Au cœur battant du Festival d’Avignon, le Chêne Noir accueille cette année le dernier spectacle en exil d’Inshi, compagnie de cirque ukrainienne composée de jeunes artistes issus de la prestigieuse École Nationale de Cirque de Kiev. Ce spectacle, mêlant harmonieusement acrobaties époustouflantes et poignantes chorégraphies, nous livre une fresque épique qui nous raconte comment, à l’occasion de ce terrible traumatisme qu’est la guerre, les histoires individuelles vont se fondre en un destin collectif. Comment des rêves de chacun, soudain confrontés au cauchemar de tous, va surgir la renaissance d’une nation.

La puissance de ce spectacle résulte aussi de l’extrême jeunesse des garçons et des filles composant la troupe, de l’allure très juvénile de ces corps aux muscles déjà sculptés par une volonté et une discipline de fer pour l’accomplissement d’un destin plus grand qu’eux. Rien ne peut arrêter un Peuple qui se lève comme un seul homme pour défendre sa liberté. Et lorsque le drapeau ukrainien est déployé à la fin du spectacle par ces jeunes artistes habités par leur mission, c’est la salle entière qui se met debout pour les applaudir.

Oui, le spectacle vivant est aussi un combat, et on connaît tous la célèbre phrase de Churchill à qui un ministre suggérait de tailler dans le budget de la culture pour augmenter celui de l’armée : « Mais alors pourquoi nous battons-nous ? ». On sait que le chef de guerre de ce peuple en armes est un comédien. Mais on ignore souvent qu’en Ukraine même, et jusque sur le front, à Zaporijia ou à Dnipro, comme un pied de nez à l’envahisseur, les théâtres restent ouverts, et ils font le plein de spectateurs, notamment avec des comédies, dont deux d’un certain… Jean-Pierre Martinez.

Plus qu’un spectacle, une véritable communion.

Un vrai Coup de Cœur de Libre Théâtre.

Critique de Jean-Pierre Martinez
20 juillet 2025