrement, c’est que tu n’as pas dit vrai, je ne m’ennuie pas d’être fille.

Lisette.
Cela est encore tout neuf.

Sylvia.
C’est qu’il n’est pas nécessaire que mon père croie me faire tant de plaisir en me mariant, parce que cela le fait agir avec une confiance qui ne servira peut-être de rien.

Lisette.
Quoi, vous n’épouserez pas celui qu’il vous destine ?

Sylvia.
Que sais-je, peut-être ne me conviendra-t-il point, et cela m’inquiète.

Lisette.
On dit que votre futur est un des plus honnêtes du monde, qu’il est bien fait, aimable, de bonne mine, qu’on ne peut pas avoir plus d’esprit, qu’on ne saurait être d’un meilleur caractère ; que voulez-vous de plus ? Peut-on se figurer de mariage plus doux ? D’union plus délicieuse ?

Sylvia.
Délicieuse ! Que tu es folle avec tes expressions !

Lisette.
Ma foi, Madame, c’est qu’il est heureux qu’un amant de cette espèce-là veuille se marier dans les formes ; il n’y a presque point de fille, s’il lui faisait la cour, qui ne fût en danger de l’épouser sans cérémonie ; aimable, bien fait, voilà de quoi vivre pour l’amour ; sociable et spirituel, voilà pour l’entretien de la société. Pardi, tout en sera bon, dans cet homme-là, l’utile et l’agréable, tout s’y trouve.

Sylvia.
Oui, dans le portrait que tu en fais, et on dit qu’il y ressemble, mais c’est un on dit, et je pourrais bien n’être pas de ce sentiment-là, moi ; il est bel homme, dit-on, et c’est presque tant pis.

Lisette.
Tant pis, tant pis, mais voilà une pensée bien hétéroclite !

Sylvia.
C’est une pensée de très bon sens ; volontiers un bel homme est fat, je l’ai remarqué.

Lisette.
Oh, il a tort d’être fat ; mais il a raison d’être beau.

Sylvia.
On ajoute qu’il est bien fait ; passe.

Lisette.
Oui-dà, cela est pardonnable.

Sylvia.
De beauté et de bonne mine, je l’en dispense, ce sont là des agréments superflus.

Lisette.
Vertuchoux ! si je me marie jamais, ce superflu-là sera mon nécessaire.

Sylvia.
Tu ne sais ce que tu dis ; dans le mariage, on a plus souvent affaire à l’homme raisonnable qu’à l’aimable homme ; en un mot, je ne lui demande qu’un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu’on ne pense. On loue beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a vécu avec lui ? Les hommes ne se contrefont-ils pas, surtout quand ils ont de l’esprit ? N’en ai-je pas vu, moi, qui paraissaient, avec leurs amis, les meilleures gens du monde ? C’est la douceur, la raison, l’enjouement même, il n’y a pas jusqu’à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu’on leur trouve. Monsieur un tel a l’air d’un galant homme, d’un homme bien raisonnable, disait-on tous les jours d’Ergaste : aussi l’est-il, répondait-on ; je l’ai répondu moi-même ; sa physionomie ne vous ment pas d’un mot. Oui, fiez-vous-y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d’heure après pour faire place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l’effroi de toute une maison. Ergaste s’est marié ; sa femme, ses enfants, son domestique, ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu’il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n’est qu’un masque qu’il prend au sortir de chez lui.

Lisette.
Quel fantasque avec ces deux visages !

Sylvia.
N’est-on pas content de Léandre quand on le voit ? Eh bien chez lui, c’est un homme qui ne dit mot, qui ne rit ni qui ne gronde ; c’est une âme glacée, solitaire, inaccessible ; sa femme ne la connaît point, n’a point de commerce avec elle, elle n’est mariée qu’avec une figure qui sort d’un cabinet, qui vient à table, et qui fait expirer de langueur, de froid et d’ennui, tout ce qui l’environne. N’est-ce pas là un mari bien amusant ?

Lisette.
Je gèle au récit que vous m’en faites ; mais Tersandre, par exemple ?

Sylvia.
Oui, Tersandre ! Il venait l’autre jour de s’emporter contre sa femme ; j’arrive, on m’annonce, je vois un homme qui vient à moi les bras ouverts, d’un air serein, dégagé, vous auriez dit qu’il sortait de la conversation la plus badine ; sa bouche et ses yeux riaient encore. Le fourbe ! Voilà ce que c’est que les hommes. Qui est-ce qui croit que sa femme est à plaindre avec lui ? Je la trouvai toute abattue, le teint plombé, avec des yeux qui venaient de pleurer, je la trouvai comme je serai peut-être, voilà mon portrait à venir ; je vais du moins risquer d’en être une copie. Elle me fit pitié, Lisette ; si j’allais te faire pitié aussi : cela est terrible, qu’en dis-tu ? Songe à ce que c’est qu’un mari.

Lisette.
Un mari ? C’est un mari ; vous ne deviez pas finir par ce mot-là, il me raccommode avec tout le reste.

