Comédie en un acte, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l’Œuvre le 15 Mars 1895, publiée en 1899 aux Editions Ollendorff (disponible sur Gallica), dédiée à Louis-Alfred Natanson. Il s’agit de la première pièce de Tristan Bernard.
Distribution : 3 hommes, 4 femmes (plusieurs rôles peuvent être interprétés par le même comédien)
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Argument
Alain et Francine, un jeune couple, ont absolument besoin de dix mille francs pour rembourser Ronchaud, un ami du père d’Alain. Mais tout le monde a les pieds nickelés dès qu’il s’agit de prêter la forte somme. Mis par hasard en possession de l’argent, Alain a lui-même les pieds nickelés quand Ronchaud revient chercher son dû…
Extrait
Alain. – Es-tu sûre qu’il ait gagné six cent mille francs ? Les gens d’affaires font entre eux des affaires extraordinaires. Ils achètent très cher des choses – qu’ils ne paient pas, et les revendent encore plus cher à des gens qui ne les paient pas. Ils doivent toucher des fortunes, ils y comptent, et cette ferme espérance les soutient. Francine. – Mais de quoi vivent-ils tous ? Qui paie leur loyer et leurs voitures ? Alain. – De soi-disant petites commissions, dont quelques bonnes poires de province ou quelques fils de famille alimentent le marché. Ils vivent richement, au jour le jour, et quand leur vaisselle plate n’est pas au clou, ils y mangent leur vache enragée. Francine. – Et voici comment se résume notre situation : les gens qui voudraient bien obliger n’ont pas d’argent ; quant à ceux qui ont de l’argent… Alain. – Ils ne marchent pas. Ils ont, comme on dit, les pieds nickelés. Ils sont lourds à remuer, ainsi que des tirelires pleines. Leurs pieds nickelés ne sont que de vains ornements.
La création en 1895
La première pièce de Tristan Bernard est créée au Théâtre de l’Œuvre, dirigée par Lugné-Poë, qui jouera dans la pièce avec sa femme Suzanne Després. On soulignera l’extrême variété du programme proposé par le Théâtre de l’Œuvre le 15 mars 1895 puisque les Pieds Nickelés côtoient la pièce symboliste Intérieur de Maurice Maeterlinck. Le programme est dessiné par Maurice Denis.
Lithographie dessinée par Maurice Denis pour le programme de l’Œuvre du 15 mars 1895. (La scène d’André Lebey, La vérité dans le vin de Charles Collé, Les pieds nickelés de Tristan Bernard et Intérieur de Maurice Maeterlinck). Source : Musée Van Gogh Museum Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)
Illustration de la première édition par Toulouse-Lautrec
L’expression signifie à la fin du XIXème siècle « être de mauvaise volonté ». On la trouve fréquemment dans la presse de l’époque. L’origine de cette expression est confuse. Elle fait référence soit aux « pieds en nickel », trop précieux pour servir à marcher ou travailler, soit aux « pieds niclés », pieds atteints de rachitisme, noués, mal formés, ne permettant donc pas un travail soutenu.
Après la pièce de Tristan Bernard, Louis Forton a créé sous ce nom trois héros de bandes dessinées dans l’hebdomadaire l’Épatant en 1908. Louis Forton a continué à dessiner les Pieds nickelés jusqu’à sa mort en 1934, date après laquelle la série sera continuée par Aristide Perré puis Albert Badert. Il faudra néanmoins attendre sa reprise par Pellos de 1948 à 1981 pour que les Pieds nickelés renouent avec le succès. Ce sont de petits filous sans envergure illustrés d’abord par leurs coups tournent souvent mal et les entraînent fréquemment en prison, d’où le sens actuel d’archétype du malfaiteur médiocre.
L’Accord parfait de Tristan Bernard et Michel Corday
Comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois sur la scène du Théâtre Fémina, le 25 novembre 1911. Retraitement par Libre Théâtre à partir de l’édition de La Petite Illustration théâtrale du 17 février 1912.
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L’argument
L’accord parfait propose une version moderne du triangle amoureux, multipliant les situations inattendues et les pieds de nez à la morale bourgeoise et hypocrite. Les arrangements entre le mari, la femme et l’amant sont présentés avec un grand naturel et une sensibilité délicate.L’ironie mordante de cette comédie de mœurs traverse les âges et séduit encore aujourd’hui.
