A l’affiche

Spectacles qui sont ou ont été à l’affiche. Certains de ces spectacles font l’objet de recommandations de Libre Théâtre.

Baudelaire Beethoven au Théâtre des 3 Raisins

Spectacle vu le 26 octobre 2023

On peut très bien, et on doit même parfois, oublier l’homme pour apprécier pleinement son œuvre. Il n’en reste pas moins que derrière toute œuvre il y a un homme. Et c’est l’un des mérites de ce spectacle de nous le rappeler.

Si nous connaissons tous plus ou moins la poésie de Baudelaire, ses écrits en prose nous sont moins familiers, et ses écrits épistolaires sont généralement méconnus. Vers la fin de sa vie, depuis son exil à Bruxelles pour échapper à ses créanciers tout en rêvant d’un retour triomphal à Paris, ces lettres à sa mère nous révèlent un homme conscient de son génie, mais profondément meurtri de ne pas le voir reconnu à sa juste valeur. Des lettres qui font étrangement écho à celles adressées par Vincent van Gogh à son frère Théo, témoignant elles aussi de façon poignante de la douloureuse frustration de l’artiste quand son œuvre, à laquelle il a consacré toute sa vie, reste ignorée voire méprisée du public.

L’autre originalité de ce spectacle est de mettre en résonance les mots de Baudelaire avec les notes de Beethoven, en un dialogue intime que n’aurait pas renié le poète qui le premier célébra les correspondances entre les arts et les synesthésies. Baudelaire aimait la peinture et la musique. Il admirait Beethoven, et comme nous le suggère malicieusement Isabelle Krauss, rien n’interdit d’imaginer qu’il écrivit certains de ses poèmes en ayant à l’esprit les sonates de Beethoven.

Un spectacle poétique et musical, sensuel et multi-sensoriel, porté par une comédienne habitée et par une pianiste virtuose, liées par une belle complicité.

À ne pas manquer dans cette salle chaleureuse du Théâtre des Trois Raisins.

Critique de Jean-Pierre Martinez

Mise en scène et jeu : Isabelle Krauss
Pianiste-concertiste : Elodie Sablier

Lien vers le site du Théâtre des 3 Raisins

NO(w) Beauty à la Scala Provence

Spectacle vu à La Scala Provence le 21 octobre 2023

Au lendemain de leur concert à La Scala de Paris, La Scala Provence recevait hier soir NO(W) BEAUTY, un quartet de jazz franco-américain puisant son inspiration à des sources musicales très diverses. Pendant plus d’une heure, ces quatre jeunes musiciens d’exception ont charmé leur auditoire principalement avec les compositions originales de leur dernier album. 

Ces quatre virtuoses aux parcours impressionnants, qui se sont rencontrés dans les clubs de jazz parisiens, nous proposent avec NO(W) BEAUTY une formation soudée par une grande complicité, sans leader, et au sein de laquelle chacun compose tour à tour les morceaux qu’ils jouent ensuite ensemble. On se contentera de citer, parmi les diverses compositions au programme lors de ce concert mémorable à Avignon, un étonnant hommage à la musique baroque intitulé “Organa”, un morceau très original composé par le pianiste Enzo Carniel, et relevant d’une savante fusion entre la musique classique et le jazz. 

Une jeune formation à suivre, donc. Merci à La Scala de nous avoir permis de la découvrir.

Jean-Pierre Martinez
22 octobre 2023

Hermon Mehari, trompette
Stéphane Adsuar, batterie
Enzo Carniel, piano
Damien Varaillon, contrebasse

Lien vers le site de La Scala Provence

Récital Katia et Marielle Labèque à la Scala Provence

Récital du 19 octobre 2023 à la Scala Provence

Katia et Marielle Labèque ouvraient hier soir avec éclat la nouvelle saison de la Scala Provence. Telles des magiciennes de contes de fées, pendant plus d’une heure, elles ont emporté leur auditoire dans un univers musical aux accents fantastiques.

