Lettre d’information de Libre Théâtre n°27
11 janvier 2019
Libre Théâtre vous souhaite une très belle année 2019
L’aventure se poursuit…
Après la création d’une bibliothèque d’œuvres théâtrales du domaine public, le développement d’une activité de critique théâtrale, la création d’une maison d’édition (Les Editions La Comédiathèque), la production de spectacles, Libre Théâtre continue son développement et s’installera en 2019 à Avignon.
L’alimentation du site Libre Théâtre est régulière, avec notamment la mise en ligne de l’œuvre théâtrale de Tristan Bernard. Si Tristan Bernard reste célèbre pour ses bons mots, son œuvre dramatique est injustement tombée dans l’oubli. Son théâtre se caractérise par une humanité souriante, la drôlerie des situations, l’ironie des dialogues, la finesse des caractères des personnages… Un auteur que nous vous invitons à redécouvrir.
Entrée dans le domaine public en 2019
Les œuvres de deux auteurs majeurs, Antonin Artaud et Georges Bernanos, ont fait leur entrée dans le domaine public le 1er janvier 2019.
Antonin Artaud n’est pas seulement un homme de théâtre. Il est « l’homme-théâtre » pour Jean-Louis Barrault.
Sa carrière théâtrale est principalement marquée par deux expériences. En 1926, Antonin Artaud fonde le Théâtre Alfred Jarry avec Roger Vitrac et Robert Aron. Quatre spectacles y seront présentés, dont Le Ventre Brûlé ou la mère folle écrit et mis en scène par Antonin Artaud en 1927. En 1935, Artaud s’inspire de Stendhal et de Shelley pour écrire Les Cenci, une terrible histoire de viols, d’incestes et de meurtres. Dans des décors créés par Balthus, qui réalise aussi les costumes, Artaud interprète le rôle du père incestueux et s’entoure de comédiens de talent (Roger Blin, Jean-Louis Barrault…). La mise en scène joue sur les correspondances entre décor, son, musique, pantomime, gestes et cris.
Antonin Artaud a surtout profondément influencé le théâtre de la deuxième partie du XXe siècle par ses écrits théoriques, publiés en 1938 sous le titre le Théâtre et son double, recueil d’articles et de conférences sur le théâtre, écrits après l’Exposition coloniale de 1931 et sa découverte du théâtre oriental, notamment balinais. Antonin Artaud redonne au théâtre une fonction religieuse et des vertus magiques : il doit être le lieu de l’identification et du sacrifice, le Théâtre de la Cruauté. « Il ne s’agit pas de cette cruauté que nous pouvons exercer les uns contre les autres (…) mais (…) celle beaucoup plus terrible et nécessaire que les choses peuvent exercer contre nous. Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête. Et le théâtre est fait pour nous apprendre d’abord cela. »
Le site pédagogique de la Bibliothèque nationale de France consacre une fiche passionnante à « Artaud, l’homme-théâtre ». Lien vers la fiche
Le Dialogue des Carmélites est la seule œuvre théâtrale de Georges Bernanos, écrite peu avant sa mort en 1947. Elle retrace l’histoire de Blanche de la Force, une jeune aristocrate parisienne qui entre au Couvent de Compiègne en 1789 et sera guillotinée avec les autres Carmélites pendant la Terreur. Le texte fut écrit à l’origine pour un scénario cinématographique dont le sujet avait été tiré d’une nouvelle de Gertrud von Le Fort (La dernière à l’échafaud). Le texte de Georges Bernanos a été adapté à la scène par Jacques Hébertot en 1952. En 1957, Francis Poulenc reprend le texte de Georges Bernanos pour créer une œuvre magnifique, l’un des sommets de l’opéra français du XXe siècle.
Zoom sur quelques textes mis en ligne récemment
Les Pieds nickelés de Tristan Bernard
Il s’agit de la première pièce de Tristan Bernard, représentée le 15 Mars 1895 au Théâtre de l’Œuvre, dirigé par Lugné-Poë, qui jouera dans la pièce avec sa femme Suzanne Després. On soulignera l’extrême variété du programme proposé par le Théâtre de l’Œuvre ce jour-là puisque les Pieds Nickelés côtoient la pièce symboliste Intérieur de Maurice Maeterlinck. Le programme est dessiné par Maurice Denis. Lire la suite.
L’Accord parfait de Tristan Bernard et Michel Corday
Ecrite en 1911 par Tristan Bernard et Michel Corday, la comédie L’accord parfait propose une version moderne du triangle amoureux, multipliant les situations inattendues et les pieds de nez à la morale bourgeoise. Les arrangements entre le mari, la femme et l’amant sont présentés avec un grand naturel et une sensibilité délicate. L’ironie mordante de cette comédie de mœurs traverse les âges et séduit encore aujourd’hui. Lire la suite.