Présentation par les auteurs
« L’Accord parfait est une comédie de mœurs ironique. (…) Il y a peut-être des gens qui vont trouver notre pièce immorale, et il y en a d’autres sans doute qui vont la trouver très morale. À défaut de la Moralité, avec un grand M, je crois qu’on rencontrera beaucoup de petites moralités. Nous avons mis en scène des êtres un peu spéciaux, moins exceptionnels qu’ils n’en ont l’air, plus généraux, en tout cas, qu’ils ne le croient eux-mêmes. Car, au fond, c’est une vérité assez vieille que de dire que les hommes se ressemblent beaucoup. Si, depuis pas mal de temps, les hommes appellent d’autres hommes leurs semblables, c’est qu’il y a peut-être à cela une petite raison… Nous pensons que parmi les tâches diverses de l’écrivain, une des plus intéressantes est de montrer comment des êtres soi-disant exceptionnels se rattachent toujours à l’humanité. »
Léon Blum déclare, dans Comœdia, que cette œuvre, comique en apparence, pleine de mots et de traits d’un humour charmant ou profond, est si hardie dans son fond, et pose avec une sereine tranquillité des idées si graves qu’il n’a pu l’écouter sans une sorte de frisson : « On n’y prend pas garde, tant la pièce est agréable et heureuse, tant les personnages sont faciles et nonchalants, tant MM. Tristan Bernard et Michel Corday ont apporté de tact et d’apparente insouciance à voiler leurs hardiesses très volontaires. Mais cependant, ce qui est dit reste dit, et je ne crois pas que jamais on ait fait accepter au public rien de plus audacieux. »
Adolphe Brisson, dans le Temps : « L’anarchisme indolent et souriant de M. Tristan Bernard – et M. Brisson prie M. Michel Corday de prendre pour lui la moitié des observations et des compliments que, pour plus de commodité, il adresse au seul Tristan Bernard – cet anarchisme s’y épanouit avec une sorte de sérénité. Il semble que le délicieux écrivain se dise : les vérités contenues dans mon ouvrage sont désormais établies ; elles ont la force de l’évidence et presque la banalité du lieu commun ; il est superflu d’y insister. Jamais M. Tristan Bernard ne s’était montré si affirmatif tout ensemble et si paisible, n’avait enveloppé de formes plus aimables son nihilisme agressif. Car ne vous y trompez pas, cet auteur nonchalant de qui la grâce nous charme et la gaieté nous ravit, a des idées violentes. Traditions séculaires, principes ou préjugés de notre vieille morale, conventions ayant pour but de maintenir l’ordre social, toutes ces choses que de furieux coups de bélier n’ont pas ébranlées, le flegme de M. Tristan Bernard les énerve, les dissout, les détruit. Rien n’est plus curieux qu’un travail de désagrégation si énergique et poursuivi par des moyens en apparence si inoffensifs. On ne se méfie pas. La comédie s’intitule l’Accord parfait. Ce pourrait être le titre d’une estampe galante de Fragonard. C’est, en effet, fort galant, mais nous allons voir de quelle façon, et tout ce que recouvrent ces légèretés, ces gentillesses, ces ironies. Il y a là une audace tranquille, très symptomatique, très « moderne. »
M. Adolphe Brisson, s’étant livré à l’analyse de ces trois actes, conclut : « Une impression singulière se dégage de ce dialogue dont la hardiesse souriante et paisible eût soulevé jadis des orages. Vous figurez-vous la stupeur du public de 1865, ou de 1875, ou de 1880…, si on le lui avait offert ? L’indifférence amusée des spectateurs de 1911 indique l’étape parcourue, l’évolution accomplie. Ils n’éprouvent pas le besoin de s’insurger. Leur attitude est d’autant plus significative qu’ils sentent bien que l’exposé de ces principes, de ce traité conclu entre le mari, la femme et l’amant, que cette réglementation méthodique et si l’on peut dire familiale de l’adultère, que ces choses ne sont nullement paradoxales dans l’intention des auteurs, que ceux-ci ne blaguent pas, ne bluffent pas, qu’ils ne soutiennent pas une gageure, mais expriment sincèrement, et sans hypocrisie, ce qu’ils pensent. »
Edmond Sée, dans Gil Blas, juge cette petite comédie tendre cyniquement, comiquement émouvante.
Edition de la pièce par Libre Théâtre.
L’édition contient également la postface de Gaston Sorbets parue dans La Petite Illustration théâtrale, en 1912. Il rapporte les conditions dans lesquelles les deux auteurs ont composé ces trois actes et détaille les réactions de la presse lors de la création de la pièce.
Comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois sur la scène du Théâtre Michel, le 24 avril 1926. Retraitement par Libre Théâtre à partir de l’édition de La Petite Illustration théâtrale, 1926. (Source : Gallica/ BnF)
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L’argument
Thibaut et Thierry sont amis et se retrouvent à Deauville. Thierry est un séducteur d’une quarantaine d’années qui ne cesse de multiplier les conquêtes. Thibaut, qui est plus jeune, lui demande d’arranger ses affaires de cœur. Mais les choses tournent toujours de la façon la plus déplorable et le jeune perdreau est plumé par le braconnier malgré lui ! Trois actes, trois expériences semblables… Mais, une jeune fille intelligente et sincère, va rebattre les cartes de ces jeux amoureux.
M. Pierre Veber nous confie, dans le Petit Journal, la prédilection de l’auteur pour cette dernière œuvre, et il la partage : « Je parie que cette pièce est celle que Tristan Bernard préfère dans toute son œuvre ; et je parie à coup sûr, car il me l’a dit ! Et comme je le comprends ! C’est écrit avec une recherche, une habileté de nuances à la Marivaux, un sens de la phrase qui formule joliment une pensée, un esprit continuel et qui n’a rien de commun avec le faux esprit de théâtre. C’est un art supérieur très personnel, infiniment savoureux, dont le comique réticent s’indique à peine, et dont la psychologie semble s’excuser d’être trop délicate. Avez-vous remarqué, comme l’a fait Charles Oulmont, dans ses Lunettes de l’Amateur, que les marchands de curiosités gardent leurs meilleurs objets dans l’arrière-boutique ? C’est ainsi que Tristan semble garder ses meilleures trouvailles dans son arrière-pensée. Mais si vous forcez la porte, vous ne serez pas volés, je vous l’assure. Cet écrivain a le génie de l’indication ! Avec deux mots très simples, il vous révèle un état d’âme assez compliqué. Il n’insiste pas, et vite il vous échappe, dans l’inquiétude qu’il a d’échapper à lui-même. Méfiez-vous de la minute où il vous amuse, c’est justement celle où il vous fait réfléchir. Ce jeu de cache-cache avec le spectateur ne peut être réussi que par un grand artiste, qui dédaigne désormais les faciles moyens de gagner son public. »
Le Journal
Dans le Journal, M. G. de Pawlowski remarque judicieusement : « Si Un Perdreau de l’année était d’un jeune auteur, on crierait certainement au chef-d’œuvre. De M. Tristan Bernard, cette pièce ne surprend pas. Elle n’a peut-être cependant à ses yeux que l’importance d’un divertissement dans son œuvre. C’est du moins un divertissement qui est divertissant avec délicatesse. Ce qui n’est pas si fréquent aujourd’hui. Voilà même, sans doute, une pièce qui survivra à bien d’autres œuvres contemporaines qui se présentent avec moins de modestie. Et puis, M. Tristan Bernard est à la fois un excellent observateur du cœur humain et un écrivain… »
Le Journal des Débats
M. Henry Bidou, dans le Journal des Débats, est lui aussi sous le charme : « Que dire de la pièce de M. Tristan Bernard au théâtre Michel, sinon qu’elle est une merveille de finesse ciselée, et d’un comique si subtil qu’on en est saisi sans l’avoir aperçu ? Je voudrais vous la raconter, mais il faudrait retrouver les mots eux-mêmes. Chaque phrase est riche de sens et cette richesse est voilée. Il ne s’agit que d’un homme à qui un ami, sans que ni l’un ni l’autre le veuille, jette toutes ses maîtresses dans les bras. La fatalité, mais une fatalité sourde, discrète, secrète, inexorable et, en somme, optimiste, ne permet pas que Thierry échappe à son destin, qui est agréable. Un agencement de trébuchets le fait tomber dans des pièges, où le remords et le plaisir lui tiennent compagnie. La pièce est si bien faite que les personnages y ont du temps devant eux, et, comme ils parlent avec beaucoup de grâce, ils prononcent des petits discours persuasifs, ou ils font de petits portraits qui sont des réquisitoires. En tout cela, pas un mot de trop, mais une justesse exquise, des phrases qui font mouche, mais sans rigaudon : l’aisance dans la perfection. »
Comœdia
