9 personnages

L’Heureux Stratagème de Marivaux

Comédie en trois actes et en prose créée pour la première fois le 6 juin 1733 par les Comédiens italiens.
Distribution :  6 hommes et 3 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

Cette pièce, rarement représentée, est jouée pour la première fois en 2018  à la Comédie-Française dans une mise en scène d’Emmanuel Daumas. Lien vers la recommandation de Libre Théâtre.

L’argument

Dorante est éperdument amoureux de la Comtesse, qui s’est éprise du Chevalier Damis, qui lui-même a délaissé la Marquise. Celle-ci échafaude alors avec Dorante un stratagème : ils vont feindre de s’aimer et annoncer leur mariage, afin de provoquer la jalousie de ceux qu’ils aiment. Parallèlement, Arlequin, le valet de Dorante, se désespère de voir Lisette, la servante de la Comtesse, qu’il devait épouser, s’éprendre de Frontin, le serviteur du Chevalier, sous le regard agacé du père de Lisette, Blaise, qui tient à ce que sa fille reste liée par ses engagements.

Illustrations

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:MarivauxHappyStratagem02.jpg
M. Blaise, illustration de Bertall dans le Théâtre complet de Marivaux (Edition Laplace, Sanchez et Cie, Paris 1878). Source wikimedia
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8420082g/f2.item.
Mise en scène de Florent Forge au Théâtre Sarah-Bernhardt, le 30 juin 1964. Photo de Roger Pic. Source : BnF/Gallica
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9002052n/f51.item
Mise en scène de Jacques Lassalle, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, le 14-03-1985. Photo de Daniel Cande. Source : BnF/Gallica

Voir aussi sur le site de l’INA, dans la collection Grands Entretiens, Mémoires du théâtre, un entretien avec Jacques Lassalle qui évoque ses mises en scène de Marivaux.

Les Visionnaires de Jean Desmarets de Saint-Sorlin

Comédie en cinq actes et en vers représentée pour la première fois au public en 1637 au théâtre du Marais.
Distribution : 6 hommes, 3 femmes

Publication par Libre Théâtre

Retraité par Libre Théâtre à partir de la seconde édition, à Paris, chez Jean Camusat en 1639. Source : Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55303536.
Nous avons modernisé la graphie, quand cela ne modifiait pas l’équilibre des vers. Nous avons également modifié la ponctuation pour la faire correspondre aux usages modernes et faciliter également la compréhension.
Les phrases entre parenthèses correspondent à des apartés.

L’argument

Cette comédie met en scène des « visionnaires », c’est-à-dire des personnages aveuglés par leurs folies respectives. Alcidon, le père de famille, cherche à marier ses trois filles, mais celles-ci poursuivent des chimères : l’une est amoureuse d’Alexandre le Grand, l’autre se pense aimée de tous les hommes et la troisième a pour seule passion le théâtre. Leurs prétendants, quant à eux, sont en proie à d’autres formes d’« extravagances ». Le père doit choisir entre un capitaine mythomane, un « poète bizarre », un homme qui s’imagine très riche et un amoureux des idées. Alcidon, lui-même, n’est pas exempt de folie puisqu’il ne cesse de changer d’avis et de se ranger du côté du dernier qui a parlé. Chaque personnage, confronté à la folie de l’un de ses semblables, se met à jouer avec le délire de l’autre, créant ainsi une mise en abyme autour de la question de l’identité (du je) et du théâtre (du jeu).

La confrontation de ces personnages extravagants permet de multiplier les effets comiques : les quiproquos et les jeux de mots s’enchaînent. Grâce à une écriture riche et fleurie, cette folie discursive semble prendre corps dans les personnages eux-mêmes.

Jean Desmarets de Saint-Sorlin fait représenter cette pièce en 1637, au moment de la Querelle du Cid. Dans l’argument, mais aussi dans le texte par la voix de plusieurs personnages, il expose sa conception élitiste du théâtre, sa définition de la comédie et des différents genres au théâtre ainsi que ses réflexions autour du respect de la règle des trois unités. Il s’oppose de la sorte frontalement aux partisans de Corneille.

