Plus de 20 personnages
Le Costaud des Epinettes de Tristan Bernard et Alfred Athis
Comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois sur la scène du Théâtre du Vaudeville, le 14 avril 1910. Retraitement par Libre Théâtre à partir de l’édition de L’Illustration théâtrale, 1910. (Source : BnF/Gallica)
Distribution : 23 hommes, 11 femmes (nombreux rôles pouvant être joués par un seul comédien)
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument
Claude Brévin, un garçon sensible et de bonne famille est obligé de vivre d’expédients et fréquente le bar louche du père Tabac. Celui-ci le fait passer pour le « Costaud des Epinettes » et lui propose une affaire : il s’agit de récupérer un paquet de lettres compromettantes chez une comédienne, Irma Lurette, et de l’éliminer. Claude, désespéré, accepte. Il se rend à une fête, où on célèbre la centième de la pièce dans laquelle Irma a un petit rôle. Claude la séduit et la reconduit chez elle. Mais une fois dans son appartement, rien ne se passe comme prévu.
Le Costaud des Epinettes est une comédie truculente, riche en expressions argotiques et imagées, mais qui, à certains moments, flirte avec le mélodrame.
Récit de la création par les deux auteurs

(Extraits de la préface parue dans l’Illustration théâtrale)
Comment M. Alfred Athis a collaboré de nouveau avec M. Tristan Bernard, nous le savons par une lettre que les deux auteurs ont adressée au Figaro : « C’était un de ces derniers étés, sur le bord de la mer. Un jour, à la nuit tombante, l’un de nous dit à l’autre de nous : « J’ai un bon sujet de pièce en deux actes ; mais ce n’est pas tout à fait une pièce comique, et j’aurais besoin d’un auteur tragique pour la terminer. » À quoi l’autre de nous répondit : « Moi aussi j’ai un sujet de pièce en deux actes, qui n’est pas tout à fait un sujet gai. » Nous nous racontâmes nos sujets, et nous trouvâmes qu’en les fondant on arriverait à faire une pièce en trois actes qui serait ou tâcherait d’être tantôt gaie, tantôt grave, tantôt angoissante, tantôt souriante. Mais ce qui nous manquait toujours à l’un et à l’autre, c’était le collaborateur tragique, jusqu’au jour où nous nous dîmes que rien ne ressemblait autant au théâtre sombre que le théâtre joyeux, et qu’en associant leurs fantaisies, deux auteurs gais pouvaient donner quelquefois, pas très longtemps, le plus furtivement possible, l’impression qu’ils sont un auteur grave. Ayant fait cette constatation, nous écrivîmes le Costaud des Epinettes. »
Le Vaudeville le reçut, le mit en scène, le joua et ce fut un amusant et vif succès de plus.
Les critiques lors de la création
Extraits de la préface parue dans l’Illustration théâtrale
M. J. Ernest-Charles constate, dans l’Opinion, que le costaud qui évolue au cours de ces trois actes est cousin germain de ces « héros misérables et de ces bandits à la manque » que M. Tristan Bernard nous a présentés dans son livre de nouvelles intitulé : Amants et Voleurs. « Est-ce parce qu’il avait fréquenté ces criminels de fantaisie que Tristan Bernard eut le dessein d’écrire le Costaud des Epinettes ? L’idée, au contraire, vint-elle de M. Alfred Athis, l’original auteur de Boute-en-Train ? Il est puéril, il est dangereux, parfois, de vouloir pénétrer le mystère des collaborations. Et la tentative est bien superflue lorsque les collaborateurs s’accordent on ne peut mieux et font, à eux deux, une œuvre qu’un seul aurait pu faire… Tristan Bernard et Alfred Athis professent volontiers que personne n’est méchant et que l’homme est uniquement la proie du hasard. Leur œuvre est charmante du commencement jusqu’à la fin… Et beaucoup d’esprit s’y répand sur beaucoup de sagesse. »