Le voyage commençait avec les Six Épigraphes antiques de Claude Debussy. Le toucher délicat des deux pianistes mettait parfaitement en valeur la richesse de l’écriture polyphonique, et l’alternance des modes et des tonalités nous entraînaient dans un Orient mythologique, fantasmé et fascinant.

Avec la suite à quatre mains Ma Mère l’Oye, Katia et Marielle Labèque semblaient renouer avec leur enfance, jouant avec jubilation et fantaisie les cinq contes mis en musique par Ravel.

Le moment très attendu de ce concert était la création La Belle et la bête, une adaptation pour deux pianos de l’opéra de Philip Glass, composé d’après le célèbre film de Jean Cocteau. L’ambitieux projet du compositeur américain consistait à remplacer la bande sonore originale du film, non seulement la musique mais aussi les voix des comédiens. L’adaptation pianistique de cet opéra conserve cette ambiance cinématographique, en utilisant une variété de tonalités et de timbres distincts pour chaque mouvement, tout en revisitant des thèmes musicaux récurrents. Le jeu subtil de Katia et Marielle Labèque, tout en nuances et en émotions, ont charmé l’auditoire.

Les deux rappels, deux œuvres également composées par Philip Glass, ont permis au public d’admirer la virtuosité et la créativité de ces deux artistes exceptionnelles. Nous avions eu le privilège de les entendre à leurs débuts il y a… quelques années, Salle Pleyel. Nous les retrouvons au sommet de leur art, pleines d’enthousiasme dans leur interprétation et presque timides au moment des saluts. Bravo à ces deux grandes dames du piano !

Critique de Ruth Martinez

Prêt-à-partir par la Compagnie Teatro Picaro

Spectacle vu au Théâtre du Chêne Noir le 18 octobre 2023

©-Jean-Jacques CHATARD, Photographe Ville de GERZAT

Prêt-à-Partir : un hommage drolatique au théâtre de tréteaux

Dans le cadre de la Semaine Italienne d’Avignon, le Théâtre du Chêne Noir nous proposait hier soir un spectacle de la Compagnie Teatro Picaro. C’est l’histoire d’une troupe itinérante en route pour se produire au château d’un Duc qui pourrait devenir son protecteur. Leur charrette étant tombée en panne au beau milieu d’une forêt en pleine nuit, ce sera l’occasion pour eux de retrouver l’inspiration et de répéter la nouvelle pièce qui doit relancer leur carrière.

Il s’agit, on l’aura compris, de théâtre dans le théâtre, mais aussi de mise en abyme, puisque le meneur de troupe de ce spectacle dans le spectacle n’est autre que le véritable coauteur et metteur en scène de la pièce. Et de fait, ce spectacle apparaît avant tout comme un hommage au théâtre et à ceux qui le font, à commencer par les obscurs saltimbanques qui en perpétuent la tradition en dépit des difficultés de la vie d’artiste.

Sur scène, le pauvre chariot de cette misérable troupe nous rappelle les débuts de Molière, mais aussi La Strada. Le spectacle mêle d’ailleurs les codes, de la commedia dell’arte au burlesque en passant par le picaresque, et multiplie les références. Molière bien sûr mais aussi Shakespeare avec l’histoire tragi-comique de ce roi qui tue son frère pour lui dérober sa couronne et lui voler sa femme. Voire même Cervantès qui dans le Retable des Merveilles nous conte aussi l’histoire d’une troupe itinérante gagnant sa pitance en faisant surgir l’illusion du néant.

Les quatre comédiens du Teatro Picaro excellent dans ce drôle de spectacle, bâti autour de ce chariot bancal que l’imagination des artistes, avec la complicité du public, parvient à transformer en un théâtre ambulant et en une cour royale. Transformer une citrouille en carrosse, et la pauvre réalité en une féérie, n’est-ce pas là l’essence même de l’art dramatique ?

C’est dans cette nuit juste au milieu des forêts que ce meneur de troupe trouvera finalement les ressources nécessaires pour continuer la route semée d’embûches qui s’ouvre devant les saltimbanques du monde entier, dont la devise commune pourrait être en effet : Prêt à partir…

Nous vous invitons à partir avec eux.