Le théâtre au XVIIIe siècle

Le renouvellement de la tragédie

[La Comédie française] : [dessin] / [A. Meunier]
[La Comédie française] : [dessin] / [A. Meunier] Source : BnF/Gallica

Le début du XVIIIème siècle marque le déclin de la tragédie classique. Prosper Jolyot de Crébillon (dit Crébillon père, 1674-1762) développe le « tragique de situation » : de nombreuses scènes d’horreur sont représentées sur la scène, rompant ainsi avec les principes de bienséance ; des intrigues comportant de nombreux coups de théâtre annoncent le mélodrame du XIXème siècle. (oeuvres de Crébillon Père sur Libre Théâtre)

Voltaire dessiné le jour de son couronnement à la Représentation d'Irene, par Le Vachez. Source : BnF/Gallica
Voltaire dessiné le jour de son couronnement à la Représentation d’Irene, par Le Vachez. Source : BnF/Gallica

Des renouvellements plus profonds apparaissent avec les tragédies de Voltaire (1694-1778) qui introduit des sujets modernes en gardant la structure classique et l’alexandrin. 30 pièces de Voltaire entrent au répertoire de la Comédie-Française et sont très souvent représentées au cours du XVIIIème siècle. Sémiramis (1748) et L’Orphelin de la Chine (1755) révolutionnent l’illusion théâtrale avec la suppression définitive des banquettes occupées par les gentilshommes sur scène. Voltaire, assisté de son principal interprète, Lekain, définit scrupuleusement les effets théâtraux et scéniques : les décors et les costumes correspondent désormais au cadre historique des pièces. Après 1789,  trois pièces, Nanine, Brutus et Mahomet,  sont fréquemment jouées faisant respectivement écho à la moralisation des mœurs, au républicanisme et au refus du fanatisme religieux. (oeuvres de Voltaire sur Libre Théâtre)


Le renouvellement de la comédie

Comédie (Microc, Salam, hippocrata) Acte 3ème Scène dernière Théâtre Français : Scènes théâtrales 1825 : [estampe] / Félix [sig.]
Folies amoureuses de Regnard.  Scènes théâtrales 1825 : [estampe] / Félix [sig.] Source : Bnf/Gallica

Jean-François Regnard, dans la lignée de Molière,  écrit des arlequinades, des comédies de caractères  (Le Joueur, Le Distrait) et des comédies d’intrigues (Le Légataire universel), dont la fantaisie et la verve sont saluées. Ses comédies sont très souvent représentées au début du XVIIIème siècle sur la scène de la Comédie-Française. (oeuvres de Regnard sur Libre Théâtre)

Lesage (1668-1747) marque la comédie de mœurs avec Turcaret (1709), une dénonciation des milieux financiers. Après sa brouille avec les Comédiens Français, il se tourne vers le théâtre de la Foire, qui rencontre un immense succès populaire à cette époque, et écrit, en collaboration avec d’autres auteurs, plus d’une centaine de pièces. (oeuvres de Lesage sur Libre Théâtre)

Dancourt (1661-1725) entre en 1685, dans la troupe de la Comédie-Française, dont il devint sociétaire, et fait jouer la même année sa première comédie, Le Notaire obligeant ou les Fonds perdus.  Il rencontre le succès et écrit plus de 80 comédies e mœurs dépourvues de moralité et très réalistes, caricaturant les bourgeois vaniteux et les magistrats véreux. Il est considéré par certains comme le père du vaudeville moderne. (Oeuvres de Dancourt sur Libre Théâtre)

Les fausses confidences, de Marivaux : costume de Dazincourt (Dubois). 1793/ Source : BnF/ Gallica
Les fausses confidences : costume de Dazincourt (Dubois). 1793/ Source : BnF/ Gallica

La Régence de Philippe d’Orléans permet le retour, dès 1716, des Comédiens Italiens chassés par Louis XIV  en 1697.  Les spectacles sont d’abord joués en italien puis rapidement des auteurs écrivent en français pour mettre en scène les personnages issus de la commedia dell’arte comme Arlequin, Colombine ou Pantalon. Marivaux, notamment, écrit pour la troupe  Arlequin poli par l’amour qui connaît un grand succès en 1720. 18 comédies (sur 27) seront destinées à la Comédie Italienne. Marivaux fait évoluer le genre de la comédie : il explore le sentiment amoureux, en développant l’art de la conversation galante, devenue marivaudage (La Double Inconstance, les Fausses Confidences, le Jeu de l’amour et du hasard…) mais aussi les problèmes de société, autour des relations entre maître et valet, de la liberté et l’égalité  (l’Île des esclaves), la situation des femmes (La Nouvelle Colonie).(Oeuvres de Marivaux sur Libre Théâtre)

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[Le mariage de Figaro : costume de Thénard (Figaro) / dessiné par Joly] Source : BnF/Gallica

Les comédies de Beaumarchais (1732-1799) renouvellent le genre : tout en élaborant des intrigues joyeuses avec de multiples rebondissements,  Beaumarchais  développe une satire sociale et politique à travers le personnage de Figaro, un valet débrouillard qui conteste le pouvoir de son maître, avec le Barbier de Séville (1775) et le Mariage de Figaro (1784).  Cette pièce, représentée après plusieurs années de censure fut un vrai triomphe. Dénonçant les privilèges archaïques de l’aristocratie, elle est considérée  comme l’un des signes avant-coureurs de la Révolution française.
Les oeuvres de Beaumarchais sur Libre Théâtre


Apparition d’un nouveau genre : le drame bourgeois

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Oeuvres complètes de Beaumarchais (1876) dessin de Émile Bayard Source : BnF/ Gallica

Diderot évoque pour la première fois le « drame bourgeois », qu’il nomme « genre sérieux », entre comédie et tragédie, dans les Entretiens sur le Fils naturel. Le principe de l’unité de temps et de lieu est abandonné, ainsi que le principe de vraisemblance du théâtre classique.

