L'Avare de Molière, mis en scène par Olivier Lopez
Spectacle vu au Théâtre des Halles le 15 mai 2024
L’Avare : une comédie indémodable portée par un comédien d’exception
Les innombrables mises en scène des pièces de Molière conduisent parfois, par une recherche de l’originalité à tout prix, à en dénaturer le propos, jusqu’à faire oublier qu’elles sont d’abord et avant tout, le plus souvent, des comédies de mœurs. Il n’en est rien pour cet Avare d’Olivier Lopez qui, par un dispositif scénique astucieux, mais sans fioritures inutiles, nous donne tout simplement à entendre de façon parfaitement limpide les mots et le propos de Molière, tout en assumant pleinement la dimension comique, satirique, parodique et parfois même un peu potache de ce chef d’œuvre absolu du répertoire français.
La modernité du décor et des costumes n’est pas ici un simple artifice pour souligner le caractère avant-gardiste de la mise en scène, mais un moyen parmi d’autres de montrer à quel point cette comédie reste et restera à jamais d’actualité. En cela, avec ce spectacle jubilatoire, on n’est pas loin de l’univers comique d’un Gérard Oury au cinéma, dans la mesure où ce dernier s’inspirait lui-même des comédies de Molière.
À ce propos d’ailleurs, même si l’ensemble de la distribution est excellente, il faut rendre un hommage tout particulier à cet immense acteur qu’est Olivier Broche. Éternel second rôle du cinéma et de la télévision depuis sa participation aux Deschiens, il nous montre à nouveau ici qu’il est un grand comédien, à l’instar d’un De Funès qui, lui aussi, connut trop tardivement la reconnaissance qu’il méritait.
L’Avare, « le moins humain des humains parmi tous les humains », parvient néanmoins à susciter l’empathie parce qu’au-delà d’être un tyran domestique, il est lui-même la victime de la funeste passion qui le ronge. À la fin de la pièce, d’ailleurs, en dépit de ses mésaventures, l’Avare n’a pas changé. Il n’a rien appris. Alors que tous ont finalement trouvé le bonheur malgré lui, il a seulement retrouvé son argent. Et il reste seul avec sa cassette.
Un coup de cœur de Libre Théâtre.
Critique de Jean-Pierre Martinez
Mise en scène Olivier Lopez
Avec Olivier Broche, Gabriel Gillotte, Margaux Vesque, Romain Guilbert, Noa Landon, Olivier Lopez, Annie Pican, Stéphane Fauvel, Marine Huet, Simon Ottavi
Création lumière et son : Louis Sady,
Régisseur plateau : Simon Ottavi,
Régie lumière et son : Nikita Haluch,
Construction : Luis Enrique Gomez,
Costumes : Angela Seraline, Laëtitia Pasquet et Bruno Lepidi
La Cité Théâtre
Photographie © Virginie Meigné
Lien vers la notice de la pièce et le texte intégral sur Libre Théâtre