M. Adolphe Brisson observe, dans le Temps, que le tourment des dramaturges est de se renouveler, de ne pas éternellement écrire la même pièce, comme il arrive à des peintres de brosser toujours le même tableau : « La monotonie dans la production est une force et une faiblesse ; elle assigne à l’auteur une spécialité fructueuse, mais elle l’y emprisonne ; il ne peut plus sortir de la petite tour qu’il s’est bâtie. Les gens d’humeur paisible, doués d’une médiocre curiosité d’esprit, s’accommodent d’une telle immobilité. D’autres ressentent l’impérieuse envie de s’évader de la tour, de vagabonder à travers champs, de se divertir, de s’ennoblir en se prouvant à eux-mêmes leur souplesse et d’étonner un peu, à chaque fois, le public. L’étonnement est le piment du plaisir. Je croirais volontiers que M. Tristan Bernard et son collaborateur M. Alfred Athis ont cédé à cet attrait et qu’il leur a paru piquant de composer un ouvrage d’une forme inusitée, paradoxale, extrêmement varié de ton et d’allure… N’est-il pas amusant de réunir dans le cadre d’une comédie légère les personnages les plus hétéroclites, des exemplaires de tous les milieux, de toutes les catégories sociales, de grouper l’homme de finance, l’homme de théâtre, le fils de famille, l’apache, l’escroc, le fêtard, la petite courtisane, de montrer qu’il existe entre ces figures de nombreux points de contact, et que, malgré l’apparence, elles ont un fond commun ? Ceci, c’est l’essence même de la philosophie anarchiste et savoureuse de M. Tristan Bernard… Les créatures humaines se valent, ou à peu près… Des combinaisons d’événements, hostiles ou favorables, les dominent, les gouvernent. Il en résulte du mal ou du bien, de la souffrance ou de la joie, du vice ou de la vertu… Et d’ailleurs aucun de ces faits n’a d’importance… »
M. Robert de Flers estime, dans la Liberté, que MM. Tristan Bernard et Alfred Athis viennent surtout de nous donner là une pièce audacieusement pittoresque et originale : « C’est en vain qu’on cherchera à rapprocher ces trois actes d’une œuvre antérieure ; ces petits jeux des mémoires malveillantes seront cette fois déçus. Ce costaud appartient en propre à MM. Tristan Bernard et Alfred Athis ; il leur doit tout et j’imagine qu’il s’acquittera intégralement de cette dette. Nous avons retrouvé dans ces trois actes les admirables dons d’observation sensible et de clair-voyante ironie de M. Tristan Bernard et les qualités si sûres, si personnelles de composition et d’autorité scéniques de M. Alfred Athis, qui a été pour l’auteur du Danseur inconnu un précieux collaborateur. Je suis assuré, en faisant cette dernière constatation, d’être particulièrement agréable à l’un des deux auteurs du Costaud des Epinettes, et, ce qui est tout à fait curieux, c’est que celui-là ce sera certainement M. Tristan Bernard. Cette comédie nous a charmés par la nouveauté de son sujet et par la variété des milieux à travers lesquels elle évolue. Elle se tient, avec une vigueur qui ne se dément pas un instant, à égale distance de la fantaisie et du réalisme, de sorte qu’elle est tout près d’être bouffonne et pas bien loin d’être poignante. Il en résulte une impression très curieuse, très savoureuse. Les faits peuvent être un peu arbitraires, mais les sentiments ne le sont pas, et il y a dans ces trois actes l’analyse subtile, forte et dramatique d’un caractère, celui d’un déclassé qui s’essaye au crime, et dont les hésitations, les craintes, les remords, nous sont habilement dépeints. Cela est tout à fait remarquable. Il est très curieux de voir comment MM. Tristan Bernard et Athis ont pu mettre en relief dans la personne du criminel non point le côté monstrueux, mais le côté humain. C’est d’ailleurs la voix de la conscience qui finit par être la plus forte ; il est vrai que cette fois, elle se confond avec la voix câline et tendre d’une petite femme. »
M. Francis Chevassu, dans le Figaro, trouve aussi cette pièce charmante et singulière : « Elle côtoie le mélodrame sans abandonner jamais le ton de la comédie ; on y parle de cambriolages, d’attaques nocturnes et de vols avec effraction de la manière la plus plaisante. Œuvre tout à fait déraisonnable et cependant délicieuse : sur sa trame fragile, les auteurs ont brodé de fines arabesques, et l’exactitude de leur observation est égale à l’audace de leur fantaisie. Oui, le Costaud des Epinettes est une pièce surprenante : MM. Tristan Bernard et Alfred Athis affichent le réalisme minutieux de philosophes qui se plaisent à la représentation pittoresque des bas-fonds sociaux et en même temps ils montrent, dans la façon de conduire les événements et de disposer des circonstances, la désinvolture, l’aisance cavalière, qui semblent être le privilège des écrivains de contes moraux. En effet, ce roman d’un jeune apache sensible est, à sa façon, une berquinade, une idylle de la basse pègre que traverse un oiseau bleu dont l’aile, encore humide d’avoir touché le ruisseau, garderait une petite tache de boue. »
Edition de la pièce par Libre Théâtre.
Le texte est complété par des notes qui explicitent les très nombreuses expressions argotiques.
L’édition contient également la préface de Gaston Sorbets parue dans l’Illustration théâtrale (1910). Il y raconte notamment la collaboration entre les deux auteurs et détaille les réactions de la presse lors de la création de la pièce.
Lien vers le théâtre de Tristan Bernard sur Libre Théâtre
Lien vers la biographie de Tristan Bernard sur Libre Théâtre
Le Danseur inconnu de Tristan Bernard
Comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois sur la scène du Théâtre de l’Athénée, le 29 décembre 1909, publiée dans l’Illustration théâtrale en 1910 (disponible sur Gallica).
Distribution : 14 hommes, 9 femmes (plusieurs rôles peuvent être interprétés par le même comédien)
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
Argument
Henri est un jeune homme très sympathique, de ressources modestes, dont la famille a fait faillite. Il participe à un mariage auquel il n’est pas invité. Il rencontre Berthe, une des amies de la mariée. C’est le coup de foudre.
Tristan Bernard définissait ainsi la pièce : « Le Danseur inconnu, pièce morale à morale tournante, est aussi une pièce comique et sentimentale. Je souhaite qu’on dise qu’elle est franchement comique et délicatement sentimentale. »
Les critiques lors de la création
Extraits de la préface de l’Illustration théâtrale disponible sur Gallica
Ainsi M. Léon Blum, après avoir observé, dans Comœdia, que le mot « délicieux » a beaucoup servi ces temps derniers, poursuit : « Voici l’occasion venue de procurer à ce mot un juste emploi ! La pièce de M. Tristan Bernard est délicieuse. Elle l’est cette fois, au sens exact et fort du terme, c’est-à-dire qu’on ne peut l’écouter sans un sentiment de plaisir continu, qu’elle contente et rafraîchit le goût, qu’elle délecte et épanouit chez le spectateur ce que j’appellerai sa sensualité spirituelle. M. Tristan Bernard n’a jamais donné, au théâtre, rien de supérieur ni peut-être d’égal à cette comédie, et elle est aussi le plus complet succès de théâtre que M. Tristan Bernard ait remporté jusqu’à ce jour. »
M. Henri de Régnier admire dans le Journal des Débats, que, sur un si mince canevas, M. Tristan Bernard ait écrit une si « délicieuse », si vivante et si légère comédie : «… Une sorte de chef-d’œuvre d’observation, de bonne humeur narquoise attendrie et bouffonne, de naturel et de gaieté, une comédie d’un comique abondant et fin, délicat et irrésistible, qui va du rire le plus franc à l’émotion la plus discrète et la plus tendre. Rarement, M. Tristan Bernard a été plus aisé et plus savoureux que dans ce Danseur inconnu. Rarement ses qualités de dialogue ont eu plus de vérité et de pittoresque que dans ces trois actes délicieux, conduits avec une verve et un entrain admirables, avec un étonnant mélange de réalisme et de fantaisie. »
M. Adolphe Brisson estime, dans le Temps, que M. Tristan Bernard se peint tout entier dans cette comédie : « Il y a mis sa grâce, son ironie nonchalante, son nihilisme indulgent, son sens particulier de la vie (qui consiste à ne pas la prendre au sérieux), son tranquille et, si j’ose accoupler ces mots, son bienveillant, mépris des hommes. Ces choses, on les trouve dans les œuvres antérieures de l’exquis écrivain. Pourtant, il me semble que celle-ci exhale une certaine fraîcheur d’âme qui n’existait point dans celles-là. Elle est par endroits ingénue, naïve. Et cette simplicité, au lieu de lui nuire, a accru son succès. Le public a eu l’impression que l’auteur, pour la première fois, ajoutait à son sarcasme habituel un peu d’émotion sentimentale. Or, le public adore la romance. Ce qui le touche le plus, c’est le mélange de la gaieté et du sentiment. Il l’a vivement goûté dans le Danseur inconnu. »
M. Robert de Flers déclare, dans la Liberté, qu’il ne pense point que M.Tristan Bernard nous ait jamais donné une preuve plus évidente, plus décisive de son talent ingénieux et profond que cette comédie si fantaisiste, si finement divertissante, si poétique : « Mais oui, poétique, et au point que le mouvement et la grâce du dialogue m’ont rappelé à plusieurs reprises l’enchantement délicat des comédies d’Alfred de Musset. Dites-moi si, au premier acte, la scène de Barthazard et d’Henri Calvel n’évoque point celle d’Octave et de Cœlio. Sans doute le Cœlio de Tristan Bernard est un amoureux assez veule et peu difficile sur le choix des moyens de parvenir. Sans doute, Barthazard est un Octave qui a un peu trop lu Nietzsche — ou plutôt qui n’a a rien lu du tout — et qui fait, dans un but de lucre frauduleux, tout ce qu’Octave faisait pour le plaisir de l’aventure et par dilettantisme de débauché distingué. Mais on a les Cœlio et les Octave que l’on mérite. J’insiste sur le côté poétique de ce Danseur inconnu, parce qu’il a je ne sais quoi de savoureux et d’inattendu et qu’il voisine avec la farce la plus outrancière. C’est à force de trouver de justes et de neuves images que M. Tristan Ber- nard est parvenu à nous donner cette impression de fraîcheur et de doux lyrisme. »
Sur Gallica
Illustrations d’Yves Marevéry 1909 à l’Athénée