Ces pièces se veulent moralisatrices et exaltent les vertus de l’amitié, de la solidarité et de l’altruisme. Le spectateur doit être ému par les situations pathétiques auxquelles sont confrontées des familles bourgeoises.  Une autre caractéristique du drame bourgeois est le développement de la pantomime qui permet d’exprimer passions et sentiments au travers des gestes et des attitudes des acteurs. Les drames bourgeois les plus célèbres sont : le Fils naturel (Diderot, 1757), le Père de famille (Diderot, 1758), le Philosophe sans le savoir (Sedaine, 1765), la Brouette du vinaigrier (Mercier, 1775) ou encore la Mère coupable (Beaumarchais, 1792).

Les oeuvres de Diderot sur Libre Théâtre
Les oeuvres de Sedaine sur Libre Théâtre 
Les oeuvres de Mercier sur Libre Théâtre
Les oeuvres de Beaumarchais sur Libre Théâtre


Le théâtre politique

À la fin des années 1770, Olympe de Gouges monte sa propre troupe de comédiens, qui se produit à Paris et dans ses environs. Elle publie de nombreuses pièces, dont Zamore et Mirza ou l’heureux naufrage (1785), qui prend parti contre l’esclavage, pièce acceptée puis retirée du répertoire du Théâtre-français. Elle participe activement à la Révolution et continue à publier des pièces portant sur des sujets de société ou d’actualité politique, abolitionnistes et féministes. Elle périt sur l’échafaud le 3 novembre 1793.
Les œuvres d’Olympe de Gouges sur Libre Théâtre 

Evolution du vaudeville et apparition de l’opéra-comique

[Crispin rival de son maître, de Alain-René Lesage : costume de Cartigny (la Branche) 1811. Source : Bnf/Gallica
Crispin rival de son maître, de Lesage : costume de Cartigny (la Branche) 1811. Source : Bnf/Gallica

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la comédie « à vaudevilles » se développe : les scènes sont entrecoupée de ballets et de couplets chantés sur un air connu dont les paroles sont modifiées. Des personnages, inspirés de la comédie italienne, sont mêlés à des situations cocasses à rebondissement, avec souvent des allusions à l’actualité. Voir les oeuvres de Lesage sur Libre Théâtre.

L’Opéra-Comique, fondé en 1714, est issu  d’une des troupes de la foire Saint-Germain : un décret autorise la troupe à avoir son propre théâtre avec une contrainte : intercaler des dialogues parlés dans les œuvres chantées.  Les débuts de l’Opéra-Comique sont difficiles et connaissent plusieurs périodes de fermeture. En 1743, Jean Monnet prend la direction de l’Opéra-Comique. Avec notamment Charles-Simon Favart, le genre évolue : le texte est désormais associé à une musique originale c’est la naissance du véritable opéra-comique. Voir les oeuvres de Favart sur Libre Théâtre.

La Comédie Italienne : [dessin] / [Jean Baptiste Lallemand]
La Comédie Italienne : [dessin] / [Jean Baptiste Lallemand]

Mais la simple comédie à vaudevilles subsiste, en donnant une part plus importante au dialogue parlé au détriment de la partie musicale, réduite à quelques couplets.

En 1792, la proclamation de la liberté du théâtre permet l’éclosion de scènes spécialement consacrées au genre : ce fut d’abord le théâtre du Vaudeville qui contribua au transfert de sens du terme vaudeville, désormais appliqué à la pièce elle-même.


Beaumarchais et la société des auteurs dramatiques

Le 3 juillet 1777, lors d’un repas auquel il convie une trentaine d’auteurs, Beaumarchais propose la fondation de la première société des auteurs dramatiques. Après le succès du Barbier de Séville, Beaumarchais souhaite défendre le droit des auteurs face au monopole des Comédiens français et redéfinir les conditions de rétribution des auteurs. Le combat qu’il mène aboutit à la reconnaissance légale du droit d’auteur par l’Assemblée Constituante le 13 janvier 1791.

C’est la première loi édictée dans le monde pour protéger les auteurs et leurs droits. Le droit de représentation sera reconnu par les décrets de janvier 1791, le droit de reproduction en 1793. La loi Le Chapelier confère aux auteurs un monopole d’exploitation sur la reproduction et la représentation de leurs œuvres : les auteurs ont désormais le droit de vivre du fruit de leur travail.


Le Théâtre de la Révolution

Estampe. Source : Bibliothèque nationale de France, département Arts du spectacle, 4-ICO THE-971
Charles IX – Estampe. Source : BnF/ Gallica

La Loi relative aux spectacles du 13 janvier 1791 permet à chacun d’ouvrir une salle de spectacle sur simple déclaration et les ouvrages dont les auteurs sont morts depuis 5 ans au moins peuvent être représentés librement.  Les salles se multiplient pendant cette période. 1637 pièces sont imprimées.

Le théâtre devient un lieu d’enjeux politiques où se passe les affrontements politiques et idéologiques. Le théâtre devient un lieu de célébration des héros républicains et de commémorations des exploits républicains.

La Comédie-Française devient en 1789 le théâtre de la Nation et perd ses privilèges notamment  le monopole exclusif des œuvres du répertoire classique.  La tragédie Charles IX ou la Saint-Barthelemy  de Chénier, censurée en 1788, est représentée en novembre 1789 : le jeune et ambitieux Talma est propulsé sur le devant de la scène théâtrale et politique.

Sous la Terreur, la censure est rétablie en août 1793.  Après Thermidor, les pièces « patriotiques » sont remplacées par des opéras-comiques ou des satires sociales.

