Samson et Dalila à l'Opéra Grand Avignon

Spectacle vu le 9 juin 2023

(c) Studio Delestrade Cédric/Mickael Photographes Avignon Provence Luberon

La mise en scène de Samson et Dalila par Paco Azorin à l’Opéra Grand Avignon restera gravée dans la mémoire des spectateurs pendant longtemps.

L’extraordinaire originalité de cette mise en scène est de rompre avec les codes de la représentation classique, séparant nettement les artistes d’exception présents sur le plateau d’une part et d’autre part le public des gens ordinaires venus les admirer depuis la salle. Ici, c’est une partie de ce public qui participe au spectacle, y compris des spectateurs moins ordinaires peu familiers de l’opéra. 

 

 

Dans cet opéra participatif et inclusif,  la foule des Hébreux et des Philistins est interprétée par des personnes « à capacité différente », des personnes en situation de handicap avec leurs accompagnants, des enfants du Grand Avignon et des comédiens amateurs… Le récit biblique de la confrontation des deux peuples devient le symbole de toutes les guerres. Loin d’être anecdotique, le parti-pris de mise en scène donne à l’opéra de Saint-Saëns une profondeur remarquable, en particulier grâce aux costumes contemporains, aux projections d’images de conflits en arrière plan et à la présence constante sur le plateau d’une journaliste reporter de guerre.

Lors de son entrée dans la salle, le public est d’abord captivé par les témoignages des participants à cette aventure culturelle hors-norme, s’exprimant sur les thèmes de l’œuvre, la guerre et l’amour, sur ce que cette expérience leur apporte ou simplement sur leurs rêves.  La force de leur engagement se mesure dès la scène d’ouverture, magistrale. Parmi la centaine de personnes présentes sur le plateau, on ne sait plus où sont les professionnels du chant ou de la danse, et ces figurants totalement investis dans leur rôle. Tout au long de l’œuvre, l’émotion naît du contraste entre la dureté de ce qui est montré ou suggéré sur le plateau (toutes les exactions que les guerres provoquent, dans tous les camps) et la richesse harmonique de la partition musicale de Saint-Saëns, magnifiquement interprétée par l’Orchestre national Avignon-Provence, sous la direction de Nicolas Krüger. Tous les solistes répondent avec brio à l’exigence de cette œuvre riche et expressive. Comme dans la tradition antique, le chœur est un personnage à part entière : les nombreuses interventions du chœur de l’Opéra Grand Avignon, associé au chœur de l’Opéra de Toulon, sont d’une grande beauté, entre puissance et sensibilité, offrant des versions grandioses du Chœur des Hébreux et du Chœur des Philistins. Les danseurs du Ballet de l’Opéra sont tout aussi remarquables, qu’ils guident les mouvements de foule ou qu’ils soient au premier plan.

Un spectacle total, engagé et poignant, longtemps ovationné lors de la première par un public conquis.

Critique de Ruth Martinez

(c) Studio Delestrade Cédric/Mickael Photographes Avignon Provence Luberon

Direction musicale Nicolas Krüger
Mise en scène et décors Paco Azorin
Costumes Ana Garay
Vidéo Pedro Chamizo
Lumières Pedro Yague
Chorégraphie Carlos Martos de la Vega
Assistante à la mise en scène Laura Barrado
Assistant à la direction d’orchestre Avishay Shalom
Études musicales Juliette Sabbah

 

 

Dalila : Marie Gautrot
Samson:  Marc Laho
Le Grand Prêtre : Nicolas Cavallier
Le Vieillard Hébreu : Jacques-Greg Belobo
Abimélech : Eric Martin-Bonnet
Messager Philistin : Cyril Héritier
Premier philistin : Julien Desplantes
Deuxième Philistin : Jean-François Baron
Journaliste : Charlotte Adrien

 

Chœur et Ballet de l’Opéra Grand Avignon

Choeur de l’Opéra de Toulon

Orchestre national Avignon-Provence

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