Extrait de Comœdia illustré du 15 janvier 1910 sur Gallica
Texte illustré des photographies du film, réalisé en 1929 par René Barberis

L’ensemble de l’ouvrage est disponible sur Gallica
Edition par Libre Théâtre
Texte de la pièce et préface de Gaston Sorbet qui rappelle les conditions de création de la pièce et propose une « revue des critiques ».
Lien vers le théâtre de Tristan Bernard sur Libre Théâtre
Lien vers la biographie de Tristan Bernard sur Libre Théâtre
Dom Juan ou le Festin de Pierre de Molière
Comédie en cinq actes et en prose, représentée pour la première fois le 15 février 1665. Non publiée du vivant de Molière, la pièce fut imprimée pour la première fois en France en 1682.
Distribution : 17 hommes et 3 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument
Présentée par Molière comme une comédie, Dom Juan est en réalité une tragi-comédie qui ne respecte pas les règles classiques.
Arrivé en ville après avoir abandonné Elvire, qu’il avait fait sortir d’un couvent pour l’épouser, Dom Juan aperçoit une jeune fille à la veille de se marier et projette de l’enlever. Le projet ayant échoué, il se retrouve dans un village, d’où, averti que ses beaux-frères Dom Carlos et Dom Alonse le poursuivent, il s’enfuit par la forêt avec son valet Sganarelle. Le hasard l’amène à sauver la vie de Dom Carlos, qui en retour accepte de différer sa vengeance, à condition que Dom Juan reprenne la vie commune avec Elvire. Sur le chemin qui les ramène à la maison, le maître et le valet passent devant le mausolée d’un commandeur que Dom Juan a tué l’année précédente et dont il invite la statue à dîner pour le soir même. De retour chez lui, il voit le moment de dîner repoussé trois fois de suite par les visites inopinées d’un créancier, de son père et de son épouse à présent retournée à la vie religieuse. La statue du Commandeur, arrivée en dernier, refuse de partager son repas, mais l’invite à son tour à dîner le lendemain. Le lendemain en fin d’après-midi, Dom Juan apprend à son père éperdu de joie qu’il a décidé de revenir à la religion, puis il confie à Sganarelle que ce revirement subit n’est qu’une ruse. La statue du Commandeur, apparaissant et prenant acte de son refus de se repentir, lui saisit la main et le précipite dans les entrailles de la terre.
Illustrations sur Gallica




