Les Corbeaux de Henry Becque

Drame en quatre actes et en prose, représenté pour la première fois à la Comédie-Française le 14 septembre 1882.
Distribution : 12 hommes, 6 femmes
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L’argument

http://www.nga.gov/content/ngaweb/Collection/art-object-page.93967.html
Les Honnêtes femmes; Conférence, Poésies inédites d’Henry Becque; La Parisienne, 1904, Gift of The Atlas Foundation 1995.76.8. Source : NGA Image

Vigneron, un industriel prospère, coule des jours heureux, entouré de sa femme, de leurs trois filles, Blanche, Marie et Judith et de son fils. Hélas, Vigneron meurt brusquement. Teissier, l’ancien associé, Bourdon le notaire et Lefort l’architecte s’entendent pour spolier et ruiner la famille. Le fils s’engage dans l’armée et les quatre femmes se retrouvent totalement démunies. Aucune aide ne viendra, ni du fiancé de Blanche, qui rompt toute relation sous la pression de sa mère, ni du jeune professeur de musique de Judith. La seule issue sera le sacrifice de Marie, qui accepte d’épouser le vieil associé Teissier :  le vieux corbeau protégera désormais la famille des rapaces qui continuent à roder.

Naissance et tribulations des « Corbeaux »

« J’avais été frappé bien des fois lorsqu’une famille a perdu son chef, de tous les dangers qu’elle court et de la ruine où elle tombe bien souvent. C’était une thèse si l’on veut. C’était plutôt une observation générale très simple et très nette, et qui pouvait encadrer une pièce et ne pas nuire à la vérité des caractères.
En réalité, j’ai l’horreur des pièces à thèses, qui sont presque toujours de très mauvaises thèses. Je ne suis pas un penseur, il faut bien que j’en convienne. (…)
Enfin, on me permettra bien de le dire, il y a chez moi un révolutionnaire sentimental. Je me figure par moments que les difficultés de ma vie sont venues de là. Je n’ai jamais eu beaucoup de goût pour les assassins, les hystériques, les alcooliques, pour les martyrs de l’hérédité et les victimes de l’évolutions. Je le répète, je ne suis pas un penseur et les scélérats scientifiques ont bien de la peine à m’intéresser. Mais j’aime les innocents, les dépourvus, les accablés, ceux qui se débattent contre la force et toutes les tyrannies. (…)
Les Corbeaux, comme je m’y attendais bien, me demandèrent une année de travail. Cet instant de ma vie est le plus heureux dont je me souvienne. (…)
J’ai promené Les Corbeaux pendant cinq ans. Ils ont fait les deux grands tournées, celles des directeurs et celle des auteurs. Les Corbeaux ont été refusés au Vaudeville par Deslandes, au Gymnase par Montigny, à l’Odéon par Duquesnel, à la Porte-Saint-Martin par Rett et Larochelle. Ballande de la Gaité, Clèdes du théâtre Cluny, un troisième Laforest, qui avait ouvert à l’Ambigu le Théâtre des Jeunes n’ont pas désiré la connaître. Montigny après la Navette, les a refusés une seconde fois. Koning, lorsqu’il a remplacé Montigny, les a refusés, et La Rounat, lorsqu’il a remplacé Duquesnel les a refusés.
J’ai porté Les Corbeaux à Cadol, et ils ne l’ont pas intéressé.
Dumas devait les refaire en huit jours et les a gardés un an sans y toucher. Sardou, toujours intelligent et serviable, m’a conseillé de les laisser tels quels et n’a pas réussi à les placer. Gondinet m’en a dit autant et n’a pas été plus heureux que Sardou.
Ma pièce était condamnée. les belles ardeurs de Michel Pauper étaient loin ; je n’étais plus ni assez jeune, ni assez confiant pour louer un théâtre une seconde fois. Je ne pouvais plus, si je voulais tirer parti de mon travail, que le publier. La maison Tesse imprima Les Corbeaux. Au dernier moment, à l’extrême minute, lorsqu’on attendait le bon à tirer et que j’avais déjà la plume à la main, je m’arrêtait, je regardai autour de moi, je cherchai une inspiration, une chance, un hasard. Je pensai à Edouard Thierry, j’étais sauvé… »