Si M. Etienne Rey, de Comœdia, s’est d’abord un peu défendu, il n’a pu résister longtemps : « On est en train de suivre la pièce, d’écouter le dialogue, et on se dit, tout bas : « Tiens, tiens ! Ça n’a pas l’air d’être du meilleur Tristan… » Puis, tout d’un coup, sans s’annoncer, sans crier gare, arrivent un de ces mots, une de ces réflexions de la qualité la plus rare, de l’observation la plus pénétrante, et qui en disent plus long, à eux seuls, que toute une scène, Et nous sommes ravis. C’est une petite pièce aimable, nonchalante, facile, comme les aime M. Tristan Bernard, et comme lui seul peut s’en permettre. Elle ne se guinde pas ; elle se refuse à paraître brillante ; elle ne force pas l’allure, et elle ne cherche pas à provoquer notre intérêt par ces effets de surprise ou ces ingéniosités de l’action qui suppléent si souvent au reste ; ce n’est pas qu’elle dédaigne certains procédés de théâtre, tels par exemple que des répétitions ou des retournements de situation ; mais l’auteur paraît toujours vouloir nous dire : « Je sais bien que vous devinez où je vous conduis et que vous attendiez cette scène… mais ça n’a pas d’importance. Le vrai jeu n’est pas là ! Et, en effet, ça n’a pas d’importance. Car toujours, sous le dialogue le plus naturel et le plus aisé du monde, ce que nous aimons dans les pièces de Tristan Bernard, c’est sa souriante philosophie, sa sagesse narquoise, et cette expérience du cœur des hommes et des femmes grâce à laquelle des personnages, même dessinés d’un trait léger ou négligent, nous paraissent vrais et humains. »
Le Temps
Dans le Temps, M. Pierre Brisson estime : « On écoute les trois petits actes de cette brève comédie du Perdreau de l’année avec un charmant plaisir. Le dialogue trahit un soin particulier. Certaines scènes sont de l’art le plus fin, le plus narquois, le plus aisé qu’on connaisse à M. Tristan Bernard. Vous savez avec quelle nonchalance il aime à répandre son talent. Les faiblesses d’un héros lui sont plus chères que ses vertus. Elles lui paraissent plus naturelles et plus vraies. Il étend parfois jusqu’à lui-même cette affection pleine d’indulgence. Il s’abandonne à une douce mollesse. De petits ouvrages flâneurs et négligés naissent volontiers sous sa plume. Lorsqu’il veut s’en donner le loisir il écrit un théâtre dont vous connaissez le prix. C’est une merveille d’ironie savante, d’adresse et de vérité. Les personnages qu’on y rencontre sont pour la plupart incertains et médiocres. Ils suivent le train de la vie. Leur condition est ordinaire. Les mots qu’ils prononcent, les gestes qu’ils font restent ordinaires aussi. Leur spectacle pourtant nous ménage un plaisir délicat. M. Tristan Bernard est le peintre incomparable des petits sentiments qui forment la trame de l’existence. Il excelle à flatter ce goût singulier que nous avons pour les ennuis des autres. Le léger ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui prend une allure quelque peu différente. C’est un vaudeville traité dans le ton de la comédie la plus nuancée. L’intrigue se développe d’un mouvement mécanique, les personnages ont une conduite tout à fait improbable. Leurs propos cependant abondent en remarques justes, fines et spirituelles. Ce contraste-là fait précisément la meilleure qualité de la pièce et son attrait subtil… Ce qui fait le prix, me semble-t-il, de ces trois actes légers, c’est la science aisée qui s’y cache et dont on sent plusieurs fois très vivement l’effet. M. Tristan Bernard est un mandarin du théâtre. Ayant peu à peu déchiffré les secrets du métier et rompu son esprit aux exercices les plus divers, il revient à des jeux fort simples dont il s’amuse à compliquer les règles. Les divertissements qu’il s’offre ainsi nous valent parfois des comédies un peu minces et d’une nonchalance extrême, mais parfois aussi de petits ouvrages d’une perfection achevée dans le détail et d’un humour délicieux… Ces habiletés savantes prennent un bien vif agrément lorsqu’elles s’allient à tant de naturel. »
Et M. Nozière ajoute : « C’est une petite comédie d’une réelle distinction et qui pourtant déchaîne parfois le rire violent du public. »
L’Œuvre
Enfin, ces lignes de M. Edmond Sée, dans l’Œuvre, compléteront significativement ce florilège louangeur : « Cette pièce-là, c’est du Tristan Bernard « de derrière les fagots » ; le Tristan de Monsieur Codomat, des Petites Curieuses, de Daisy, de la Volonté de l’homme, de l’Accord parfait. Vraiment, on ne saurait allier plus de tendre et délicate observation à plus de fine, incisive et profonde malice. En trois petits actes, l’écrivain fait vivre, anime des personnages criants d’humanité ; leur fait avouer tout ce qu’ils pensent, ce qu’ils sentent (ce que nous penserions et sentirions nous-mêmes, à leur place). Lorsque le rideau tombe, pas un mot de trop n’a été dit, pas une scène nécessaire n’a été « loupée », pas un coup de pouce n’a été donné à la quotidienne et générale vérité : celle qu’expriment naturellement nos faibles cœurs, nos consciences incertaines, et qu’un philosophe implacable mais souriant dégage, comme en se jouant !