Dom Juan sur le site de l’INA
Mise en scène en décors naturels par Marcel Bluwal de la pièce en cinq actes et en prose de Molière. Un des tours de force accomplis par Marcel Bluwal est sans aucun doute la transposition dans le temps de cette comédie. Il a situé l’action à une époque imprécise, tantôt au début du siècle dernier, tantôt semble-t-il à l’époque contemporaine, ce qui actualise l’action sans altérer l’oeuvre de Molière. Les paysages et les décors parfois insolites composent, pour Dom Juan, la scène même du monde. Ainsi se trouve matérialisé l’esprit « shakespearien » de la pièce : un homme s’interroge sur lui-même avec ses angoisses (source INA)
Extrait du « Dom Juan » de Molière, mis en scène par Antoine VITEZ au théâtre de la porte Saint-Martin, avec Jean-Claude DURAND dans le rôle de Dom Juan, Nada STRANCAR dans celui d’Elvire et Gilbert VILHON dans celui de Sganarelle : scène de la rupture avec Elvire (Acte I, scène 3). La pièce a été jouée dans le cadre du festival d’automne de Paris.
Dans le cadre de l’émission « Le théâtre et l’université », enregistrement en public de Dom Juan ou le Festin de pierre » au Théâtre du Palais de Chaillot, par la troupe du TNP, dans une mise en scène de Jean VILAR. Avec dans les rôles principaux Jean VILAR (Dom Juan), Daniel SORANO (Sganarelle) et Monique CHAUMETTE (Elvire). Ce découpage radiophonique (acte II supprimé) est suivi d’un débat animé par Paul Louis MIGNON, en présence de Jean VILAR et d’élèves et professeur du lycée Louis Le Grand à Paris. Lien vers le site de l’INA
Reportage au festival d’Avignon, composé des interviews de Jean VILAR et Georges WILSON dans la Cour du Palais des Papes. – Interview de Jean VILAR dans la cour du Palais des Papes à Avignon (on entend les coups de marteau des monteurs du décor). Il évoque son choix de « Dom Juan » de Molière, les personnages de la pièce, la musique de scène composée par Maurice Jarre, les particularités de la pièce de Molière, le choix des costumes. Il évoque ensuite « Le Médecin malgré lui », mis en scène par Jean-Pierre Darras. Lien vers le site de l’INA
Dossiers pédagogiques
Dom Juan, mise en scène de Jean-François Sivadier, pièce (dé)montée n° 238 – septembre 2016, dossier réalisé par Rafaëlle Jolivet Pignon et édité par Canopé Île-de-France. lien vers le site
Dom Juan, mise en scène Julie Brochen, Théâtre National de Strasbourg, 2011, lien vers le site de l’académie d’Aix-Marseille
Dom Juan, mise en scène Gilles Bouillon du CDRT, dossier réalisé par Adeline Stoffel, lien vers le site du CRDP de Reims.
Dom Juan de Molière, quelques mises en scène – sur le site de Philippe Misandeau http://doc-plus.fr/DomJuan.htm
Lire aussi :
Whitton David. La mise en scène en France depuis 1960 : le cas Dom Juan. In: Cahiers de l’Association internationale des études francaises, 1994, n°46. pp. 243-257. sur le site www.persee.fr/doc/caief_0571-5865_1994_num_46_1_1845
A écouter :
Louis Jouvet : « Conférences des Annales – Dom Juan » [1947] partie 1 , partie 2
La Princesse lointaine d’Edmond Rostand
Drame en quatre actes et en vers représenté pour la première fois à Paris le 5 avril 1895 sur le théâtre de la Renaissance.
Distribution : 21 hommes, 2 femmes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument
Joffroy Rudel, un troubadour aquitain, a tant chanté la beauté légendaire de la princesse de Tripoli, Mélissinde, qu’il en est tombé amoureux. Sentant sa dernière heure venir, il veut enfin la rencontrer et organise une expédition, accompagné de son fidèle ami Bertrand d’Allamanon, troubadour de Provence. Le navire arrive près de Tripoli mais Joffroy est trop faible pour aller à la rencontre de Mélissinde. Il charge Bertrand de la convaincre de venir à son chevet. Bertrand réussit à pénétrer dans le palais. Mélissinde en le voyant est persuadée qu’il est Joffroy Rudel, dont elle connaît les poèmes et la chanson de la Princesse lointaine. Elle en tombe follement amoureuse. Bertrand, également sous le charme, lui transmet le message de Joffroy Rudel mais Mélissinde refuse d’aller le voir et persuade Bertrand de rester avec elle. Le remords peu à peu les ronge et ils décident de se rendre auprès du mourant. Mélissinde se rend compte que c’est Joffroy Rudel qu’elle aime.
Edmond Rostand s’inspire de la vida de Jaufre Rudel. De la famille des princes de Blaye (Gironde), il tomba amoureux de la comtesse de Tripoli sans l’avoir jamais vue et lui a consacré de nombreux vers. Pour la connaître il fit le voyage d’Orient mais tomba malade (voir la notice sur le site du Centre Interrégional de Développement de l’Occitan). Avant Rostand, Pétrarque a également évoqué cette figure (Trionfi III) de Giaufrè Rudel, ch’usò la vela e’l remo a cercar la sua morte (Jaufré Rudel, avec la voile et la rame à la recherche de sa mort).
La création
Le succès des Romanesques à la Comédie-Française permet à Edmond Rostand de rencontrer Sarah Bernhardt, alors en pleine gloire et à la recherche de nouveaux talents et d’argent pour son théâtre. Elle lui commande le rôle de Mélissinde. Mucha, ami et sous contrat d’exclusivité avec Sarah Bernhardt, co-produisit la pièce et réalisa des dessins des costumes, bijoux, décors, programme du spectacle… La pièce est créée le 5 avril 1895 dans le Théâtre Sarah Bernhardt (Théâtre de la Renaissance). Elle connaît un grand succès mais se solde par un désastre financier pour l’actrice.



Pour en savoir plus
Bourgeois Jean, « Une trilogie d’Edmond Rostand : La Princesse lointaine, La Samaritaine, Cyrano de Bergerac », L’information littéraire, 2008/2 (Vol. 60), p. 27-38. URL : http://www.cairn.info/revue-l-information-litteraire-2008-2-page-27.htm
La critique impitoyable de GB Shaw La Princesse lointaine d’Edmond Rostand, au Daly’s Théâtre, le 17 juin 1895 (22 juin 1895) dans BRENNAN, Paul (dir.) ; DUBOST, Thierry (dir.). G. B. Shaw : un dramaturge engagé.Nouvelle édition [en ligne]. Caen : Presses universitaires de Caen, 1998 (généré le 01 mai 2017). Disponible sur Internet : http://books.openedition.org/puc/986
La critique de Jules Lemaitre dans Impressions de théâtre, 9ème série sur le site de l’OBVIL.
Tout le Théâtre d’Edmond Rostand sur Libre Théâtre
Biographie d’Edmond Rostand sur Libre Théâtre
La Samaritaine d’Edmond Rostand
Évangile en trois tableaux et en vers, représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre de la Renaissance le 14 avril 1897.
Distribution : 21 hommes, 13 femmes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument

Premier tableau : le puits de Jacob
Les apôtres quittent Jésus pour se rendre à Sichem, afin d’acheter des vivres. Le Christ reste assis sur la margelle du puits de Jacob. Photine vient puiser de l’eau, son amphore sur l’épaule. Jésus lui demande à boire. Elle refuse parce qu’il est juif. S’engage un long dialogue tiré des Evangiles.
Deuxième tableau : la Porte de Sichem
Pierre et les disciples tentent d’acheter des vivres mais ils sont raillés par les marchands. Les apôtres s’éloignent sous les huées. Ariel est inquiet de ne pas voir revenir Photine. Elle arrive transformée et s’exprime en citation. Elle convainc petit à petit la foule.
Troisième tableau : Salvator Mundi
Jésus est sur la margelle du puits. Les apôtres s’étonnent de la discussion avec Photine. On entend alors la foule des Samaritains qui approche menée par Photine.
La création
C’est après le succès des Romanesques à la Comédie-Française que Sarah Bernhardt a demandé à Edmond Rostand de lui écrire une pièce. Cette pièce religieuse s’est jouée le Mercredi Saint, 14 avril 1897.
Sur YouTube est disponible à l’écoute l’enregistrement d’un extrait de la pièce dit par Sarah Bernhardt de 1903.