 

Publication aux Editions La Comédiathèque

Argument et texte intégral de la pièce, suivis d’un glossaire des mots anciens et des noms propres rares.

ISBN 978-237705-106-9
Octobre 2017
105 pages ; 18 x 12 cm ; broché.
Prix TTC : 16,00 €

L’ouvrage peut être commandé dans toutes les librairies et est disponible en ligne sur les plateformes suivantes :

 


Spectacles

Mise en scène de Christian Schiaretti en octobre 2007 au TNP. Lien vers le dossier de presse.

 

André del Sarto d’Alfred de Musset

Drame en deux actes et en prose. Une première version a été publiée en 1833  qui comportait trois actes. Alfred de Musset a repris le texte de la pièce afin qu’elle puisse être représentée. Cette seconde version comportant deux actes a été jouée pour la première fois au théâtre de l’Odéon le mardi 21 octobre 1850.
Retraitement de Libre Théâtre à partir de l’édition de Charpentier de 1851 (texte en deux actes destiné à la représentation) . Source : Gallica
Distribution : 7 hommes, 2 femmes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39013
Autoportrait d’André del Sarto. Source Wikipedia

La scène se déroule à Florence, durant la Renaissance, dans l’école du célèbre peintre André del Sarto.  Son ami et élève Cordiani, est éperdument amoureux de Lucrèce, la femme d’André del Sarto. Alors que Cordiani sort de la chambre de Lucrèce par le balcon, il se fait surprendre par le vieux concierge Gremio, qui ne le reconnait pas mais prévient André del Sarto de cette visite nocturne. André organise un piège mais Grémio est tué par Cordiani. André découvre avec douleur l’identité du meurtrier, l’amant de sa femme. Il lui ordonne de quitter l’Italie, mais Cordiani veut revoir une dernière fois Lucrèce. Le déshonneur d’André est désormais public et André est obligé de provoquer Cordiani en duel. Celui-ci ne se défend pas et est grièvement blessé.
André se retrouve seul et désespéré. Apprenant que Cordiani se remet et quitte Florence avec Lucrèce, il envoie son plus jeune élève à leur poursuite avec le message suivant: « Pourquoi fuyez vous si vite ? La veuve d’André del Sarto peut épouser Cordiani. » Puis il boit le contenu d’un flacon et meurt.

Pour en savoir plus :

Les deux « André del Sarto » d’Alfred de Musset : édition critique.  Thèse complémentaire pour le doctorat ès lettres présentée à la Faculté des lettres de l’Université de Paris, par Pierre Gastinel. Edition Journal de Rouen, 1933. A consulter sur Gallica


Lien vers le théâtre de Musset sur Libre Théâtre 

Lien vers la Biographie d’Alfred de Musset sur Libre Théâtre

Un pied dans le crime d’Eugène Labiche et Adolphe Choler

Comédie-vaudeville en trois actes, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal, le 21 août 1866.
Distribution : 6 hommes, 5 femmes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Gaudiband et Blancafort sont des voisins ennemis. Ils se sont déclarés la guerre pour des questions de noisetiers aux feuillages envahissants, de chats dont les miaulements sont insupportables, de statues antiques trop dénudées, de pigeons barbares…

Un ami de Gaudiband, Gatinais essaie de régler ce conflit et pour se débarrasser du chat miauleur, il tire discrètement sur l’animal …mais blesse un homme.  Edgar, filleul de Gaudiband, jeune avocat promis à la fille de Gatinais, décide de mener l’enquête pour confondre le coupable de cette tentative de meurtre.