Le coup d’Etat de Napoléon Bonaparte le 18 Brumaire (1799) va entraîner un rétablissement officiel  de la censure. Le gouvernement concède à la société des Comédiens-Français le Théâtre Français de la République, rue de Richelieu. Napoléon se fait le protecteur de la Comédie-Française. Le nombre de théâtre est réduit : 8 salles à Paris en 1807.

Le théâtre de Beaumarchais

Jean-Marc_Nattier,_Portrait_de_Pierre-Augustin_Caron_de_Beaumarchais_(1755)Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) est aussi célèbre pour sa vie mouvementée que pour ses pièces de théâtre. C’est très jeune, en tant qu’horloger, qu’il pénètre à la Cour.

A partir de 1760, Beaumarchais poursuit en parallèle une carrière d’homme d’affaires et d’homme de lettres. Ses deux premières pièces, sont des drames : Eugénie ou la Vertu du désespoir en 1767 et Les Deux Amis ou le Négociant de Lyon en 1770. Elles sont toutes deux des échecs.

A la suite d’un duel, Beaumarchais est incarcéré, puis, en 1773, il perd son procès contre le Comte de La Blache.  En 1774, le roi fait de lui un agent secret, en Angleterre et en Autriche.

La troisième pièce de Beaumarchais, Le Barbier de Séville, rencontre un vif succès en 1775, après toutefois des débuts difficiles qui obligent Beaumarchais à réécrire le texte : la comédie passe de 5 à 4 actes.  Il obtient du roi des subsides pour soutenir les Américains révoltés contre l’Angleterre, et est réhabilité par le Parlement.

Le 3 juillet 1777, lors d’un repas auquel il convie une trentaine d’auteurs, Beaumarchais propose la fondation de la première société des auteurs dramatiques. Après le succès du Barbier de Séville, Beaumarchais souhaite défendre le droit des auteurs face au monopole des Comédiens français et redéfinir les conditions de rétribution des auteurs. Le combat qu’il mène aboutit à la reconnaissance légale du droit d’auteur par l’Assemblée Constituante le 13 janvier 1791.

Créé en 1784 à la Comédie-Française, malgré l’opposition du roi, Le mariage de Figaro est un triomphe, et sera joué plus de cent fois de suite dès sa création.

Inquiété sous la Révolution Française, quoique membre du comité de salut public, il doit émigrer, et ne rentre qu’en 1796, trois ans avant sa mort.

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Les pièces de Beaumarchais à télécharger gratuitement :

Eugénie, drame en 5 actes en prose avec un essai sur le drame sérieux. Première représentation : texte intégral sur wikisource

L’Autre Tartuffe ou la mère coupable, drame moral en 5 actes, première représentation le texte intégral sur wikisource

Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile, comédie en 4 actes, première représentation à la Comédie-Française le 23 février 1775, texte intégral sur wikisource

La Folle journée ou le Mariage de Figaro – texte intégral et chronique sur Libre Théâtre

Les Deux Amis ou le Négociant de Lyon – texte intégral et chronique sur Libre Théâtre

Pour en savoir plus :

La trilogie de Figaro, de Beaumarchais, Ca peut pas faire de mal, 18 mai 2013 sur le site de France Inter.

Beaumarchais, l’imprévu, avec Christian Wasselin (France Culture), série de 5 émissions à la une de Libre Théâtre

Les Folies amoureuses de Jean-François Regnard

Cette comédie joyeuse, qui commence comme un drame et se termine en farce, a été représentée pour la première fois à Paris le 15 janvier 1704. Très souvent mise à l’honneur au XVIIIème et au début du XIXème siècle, elle est aujourd’hui plus rarement jouée.
Comédie en trois actes et en vers de Jean-François Regnard, représentée pour la première fois en 1704.
Distribution: 3 hommes et 2 femmes

La pièce en téléchargement gratuit sur Libre Théâtre

Comédie (Microc, Salam, hippocrata) Acte 3ème Scène dernière Théâtre Français : Scènes théâtrales 1825 : [estampe] / Félix [sig.]
Microc, Salam, hippocrata. Acte 3ème Scène dernière Théâtre Français : Scènes théâtrales 1825 : [estampe] / Félix [sig.] Source : Gallica

L’argument

Une jeune fille, Agathe, est retenue prisonnière par son tuteur, Albert, qui veut l’épouser, alors qu’elle est amoureuse d’Eraste. Avec la complicité de Lisette, servante d’Albert, et Crispin, valet d’Eraste, les deux amants imaginent divers stratagèmes pour échapper à Albert.

La comédie

La situation initiale est plutôt dramatique : Agathe est prisonnière et Albert, son tuteur, est en train de faire installer des barreaux à sa chambre.

Depuis plus de six mois ma lâche complaisance
Met à chaque moment en défaut ma prudence ;
Et pour laisser Agathe à l’aise respirer,
Je n’ai, par bonté d’âme, encor rien fait murer.
Ce n’est point par douceur qu’on rend sage les filles ;
Je veux, du haut en bas, faire attacher des grilles,
Et que de bons barreaux, larges comme la main,
Puissent servir d’obstacle à tout effort humain.

Mais assez rapidement, la comédie prend le dessus.

Albert.
Vous ne m’aimez donc pas ?
Agathe.
Non : mais, en récompense,
Je vous hais à la mort.
Albert.
Et pourquoi ?
Agathe.
Qui le sait ?
On aime sans raison, et sans raison on hait.
Lisette, à Albert.
Si l’aveu n’est pas tendre, il est du moins sincère.
Albertà Agathe.
Après ce que j’ai fait, basilic, pour vous plaire !
Lisette.
Ne nous emportons point ; voyons tranquillement
Si l’amour vous a fait un objet bien charmant.
Vos traits sont effacés, elle est aimable et fraîche ;
Elle a l’esprit bien fait, et vous l’humeur revêche ;
Elle n’a pas seize ans, et vous êtes fort vieux ;
Elle se porte bien, vous êtes catarrheux ;
Elle a toutes ses dents, qui la rendent plus belle ;
Vous n’en avez plus qu’une, encore branle-t-elle,
Et doit être emportée à la première toux :
À quelle malheureuse ici-bas plairiez-vous ?