… L’ouvrage vaut par l’esprit éblouissant du dialogue, la grâce des détails, le dessin subtil et vigoureux des scènes, la présentation et l’éclosion adorables des personnages, dont chacun est un caractère (même lorsqu’il semble en manquer). Il faut aller entendre Un Perdreau de l’année ; et l’on ira, je l’espère. Dans la salle, on murmurait : « Un bijou, mais trop délicat pour le public d’après guerre. » Aux spectateurs de démentir une si injurieuse insinuation. Car, tout de même, je me refuse à croire que, seuls, les étrangers font la loi au théâtre et que ce public jadis, hier, le plus fin, le plus spirituel du monde s’écarte d’un ouvrage, parce qu’il est trop spirituel et trop fin !… »
Edition de la pièce par Libre Théâtre.
L’édition contient également la postface de Robert de Beauplan parue dans la Petite Illustration théâtrale (1923) qui détaille les réactions de la presse lors de la création de la pièce.
Saynète extraite du recueil Théâtre sans directeur (Editions Albin Michel, 1930). Source BnF/Gallica
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L’argument
M. Racosse est fort riche, il a une belle maison, de beaux tableaux, et une fille à marier. Sans doute n’a-t-il pas, malgré ses affirmations, vis-à-vis de la loi fiscale une conscience très limpide mais il vit dans l’inquiétude. Tout ce qu’il doit payer au percepteur lui empoisonne l’existence « Encore un papier des contributions directes. ils me feront mourir. S’ils continuent je ne pourrai bientôt plus marier ma fille. Je n’aurai plus un sou à lui donner ».
Mme Racosse est moins pessimiste et d’ailleurs attend ce jour-là la visite d’un prétendant à la main de Mlle Racosse, la charmante Renée. Mais rien ne distrait de ses préoccupations le funèbre M. Racosse dont l’hypocondrie est portée au plus noir par la visite de sa sœur Augustine.
Celle-ci ne vient-elle pas de lui affirmer que des agents du fisc s’introduisent dans les demeures de ceux des contribuables qu’ils soupçonnent de fraude, sous des prétextes, des déguisements. Ne vont-ils pas jusqu’à se dire prétendants à la main des jeunes filles à marier, dans les familles où il y a des jeunes personnes Terrorisé, M. Racosse s’imagine immédiatement que le jeune homme qui doit venir aujourd’hui lui demander la main de Renée est un de ces espions. Comment le dépister ? Comment cacher les richesses, trop apparentes, l’hôtel, les collections, l’automobile, le jardin d’hiver, etc., etc. Et les élégances de ces dames ? et même celles de la femme de chambre ? Trop tard. On introduit deux jeunes gens M. Pomin, fabricant de caoutchouc et son ami le poète Enguerrand Durand, fils de M. Durand, fabricant de chaudières à vapeur. Tout cela sent la mystification à plein nez. Aussi dans l’entretien que M. Racosse accorde confidentiellement à M. Pomin, M. Racosse fait-il le finaud. Il sait qu’il ne s’agit pas, dit-il de la part de M. Pomin, prétendant, d’un mariage d’amour, mais d’une union d’affaires. « Alors, je dois vous prévenir honnêtement que ma situation ne me permet pas de donner la moindre dot. » En vain Pomin fait-il remarquer à Racosse toutes les raisons qu’il a de le croire riche. Racosse déclare ses immeubles hypothéqués, ses Cézanne apocryphes, son auto gagnée en loterie et sa bonne habillée à l’œil comme reine des femmes de chambre de l’arrondissement. Alors, Pomin déclare à son tour qu’il renonce à ses projets matrimoniaux, car il projetait, par cette union qu’il croyait avantageuse, de donner de l’extension à sa maison ». Racosse jubile et se dit « Je l’ai eu ». Mais Pomin était un vrai prétendant. La ruse de M. Racosse l’a forcé à dévoiler ses vrais sentiments. Et pendant cet entretien Renée a fait la conquête d’Enguerrand Durand qui, la croyant sans fortune et étant poétique et désintéressé, la demande en mariage. M. Racosse ne peut qu’approuver. Et d’ailleurs, ce poète, de par les chaudières paternelles, est un bon parti. « Mais que dira ce poète quand il apprendra que nous avons de la fortune ? », dit-il tout bas à sa sœur Augustine. « II se fera une raison » susurre celle-ci. Et on voit toute la drôlerie de ces ressorts à soubresauts imprévus à la fois retors et naïfs, et l’optimisme général qui veut que comme dans le bon vieux théâtre la farce finisse quand même par un mariage. C’est charmant. (critique de Gérard d’Houville parue dans le Figaro du 3/11/1930. Source : BnF/Gallica)
Comédie en trois actes représentée pour la première fois au Théâtre de l’Odéon le 25 novembre 1849.