Critique de Jean-Pierre Martinez

Texte Fabio Gorgolini et Fabio Marra

Mise en scène Fabio Gorgolini

Avec Ciro Cesarano, Paolo Crocco, Fabio Gorgolini, Lætitia Poulalion

Décor Atelier Jipanco
Costumes Virginie Stuki

Maquillage Elena Di Fatta
Lumières Orazio Trotta

Musiques Fabio Gorgolini, Alex Gorbi et Marco Chiarabini

Production Cie Teatro Picaro

Lien vers le site du  Théâtre du Chêne Noir

Rusalka d'Antonín Dvořák à l'Opéra Grand Avignon

Spectacle vu à l’Opéra Grand Avignon le 13 octobre 2023

Crédit photo Studio Delestrade – Avignon

L’Opéra du Grand Avignon parvient une nouvelle fois à nous surprendre. L’œuvre choisie pour l’ouverture de la saison était le superbe opéra de Dvořák, Rusalka, rarement représenté sur les scènes françaises. S’inspirant du conte d’Andersen, le récit met en scène une jeune sirène qui souhaite échapper à la fois à son père et à la loi de la nature, et aspire à devenir humaine afin de vivre un amour interdit avec un prince. La surprise de la mise en scène est de taille puisque l’histoire est transposée dans une piscine olympique, les sœurs de Rusalka sont des sportives en natation synchronisée et l’Esprit du Lac a des faux airs d’un entraîneur de natation bien connu. Les metteurs en scène Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil réussissent la prouesse de reconstituer une piscine sur une scène d’opéra et mêlent avec brio des vidéos d’espaces naturels souvent oppressants à d’autres mettant en valeur l’architecture spectaculaire du Stade Nautique d’Avignon.

Le choix de cette adaptation n’est pas innocent. Le livret de Jaroslav Kvapil aborde de manière poignante le thème de l’oppression des femmes et singulièrement des jeunes filles. Le désir d’émancipation de Rusalka se heurte à l’oppression des normes sociales et au patriarcat. En devenant femme, elle devient muette : la force de ce symbole est considérable dans un opéra puis que le rôle titre se trouve pendant de nombreuses séquences réduit au silence. Les autres personnages féminins présents sur scène illustrent d’autres facettes des représentations stéréotypées des femmes : jeunes filles transformées en nymphettes, femme fatale, femme de ménage… La force du propos est notamment prégnante dans les très beaux tableaux du chœur des nymphes, mêlant les superbes voix de Mathilde Lemaire, Marie Kalinine et Marie Karall, à la grâce des danseuses du Ballet de l’Opéra Grand Avignon, tout en intégrant à cette vision les performances des nageuses artistiques d’Avignon.

Mais au-delà de cette mise en scène, la beauté de cet opéra réside dans la puissance évocatrice de la musique de Dvořák, servie magistralement par l’Orchestre National Avignon-Provence, sous la direction de Benjamin Pionnier, qui met en valeur toutes les couleurs de la large palette du compositeur tchèque. La chaleur envoûtante du timbre d’Ani Yorentz Sargsyanla dans le rôle titre, le charme de la voix de Misha Didyk dans le rôle du prince, la virtuosité d’Irina Stopinova et la résonance profonde de la voix Wojtek Smilek ont enchanté le public avignonnais.

Un superbe spectacle, plein d’humour malgré la gravité du thème, à ne pas manquer.

Critique de Ruth Martinez

Direction musicale Benjamin Pionnier
Mise en scène, costumes et scénographie Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil
Collaboration à la scénographie Christophe Pitoiset
Lumières Rick Martin
Vidéo Pascal Boudet et Timothée Buisson
Graphisme Julien Roques
Collaboration artistique Lodie Kardouss
Dramaturgie Luc Bourrousse
Études musicales Ruta Lenciauskaite

Le Prince Misha Didyk
La Princesse étrangère Irina Stopina
Rusalka Ani Yorentz Sargsyan
L’Esprit du lac Wojtek Smilek
Ježibaba Cornelia Oncioiu
Le garçon de cuisine Clémence Poussin
Première nymphe Mathilde Lemaire
Deuxième nymphe Marie Kalinine
Troisième nymphe Marie Karall
Le garde forestier / La voix d’un chasseur Fabrice Alibert