La pièce emprunte à la comédie italienne ( le personnage de Crispin en est directement issu) et s’achève en farce  : Agathe, simulant une crise de folie, se déguise successivement en musicien vêtu d’un habit de Scaramouche  :

L’air que vous entendez est fait en a mi la ;
C’est mon ton favori : la musique en est vive,
Bizarre, pétulante, et fort récréative ;
Les mouvements légers, nouveaux, vifs et pressés.
L’on m’envoya chercher, un de ces jours passés,
Pour détremper un peu l’humeur mélancolique
D’un homme dès longtemps au lit paralytique :
Dès que j’eus mis en chant un certain rigaudon,
Trois sages médecins venus dans la maison,
La garde, le malade, un vieil apothicaire
Qui venait d’exercer son grave ministère,
Sans respect du métier, se prenant par la main,
Se mirent à danser jusques au lendemain.

… puis en vieille femme,

Ho ! Vous me regardez ! Vous êtes ébaubis
De me trouver si fraîche avec des cheveux gris.
Je me porte encor mieux que tous tant que vous êtes.
Je fais quatre repas, et je lis sans lunettes.
Je sirote mon vin, quel qu’il soit, vieux, nouveau ;
Je fais rubis sur l’ongle, et n’y mets jamais d’eau.
Je vide gentiment mes deux bouteilles.
Lisette.
Peste !
Agathe.
Oui vraiment, du champagne encor, sans qu’il en reste.
On peut voir dans ma bouche encor toutes mes dents.
J’ai pourtant, voyez-vous, quatre-vingt-dix-huit ans,
Vienne la Saint-Martin.
Lisette.
La jeunesse est complète.

et enfin en soldat  :

Albert.
Ah ! Messieurs, sa folie à chaque instant augmente ;
Un transport martial à présent la tourmente.
De l’habit dont jadis elle courait le bal,
Elle s’est mise en homme, à cet excès fatal.
Elle a pris aussitôt un attirail de guerre,
Un bonnet de dragon, un large cimeterre.
Elle ne parle plus que de sang, de combats :
Mon argent doit servir à lever des soldats.

La postérité

Dans le répertoire du Théâtre Français (Picard et Peyrot, Edition Duprat, Paris 1826), la pièce est ainsi décrite  :

« La Comédie des Folies Amoureuses est peut-être celle qui a été le plus souvent représentée en France. Jamais elle n’a quitté le répertoire de Paris et des provinces  : et partout et toujours quoique sur par cœur d’une grande partie des spectateurs, elle produit le même effet  : on rit à gorge déployée  ; et les lazzis aussi nombreux que bouffons dont la tradition théâtrale a chargé, ou si l’on veut, orné la représentation, viennent encore ajouter à la gaieté qu’elle inspire. Cependant si l’on examine littérairement la pièce, quoi de plus commun, de plus usé et par conséquent de moins intéressant que l’intrigue des Folies amoureuses  ? Mais la versification est si brillance, si spirituelle  ; mais le comique des mots est si fort et si abondant  ; mais il y a tant de richesse dans les détails, une variété si amusante dans les déguisements, que la pièce, qui, par l’extravagance de l’action et des caractères mériterait à peine d’être comptée parmi les bonnes farces, s’élève au rang des comédies les plus agréables et offre un véritable modèle de style comique ».

A l’inauguration du monument élevé à la mémoire de Régnard à Dourdan en 1909, Jules Claretie déclare  :

« L’œuvre de Regnard respire la santé. C’est la joie de vivre, la joie de chanter, la joie d’aimer. Le vers du poète mousse et pétille comme du champagne….
Son théâtre a le diable au corps ; mais ce démon a des ailes et point de griffes. La Muse de Regnard ce n’est pas la Vérité, l’« âpre vérité », disait Stendhal, c’est la Fantaisie. Elle papillonne, elle guitarise, elle s’incarne dans cette Agathe des Folies Amoureuses qui chante, danse, jette au vent les fusées de son rire, les refrains de ses chansons, berne le jaloux et prend la clef des champs, les grelots de Momus au bonnet. »

Oeuvres de Regnard. Edition, revue, exactement corrigée et conforme à la Représentation. Paris, Maradan, 1790. 4 volumes in-8.
Oeuvres de Regnard. Paris, Maradan, 1790. 4 volumes in-8. Source : Librairie ancienne et autres trésors. Ouvrages toujours disponibles à la vente.

Les Folies amoureuses sont présentées à l’occasion du colloque, Remettre en jeu le passé. Métamorphoses du corpus des Registres de la Comédie-Française.
Libre Théâtre propose en téléchargement les pièces sélectionnées par la Comédie Française qui feront l’objet de lectures le 14 décembre (plus d’information sur le site de la Comédie Française).

Illustrations également disponibles sur la base La Grange de la Comédie Française :
– Coquelin Cadet dans Les Folies amoureuses ;
– 21 novembre 1776. Dazincourt débuta au Théâtre Français par le rôle de Crispin des Folies amoureuses et acquit une réputation célèbre dans l’emploi des valets
– Le Dragon des Folies amoureuses
Agathe dans les Folies amoureuses (époque Louis XIII).