Très belle édition illustrée par Georges Rochegrosse, sur archive.org (Edition 1910 Paris : P. Lafitte)
Max d’Ollone a proposé une adaptation lyrique du texte d’Edmond Rostand, créée à l’Opéra de Paris en juin 1937 avec Germaine Hoerner dans le rôle de Photine. Documents sur cette création sur Gallica
Tout le Théâtre d’Edmond Rostand sur Libre Théâtre
Biographie d’Edmond Rostand sur Libre Théâtre
Chantecler d’Edmond Rostand
Pièce en quatre actes et en vers représentée pour la première fois au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 7 février 1910.
Distribution : 54 hommes, 15 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argumentaire

Chantecler, un fier coq règne sur la basse-cour. Son chant est tellement puissant qu’il est persuadé qu’il fait se lever le soleil chaque jour. Il est détesté des animaux nocturnes et subit les jalousies des autres animaux de la basse-cour. Chantecler tombe amoureux d’une faisane. Il se rend dans le salon littéraire de la Pintade où il tombe dans un guet-apens : il est contraint de se battre jusqu’à la mort avec un autre coq. Il sort vainqueur de cette épreuve et défend la basse-cour contre les menaces d’un épervier. Il part avec la faisane pour la forêt ; jalouse, elle lui demande de ne plus chanter, mais elle se sacrifiera par amour lorsqu’un chasseur arrivera ; mais c’est le rossignol à la voix d’or qui sera touché par les balles.
Une très belle fable poétique, lyrique et allégorique où par le truchement des animaux, tous les défauts humains sont raillés : la vanité, l’ambition, la jalousie, le cynisme, la prétention…
On croise, entre autres, un vieux chat Matousalem, un gymkhanard, « une vieille insensible aux problèmes moraux et qui fait du footing en costume à carreaux », un paon modern-style, le Prince de l’Adjectif Inopiné… dans une garden-potager-party. La pièce offre de multiples morceaux de bravoure : l’hymne au soleil, le chœur des oiseaux, le chant du rossignol ou la tirade du coq célèbre pour ses allitérations.
Oui, Coqs affectant des formes incongrues,
Coquemars, Cauchemars, Coqs et Coquecigrues,
Coiffés de cocotiers supercoquentieux…
– La fureur comme un Paon me fait parler, Messieurs ! J’allitère !… –
Et s’amusant à les étourdir d’une volubilité caquetante et gutturale
Oui, Coquards cocardés de coquilles,
Coquardeaux Coquebins, Coquelets, Cocodrilles,
Au lieu d’être coquets de vos cocoricos,
Vous rêviez d’être, ô Coqs ! de drôles de cocos !
Oui, Mode ! pour que d’eux tu t’emberlucoquasses,
Coquine ! ils n’ont voulu, ces Coqs, qu’être cocasses !
Mais, Coquins ! le cocasse exige un Nicolet !
On n’est jamais assez cocasse quand on l’est !
Mais qu’un Coq, au coccyx, ait plus que vous de ruches,
Vous passez, Cocodès, comme des coqueluches !
Mais songez que demain, Coquefredouilles ! mais
Songez qu’après-demain, malgré, Coqueplumets !
Tous ces coqueluchons dont on s’emberlucoque,
Un plus cocasse Coq peut sortir d’une coque,
– Puisque le Cocassier, pour varier ses stocks,
Peut plus cocassement cocufier des Coqs !
– Et vous ne serez plus, vieux Cocâtres qu’on casse,
Que des coqs rococos pour ce coq plus cocasse !
La création
La pièce devait être originellement jouée par Coquelin qui décéda avant la première. Lucien Guitry le remplaça dans le rôle titre. Après le succès de Cyrano et de L’Aiglon, les critiques et spectateurs attendaient avec impatience la nouvelle création d’Edmond Rostand. Mais la forme de Chantecler déconcerte. Malgré certaines critiques haineuses (notamment du côté de la presse nationaliste) ou dubitatives, le public se presse nombreux. La pièce part ensuite en tournée dans toute la France et à l’étranger.
Léon Blum raconte la création de Chantecler dans Comœdia (numéro complet ci-dessous)
« Je ne m’amuserai pas à ruser avec la curiosité du public. Des circonstances de tout ordre, et dont le concours ne se retrouvera peut-être plus, ont fait de Chantecler l’événement dramatique le plus extraordinaire, le plus passionnément attendu dont l’histoire du théâtre ait connaissance. Ni le Mariage de Figaro, ni même Hernani ne provoquèrent une telle attente, un tel espoir, une telle fièvre. Ce qu’on réclame du critique, dans cette occasion, ce sont moins des considérations nuancées et balancées qu’une constatation franche du fait. On veut savoir « ce que ça vaut » et « comment ça a marché. » Ce n’est pas une opinion qu’on exige, c’est un verdict.
Pour moi, je déclare sans hésiter que Chantecler a grandi l’idée que je me faisais de M. Edmond Rostand. J’admire d’abord qu’au lieu de s’assurer, avec quelque nouveau Cyrano, la certitude tranquille d’un nouveau triomphe, il ait intrépidement couru une aventure, un risque, un péril. J’admire qu’il ait non seulement cherché du nouveau, mais tenté de l’extraordinaire, qu’il se soit engagé, livré tout entier dans la plus difficile partie. J’ajoute qu’à mon avis, Chantecler est, par sa valeur littéraire intrinsèque, l’œuvre la plus belle que M. Rostand ait encore donnée. Jamais encore il n’avait fourni de façon plus convaincante la preuve de ses dons d’artiste et de poète. Ni Cyrano ni même l’Aiglon ne s’égalent aux meilleures parties de Chantecler. Maintenant, je dois reconnaître, avec la même netteté, que l’accueil fait à Chantecler ne fut pas ce triomphe incontesté, continu, unanime que les amis de l’auteur espéraient, et que le public entier escomptait joyeusement avec eux.
Le prologue et les deux premiers actes ne furent qu’une longue acclamation. Dès le commencement du troisième acte, au contraire, on sentait sourdre un malaise, on sentait se former une résistance. Résistance dont finalement M. Rostand est venu à bout, et qui ne fait peut-être qu’ajouter au prix du succès, mais qui en a cependant modifié le caractère. Ce n’est pas que personne fût insensible aux beautés certaines du poème. Elles étaient accueillies avec joie, ou même avec une sorte d’avidité et marquées aussitôt par des transports enthousiastes. Pourtant un sentiment confus avertissait les spectateurs que le développement de l’œuvre n’était pas précisément ce qu’il pouvait être, ce qu’il devait être. Et ce serait forcer les choses que de dire qu’il y eut une déception ; mais il y eut certainement un malaise. Je supplie qu’on ne se méprenne pas sur le sens de ces termes. Je ne procède pas ici par circonlocution ou par atténuation polie et l’on se méprendrait gravement si l’on essayait de « lire entre les lignes ». Je dis toute la vérité. Grossir l’expression de ma pensée ne serait pas la rétablir mais la trahir.
Comment expliquer cependant ce sentiment de malaise, d’incertitude ? Je ne crois pas, pour ma part, qu’il procède dans une mesure quelconque de la forme qu’a donnée M. Rostand à l’affabulation dramatique de son œuvre. »