Henry Becque, Souvenirs d’un auteur dramatique, 1895 sur Gallica

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105019625/f46.item
Coupure de presse.  Représentation du 21 avril 1937 à la Comédie-Française. Source : BnF/Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105019625/f54.item
Coupure de presse. Représentation du 21 avril 1937. Source : BnF/Gallica


Les Corbeaux sur le site de l’INA

Autour de la mise en scène de la pièce en 1982 par Jean-Pierre Vincent à La Comédie-Française :
Grand entretien avec Jean-Pierre Vincent, par Dominique Darzacq. Lien sur le site de l’INA
Extraits de la pièce « Les corbeaux » avec une interview de Jean Pierre Vincent, le metteur en scène et le peintre Jean Paul Chambas qui a signé les décors. Lien sur le site de l’INA
Pierre Dux rappelle son petit rôle de vieux domestique dans « Les corbeaux » à ses débuts. A cette époque une Célimène de 55 ans ne choquait pas. Sous l’influence du cinéma, les acteurs ont aujourd’hui des emplois conformes à leur âge, mais à la dernière reprise des « Corbeaux », il a constaté que la façon de jouer n’a pas changé. Lien sur le site de l’INA
Denise Gence résume l’intrigue des « Corbeaux » de nouveau à l’affiche de la Comédie Française. Le metteur en scène Jean-Pierre Vincent évoque la personnalité et l’oeuvre de l’auteur : Henry Becque. Différents extraits illustrent leurs propos. Lien sur le site de l’INA
Extrait de la pièce « Les Corbeaux » d’Henry BECQUE, mise en scène par Jean-Pierre Vincent à la Comédie Française, avec Denise Gence, Claude Winter, Michel Aumont. Lien sur le site de l’INA

Pour aller plus loin

Eric Allen Dawson, Henry Becque, sa vie et son théâtre, 1923 sur archive.org.
« Les Corbeaux d’Henry Becque et Les Affaires sont les affaires d’Octave Mirbeau » par Philippe BARON Université de Franche-Comté. Article sur le site mirbeau.asso.fr

Mise en scène d’Anne Bisang,  dossier de presse et dossier pédagogique sur le site de la Comédie de Genève

Les deux critiques d’Arthur Heulhard parues les 21 et 28 septembre 1882 dans le Courrier de l’art  à consulter sur l’excellent site consacré à cet auteur http://www.arthurheulhard.altervista.org/  (Heulhard et la critique dramatique – Courrier de l’Art, pages 92 à 96). Extrait : « M. Becque lui est apparu comme un bourreau qui marque au fer rouge l’épaule droite des gens d’affaires que le fracas des ruines parisiennes attire, comme l’odeur des cadavres attire les corbeaux. On a trouvé l’exécution un peu cruelle et la poigne de M. Becque plus rude encore que les griffes des bas oiseaux de proie qu’il décrit. J’avoue que toutes mes sympathies sont pour l’homme qui a en lui le pouvoir et la volonté de risquer de pareilles peintures de moeurs, et j’estime qu’il y a hypocrisie et lâcheté littéraire à ne pas le défendre. »

Lien vers la Biographie de Henry Becque sur Libre Théâtre
Lien vers le Théâtre de Henry Becque sur Libre Théâtre


Publication aux Editions La Comédiathèque

« Les Corbeaux » débute comme un vaudeville : nous sommes dans le salon d’un riche industriel entouré de ses enfants, alors que l’on prépare les fiançailles d’une de ses filles. La comédie tourne rapidement au drame réaliste lorsque le père de famille meurt brusquement. Associé, notaire et fournisseurs vont s’entendre pour ruiner cette famille candide et sans défense.

Henry Becque met en œuvre une mécanique impitoyable : au mariage d’amour évoqué joyeusement dans les premières scènes répond la proposition cynique et cruelle du dernier acte, particulièrement noir.

Distribution : 12 hommes, 6 femmes (plusieurs rôles muets peuvent être regroupés)

ISBN 978-237705-078-9
Février 2017
100 pages ; 18 x 12 cm ; broché.
Prix TTC : 13,00 €

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