Choeur et Ballet de l’Opéra Grand Avignon
Orchestre national Avignon-Provence

 

Vendredi 13 octobre 2023 à 20h00

Dimanche 15 octobre 2023 à 14h30

 

Lien vers le site de l’Opéra Grand Avignon

BLACKSTAR : L’humaine quête éternelle d’un impossible rêve

Théâtre du Balcon  – 30 septembre 2023

Le Théâtre du Balcon ouvrait hier sa saison théâtrale avec un Objet (théâtral) Volant Non Identifié : Blackstar un spectacle multivectoriel et multisensoriel en forme d’enquête sur les traces de deux étoiles filantes, Saint-Exupéry et David Bowie, deux artistes aux parcours fulgurants qui chacun à leur manière, tel Icare, brûlèrent leurs ailes et leurs vies dans la quête de cette inaccessible étoile chantée aussi par Jacques Brel.

Le titre de ce spectacle, Blackstar, résume en lui même par un oxymore la dimension mythique de cette quête éternelle par l’Homme d’un idéal qui le dépasse. L’Étoile Noire n’a pas la clarté de l’Étoile du Berger. Elle n’est pas destinée à guider les troupeaux, mais à indiquer à chacun qu’un destin particulier lui est réservé dans l’obscurité des cieux.

En 1944, l’étoile filante Saint-Exupéry s’abîme au large de la Corse aux commandes d’un avion surnommé Blackstar. Il nous laisse le manuscrit du Petit Prince, un livre qui deviendra l’un des plus lus au monde après la Bible. En 2016, la star David Bowie s’éteint des suites d’un cancer en nous laissant Blackstar, l’un de ses albums les plus bouleversants dans lequel il évoque sa fin imminente et l’au-delà.

Leurs vies durant, ces deux artistes de génie auront flirté avec les limites en choisissant le parcours difficile qui se situe entre la Terre et le Ciel. Parmi d’autres hommes d’exception, chacun à leur manière, ils sont nos Blackstars. Non des modèles à suivre aveuglément, mais l’espoir qu’il existe quelque part si ce n’est un but, du moins un chemin qui mérite d’être parcouru, en marge des routes trop bien balisées.

Cet étonnant spectacle nous rappelle qu’au-delà du confort matériel et du bonheur individuel, l’art reste le seul moyen que l’Homme à trouver pour défier la mort. Un choix judicieux et prometteur, donc, pour une ouverture de saison.

Un coup de cœur de Libre Théâtre.

Jean-Pierre Martinez

Film (scénario, réalisation, montage) : Théophile Minuit

Performance live (piano, chant, narration) : Théophile Minuit

Peinture : Nathalie Lemaître

Musique : David Bowie

En images : Gary Dourdan, Silvia Dionicio, Misaki Kawachi, Angeline Bryant

 

Lien vers le site du Théâtre du Balcon
Lien vers le site de Théophile Minuit
Lien vers le site de Nathalie Lemaître

Océano Dúo en concert au Rouge Gorge

23 septembre 2023

Le Rouge Gorge lançait ce samedi 23 septembre sa première saison musicale avec le concert exceptionnel d’un duo venu d’Argentine : Océano Dúo. Une parenthèse enchantée pendant laquelle Silvana Turco (à la flûte traversière et à la quena) et Sebastián Pérez (à la guitare et au chant) ont convié leur auditoire à un voyage aux confins de l’Argentine et du Brésil, en alternant musiques traditionnelles et compositions personnelles. Sans oublier cette touche d’improvisation qui rend unique chacun de leur spectacle. En tournée dans toute l’Europe, ce couple (à la scène comme à la ville) très attachant donnait à Avignon son dernier concert avant de regagner Buenos Aires.

Un grand merci à Harold David et Mickaël Perras, co-gérants du Rouge Gorge, de redonner vie à ce bâtiment industriel extraordinaire (l’ancienne imprimerie Aubanel), littéralement adossé au Rocher des Doms. Ils offrent ainsi à la ville, par des rendez-vous réguliers, une programmation musicale d’exception, donnant la part belle aux musiques du monde. Le tout dans une ambiance cabaret à la fois intimiste et conviviale, avec bar à cocktails et tapas.