Distribution : 2 hommes, 5 femmes
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L’argument
François, l’enfant trouvé dans les champs, revient dans la maison de Madeleine, la meunière qui l’a élevé. Il a été chassé quelques années auparavant par le mari de Madeleine, qui a dilapidé ses biens au profit d’une paysanne sans scrupule, Sévère. Mariette, la belle-sœur de Madeleine est courtisée par le neveu de Sévère. Elle tombe amoureuse de François, qui se rend peu à peu compte qu’il est amoureux, lui, de Madeleine.
Premières représentations en 1849
« L’apparition de François le Champi fit une grande sensation dans le monde dramatique. La presse fut unanime à louer les immenses qualités de l’ouvrage de G. Sand ; le public l’applaudit avec enthousiasme, et c’était justice. — Cette œuvre remarquable fut mise en scène avec beaucoup de soin et d’intelligence. L’honneur en revient à M. Bocage, qui en avait distribué les rôles et suivi les répétitions. Tous les acteurs firent leur devoir, excitèrent l’admiration des spectateurs, et surent mériter les sympathies des journalistes. M. Deshayes surtout, qui jouait un rôle tout à fait en dehors de son emploi, fut si étonnamment et si naïvement Berrichon, que chacun se disait : Il est là dans son pays ! — C’est que M. Bocage, qui a le jugement « plus droit qu’une faucille, » avait su découvrir un excellent comique dans la personne d’un de ses jeunes premiers. — Le Champi eut cent trente-deux représentations , cent trente-deux fois la salle fut comble. »
Le Daguerréotype théâtral : journal littéraire illustré, paraissant 2 fois par mois, reproduisant les principaux types, costumes et tableaux des pièces à succès. Source : Gallica
Deshayes, rôle de Jean Bonnin, dans François le Champi, Théâtre de l’Odéon en 1849, par A. Lacauchie. Source : BnF/GallicaFrançois le Champi Acte I Scène XI Jeannie, Mlle Célestine Marie, Mme Lefebvre Madeleine, Mme Ballauri Catherine, Mme Buycet François le champi, Mr Bondois : estampe de C. Augier, 1850. Source : BnF/GallicaThéâtre de l’Odéon. François-le-Champi, 1er acte. François, M. Clarence ; Madeline, madame Laurent ; Mariette, madame Deshayes ; Catherine, madame Birou : estampe par Janet Lange. 23-11-1849. Source : BnF/GallicaFrançois le Champi, comédie de George Sand : illustration de presse du 22/09/1888 (Comédie-Française). source : BnF/GallicaThéâtre national de la Comédie Française. « François le Champi », comédie de George Sand : [estampe] / Dessin de M. Paul Destez ; gravure de Michelet. 1888. Source : BnF/Gallica
Maître Favilla de George Sand
Drame en trois actes et en prose, représenté pour la première fois le 15 septembre 1855 au Théâtre de l’Odéon.
Distribution : 5 hommes, 2 femmes
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L’argument
Le bourgeois Keller hérite du chateau de Muhldorf, qui appartenait à son oncle, mort sans testament. Il s’y rend avec son fils et découvre Maître Favilla, un musicien rêveur et un peu fou, un ami du défunt qui s’est installé avec sa famille dans le chateau et qui est persuadé d’être l’héritier. La famille de Favilla demande à Keller de le ménager le temps qu’il recouvre ses esprits. Le fils de Keller tombe amoureux de la fille de Favilla…
Maître Favilla ou le pique-assiette sans le savoir : estampe de Pochet, 1855. Source : BnF/Gallica
Madeleine de Émile Zola
Drame en trois actes, écrit en 1865, non joué à cette époque, mais représenté pour la première fois sur la scène du Théâtre-Libre, le 2 mai 1889. Cette pièce inspira le roman Madeleine Férat, paru en 1868.
