L’École des femmes de Molière

Comédie en cinq actes et en vers, créée au théâtre du Palais-Royal le 26 décembre 1662. Publiée en 1663.
Distribution : 6 hommes, 2 femmes.
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

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Gravure de l’édition de 1719. Source wikimedia.

Arnolphe, voulant se marier mais redoutant d’être trompé, a fait élever sa pupille Agnès dans un couvent, dans la plus parfaite ignorance. Ainsi il est sûr qu’elle ne sera pas corrompue. Il la fait revenir pour l’épouser, mais à la faveur d’une de ses absences, Horace, fils de son ami Oronte, tombe amoureux de la jeune fille. Il prend pour confident Arnolphe dont il ignore qu’il est le geôlier d’Agnès. Arnolphe apprend à Agnès son projet de l’épouser. Agnès semble se résigner, mais tout en repoussant Horace, elle lui envoie une belle lettre d’amour. Horace enlève Agnès avant de la confier à Arnolphe, dont il ignore toujours l’identité.  Mais Oronte, le père d’Horace arrive et veut unir son fils à la fille de son ami Enrique, de retour des Amériques.


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Les comédiens du Théâtre-Français. Le Monde Illustré du 17/12/1859. Source : Bnf/Gallica

La pièce de Molière rencontra un vif succès à sa création, tout en engendrant de multiples polémiques. Cette pièce marque une nouvelle forme de comédie, entre farce grivoiserie et fable morale, critique directe de l’obscurantisme religieux, en posant clairement la question de l’accès des femmes au savoir et de leur statut au sein de la famille et de la société. Dans les registres de la Comédie-Française, on constate que la pièce fut jouée de 1680 à 1793, 743 fois . Elle fut peu jouée au XVIIIème siècle et fut de nouveau à l’affiche au XIXème siècle, notamment au Théâtre-Français. L’interprétation tragique du rôle d’Arnolphe par Provost (troisième en haut en partant de la gauche) marqua la critique.


Quelques mises en scène

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Mise en scène de Jouvet en 1936. Source : BnF/ Gallica

Louis Jouvet, 1936 au Théâtre de l’Athénée

En 1936 au théâtre de l’Athénée, Louis Jouvet renoue avec la veine comique initiale, tout en mettant en valeur la dimension tragique du personnage d’Arnolphe.

L’interprétation et la mise en scène de Jouvet ont marqué toute une génération de metteurs en scène dont Antoine Vitez ou Giorgio Strehler. « Jouvet y jouait encore sur la mécanique, sur le pantin. Ce vieillard emperruqué, à tête de clown, couvert de rubans et de fanfreluches, il nous le présentait, d’emblée, comme une marionnette. […] Puis, progressivement, la marionnette se défaisait, par sursauts, et les rires se figeaient en de longs, douloureux et burlesques hoquets » (Bernard Dort). Le décor mobile imaginé par Christian Bérard a également marqué l’histoire.

Entre la première en 1936 et la disparition de Jouvet en 1951, elle fut représentée 675 fois.  Nous disposons de plusieurs documents permettant de découvrir le travail de Jouvet sur cette pièce :

  • Coupures de presse entre 1940 et 1957 sur Gallica
  • Enregistrement de la pièce en 1956 à écouter sur Gallica
  • Extrait audio de la représentation du 16 mars 1951 au Colonial Theater de Boston sur le site de l’INA

Jean-Paul Roussillon, Comédie-Française, 1973

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Michel Aumont et Isabelle Adjani. Source : INA

La mise en scène est sombre, violente et insiste sur les aspects tragiques de la situation, en choisissant l’humour noir plutôt que sur le burlesque.  Agnès est jouée par Isabelle Adjani, âgée comme Agnès de seize ans. Le rôle d’Arnolphe était assumé en alternance par Pierre Dux et Michel Aumont, qui donnaient à voir deux facettes complémentaires du personnage : homme aveuglé par la passion, où subsistent encore quelques instants de ridicule tendresse ou un monstre froid, plus jeune et plus fanatique.
Extrait sur le site de l’INA

Antoine Vitez, Avignon, 1978

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Dominique Valladié et Didier Sandre. Source : INA

Présentée au Festival d’Avignon en 1978, la mise en scène d’Antoine Vitez fut accueillie triomphalement par un public jeune et enthousiaste et avec consternation par la critique qui, presque unanimement, y vit une trahison de l’esprit de Molière. L’École des femmes était insérée dans une tétralogie comprenant également Tartuffe, Dom Juan et Le Misanthrope, jouées en alternance dans un même décor (une toile en trompe-l’œil figurant un palais de style pompéien) et avec la même troupe.

Une autre innovation apportée par Vitez consista dans le fait de donner le rôle d’Arnolphe à un jeune comédien (Didier Sandre), dont la violence dans la gestuelle et dans les intonations symbolisaient la violence des valeurs que véhicule le personnage d’Arnolphe. Agnès (Dominique Valadié) apparaissait quant à elle comme une jeune femme totalement aliénée par le projet de domination d’Arnolphe, et, à la cinquième scène du deuxième acte, son maquillage lunaire, ses yeux fixes levés vers le ciel, ses chaussures de plastique blanc et sa démarche rappelaient les pensionnaires des institutions psychiatriques
Reportage lors de la reprise au CDN sur le site de l’INA.

Marcel Maréchal, La Criée, 1988

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Mise en scène de Marcel Maréchal. Maison des arts de Créteil. 1989 : photographies / Daniel Cande. Source : BnF/ Gallica

La mise en scène de Marcel Maréchal en 1988 opte pour un rythme soutenu. Il interprète un Arnolphe presque sympathique et inoffensif face à la jeune comédienne Aurelle Doazan.

Jean-Pierre Vincent, Théâtre de l’Odéon, 2008

Affiche du spectacle au Théâtre de l'Odéon
Affiche du spectacle au Théâtre de l’Odéon

La mise en scène de Jean-Pierre Vincent choisit le ton de la farce et du rire. « On peut aisément tirer la pièce vers le noir, l’ambiance carcérale, la mélancolie du vieillissement, l’imbécillité générale… Nous voudrions respecter le geste originel de l’acteur Molière, celui de la farce la plus haute et la plus significative. C’est parfois en riant que l’intelligence se manifeste le mieux. »

Daniel Auteuil joue Arnolphe.

Dossier pédagogique  en ligne sur le site du Théâtre de l’Odéon

Philippe Adrien, La Tempête, 2013-2016

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(c) Chantal Depagne-Palazon

Philippe Adrien situe l’action au XIXème siècle. En soulignant la complexité des personnages de Molière, cette mise en scène révèle de façon très originale la dimension tragique de cette comédie.
La pièce s’ouvre sur un tableau muet : l’Angélus de Millet, qui fit tant fantasmer Dali. Pour ce peintre de génie, le couple de paysans n’était pas seulement en train de prier après l’Angélus : ils se recueillaient devant le cercueil d’un enfant mort. Philippe Adrien nous donne aussi à voir dès le début de la pièce l’enterrement du « petit chat », fournissant ainsi une grille de lecture forte et très cohérente de ce texte, qui nous raconte la fin de l’innocence avec la naissance de la sexualité.
Lien vers le spectacle sur Libre Théâtre
Dossier pédagogique en ligne sur le site du Théâtre de la Tempête

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