Godefroy de Georges Courteline
Saynète de 1897, qui se déroule dans un tramway. La trame est identique à la saynète intitulée Sigismond qui se déroule, elle, dans un salon.
Un fils accompagne sa mère à une visite et porte les pétunias qu’ils vont offrir. Il souffre du comportement de sa mère qui le ridiculise dans le tramway.
Distribution : 2 hommes et 2 femmes (et figurants)
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Cette scène a marqué Jean Dutour, qui dans l’ouverture de la séance publique annuelle de l’Académie Française, le 30 novembre 1989 commence ainsi son discours sur l’imparfait du subjonctif :
« Longtemps j’ai eu, à l’égard de l’imparfait du subjonctif, des sentiments filiaux, c’est-à-dire que je lui étais très attaché, mais que je n’avais pas envie d’être vu en sa compagnie. J’étais semblable au jeune Godefroy de Courteline, assis dans l’omnibus, serrant contre lui un pétunia, et que Mme Poisvert, sa maman, apostrophe sans arrêt de l’autre bout de la voiture sous le regard attendri de l’opinion publique. La bonne dame, qui n’a pas de respect humain, finit par lui demander s’il a pensé à changer de chaussettes. « J’aime bien maman, songe Godefroy avec désespoir, mais crénom qu’elle est agaçante ! »
Il est dur pour un jeune écrivain français de traîner avec soi, dans tous les omnibus où la vie nous oblige à monter, ce fichu imparfait du subjonctif qui attire l’attention amusée ou moqueuse des voyageurs. L’imparfait du subjonctif est d’un autre âge. Il n’a pas le costume de notre temps. Il a une façon d’être lui-même, sans discrétion, avec un naturel que l’on pouvait trouver charmant jadis, mais qui paraît aujourd’hui le comble de la pose. Se faire remarquer est la torture des enfants bien élevés, et encore plus des enfants mal élevés. Car c’est être mal élevé, et même manquer d’âme, que d’avoir honte de quelqu’un que l’on aime devant des gens qui vous sont indifférents. »
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