Le Mariage de Figaro de Beaumarchais

Comédie en cinq actes et en prose de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, représentée pour la première fois par les Comédiens Français ordinaires du Roi le mardi 27 avril 1784.
Distribution : 11 hommes, 4 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre.

La présentation de la pièce par Beaumarchais

Répondant à ses censeurs qui ont interdit la pièce pendant 5 ans, Beaumarchais la présente ainsi:

figaro2La plus badine des intrigues. Un grand seigneur espagnol, amoureux d’une jeune fille qu’il veut séduire, et les efforts que cette fiancée, celui qu’elle doit épouser, et la femme du seigneur, réunissent pour faire échouer dans son dessein un maître absolu, que son rang, sa fortune et sa prodigalité rendent tout-puissant pour l’accomplir. Voilà tout, rien de plus. La pièce est sous vos yeux.

La définition du théâtre selon Beaumarchais

figaro1…j’entreprends de frayer un nouveau sentier à cet art, dont la loi première, et peut-être la seule, est d’amuser en instruisant.
On ne peut corriger les hommes qu’en les faisant voir tels qu’ils sont. La comédie utile et véridique n’est point un éloge menteur, un vain discours d’académie.

Qu’est-ce que la décence théâtrale ?

Figaro4À force de nous montrer délicats, fins connaisseurs, et d’affecter, comme j’ai dit autre part, l’hypocrisie de la décence auprès du relâchement des mœurs, nous devenons des êtres nuls, incapables de s’amuser et de juger de ce qui leur convient : faut il le dire enfin ? des bégueules rassasiées qui ne savent plus ce qu’elles veulent, ni ce qu’elles doivent aimer ou rejeter. Déjà ces mots si rebattus, bon ton, bonne compagnie, toujours ajustés au niveau de chaque insipide coterie, et dont la latitude est si grande qu’on ne sait où ils commencent et finissent, ont détruit la franche et vraie gaieté qui distinguait de tout autre le comique de notre nation.

Le « style » dans les comédies

figaro5Un monsieur de beaucoup d’esprit, mais qui l’économise un peu trop, me disait un soir au spectacle : Expliquez-moi donc, je vous prie, pourquoi dans votre pièce on trouve autant de phrases négligées qui ne sont pas de votre style ? — De mon style, monsieur ! Si par malheur j’en avais un, je m’efforcerais de l’oublier quand je fais une comédie ; ne connaissant rien d’insipide au théâtre comme ces fades camaïeux où tout est bleu, où tout est rose, où tout est l’auteur, quel qu’il soit.

Le plaidoyer féministe de Marceline

Figaro9Dans les rangs même plus élevés, les femmes n’obtiennent de vous qu’une considération dérisoire. Leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle ; traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes : ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié.
…Ne regarde pas d’où tu viens, vois où tu vas ; cela seul importe à chacun…
Sois gai, libre et bon pour tout le monde, il ne manquera rien à ta mère.

Liberté et obéissance

figaro6En raisonnant sur l’usage que l’homme fait de sa liberté dans les occasions difficiles, Figaro pouvait également opposer à sa situation tout état qui exige une obéissance implicite : et le cénobite zélé dont le devoir est de tout croire sans jamais rien examiner ; comme le guerrier valeureux, dont la gloire est de tout affronter sur des ordres non motivés, de tuer et se faire tuer pour des intérêts qu’il ignore. Le mot de Figaro ne dit donc rien, sinon qu’un homme libre de ses actions doit agir sur d’autres principes que ceux dont le devoir est d’obéir aveuglément.

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Source des illustrations : gallica.bnf.fr. Bibliothèque nationale de France, département Arts du spectacle

Dossiers pédagogiques

Pièce (dé)montée, Les dossiers pédagogiques « Théâtre » et « Arts du cirque » du réseau Canopé N° 205 – Mars 2015, mise en scène de Rémy Barché (Comédie de Reims). Lien vers le site

Lien vers la page consacrée au Mariage de Figaro sur le  site de Gallica, Les essentiels Littérature

Charles IX ou l’Ecole des rois de Marie-Joseph Chénier

Tragédie en 5 actes de Marie-Joseph Chénier, créé en 1789.
Ecrite en 1787, censurée puis créée au Théâtre-Français situé au Faubourg-Saint-Germain le 4 novembre 1789 sous le titre Charles IX et rebaptisée ultérieurement Charles IX ou l’école des rois. Publiée en 1790.
Distribution: 10 hommes et une femme

A l’occasion de la première « journée particulière » organisée par la Comédie Française, Libre Théâtre publie le texte de Charles IX ou l’Ecole des rois de Marie-Joseph Chénier. 

Une Journée particulière  : 7 novembre 1789

Le Ciel en me frappant donne un exemple aux rois : [estampe] / Le Barbier l'ainé inv. 1790 ; L.M. Halbou sculp. ; [eau-forte de A.J. Duclos]. Source : Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-QB-201 (120)
Le Ciel en me frappant donne un exemple aux rois.  Source BnF

La Comédie Française propose un nouveau rendez-vous  :  à partir d’une date « particulière », des lectures d’extraits des deux pièces et une mise en contexte offrent un nouveau regard sur des événements théâtraux et historiques. La première séance a rencontré un très grand succès avec une salle comble et enthousiaste. 

