Antonin Artaud dans le Domaine public
Antonin Artaud n’est pas seulement un homme de théâtre. Il est « l’homme-théâtre » pour Jean-Louis Barrault. Sa carrière théâtrale est principalement marquée par deux expériences. En 1926, Antonin Artaud fonde le Théâtre Alfred Jarry avec Roger Vitrac et Robert Aron. Quatre spectacles y seront présentés, dont Le Ventre Brûlé ou la mère folle écrit et mis en scène par Antonin Artaud en 1927. En 1935, Artaud s’inspire de Stendhal et de Shelley pour écrire Les Cenci, une terrible histoire de viols, d’incestes et de meurtres. Dans des décors créés par Balthus, qui réalise aussi les costumes, Artaud interprète le rôle du père incestueux et s’entoure de comédiens de talent (Roger Blin, Jean-Louis Barrault…). La mise en scène joue sur les correspondances entre décor, son, musique, pantomime, gestes et cris.
Antonin Artaud a surtout profondément influencé le théâtre de la deuxième partie du XXe siècle par ses écrits théoriques, publiés en 1938 sous le titre le Théâtre et son double, recueil d’articles et de conférences sur le théâtre, écrits après l’Exposition coloniale de 1931 et sa découverte du théâtre oriental, notamment balinais. Antonin Artaud redonne au théâtre une fonction religieuse et des vertus magiques : il doit être le lieu de l’identification et du sacrifice, le Théâtre de la Cruauté. « Il ne s’agit pas de cette cruauté que nous pouvons exercer les uns contre les autres (…) mais (…) celle beaucoup plus terrible et nécessaire que les choses peuvent exercer contre nous. Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête. Et le théâtre est fait pour nous apprendre d’abord cela. »
Pour aller plus loin :
- Le site pédagogique de la Bibliothèque nationale de France consacre une fiche passionnante à « Artaud, l’homme-théâtre ». Lien vers la fiche
- Le Théâtre d’Artaud, témoignages, octobre 1965 sur le site de l’INA
- La conférence d’Artaud au Vieux Colombier, 13 janvier 1947, sur le site de l’INA. Le 13 janvier 1947, Antonin Artaud fait sa dernière apparition publique sur la scène du Vieux Colombier, pour y donner une conférence devant une salle comble. Témoignage de Roger Blin.