Au deuxième acte, Gatinais, rentré à Paris, apprend qu’il est nommé juré, ce dont il se montre particulièrement fier. Mais les ennuis ne font que commencer : Poteu, le valet de Gaudiband, a vu Gatinais tirer sur Geindard et en profite pour négocier contre son silence une place de cocher que Gatinais n’a pas les moyens de lui offrir. De plus, Edgard lui affirme avoir découvert une pièce à conviction qui devrait permettre de confondre le coupable…

Un extrait

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400876j
portrait de Lhéritier (Gaudiband) par Lhéritier, 1866. Source : BnF/ Gallica

Edgard, vivement, venant du fond.
Bonjour, Poteu. Où est mon parrain ?
Poteu.
Monsieur ?… Il trempe.
Edgard.
J’apporte du nouveau. Tu ne sais pas ce qu’on vient de me remettre chez le concierge ?
Poteu.
Non.
Edgard.
Un papier timbré, un acte extra-judiciaire pour parrain.
Poteu.
Ah ! je sais de qui… c’est du voisin, M. de Blancafort !
Edgard.
Ah ! il croit nous faire peur ; nous allons voir.
Poteu.
Qu’est-ce qu’il nous veut encore, ce vieux noble ?
Edgard.
Enfin ! voilà la guerre déclarée ; il va pleuvoir des sommations, des significations, des assignations…
Poteu.
Mais, pourquoi ?
Edgard.
Mon ami, entre voisins, à la campagne, ça finit toujours par là.
Poteu.
Ils étaient si amis autrefois ! ils avaient fait ouvrir une porte de communication dans le mur qui sépare les deux jardins… les domestiques en profitaient…

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b64008754
Portrait de Geoffroy (Gatinais) / par Lhéritier, 1866. Source : BnF/ Gallica

Edgard.
Maintenant elle est murée.
Poteu.
Ils échangeaient des primeurs… des melons… et les domestiques en profitaient.
Edgard.
Maintenant ils échangent par-dessus le mur des trognons de chou et des assiettes cassées. Il paraît qu’ils ont des griefs.
Poteu.
Des bêtises ! M. de Blancafort se plaint du chat de M. Gaudiband, qui vagabonde la nuit et se livre à une musique surexcitante… Il nous a priés de le tenir à l’attache.
Edgard.
À quoi parrain a répondu une lettre très sèche… « Monsieur, commencez par museler vos pigeons, qui viennent s’ébattre dans mon potager et picorer mes petits pois… »
Poteu.
Les Blancafort se plaignent encore des statues de Monsieur.
Edgard.
Ce sont des reproductions de l’antique.
Poteu.
Le jardin en est plein… Madame de Blancafort dit que ça lui fait l’effet comme si qu’elle aurait sous ses fenêtres une école de natation.
Edgard.
Chacun cultive son jardin comme il l’entend ! Il convient bien à M. de Blancafort de se plaindre, lui qui a un noisetier qui déborde sur le mur mitoyen d’une façon scandaleuse !
Poteu.
C’est le mot.
Edgard.
Nous lui dirons deux mots, à son noisetier…
Poteu.
Et à ses noisettes.

Pour aller plus loin :

Dossier Pièce (dé)montée Mise en scène Jean-Louis Benoit n° 109 – septembre 2010, sur le site du CRDP

Krakovitch, O. (1990). Labiche et la censure ou un vaudeville de plus ! Revue Historique,284(2 (576)), 341-357. http://www.jstor.org/stable/40955240

Les Précieux d’Eugène Labiche, Marc-Michel et Auguste Lefranc

Comédie en un acte, mêlée de chants, représentée pour la première fois à Paris sur le Théâtre du Palais-Royal le 7 août 1855.
Distribution : 6 hommes, 3 femmes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre.

L’argument

Trois jeunes hommes désargentés  se font passer auprès de Mme Gaudin et de sa nièce, Delphine, pour de grands artistes. L’un d’eux a prétendument sauvé un notaire de la noyade. En l’absence de M. Gaudin, les deux femmes les hébergent, le temps que le noyé, M. de Valtravers se rétablisse.  Les deux femmes et le serviteur Fulbert sont sous le charme de ce trio, un compositeur, un poète et un peintre, jusqu’à ce que M. Gaudin revienne de voyage accompagné d’un maître de forge qu’il destine à sa nièce.