Distribution : 3 hommes et 4 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument
Madeleine attend le retour de Francis son mari, avec Mme Hubert, sa belle-mère, et la servante Véronique. La servante est en train de lire à haute voix le passage biblique de « la femme pécheresse ». Francis arrive et annonce qu’il est revenu avec son ami d’enfance, Jacques, que l’on croyait mort. En entendant cette nouvelle, Madeleine s’évanouit puis révèle à son mari qu’elle a été la maîtresse de Jacques avant de le connaître. Elle insiste pour fuir de la maison immédiatement avec lui.
Les époux se réfugient dans une auberge de campagne : ils se retrouvent dans la chambre qui a abrité les amours de Madeleine et Jacques. Jacques a aussi choisi cette auberge et se retrouve face à Madeleine qui lui apprend qu’elle est mariée. Madeleine et Francis rencontrent aussi une ancienne amie de Madeleine, Laurence, devenue une mendiante. Madeleine comprend qu’elle ne peut échapper à son passer et le couple décide de revenir chez lui.
C’est Véronique, la servante qui accueille Madeleine et lui affirme qu’elle ne sera pas pardonnée. Madeleine décide de se suicider.
Comédie en un acte, écrite en collaboration avec Georges Docquois. Représentée pour la première fois à Paris, sur la scène du Théâtre national de l’Odéon, le 9 novembre 1895. Tirée d’une nouvelle parue initialement dans le Mercure de France de janvier 1890, et éditée dans le recueil Sourires Pincés.
Distribution : 3 hommes, 4 femmes
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L’argumentaire
Parution de la nouvelle La Demande dans Almanach Normand-Percheron en 1911. Source : Gallica/ BnF
Ripois a deux filles, Henriette et Marie qu’il veut marier. Marie est vive et jolie, mais Ripois veut d’abord marier Henriette, l’aînée, un peu disgracieuse. Alors que Gaillardon vient acheter un de ses taureaux, il fait sa demande en mariage. Ripois l’invite à déjeuner et informe sa femme et ses filles de la bonne nouvelle. Mais il y a une erreur sur la promise : Gaillardon souhaite épouser Marie, alors que Ripois pense qu’il s’agit d’Henriette…
Comédie en trois actes représentée pour la première fois à Paris sur le Théâtre du Vaudeville le 18 novembre 1871.
Distribution : 3 hommes, 4 femmes
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L’argument
La jeune Emma choquée par la conduite de son mari Raoul De Sainte-Croix a quitté Paris et s’est installée dans leur maison de campagne, accompagnée de sa belle-mère. Antonin De la Rouvre vient souvent lui tenir compagnie. Raoul, pressée par sa mère, tente une réconciliation mais Emma ne le supporte plus et n’a pas l’espoir de le voir changer. Antonin annonce son départ pour les Indes. Arrive alors Antoinette, comtesse Bordogni, la maîtresse de Raoul, qui se trouve être la femme d’Antonin, qu’elle a trompé et dont il s’est séparé. Après une ultime dispute, Raoul retourne à Paris. Emma décide partir avec Antonin pour les Indes.
Une pièce féministe ?
Même si certaines tirades sont assez verbeuses, Becque campe avec talent les différents personnages de cette pièce et notamment Emma, la jeune épouse qui refuse d’accepter la conduite de son mari et sa condition d’épouse. Alors que Henry Becque est décrit comme misogyne à son époque, certaines tirades ont fait scandale lors de sa représentation, alors que la question du divorce faisait l’objet de débats.
Le monologue de la scène 5 de l’acte III suit une discussion d’orageuse qu’Emma a eu avec sa belle-mère.
Femme vulgaire, diseuse de futilités et de lieux communs, oui, tu es bien la mère de ton fils, et tu lui es supérieure encore. Ton existence au moins ne manque pas d’harmonie ; elle a la grandeur des choses régulières. Tu as été loyale, dévouée, charitable ; tu as été frivole aussi et bornée, c’est le lot des femmes, à ce qu’il paraît, tu l’as accepté. Mais ton misérable fils, cet homme nul et malfaisant, comblé jusqu’à l’injustice des faveurs de ce monde, et qui ne rend au monde que des exactions !