Lien vers quelques articles lors de la création :
- Revue illustrée du 25 février 1910. Source : BnF/Gallica
- Article enthousiaste dans Modes, de mars 1910. Source : BnF/Gallica
- Numéro spécial de Comœdia illustré consacré à Chanteclerc, 19 février 1910.
Autres mises en scène
Du fait du nombre d’acteurs et de costumes nécessaires, cette pièce est rarement mise en scène.
Chantecler a été mis en scène par Jérôme Savary en 1994.
L’Aiglon d’Edmond Rostand
Drame en six actes et en vers, représenté pour la première fois au Théâtre Sarah-Bernhardt, le 15 mars 1900.
Distribution : 35 hommes, 17 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument

L’action débute en septembre 1830, au palais de Schoenbrünn en Autriche. L’Aiglon est le fils de Napoléon Ier et de Marie-Louise d’Autriche, appelé à sa naissance roi de Rome et maintenant duc de Reichstadt. Il a été élevé à la cour de son grand-père autrichien, l’Empereur Frantz, après l’abdication de Napoléon en 1815. L’Aiglon a 19 ans. Autour de lui, et malgré la vigilance du Prince de Metternich, des alliances se nouent, des complots s’organisent pour le ramener en France afin qu’il succède à son père. Mais le spectre héroïque de Napoléon hante et écrase le jeune homme, idéaliste et rêveur. Il a une santé fragile et ne se sent pas prêt : il craint de ne pas être à la hauteur. Quand il est enfin convaincu par Flambeau, un ancien grognard de l’armée napoléonienne, de fuir l’Autriche pour rejoindre Paris, il est arrêté. Malade et affaibli par l’échec, il meurt à vingt-et-un ans, au Palais de Schönbrunn.
Les 6 actes ont des titres symboliques : Les ailes qui poussent – Les ailes qui battent –Les ailes qui s’ouvrent – Les ailes meurtries – Les ailes brisées – Les ailes fermées.
Rostand précise son projet dans le quatrain placé en épigraphe au drame :
Grand Dieu ! ce n’est pas une cause
Que j’attaque ou que je défend,
Et ceci n’est pas autre chose
Que l’histoire d’un pauvre enfant.
La création
La pièce a originellement été créée le 15 mars 1900 au Théâtre Sarah-Bernhardt avec, dans le rôle de l’Aiglon, Sarah Bernhardt (costumée en homme), Lucien Guitry puis Coquelin l’Ainé dans le rôle de Flambeau. La pièce fut jouée sans interruption du 15 mars au 30 octobre 1900 et partit en tournée en France et à l’étranger, notamment aux Etats-Unis.