Un extrait

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61813445/f1.item
Edition de 1860, Michel-Lévy frères (Paris) . Source : BnF/ Gallica

Delphine
Ce pauvre M. de Valtravers… quand on songe qu’il n’est pas encore rétabli… depuis trois semaines qu’il est ici avec ses amis…

Madame Gaudin
Et tout cela pour avoir voulu disputer aux flots un notaire !… un prosaïque notaire !…

Delphine
Quelle abnégation !

Madame Gaudin
Les artistes sont tous comme ça !… Qu’un tabellion tombe à l’eau… il se trouvera sur la berge trois hommes d’élite… tout prêts à se précipiter… Quel bonheur que notre maison de campagne se soit trouvée là, sous leur main, au moment de l’accident… et quelle charmante surprise pour M. Gaudin, mon mari, au retour de son voyage !

Delphine
Oh ! je me souviendrai longtemps de cette scène… je vois encore la figure de l’infortuné quand ses deux amis l’ont déposé à la grille du parc !… il était bleu !…

Madame Gaudinavec exaltation.
Oh ! voir à sa porte un homme bleu… et ne pouvoir lui dire : donnez-vous la peine d’entrer !… c’était au-dessus de mes forces… aussi foulant aux pieds des scrupules bourgeois… je n’hésitai pas à offrir un asile à ces nobles jeunes gens… et je ne m’en repens pas… car depuis qu’ils sont ici mon âme s’est ouverte sous la chaude haleine de leurs regards toujours d’azur !

Delphine
Et comme ils s’expriment bien, ma tante !

Madame Gaudin
Des lyres, mon enfant, des lyres !… M. de Valtravers surtout… quelle tendresse contenue dans son regard !… quand on l’a apporté, il m’a semblé voir la statue de la douceur sortant de l’onde amère !

Delphine
L’onde amère !… à Bougival !

Madame Gaudin
Qu’importé ? c’est pour la phrase !… et M. Ulric, le peintre… car je flotte entre ces deux enfants perdus de la poésie… quelle tête byronienne ! comme il est acre et amer !… il me fait peur et m’attire tout à la fois… comme l’abîme.

Delphine
Ah ! bien, moi, M. de Vertchoisi ne me fait pas peur, au contraire…

Madame Gaudin
Comment?

Delphine
Je lui trouve quelque chose de surhumain, de séraphique, de pas possible !…

Madame Gaudin
Petite poète !

Delphine
Comme on sent bouillir l’inspiration sous ce vaste crâne… dégarni par les veilles !…

Madame Gaudin
Épilé par les muses !… — Mais tu en parles avec un enthousiasme…

Sganarelle ou le cocu imaginaire de Molière

Comédie en un acte et en vers de Molière, créée sur le Théâtre du Petit-Bourbon le 28 mai 1660 par la troupe de Monsieur, frère unique du Roi.
Distribution : 6 hommes, 3 femmes
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Célie est amoureuse de Lélie, parti en voyage, mais son père veut la marier à un autre. Elle égare le portrait Lélie qui est ramassé par la femme de Sganarelle. Sganarelle pense alors que sa femme le trompe avec l’homme du portrait, alors que celle-ci le pense infidèle. Lélie, de son côté, est persuadé que Célie s’est mariée et qu’elle ne l’aime plus. Sganarelle veut se venger… Heureusement, la suivante de Célie dissipe les quiproquos et tout rentre dans l’ordre.

