Une "Luisa Miller" intemporelle et universelle à l'Opéra Grand Avignon

Spectacle vu le 19 mai 2024 à l’Opéra Grand Avignon

Crédit photo : Studio Delestrade - Avignon

Rarement représentée en France, Luisa Miller, composée par Giuseppe Verdi en 1849, raconte l’amour impossible entre Luisa, fille d’un vieux soldat, et Rodolfo, fils du comte Walter. Cet opéra s’inspire de la pièce « Kabale und Liebe » de Schiller et aborde les grandes thématiques du « Strum und Drang », qui inspireront à Verdi ses œuvres majeures.

En choisissant un décor très graphique et des costumes de différentes époques, Frédéric Roëls réussit à donner une dimension intemporelle à cet éternel conflit entre les désirs individuels et les contraintes imposées par une société tyrannique et patriarcale. Les deux amants, confrontés aux machinations des puissants, marchent inexorablement vers leur destinée tragique. Cet engrenage fatal est symbolisé non seulement par l’immense horloge brisée au centre du plateau, mais aussi par de superbes jeux de lumière, combinaison savante de clairs-obscurs participant à créer une ambiance crépusculaire.

Dès l’ouverture, l’Orchestre National Avignon-Provence, sous la direction de Franck Chastrusse Colombier, plongeait l’auditoire dans l’atmosphère dramatique de la terrible confrontation entre l’innocence et la brutalité, en révélant toutes les nuances mélodiques de la riche partition de Verdi.

Axelle Fanyo, qui incarnait pour la première fois le rôle-titre, a su émouvoir le public en livrant une prestation vocale exceptionnelle, exprimant avec intensité les sentiments extrêmes de son personnage. Sehoon Moon, à la voix puissante et nuancée, composait un Rodolfo touchant et pudique. Il s’est révélé bouleversant à chaque intervention, qu’il chante l’amour désespéré, la jalousie ou le désespoir. Autre héros de l’histoire et autre jouet de ces manipulations, le soldat Miller était remarquablement interprété par le ténor Gangsoon Kim, tout en sobriété et délicatesse. Le reste de la distribution proposait une prestation de grande qualité. Totalement intégré à l’histoire, le Chœur de l’Opéra Grand Avignon s’est à nouveau montré impressionnant par sa musicalité, son homogénéité et la qualité de la prestation scénique.

Cette nouvelle production de l’Opéra Grand Avignon a reçu ce dimanche une ovation bien méritée.

Critique de Ruth Martinez

Opéra en trois actes de Giuseppe Verdi, livret de Salvatore Cammarano.
Créé le 8 décembre 1849 au Théâtre San Carlo de Naples.

Direction musicale : Franck Chastrusse Colombier
Mise en scène : Frédéric Roels
Scénographie et costumes : Lionel Lesire
Lumières : Laurent Castaingt
Assistante à la mise en scène : Nathalie Gendrot
Études musicales : David Zobel

 

Luisa : Axelle Fanyo
Miller : Gangsoon Kim
Rodolfo : Sehoon Moon
Wurm : Mischa Schelomianski
Il Conte Walter : Wojtek Smilek
La Duchessa Federica : Sarah Laulan
Laura : Cécile Lastchenko

Chœur de l’Opéra Grand Avignon

Orchestre national Avignon-Provence

Nouvelle productionde l’Opéra Grand Avignon, en coproduction avec le Teatro sociale di Como AsLiCo, l’Opéra de Tours, le Teatr Wielki-Opéra de Poznan et le Slaska Opera Bytom

Lien vers le site web de l’Opéra Grand Avignon

Retour en haut