L’Aiglon au Châtelet en 1945

L’Aiglon a été interdit pendant l’Occupation avant d’être repris et de triompher comme une œuvre patriotique pendant 2 ans au Théâtre du Châtelet, au moment de la Libération.
La première eût lieu le 3 août 1945 en présence de quatre ministres et au profit des orphelins de la Résistance, dans une mise en scène de Maurice Lehmann. Deux « Aiglon » jouaient en alternance : Jeanne Boitel et Pierre Cresson.
Le journal Résistance du 6 juin 1945 titrait « Mozart sera l’Aiglon », Mozart étant le nom de la comédienne Jeanne Boitel lorsqu’elle était dans la clandestinité. Source Gallica.
A lire aussi l’article « le sillage des Conquérants » par Georges Duhamel, dans Témoignage chrétien du 3 août 1945 sur Gallica
Mise en scène de Jacques Sereys au Théâtre du Châtelet en 1969
Un reportage sur Jacques Seyres, metteur en scène de L’Aiglon d’Edmond Rostand, créé au théâtre du Châtelet en 1969. Extraits de la pièce et interview sur le site de l’INA
Pour en savoir plus
Le mythe de Napoléon dans l’Aiglon d’Edmond Rostand par Madeleine Roussel, Conférence du 15 juin 2009, Académie des Sciences et Lettres de Montpellier
La légende picturale napoléonienne dans L’Aiglon d’Edmond Rostand par Philippe Bulinge, sur le site edmond-rostand.com
Tout le Théâtre d’Edmond Rostand sur Libre Théâtre
Biographie d’Edmond Rostand sur Libre Théâtre
Lorenzaccio d’Alfred de Musset
Drame romantique en cinq actes et en prose, écrit par Alfred de Musset, sur une idée de George Sand. Il est publié en 1834 dans le premier tome de la seconde livraison d’Un Spectacle dans un fauteuil et représenté pour la première fois le 3 décembre 1896.
Distribution : 30 hommes, 4 femmes (69 personnages nommés, plus des figurants)
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument
Florence, janvier 1537. Lorenzo, un jeune idéaliste, veut renverser son cousin Alexandre de Médicis, qui règne en tyran sur Florence, et favoriser la restauration de la république. Afin d’être au plus près d’Alexandre, Lorenzo s’est transformé en débauché. Parallèlement, deux autres intrigues sont développées : la marquise Cibo, espionnée par son beau-frère le cardinal Cibo, est courtisée par Alexandre et souhaite influencer sa politique. Côté républicain, les familles sont bannies et essaient vainement de s’organiser ; les Strozzi luttent pour préserver l’honneur de la fille de la famille, Louise.
Lorenzo assassine son cousin, de manière solitaire, mais échoue à déclencher une révolte du côté des républicains. Sa tête est mise à prix et il sera à son tour assassiné.
Le contexte de création de la pièce
Georges Sand s’est la première emparée du sujet de la conspiration républicaine de 1537 contre Alexandre de Médicis, offrant une étonnante résonance avec la situation politique en France : la Monarchie de Juillet et la déception liée à l’investiture de Louis-Philippe au trône du roi de France. Elle confie à Alfred de Musset son manuscrit inachevé, en 1833. Musset décide de faire de Lorenzo le personnage principal du drame et crée une multitude de personnages, apportant tous un éclairage singulier sur les enjeux privés et politiques de cette conspiration. Il puise de nombreux détails historiques dans les Chroniques florentines , rédigées par Benedetto Varchi à la demande du duc Côme de Médicis. Lorenzaccio est publié en août 1834. La pièce n’est pas au départ destinée à la scène : elle est publiée dans la Revue des Deux mondes, dans le volume Spectacle pour un fauteuil. Alfred de Musset s’émancipe de fait des codes théâtraux de l’époque, en développant plusieurs intrigues et enchaînant des scènes qui se déroulent dans des lieux très différents (39 tableaux, dans 25 lieux scéniques de Florence à Venise, devant une église, dans une chambre…). En destinant ce texte à la lecture et non pas à la représentation, Musset évite également d’être directement soumis à la censure.
Quelques illustrations de mises en scène
La création en 1896 avec Sarah Bernhardt





Mise en scène de Gaston Baty au Théâtre Montparnasse en 1945

Mise en scène de Jean Vilar en 1953 au TNP
Gérard Philipe, dans le rôle »Lorenzaccio », avec Jean Vilar. 19 février 1953
Emission le Théâtre et l’Université : débat avec Gérard PHILIPE et Jean VILAR sur la mise en scène. – 28’30 (extrait gratuit sur le site web de l’INA)
Mise en scène par Franco Zeffirelli à la Comédie Française en 1976
L’acteur Claude Rich interprète le rôle de Lorenzo de Medicis. Photo by Keystone-France\Gamma-Rapho via Getty Images
Mise en scène de Daniel Mesguich en 1986

Mises en scène en 1989


Mise en scène de Jean-Pierre Vincent en 2000 à Avignon
Reportage sur la mise en scène de Lorenzaccio de Musset par Jean-Pierre Vincent présenté dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes lors du Festival d’Avignon en 2000. Vue des répétitions et interview de Jérôme Kircher et de Jean-Pierre Vincent. sur le site de l’INA
Dossiers pédagogiques
Mettre en scène Lorenzaccio, l’exemple des trois mises en scène de la Comédie-Française, par Frédérique Plain. Superbe dossier à télécharger sur le site de la Comédie-Française.
Mise en scène de Catherine Marnas, 2015, Dossier du TNBA, réalisé par Tatiana LISTA, chargée des programmes pédagogiques pour la Comédie de Genève, lien vers le téléchargement du dossier
Parcours de personnage : Lorenzaccio de Musset. Une séquence de six séances pour comprendre ce qui se cache derrière la figure ambivalente de Lorenzaccio. Lien vers le dossier sur le site de l’Académie de Lille
Dossier extrêmement complet de M. Salomé, Lycée La Colinière – Nantes, sur Lorenzaccio. Lien vers le site dédié
Dossier Présence de la littérature sur Canopé. Lien vers le dossier
Mise en scène Claudia Stavisky, mars 2012, au Théâtre des Célestins. Lien vers le site des Célestins.
Mise en scène par la Compagnie L’exploitation Théâtre. Lien vers le dossier pédagogique.
Quelques études
Ubersfeld Anne. Vilar et le théâtre de l’histoire. In: Romantisme, 1998, n°102. Sur les scènes du XXème siècle. pp. 17-25. Persée
Ubersfeld Anne. Révolution et topique de la Cité : Lorenzaccio. In: Littérature, n°24, 1976. pp. 40-50.Lien vers l’article sur Persée
Mazaleyrat Jean. Syntaxe et stylistique de l’interrogation dans un dialogue de théâtre (Lorenzaccio, II, 3). In: L’Information Grammaticale, N. 48, 1991. pp. 25-28. Lien vers l’article sur Persée
Lien vers le Théâtre de Musset sur Libre Théâtre
Lien vers la Biographie d’Alfred de Musset sur Libre Théâtre
Thermidor de Victorien Sardou
Drame historique en quatre actes, représenté pour la première fois le 24 janvier 1891 à la Comédie-Française puis retiré de l’affiche le 27 janvier. La pièce a été représentée dans une nouvelle version le 2 mars 1896 au Théâtre de la Porte Saint-Martin. La version retraitée par Libre Théâtre est la seconde version, saisie à partir de l’édition de l’Illustration théâtrale 1906 N° 38 (Source : Bodleian Libraries. Les dernières pages manquent sur le document numérisé ; un exemplaire papier a été consulté par Libre Théâtre à la Bibliothèque de la Comédie-Française pour compléter la saisie).
Distribution : 25 hommes et 4 femmes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre.
L’argument
À la veille du 9 Thermidor, deux amis se retrouvent par hasard. Labussière est un comédien qui a dû se reconvertir : il est maintenant commis aux écritures dans le bureau des détenus du Comité de Salut public et profite de cette place pour sauver quelques amis de la guillotine, en escamotant leurs dossiers. Martial Hugon, commandant d’artillerie, aide de camp de Jourdan, est à la recherche de Fabienne Lecoulteux, une jeune femme qu’il a recueillie et qu’il a confiée à une parente. Fait prisonnier à la guerre, il n’a pu donner de ses nouvelles pendant de longs mois. De retour à Paris, il recherche Fabienne qui a disparu à la suite du décès de la vieille parente. Il la retrouve alors qu’elle est poursuivie par des femmes qui l’accuse d’être une aristocrate religieuse. Grâce à Labussière, elle peut s’échapper. Une fois à l’abri, Labussière recommande à Martial de convaincre Fabienne de partir avec lui de Paris et de l’épouser. Mais Fabienne refuse : pensant que Martial était décédé, elle a prononcé ses vœux. Martial réussit à la convaincre de renoncer à ces vœux, mais une lettre qu’elle a adressé à ses amies religieuses est interceptée et elle est arrêtée, alors que Labussière et Martial se trouvent dans les bureaux du Comité de Salut Public. Martial demande à Labussière d’échanger le dossier de Fabienne contre un autre dossier. On annonce alors l’arrestation de Robespierre mais les tribunaux fonctionnent toujours. Martial et Labussière se précipitent à la Conciergerie où Fabienne est enfermée. Elle est condamnée. La seule façon de la sauver est de déclarer qu’elle est enceinte : elle refuse ce déshonneur…
Dans la première version de la pièce, Martial Hugon insulte les bourreaux et est abattu. Fabienne Lecoulteux est ensuite menée à la guillotine.
Dans la seconde version de 1896, un épisode est ajouté : à l’instigation de Labussière, devant le courage de Fabienne les femmes du lavoir tentent de la sauver. Mais Fabienne refuse de signer le document où elle déclare être enceinte. Martial Hugon insulte les bourreaux et est abattu. Fabienne Lecoulteux est ensuite menée à la guillotine.