À la Comédie-Française, il y a 226 ans… 

Le 7 novembre 1789, au Théâtre-Français situé au Faubourg-Saint-Germain (à l’emplacement de l’actuel Odéon), rebaptisé Théâtre de la Nation suite aux événements révolutionnaires, la troupe donne sa troisième représentation de Charles IX de Marie-Joseph Chénier, suivie du Somnambule, comédie d’Antoine de Ferriol de Pont-de-Veyle. 

Portait de Talma. Source BnF
Portait de Talma. Source BnF

La salle bruit encore des événements survenus lors de la création de la pièce de Chénier : une foule incroyable s’est présentée aux portes du théâtre, de nombreux députés de l’Assemblée nationale occupent les places en vue des loges, dont les tribuns Danton, Desmoulins, Mirabeau… La salle entière a acclamé l’auteur qui a eu l’audace d’écrire une pièce sur la Saint-Barthélemy et un roi odieux qui massacre son peuple au nom de Dieu ! Le jeune et ambitieux Talma, acteur de seconds rôles, s’empare du rôle de Charles IX et est ainsi propulsé sur le devant de la scène théâtrale et politique…

Charles IX ou l’Ecole des rois de Marie-Joseph Chénier

Estampe. Source : Bibliothèque nationale de France, département Arts du spectacle, 4-ICO THE-971
Estampe. Source BnF

La création de la pièce de Marie-Joseph Chénier le 4 novembre 1789 est l’une des grandes dates de l’histoire du Théâtre-Français. La pièce, interdite par la censure pendant de long mois, est portée par ce très jeune auteur, convaincu qu’il a tout a attendre de la Révolution. Homme de propagande, il ne ménage pas sa peine  : il fait paraître tracts, brochures, se fait le héraut de la liberté d’expression, recrute des partisans qui réclament sa pièce et troublent les représentations. Immense succès qui égale voire dépasse celui du Mariage de Figaro, cette pièce de circonstance entre en résonance avec les événements politiques de la Révolution. Le soir de sa création, plus de deux mille personnes s’entassent dans la salle inaugurant une série de représentations triomphales. 

Mais au sein de la Troupe, l’équilibre est menacé par ce succès, par le rôle prépondérant qu’acquiert tout à coup le jeune Talma, par le cours des événements extérieurs annulant les privilèges de la Comédie-Française et modifiant sa relation au politique. Charles IX a été représenté 54 fois dont 36 représentations durant les années 1789-1790. Charles IX n’ a jamais été joué dans son entier depuis 1830. (texte extrait du programme remis à l’entrée).
Le texte est en ligne sur Libre Théâtre.

 

Le Somnambule d’Antoine de Ferriol de Pont-de-Veyle

Le Somnambule est créé le 14 janvier 1739 sous l’anonymat. La pièce n’a d’ailleurs été que tardivement attribuée à son auteur, Antoine de Ferriol, comte du Pont-de-Veyle. Cette petite comédie jouée après les tragédies Médus de Deschamps ou Rodogune de Corneille est jouée 9 fois à sa création. Elle est très régulièrement reprise à partir de 1763 à raison de quelques représentations chaque année, le plus souvent pour accompagner les tragédies de Voltaire ou de Corneille. Le Somnambule n’a jamais été joué depuis 1824. (texte extrait du programme remis à l’entrée).
Le texte est en ligne sur Libre Théâtre.

Les Deux Amis ou le Négociant de Lyon

Drame en 5 actes et en prose de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais représentée pour la première fois à la Comédie-Française le 13 janvier 1770.
Distribution : 5 hommes, 1 femme
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

Lesdeuxamis_1Le contexte

A partir de 1760, Beaumarchais poursuit en parallèle une carrière d’homme d’affaires et d’homme de lettres. Ses deux premières pièces, sont des drames : Eugénie ou la Vertu du désespoir en 1767 et Les Deux Amis ou le Négociant de Lyon en 1770. Elles sont toutes deux des échecs.  La troisième pièce de Beaumarchais, Le Barbier de Séville, rencontre un vif succès en 1775, après toutefois des débuts difficiles qui obligent Beaumarchais à réécrire le texte : la comédie passe de 5 à 4 actes.

L’argument des Deux Amis

Lesdeuxamis_2Mélac, receveur général des fermes à Lyon, apprend que son ami Aurelly, riche négociant, risque la banqueroute dès le lendemain. Aurelly doit d’importantes sommes d’argent à divers créanciers. Les fonds qui devaient servir au remboursement sont momentanément bloqués à la suite du décès inopiné de l’ami parisien qui les gérait. Mélac décide, à l’insu d’Aurelly, d’utiliser les sommes collectées en tant que receveur général. Or, le fermier général Saint-Alban vient justement en inspection et découvre le détournement de Mélac, qui refuse de s’expliquer pour protéger Aurelly du déshonneur. Aurelly, apprenant la malversation, demande à Mélac de s’expliquer, en vain. Il va à son tour proposer à Saint-Alban de rembourser les sommes dues par Mélac (avec les fonds dont il ne dispose plus). A ce drame financier vient s’ajouter un drame romantique, puisque Mélac fils souhaite épouser Pauline, la nièce d’Aurelly (on apprendra par la suite qu’elle est en réalité sa fille), dont Saint-Alban est également amoureux.