Quelques extraits

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8436359d/f321
Estampe. Source : BnF/ Gallica

Scène VI
Sa femme
Ô Ciel ! c’est miniature,
Et voilà d’un bel homme une vive peinture.
Sganarelle, à part, et regardant sur l’épaule de sa femme.
Que considère-t-elle avec attention,
Ce portrait mon honneur ne nous dit rien de bon,
D’un fort vilain soupçon je me sens l’âme émue.
Sa femme, sans l’apercevoir, continue.
Jamais rien de plus beau ne s’offrit à ma vue.
Le travail plus que l’or s’en doit encor priser.
Hon que cela sent bon.
Sganarelle, à part.
Quoi peste le baiser.
Ah ! j’en tiens.
Sa femme, poursuit.
Avouons qu’on doit être ravie
Quand d’un homme ainsi fait on se peut voir servie,
Et que s’il en contait avec attention,
Le penchant serait grand à la tentation.
Ah ! que n’ai-je un mari d’une aussi bonne mine,
Au lieu de mon pelé, de mon rustre…

https://archive.org/details/moreaulejeune17400sch
Estampe de Moreau Le Jeune. Extraite de l’ouvrage de Gaston Schefer, 1915. Source : archive.org

Sganarelle, lui arrachant le portrait.
Ah ! mâtine,
Nous vous y surprenons en faute contre nous,
Et diffamant l’honneur de votre cher époux :
Donc à votre calcul, ô ma trop digne femme !
Monsieur, tout bien compté, ne vaut pas bien Madame,
Et de par Belzébut qui vous puisse emporter
Quel plus rare parti pourriez-vous souhaiter :
Peut-on trouver en moi quelque chose à redire,
Cette taille, ce port, que tout le monde admire,
Ce visage si propre à donner de l’amour,
Pour qui mille beautés soupirent nuit et jour ;
Bref en tout et partout ma personne charmante,
N’est donc pas un morceau dont vous soyez contente :
Et pour rassasier votre appétit gourmand,
Il faut à son mari le ragoût d’un galant ?


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8436359d/f293.item
Estampe. Source : BnF/ Gallica

Scène XXI
Sganarelle
Ma colère à présent est en état d’agir,
Dessus ses grands chevaux est monté mon courage
Et si je le rencontre, on verra du carnage :
Oui j’ai juré sa mort, rien ne peut l’empêcher
Où je le trouverai, je le veux dépêcher,
Au beau milieu du cœur il faut que je lui donne…
Lélie
À qui donc en veut-on ?
Sganarelle
Je n’en veux à personne.
Lélie
Pourquoi ces armes-là ?
Sganarelle
C’est un habillement
Que j’ai pris pour la pluie.
(À part.)
Ah ! quel contentement
J’aurais à le tuer, prenons-en le courage.
Lélie
Hay ?
Sganarelle, se donnant des coups de poing sur l’estomac et des soufflets pour s’exciter.
Je ne parle pas.
(À part.)
Ah ! poltron dont j’enrage,
Lâche, vrai cœur de poule.

Pour aller plus loin :

Notice sur le site Tout Molière.

Lien vers la pièce Sganarelle à l’affiche

Un client sérieux de Georges Courteline

Comédie en un acte, représentée pour la première fois au Carillon le 24 août 1896, publié en 1897.
La scène de la première audience figure sous forme de saynète avec des intermèdes chantés dans Les Ombres Parisiennes (1894), sous le titre A Huitaine !

Distribution : 9 hommes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre.

L’argument

https://archive.org/details/unclientsrieux00cour
Un Client sérieux. Illustration d’après les dessins de Barrère. Edition de 1912. Source : archive.org

Le Substitut craint d’être révoqué car Barbemolle, avocat au Barreau de Paris, voudrait prendre sa place. Dans la salle d’audience, Lagoupille se présente pour être jugé des faits qui lui sont reprochés mais ce dernier n’a pas d’avocat… Par chance, le fameux Maître Barbemolle est présent dans la salle et va être désigné avocat de Lagoupille par l’huissier.
Le tribunal entre en séance. La première audience de la journée est reportée pour une quatrième fois. La deuxième audience concerne justement le cas de Lagoupille. Alfred accuse ce dernier de se comporter « comme un cochon » dans son café du Pied qui remue. Le patron, excédé par le comportement de Lagoupille qui accapare tout autour de lui quand il se rend dans son café, a tenté de l’en expulser par la force.