Histoire de la pièce
La première de la pièce, le 24 janvier 1891 à la Comédie-Française rencontre un vif succès, mais lors de la deuxième représentation, de nombreux incidents se déroulent. La pièce est jugée réactionnaire par les républicains radicaux : la République semble encore très fragile.
Clemenceau intervient à la tribune de la Chambre des députés le 29 janvier 1891 dans un célèbre discours. Il refuse de faire le tri entre « bons » et « mauvais » révolutionnaires. La Révolution française est un « bloc », qu’il faut accepter ou rejeter dans son intégralité, car le combat révolutionnaire continue.
Un extrait du discours :
M. Clemenceau.
Messieurs, il a été joué à la Comédie Française une pièce évidemment dirigée contre la Révolution française. (Très bien ! très bien ! sur les mêmes bancs à gauche. – Dénégations au centre.) Il est temps d’écarter toutes les tartuferies auxquelles on a eu recours pour dissimuler la réalité. (Vifs applaudissements à gauche.) Assurément, on n’a pas osé faire ouvertement l’apologie de la monarchie contre la République. On ne pouvait pas le faire à la Comédie Française. On a pris un détour, on s’est caché derrière Danton. Depuis trois jours, tous nos monarchistes revendiquent à l’envi la succession de Danton. (Rires et applaudissements à gauche. – Interruptions à droite.)
J’admire, quant à moi, combien de dantonistes inattendus ont surgi tout à coup de ce côté (la droite) de la Chambre : (Applaudissements à gauche et au centre.)
Toute cette comédie n’eût pas dû revivre ici. Il est temps d’en finir avec ces tartuferies indignes de cette Assemblée. (Interruptions et bruit.)
Je dis et je répète, puisqu’on m’interrompt, que la pièce est tout entière dirigée contre la Révolution française. Voyez plutôt qui l’applaudit, et dites-moi qui pourrait s’y tromper.
….
Messieurs, que nous le voulions ou non, que cela nous plaise ou que cela nous choque, la Révolution française est un bloc. (Exclamations à droite. Nouveaux applaudissements à gauche.)
….
Et maintenant, si vous voulez savoir pourquoi, à la suite de cet événement sans importance d’un mauvais drame à la Comédie Française, il y a eu tant d’émotion dans Paris, et pourquoi il y a à l’heure présente tant d’émotion dans la Chambre, je vais vous le dire.
C’est que cette admirable Révolution par qui nous sommes n’est pas finie, c’est qu’elle dure encore, c’est que nous en sommes encore les acteurs, c’est que ce sont toujours les mêmes hommes qui se trouvent aux prises avec les mêmes ennemis.
Oui, ce que nos aïeux ont voulu, nous le voulons encore. (Applaudissements à gauche.)
Nous rencontrons les mêmes résistances. Vous êtes demeurés les mêmes ; nous n’avons pas changé. Il faut donc que la lutte dure jusqu’à ce que la victoire soit définitive.
En attendant, je vous le dis bien haut, nous ne laisserons pas salir la Révolution française par quelque spéculation que ce soit, nous ne le tolérerons pas ; et, si le Gouvernement n’avait pas fait son devoir, les citoyens auraient fait le leur.
Source : Assemblée nationale
Victorien Sardou se défend en indiquant que la pièce dénonce seulement le despotisme de Robespierre et la Terreur.
La pièce est de nouveau à l’affiche en 1896 au Théâtre de la Porte Saint-Martin avec quelques modifications : les femmes du lavoir tentent de sauver Fabienne.
Pour aller plus loin
POUFFARY Marion, « 1891, l’affaire Thermidor », Histoire, économie & société 2/2009 (28e année) , p. 87-108. sur Cairn
Le discours de Clémenceau sur le site de l’Assemblée Nationale
Thermidor sera évoqué lors des Journées Particulières de la Comédie Française le 7 janvier 2017. Programme en cours. Site de la Comédie Française
Thermidor sur Gallica