Un des premiers « drames bourgeois »lesdeuxamis_3

C’est Diderot qui évoque pour la première fois le « drame bourgeois« , qu’il nomme « genre sérieux », dans les Entretiens sur le Fils naturel. La pièce Les Deux Amis illustre parfaitement les caractéristiques de ce nouveau genre, entre comédie et tragédie. L’action se situe à Lyon dans le salon d’une maison bourgeoise.  La pièce se veut moralisatrice et exalte les vertus de l’amitié, de la solidarité et de l’altruisme. Malgré le sujet traité, il est à noter que tous les personnages sont vertueux. Aurelly est un « homme vif, honnête, franc et naïf », Mélac Père « un philosophe sensible », Saint-Alban, un « homme du monde estimable ». La dimension pathétique est renforcée par l’amour qui sera peut-être contrarié entre la jeune Pauline et le fils Mélac.
Le spectateur doit être ému par les malheurs qui menacent les personnages principaux. Au rire, Beaumarchais préfère « l’attendrissement » qu’inspire la « vertu persécutée » : «Je sors du spectacle meilleur que je n’y suis entré, par cela seul que j’ai été attendri.» (le genre dramatique sérieux). Une autre caractéristique du drame bourgeois, évoqué dans l’avertissement au lecteur (voir plus bas), est le développement de la pantomime qui permet d’exprimer passions et sentiments au travers des gestes et des attitudes des acteurs.

Les didascalies et la pantomime

Beaumarchais a choisi de décrire très précisément le jeu attendu des acteurs : les didascalies sont particulièrement nombreuses (le retraitement du texte en xml a été laborieux…). Beaumarchais s’en explique dans l’avertissement au lecteur. Son attention vis-à-vis des comédiens, notamment amateurs, est intéressante à souligner :

« Pour faciliter les positions théâtrales aux acteurs de province ou de société qui joueront ce drame, on a fait imprimer, au commencement de chaque scène, le nom des personnages, dans l’ordre où les comédiens français se sont placés, de la droite à la gauche, au regard des spectateurs. Le seul mouvement du milieu des scènes reste abandonné à l’intelligence des acteurs. Cette attention de tout indiquer peut paraître minutieuse aux indifférents; mais elle est agréable à ceux qui se destinent au théâtre ou qui en font leur amusement surtout s’ils savent avec quel soin les comédiens français les plus consommés dans leur art se consultent, et varient leurs positions théâtrales aux répétitions, jusqu’à ce qu’ils aient rencontré les plus favorables, qui sont alors consacrées, pour eux et leurs successeurs, dans le manuscrit déposé à leur bibliothèque. C’est en faveur des mêmes personnes que l’on a partout indiqué la pantomime. Elles sauront gré à celui qui s’est donné quelques peines pour leur en épargner; et si le drame, par cette façon de l’écrire, perd un peu de sa chaleur à la lecture, il y gagnera beaucoup de vérité à la représentation. »

L’accueil du public

Grimm, dans sa correspondance avec Diderot, évoque sévèrement à deux reprises Les Deux Amis, (Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm et de Diderot depuis 1753 jusqu’en 1790, tome 6, pages 340 et 348 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5721827z). Il mentionne que le jour de la première représentation, un des ennemis de Beaumarchais ajouta la mention suivante sur l’affiche, sous le titre Les deux Amis, « par un auteur qui n’en a aucun ». Il évoque également un épigramme anonyme :

« J’ai vu de Beaumarchais cette pièce ridicule
Et je vais, en un mot, vous dire ce que c’est
C’est un change où l’argent circule
Sans produire aucun intérêt ».

Si à Paris le public est mitigé, voire hostile, les villes commerçantes lui font un meilleur accueil. Dans une lettre du 17 octobre 1770, Beaumarchais se réjouit : « elle a été jouée à Lyon, à Marseille et à Rouen avec le plus grand succès ».

Le thème de l’argent

Dans cette pièce, comme dans le Faiseur de Balzac ou dans de nombreuses comédies de Molière, l’argent est un thème majeur. Ce n’est pas un hasard si cette thématique est au centre de nombreuses œuvres dramatiques. Ces auteurs, comme beaucoup d’autres, redoutent de ne pouvoir vivre de leur art.

Cette chronique est l’occasion de rendre hommage à Beaumarchais, à l’origine de la première société des auteurs dramatiques.

Beaumarchais et le droit d’auteur

Le 3 juillet 1777, lors d’un repas auquel il convie une trentaine d’auteurs, Beaumarchais propose la fondation de la première société des auteurs dramatiques. Après le succès du Barbier de Séville, Beaumarchais souhaite défendre le droit des auteurs face au monopole des Comédiens français et redéfinir les conditions de rétribution des auteurs,. Le combat qu’il mène aboutit à la reconnaissance légale du droit d’auteur par l’Assemblée Constituante le 13 janvier 1791. C’est la première loi édictée dans le monde pour protéger les auteurs et leurs droits. Le droit de représentation sera reconnu par les décrets de janvier 1791, le droit de reproduction en 1793. La loi Le Chapelier confère aux auteurs un monopole d’exploitation sur la reproduction et la représentation de leurs œuvres : les auteurs ont désormais le droit de vivre du fruit de leur travail.

Sources des illustrations
Théâtre complet de Beaumarchais. T. 1 / réimpression des éd. princeps, avec les variantes des ms originaux, publ. pour la première fois, par G. d’Heylli et F. de Marescot, 1869-1871, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k213564k

Oeuvres complètes de Beaumarchais . Nouvelle édition, augmentée de quatre pièces de théâtre et de documents divers inédits, avec une introduction par M. Édouard Fournier. Ornée de 20 portr. en pied coloriés, dessinés par M. Émile Bayard – 1876 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62317430

Oeuvres complètes de Beaumarchais. Nouvelle édition, augmentée de quatre pièces de théâtre et de documents divers inédits, avec une introduction par M. Édouard Fournier. Ornée de 20 portr. en pied coloriés, dessinés par M. Émile Bayard http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62317430

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