Lien audio

Lien vers l’enregistrement audio réalisé par le site  courteline.org

Un extrait

Lagoupille.
J’ai à dire que M. Alfred se conduit comme un cochon.
Le président.
Vous l’avez déjà dit. Ensuite ?
Lagoupille.
Ensuite, c’est un sale menteur ! Comment, qu’y dit, je prends une consommation ?… J’en prends sept !
Alfred.
Sept ?
Lagoupille.
Oui, sept !
Alfred.
Par semaine ?
Lagoupille.
Par jour.
Alfred.
Vous vous fichez du monde. Citez-les donc un peu, vos sept consommations. Non, mais citez-les donc, qu’on voie !

https://archive.org/details/unclientsrieux00cour
Un Client sérieux. Illustration d’après les dessins de Barrère. Edition de 1912. Source : archive.org

Le président.
Répondez.
Lagoupille.
Monsieur, c’est bien simple. J’arrive et je demande un café. Bon, on me sert un verre de café,
trois morceaux de sucre, une carafe d’eau et un carafon de cognac.
Le président.
Ça fait une consommation.
Lagoupille.
Ça fait une consommation.
Alfred.
Jusqu’ici nous sommes d’accord !
Lagoupille.
Bon ! je bois la moitié de mon café et je comble le vide avec de l’eau. Ça me fait un mazagran. Deuxième consommation.
Alfred.
Quoi ? Quoi ?
Le président.
Laissez parler le prévenu.
Lagoupille.
Dans mon mazagran, je mets de l’eau-de-vie : ça me fait un gloria.
Alfred.
Ah çà ! mais…
Barbemolle.
Ces interruptions continuelles sont insupportables. Je supplie la partie civile de laisser mon client s’expliquer.
Lagoupille.
Bon ! je prends un deuxième morceau de sucre et je le mets à fondre dans l’eau, ça me fait un verre d’eau sucrée. Dans mon verre d’eau sucrée, je reverse du cognac ; ça me fait un grog. Mon grog bu, je m’appuie un peu de cognac pur, ça me fait une fine champagne.
Le président.
Et enfin ?
Lagoupille.
Enfin, sur mon dernier bout de sucre, je verse le restant de mon carafon. J’y mets le feu, ça me fait un punch.Total : un café, un mazagran, un gloria, un verre d’eau sucrée, un grog, une fine et un brûlot. Sept consommations.
Le président.
C’est exact !
Alfred.
Charmant ! Et à la fin du compte, combien est-ce que je touche, moi ? Six sous ! Et vous croyez que ça m’amuse, après que vous m’avez rasé toute la soirée, d’inscrire six sous à mon livre de caisse ?
Lagoupille.
Ça vous embête ? Eh bien, prenez une caissière.

Lien sur le site de l’INA

Introduction à l’oeuvre de Courteline et retransmission d’Un Client sérieux depuis la salle Richelieu de la Comédie Française  sur le site de l’INA

Pour explorer l’œuvre théâtrale de Georges Courteline dans Libre Théâtre :

L’Affaire Champignon de Georges Courteline et Pierre Veber

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200976v
Jules Moinaux, Extrait des tribunaux comiques de Jules Moinaux. A. Chevalier-Marescq, 1881/ Source : BnF/Gallica

Fantaisie judiciaire en un acte tirée des « Tribunaux comiques » de Jules Moinaux, représentée pour la première fois sur la scène de La Scala, le 8 septembre 1899. Le père de Courteline, Jules Moinaux, était en effet chroniqueur à La Gazette des tribunaux.

Télécharger le texte intégral sur Libre Théâtre.

L’argument

La scène se passe dans un tribunal. Champignon accuse sa femme, Désirée, de l’avoir trompé avec son ami Canuche. Désirée révèle au tribunal que c’était pour se venger car son mari l’avait trompée avec Hortense Bezuche, une de ses amies.