Il appartient maintenant à tous les Avignonnais d’encourager cette belle initiative en faisant du Rouge Gorge un lieu incontournable de la scène musicale de la Cité des Papes.

Critique de Jean-Pierre Martinez

Liens vers les pages du groupe : FacebookInstagram

Lien vers le site du Rouge Gorge 

Reconversion par la Compagnie des Barriques

Théâtre des Barriques, 8 rue Ledru-Rollin – 84000 Avignon
du 7 au 29 juillet à 12h35 – Relâches : 11, 18, 25 juillet

L’usine Plastac va fermer. Cette délocalisation, motivée par de cyniques raisons de rentabilité, poussera vers le chômage des centaines d’employés. Face à cette injustice, trois amis, une ouvrière, un artisan et un prof, basculent sur un coup de tête dans la radicalité politique, en enlevant le journaliste qui, à la télé, défend systématiquement le point de vue de la direction.

Avec cette sympathique comédie à la Ken Loach, la Compagnie des Barriques parvient à éviter toutes les caricatures qu’un tel sujet auraient pu susciter. Ici, pas de misérabilisme, de discours militant ou de leçon de morale. On vit surtout cette aventure rocambolesque au plus près de ces trois pieds-nickelés du terrorisme politique, et même de leur otage qui finira par se rallier à leur cause tout en condamnant les moyens utilisés.

Le message humaniste, cependant, est clair. Nous vivons dans une société profondément inégalitaire, dans laquelle la richesse des uns résulte directement de la misère des autres. Point n’est besoin d’être marxiste pour le constater. Tout le monde le sait, mais les plus privilégiés d’entre nous excusent leur passivité en rendant responsable de cette situation un système qui s’imposerait à tous, pour le meilleur et hélas souvent pour le pire.

Cette pièce habilement écrite est défendue par trois comédiens au jeu très réaliste, presque cinématographique. Cependant la mise en scène, brillante, apporte une dimension visuelle et sonore qui font de cette proposition un véritable spectacle théâtral. Derrière le drame, par ailleurs, l’humour n’est jamais loin.

Cette comédie ne changera pas le monde cruel qui nous entoure, mais elle contribuera peut-être à changer un peu le regard que nous portons sur lui, et à considérer avec un peu plus d’empathie ceux qui souffrent vraiment des injustices sociales.

Un spectacle à ne pas manquer.

Critique de Jean-Pierre Martinez

Auteurs : Régis Vlachos, Matthieu Hornuss
Mise en scène : Matthieu Hornuss
Interprètes : Lucie Jousse, Jean-Matthieu Hulin, Mathieu Metral, Boris Ravaine
Scénographie : Capucine Grou-Radenez
Lumière : Idalio Guerreiro
Costumes : Violaine Decazenove
Musique : Christophe Charrier

 

Lien vers le site web du Festival pour réserver

Barbaro par la Dusan Hegli Company

Espace Roseau Teinturiers – 45, rue des Teinturiers – 84000  Avignon
du 7 au 29 juillet à 22h25 – Relâches : 11, 18, 25 juillet

Les populismes identitaires font généralement peu de cas de la culture. Sauf à convoquer un folklore ancien pour exalter les traditions nationales. La création contemporaine et multiculturelle, pour sa part, est délaissée, quand elle n’est pas tout simplement censurée par ces partis politiques d’extrême-droite, souvent élus démocratiquement, mais rétrogrades et réactionnaires. Ce mouvement de repli sur soi est hélas à l’œuvre un peu partout dans le monde, y compris en Europe, et jusque dans notre propre pays.

S’emparant à bras le corps de cette problématique très actuelle, la compagnie Dusan Hégli nous propose un spectacle qui, en convoquant à la fois le théâtre, la musique et la danse, prend à revers cette politique culturelle délétère qui voudrait faire de la légitime célébration des traditions une négation de toute invention et de toute évolution.

