Le Roi se meurt au Théâtre de l’Epée de bois
Théâtre de l’Epée de Bois – Cartoucherie, Route du Champ de Manoeuvre. 75012 Paris
Du 6 novembre au 20 décembre 2017, du lundi au mercredi à 20h30
* Relâche exceptionnelle les 20, 21 et 22 novembre.
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Le Roi se meurt. Comme nous tous. Depuis sa naissance. Mais cette fois, il va vraiment mourir. Dans une heure ou deux. Jusque là, sans nier la fatalité de sa propre fin, il avait réussi à l’oublier en se réfugiant dans un éternel présent. Mais désormais, comme pour un condamné à mort, l’échéance est fixée, et le temps est compté. Doit-on lui dire, afin qu’il prépare dignement sa royale sortie ? Ou doit-on, pour l’épargner, laisser la mort l’emporter par surprise ?
Le Roi se meurt. Et d’avoir trop aimé la comédie de la vie, il n’a pas voulu voir sa dimension tragique. Il arrive donc au terminus impréparé et indigne. Doit-on passer toute sa vie à préparer sa mort, ou au contraire, pour pouvoir vivre justement, feindre jusqu’au bout d’ignorer cette fatale échéance ?
Le Roi se meurt. Il sait maintenant qu’il va mourir. Du déni à la révolte, jusqu’à l’acceptation, Ionesco nous décrit, dans cette tragi-comédie, ce chemin de croix vers le néant qu’est notre lente agonie.
Le Roi se meurt. Son royaume se meurt avec lui. Avant même de mourir, le souverain a perdu le pouvoir d’agir sur sa propre existence. Et sur celle des autres. La fin de la représentation approche. Le Roi, redevenu simple bouffon, n’est plus l’acteur de sa vie. Il n’est plus que le spectateur de sa propre disparition.
Le Roi se meurt. Avant, peut-être, de renaître. Le Roi est mort. Vive le Roi ?
Merveilleuse Troupe de l’Épée de Bois. Les comédiens sont justes. La diction est parfaite. Le décor est splendide et les costumes dignes d’un grand couturier. Dans la magnifique Salle en Bois, comme dans un immense cercueil, les sujets de sa Majesté, tous en blanc, entourent le monarque, qui porte déjà le deuil de lui-même. Ses femmes, en robes de mariées, sont là pour célébrer son mariage avec la Mort.
Un très beau spectacle, d’une rare puissance. À ne manquer sous aucun prétexte.
Critique de Jean-Pierre Martinez
Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco
Mise en scène : Antonio Díaz-Florián
Avec la troupe de l’Épée de Bois : Antonio Díaz-Florían, Thibault Infante, Palina Kotsiashava, Graziella Lacagnina, Elodie Landa, Mario Tomas Lopez.
Costume : Abel Alba
Scénographie : David León
Lumières : Quique Peña