Il faut prendre un parti où je ne compte plus qu’avec moi-même, après m’être sacrifiée trop longtemps. Honneur, devoir, considération, j’ai respecté ces grands mots autant qu’une autre, et j’aurais voulu donner le spectacle d’une intelligence libre soumise à des règles déterminées. Mon mari ne me l’a pas permis. Il n’est plus, à mes yeux, qu’un pavillon neutre dont il faut se couvrir ou se dégager.
Ce que je préférerais, je le sais. Me séparer, dignement, sans éclat ; mais mon mari, ou plutôt sa mère, n’y consentira jamais. Un procès m’épouvante ; que d’histoires, pour le perdre peut-être. Partir alors ! Ah! partir! que de choses dans ce mot ! Amour, épanouissement, fantaisie ! Mais c’est se déshonorer en s’affranchissant !
Ah ! que les hommes sont heureux ! Leur destinée est libre ; leurs forces indépendantes ! Ils ont tous les privilèges, ceux de la pensée et ceux de l’action ! Ils ne s’épuisent pas comme nous dans des combats intérieurs où notre vie entière est engagée et qui n’ont pour objet que l’amour. L’amour, une déchéance pour nous et pour eux un titre de plus ! Art, science, philosophie, politique, toutes les voies leur sont ouvertes. Ils écrivent, ils parlent, ils enseignent. Ils conduisent de grandes affaires ou soutiennent de grandes luttes. Ils donnent leur sang pour leur pays, et ce sacrifice à certaines heures est si solennel que les plus humbles, en tombant héroïquement, sauvent l’honneur d’une nation!
Henri Becque décrit ainsi l’accueil de cette pièce dans la préface qu’il rédige 25 ans après la première représentation : « Elle a été jouée au Théâtre du Vaudeville le dix-huit novembre mil huit cent soixante et onze. Elle a été sifflée et huée le premier soir, massacrée le lendemain par toute la critique elle a eu cinq représentations. »
Poème dramatique en cinq actes et en vers, publié une première fois dans la Revue des deux mondes en 1831 puis dans le recueil Un Spectacle dans un fauteuil en 1833 (version en deux actes). Retraitement à partir de l’édition Charpentier, Paris, 1867 (Œuvres de Alfred de Musset / ornées de dessins de M. Bida gravés en taille-douce par les premiers artistes)
Le recueil est précédé d’une dédicace célèbre dans laquelle Musset explique son projet.
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre
L’argument
Illustrations pour les oeuvres d’Alfred de Musset par Eugène Lami, peintre et Adolphe Lalauze, graveur. 1883. Source : BnF/Gallica
Frank est un jeune homme révolté qui n’accepte pas le monde dans lequel il vit. Il brûle la maison de son père et part. Il rencontre sur la route un couple à cheval et refuse de le laisser passer. Il se bat avec le jeune homme qu’il tue et part avec la jeune femme Monna Belcolore qui lui donne amour et richesse. Mais il dépérit peu à peu…
Un extrait
Votre communauté me soulève la bile.
Je n’en suis pas encore à mendier mon pain.
Mordieu, voilà de l’or, messieurs, j’ai de quoi vivre.
S’il plaît à l’ennemi des hommes de me suivre,
Il peut s’attendre encore à faire du chemin.
Il faut être bâtard pour coudre sa misère
Aux misères d’autrui. — Suis-je un esclave ou non ?
Le pacte social n’est pas de ma façon :
Je ne l’ai pas signé dans le sein de ma mère.
Si les autres ont peu, pourquoi n’aurais-je rien ?
Vous qui parlez de Dieu, vous blasphémez le mien.
Tout nous vient de l’orgueil, même la patience.
L’orgueil, c’est la pudeur des femmes, la constance
Du soldat dans le rang, du martyr sur la croix.
L’orgueil, c’est la vertu, l’honneur et le génie,
C’est ce qui reste encor d’un peu beau dans la vie,
La probité du pauvre et la grandeur des rois.
Je voudrais bien savoir, nous tous tant que nous sommes,
Et moi tout le premier, à quoi nous sommes bons ?
Voyez-vous ce ciel pâle, au delà de ces monts ?
Là, du soir au matin, fument autour des hommes
Ces vastes alambics qu’on nomme les cités.
Intrigues, passions, périls et voluptés,
Toute la vie est là, — tout en sort, tout y rentre.
Tout se disperse ailleurs, et là tout se concentre.
L’homme y presse ses jours pour en boire le vin,
Comme le vigneron presse et tord son raisin.
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