Le Danseur inconnu de Tristan Bernard
Comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois sur la scène du Théâtre de l’Athénée, le 29 décembre 1909. Henri est un jeune homme très sympathique, de ressources modestes, dont la famille a fait faillite. Il participe à un mariage auquel il n’est pas invité. Il rencontre Berthe, une des amies de la mariée. C’est le coup de foudre.
Tristan Bernard définissait ainsi la pièce : « Le Danseur inconnu, pièce morale à morale tournante, est aussi une pièce comique et sentimentale. Je souhaite qu’on dise qu’elle est franchement comique et délicatement sentimentale. » Lire la suite.
L’Etrangleuse de Tristan Bernard
Comédie en un acte (5 scènes), jouée à la Boîte à Fursy en 1908. La Comtesse est seule dans son château avec son vieux serviteur de 97 ans et sa servante, Florentine, qui s’avère être une étrangleuse, placée dans cette maison il y a six mois, par la Société des Etrangleurs du grand Monde pour dévaliser la Comtesse. Avec l’aide du Grand Bibi, elle tente de voler le coffret rempli de bijoux. Lire la suite.
L’Heureux Stratagème de Marivaux
Comédie en trois actes et en prose créée pour la première fois le 6 juin 1733 par les Comédiens italiens. Cette pièce, rarement représentée, est jouée pour la première fois en 2018 à la Comédie-Française dans une mise en scène d’Emmanuel Daumas (voir la recommandation de Libre Théâtre). Texte intégral en ligne sur Libre Théâtre avec des illustrations de différentes mises en scène. Lire la suite.
Dom Juan ou le Festin de Pierre de Molière
Présentée par Molière comme une comédie, Dom Juan est en réalité une tragi-comédie qui ne respecte pas les règles classiques. Elle fut représentée pour la première fois le 15 février 1665 et imprimée en France en 1682.
Texte intégral, illustrations issues de Gallica, enregistrements vidéo et audio disponibles sur le site de l’INA, dossiers pédagogiques… Lire la suite.
Dernières parutions
Le Costaud des Epinettes
Claude Brévin, un garçon sensible et de bonne famille est obligé de vivre d’expédients et fréquente le bar louche du père Tabac. Celui-ci le fait passer pour le « Costaud des Epinettes » et lui propose une affaire : il s’agit de récupérer un paquet de lettres compromettantes chez une comédienne, Irma Lurette, et de l’éliminer. Claude, désespéré par sa situation misérable, accepte. Il se rend à une fête, où on célèbre la centième de la pièce dans laquelle Irma joue. Claude la séduit et la reconduit chez elle. Mais une fois dans son appartement, rien ne se passe comme prévu.
Représentée pour la première fois sur la scène du Théâtre du Vaudeville, le 14 avril 1910, le Costaud des Epinettes est une comédie truculente, riche en expressions argotiques et imagées, mais qui s’approche parfois du mélodrame. Le texte est complété par des notes qui explicitent les très nombreuses expressions argotiques. L’édition contient également la préface de Gaston Sorbets parue dans l’Illustration théâtrale (1910). Il y raconte notamment la collaboration entre les deux auteurs et détaille les réactions enthousiastes de la presse lors de la création de la pièce.
Théâtre sans directeur
Tristan Bernard a rassemblé sous le titre Théâtre sans directeur, onze saynètes ou comédies en un acte. Certaines pièces ont été représentées dès 1903, dans des matinées de bienfaisance, au Casino d’Enghien, au cabaret de Montmartre la Boîte à Fursy, au Sporting Club ou avec d’autres pièces du même auteur au Théâtre Antoine, au Théâtre de la Michodière ou au Théâtre Saint-Michel. Tristan Bernard a présenté également ces pièces en matinée dans son propre théâtre, rue du Rocher de 1930 à 1932.
Ces courtes pièces dépeignent en quelques traits ironiques mais néanmoins bienveillants, des caractères variés, ridicules ou mesquins : des parents inquiets, un riche propriétaire qui a peur du fisc, un avocat distrait, anxieux mais professionnel, un vieil oncle rigide mais peureux, un auteur dramatique dépassé, des joueurs égoïstes, des tueurs repentis, l’insupportable mère d’une jeune comédienne…
L’article de Gérard d’Honville, paru dans le Figaro le 3 novembre 1930 à l’occasion de la sortie de Théâtre sans directeur, complète cette publication. Pièces contenues dans l’ouvrage : L’École du piston, Un mystère sans importance, Un dramaturge en plein labeur, Le Prétendant, La Sacoche, La Partie de bridge, L’Etrangleuse, Un garçon de dix-huit ans, Un homme dans la maison, Les Plaisirs du dimanche, Antoinette ou Le Retour du Marquis.
N’hésitez pas à nous faire part de vos propositions d’amélioration, vos suggestions de textes, de ressources…
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