Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée d’Alfred de Musset

Comédie en un acte, publiée en 1845 dans la Revue des deux mondes et représentée pour la première fois en 1848.
Distribution : 1 homme, 1 femme
Télécharger gratuitement le texte intégral de la pièce sur Libre Théâtre

L’argument

Le Comte se rend chez la Marquise, un après-midi d’hiver. C’est son jour de réception mais il est l’unique visiteur : dehors il fait froid et il pleut. Débute un badinage galant : le comte révèle son amour mais la Marquise se moque de ses façons de faire la cour.  Le comte multiplie les faux-départs. La sincérité triomphe enfin et la pièce s’achève sur les fiançailles des deux amoureux – la porte peut se fermer.

Un extrait

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411493s
Théâtre de Alfred de Musset. Tome IV. Dessins de Charles Delort gravés par Boilvin ; [ornements par Giacomelli] . Source : BnF/Gallica

La marquise.
Il est vrai que c’est aujourd’hui mon jour, et je ne sais trop pourquoi j’en ai un. C’est une mode qui a pourtant sa raison. Nos mères laissaient leur porte ouverte ; la bonne compagnie n’était pas nombreuse, et se bornait, pour chaque cercle, à une fournée d’ennuyeux qu’on avalait à la rigueur. Maintenant, dès qu’on reçoit, on reçoit tout Paris ; et tout Paris, au temps où nous sommes, c’est bien réellement Paris tout entier, ville et faubourgs. Quand on est chez soi, on est dans la rue. Il fallait bien trouver un remède ; de là vient que chacun a son jour. C’est le seul moyen de se voir le moins possible, et quand on dit : Je suis chez moi le mardi, il est clair que c’est comme si on disait : Le reste du temps, laissez-moi tranquille.
Le comte.
Je n’en ai que plus de tort de venir aujourd’hui, puisque vous me permettez de vous voir dans la semaine.
La marquise.
Prenez votre parti et mettez-vous là. Si vous êtes de bonne humeur, vous parlerez ; sinon, chauffez-vous. Je ne compte pas sur grand monde aujourd’hui, vous regarderez défiler ma petite lanterne magique. Mais qu’avez-vous donc ? vous me semblez…

Ressouces

Sur Gallica

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b85398102/f2
Mise en scène de Pierre Bertin. 1955. Photographie de Etienne Bertrand Weil. Source : BnF/Gallica

Mise en scène de Pierre Bertin en 1955.
Avec Jean Desailly et Simone Valère
Production de la Compagnie Renaud-Barrault, jouée au Théâtre Marigny.


Sur le site de l’INA

Extrait de l’adaptation pour la télévision d’Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée d’Alfred de Musset par Benoît Jacquot en 1993. Le dénouement – la demande en mariage. Lien vers le site de l’INA

Extrait de la notice de l’INA : « Mise en scène par Louis-Dominique de Lencquesaing, qui s’est le plus souvent illustré au cinéma, dans des rôles d’acteur, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée a été filmée avec sobriété par Benoît Jacquot au Théâtre de l’Odéon en décembre 1993. Deux comédiens formés à l’école de Patrice Chéreau et Pierre Romans, Marianne Denicourt et Thibault de Montalembert, se prêtent avec grâce et subtilité à cette joute amoureuse. Toute en fluidité, la réalisation de Benoît Jacquot sert admirablement le jeu des acteurs, leur volant des moments de tendresse, d’émotion et de séduction. De fait, la mise en scène de Lencquesaing, contemporaine et dépouillée, met en valeur le langage des corps, au moment de l’aveu final du Comte.

Louis-Dominique de Lencquesaing a opté pour un décor original : la petite pièce à l’étage du théâtre de l’Odéon, à l’écart de la scène prestigieuse, suggère à la fois la théâtralité du jeu mondain et l’intimité des deux amants. Inconfortable et vide, elle peut rappeler que le froid a dissuadé les autres visiteurs de se rendre au jour de réception de la Marquise. Le choix de vêtements actuels, sobres mais bien coupés, nous rappelle que si la langue de Musset est datée, le drame de la passion n’a pas d’âge. » Johanna Pernot


Mise en scène de Laurent Delvert à la Comédie-Française (Mars-mai 2017)

Note d’intention de la scénographe Philippine Ordinaire

« Laurent Delvert porte cette pièce en lui depuis très longtemps. Mon rôle consiste à traduire en terme d’espace et de réalité l’histoire telle qu’il désirait la raconter. Laurent souhaitait qu’y soit perceptible la porosité entre extérieur et intérieur, ainsi qu’une certaine rugosité, une âpreté dans l’intérieur de la Marquise. À sa vision très angulaire, très brute, se sont ajoutés des symboles plus féminins pour créer un espace fait d’antagonismes complémentaires : intérieur / extérieur, homme / femme, angles / courbes.

Une dalle de béton, un voilage, une cheminée et, bien sûr, une porte. Nous sommes dans son atelier. La Marquise est affairée à son modelage au centre d’un puits de lumière. C’est un espace transitoire, à la fois intime et public, un lieu de passage ouvert aux gens de l’extérieur. Plus symboliquement, c’est le lieu où se joue la transition dans la vie des deux personnages, car c’est là qu’ils s’apprêtent à franchir une nouvelle étape de leur existence. Nous avons voulu dépouiller au maximum le décor, et aller à l’essentiel de ce que nécessitait le texte, créant ainsi un espace évoquant un ring où vont s’affronter et se rejoindre les personnages.

Cette œuvre nous projette dans ce moment amoureux du temps suspendu, juste avant que les choses ne se réalisent, avant de se révéler, de se montrer vulnérable. Musset raconte ce moment-là dans toute sa beauté et sa complexité. Il me semble que nous sommes projetés dans un conte de fées inversé : on ignore ce qu’il se passera après, on est très loin du célèbre raccourci « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants », et les obstacles ne sont pas extérieurs mais intérieurs. »

extrait du Dossier de presse de la Comédie-Française, Mise en scène de Laurent Delvert, mars 2017.


Lien vers le Théâtre de Musset sur Libre Théâtre 

Lien vers la Biographie d’Alfred de Musset sur Libre Théâtre

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