Un extrait

L’Avocat.
L’homme surprenant, inattendu, fantastique, surnaturel, l’extraordinaire Sganarelle, en un mot, qui vient de quitter cette audience, vous disait, il y a un instant, que les cocus le faisaient toujours rire. Le cas que vous avez à juger n’est pas fait pour lui donner tort. M. Champignon apparaît, en effet, comme le type achevé, comme la formule définitive, du classique mari de comédie.
Champignon, furieux.
Je proteste !
L’Avocat.
Mettons de vaudeville.
Champignon.
Je n’accepte pas le mot.
L’Avocat.
Je le retire.
Champignon.
C’est heureux.
L’avocatpoursuivant.
… Comme le type achevé du classique mari d’opérette.
Champignon.
Comment, d’opérette !
L’Avocat.
Sans doute. Vous n’acceptez ni la comédie, ni le vaudeville ; j’en conclus que vous préférez les infortunes conjugales en musique et je me fais un plaisir de me rendre à vos voeux.
Champignon.
Mais…
L’Avocat.
Je poursuis. L’adorable jeune femme que le plaignant a le bonheur de posséder, – bonheur inexpliqué autant qu’inexplicable…
Champignon, suffoqué.
Pourquoi ?
L’avocat, discret et souriant.
Le tribunal me permettra, je l’espère, de masquer derrière un sourire mon embarras bien naturel à l’énoncé d’une question que le plaignant ne m’eût pas posée, s’il eût pris le soin, au préalable, de se regarder dans la glace.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200976v
L’avocat. Extrait des tribunaux comiques de Jules Moinaux. A. Chevalier-Marescq, 1881/ Source : BnF/Gallica

Pour explorer l’œuvre théâtrale de Georges Courteline dans Libre Théâtre :

Séance de nuit de Georges Feydeau

Comédie en un acte, représentée pour la première fois à Paris, le 29 mars 1897, sur la scène du théâtre du Palais-Royal. 44 représentations.
Distribution : 5 hommes, 4 femmes.

Téléchargez gratuitement le texte intégral de la pièce sur Libre Théâtre

L’argument

Boulevard des Italiens : Café anglais : estampe 1877 / APM [Potémont] . Source BnF/ Gallica
Boulevard des Italiens : Café anglais : estampe 1877 / APM [Potémont] . Source BnF/ Gallica

Dans un cabinet particulier au Café Anglais, une mystérieuse femme masquée se retrouve avec deux hommes, Fauconnet et Gentillac, dans l’alcôve d’un cabinet particulier… mais rien ne se déroule comme ils l’avaient imaginé…

Vous pouvez explorer l’univers de Feydeau à travers les articles suivants :

– Le Théâtre de Georges Feydeau
– Biographie de Georges Feydeau
– Les ressorts comiques du langage chez Feydeau
– La politique dans les pièces de Feydeau
– Les progrès techniques dans les pièces de Feydeau
– Le vaudeville et Feydeau (à travers deux articles de Feydeau).

Hortense a dit « je m’en fous » de Georges Feydeau

Pièce en un acte de Georges Feydeau, représentée pour la première fois sur la scène du Palais-Royal, le 14 Janvier 1916. 89 représentations lors de la création.
Distribution : 5 hommes, 4 femmes.

Télécharger le texte intégral de la pièce sur Libre Théâtre

L’argument

Journée de folie dans le cabinet du dentiste, Follbraguet. Hortense, la domestique, a osé  dire à Madame Follbraguet  » Je m’en fous! « . Elle veut la mettre à la porte.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b85969490
Cassive, dans l’Album Reutlinger. Source : BnF/ Gallica

Vous pouvez explorer l’univers de Feydeau à travers les articles suivants :

– Le Théâtre de Georges Feydeau
– Biographie de Georges Feydeau
– Les ressorts comiques du langage chez Feydeau
– La politique dans les pièces de Feydeau
– Les progrès techniques dans les pièces de Feydeau
– Le vaudeville et Feydeau (à travers deux articles de Feydeau).

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