Au départ, il y a le texte puissant de Samuel Beckett, Catastrophe. Écrite en 1982 et créée au Festival d’Avignon la même année, cette pièce est un hommage au dramaturge tchèque Václav Havel, alors emprisonné. Lajos Parti Nagy s’inspire de ce texte pour en densifier le propos. Sous la seule forme d’une voix off, il présentifie sur le plateau et dans la salle un metteur en scène à la fois démiurge et tyran, d’autant plus terrifiant qu’on ne voit de lui que ses mains, en vidéo. Cette sorte de Big Brother s’adresse directement aux neuf danseurs, héritiers de la tradition folklorique d’Europe centrale, pour les diriger, mais surtout pour les dominer et leur imposer sa vision totalitaire.

La force de cette proposition est précisément de célébrer ces danses traditionnelles, exécutées à la perfection par des danseurs d’exception, pour dénoncer la célébration du passé lorsqu’elle se veut une négation de l’avenir. La partition musicale de ce spectacle est jouée en direct par un quatuor remarquable, qui fascine par son habileté à mêler mélodies folkloriques, œuvres de Béla Bartok et créations originales. En arrière plan, un mur de vidéos évoque toutes les formes du totalitarisme, de manière symbolique ou réaliste.

Un spectacle à la fois magnifique dans sa forme et essentiel dans son propos.

Un coup de cœur de Libre Théâtre

Critique Ruth Martinez

Mise en scène : Dusan Hégli

Interprètes : Ákos Botló, Erik Brusznyai, Gergely Fekete, Barbara Gyenes, András Lantos, Tamara Makó, Veronika Sebo, Ágnes Varsányi, Anna Vermes

Musiciens : Máté Hegedus, Miklós Király, Gergely Dávid Hegedus, Tamás Király

Voix : Jean-Marc Barr

Texte : Lajos Parti Nagy

Traduction : Natalia Zaremba, Charles Zaremba

Compositeurs : Béla Bartók, Gergely Dávid Hegedus, Máté Hegedus

Costumes : Edit Szucs

Assistante artistique : Zsófi Varsányi

Chorégraphie : Dusan Hégli

Ifjú Szivek Dance Theatre

 

Lien vers le site du Festival OFF 2023 pour réserver

La poésie de l'échec par la Compagnie Marjolaine Minot

Le 11, 11 boulevard Raspail- 84000 Avignon
du 7 au 26 juillet à 15h00 – Relâches : 13, 20 juillet

Disons-le tout net, « La poésie de l’échec » est une réussite absolue. Sur le thème éternel de la famille comme source de toutes nos névroses, la Compagnie Marjolaine Minot nous propose un spectacle burlesque d’une extrême modernité et d’une efficacité totale. 

C’est l’histoire d’une famille ordinaire, avec ses secrets et surtout ses non-dits. L’originalité de cette comédie est de donner vie au sous-texte de ces conversations familiales, volontairement banales jusqu’à l’absurde, en donnant à voir le ressenti des personnages, mimant de tout leur corps ce que la bienséance leur interdit de verbaliser. 

Les trois comédiens sur scène excellent dans cet exercice expressionniste requérant une très grande maîtrise. Ils sont accompagnés en live par un « beat-boxeur » rythmant ce mimodrame familial tout en ajoutant au comique des situations par ses bruitages incongrus. L’humour passe d’abord par le visuel, mais le texte est également ciselé. Sans oublier quelques répliques savoureuses qui mériteraient de devenir cultes…

Un spectacle comme on les aime, d’une grande virtuosité mais sans démonstration excessive, qui sans se prendre au sérieux nous parle de nos échecs pour les conjurer.

Un coup de cœur de Libre Théâtre.

Critique de Jean-Pierre Martinez

Mise en scène : Marjolaine Minot & Günther Baldauf
Comédiens : Christa Barrett, Florian Albin, Marjolaine Minot
Beat box/musique : Julien Paplomatas
Lumières : Jay Schütz
Chansons : Mirabelle Gremaud
Costumes : Alice Gauthier

Lien vers le site web du Festival OFF 2023

Retour en haut