La Traviata à l'Opéra Grand Avignon
Spectacle vu le 13 octobre 2024
Inspiré du roman La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, l’opéra La Traviata est un chef-d’œuvre intemporel. La fascination qu’il suscite réside dans le talent de Verdi à traduire en musique toute la complexité et l’humanité de personnages confrontés aux diktats d’une société conservatrice. L’interprétation de La Traviata proposée à l’Opéra Grand Avignon pour l’ouverture de la saison intulée « Femmes ! », s’inscrit d’ores et déjà parmi ces moments d’exception qui marquent les esprits et demeurent gravés dans les mémoires.
Bien que les choix de mise en scène manquent parfois de cohérence, la qualité des éclairages et des costumes offre un écrin qui met en valeur les performances musicales. Julia Muzychenko incarne à la perfection toutes les facettes de l’évolution de Violetta : courtisane libre, sûre d’elle-même et émancipée quand elle interprète avec virtuosité « Sempre libera », vulnérable et sensible lors de son duo avec Alfredo, sacrificielle lors de son renoncement à l’amour, tragique et bouleversante, notamment dans l’ »Addio del passato ». La fluidité et l’expressivité de sa voix semblent si naturelles que l’on en oublie presque l’immense exigence technique que requiert ce rôle.
Les autres solistes sont tout aussi talentueux et transmettent avec une grande sensibilité la confusion des sentiments. Jonas Hacker incarne un Alfredo à la fois passionné et profondément émouvant, particulièrement dans les moments où son personnage sombre dans le désespoir. Sa voix, pleine de nuances, traduit avec une grande justesse l’évolution du personnage. Si Serban Vasil interprète tout d’abord un Giorgio Germont puissant, symbolisant l’autorité inflexible du père, il parvient à révéler la profondeur humaine de son personnage, notamment dans ses échanges avec Violetta.
Sous la direction de Federico Santi, l’Orchestre d’Avignon Provence va bien au-delà de l’accompagnement des chanteurs, en établissant un véritable dialogue avec eux. Quant au Chœur, ses interventions offrent de précieux instants de répit et de contraste, au cœur des tensions dramatiques qui opposent les personnages principaux.
Un spectacle salué par des ovations méritées.
Lors de la première, la retransmission gratuite sur la place Saint-Didier a connu un véritable succès populaire. Le lendemain, de jeunes étudiants, encore émerveillés, partageaient avec des étoiles dans les yeux leur première rencontre avec l’opéra.
Critique de Ruth Martinez
Direction musicale : Federico Santi
Chef de Choeur : Alan Woodbridge
Mise en scène : Chloé Lechat
Décors/Conception vidéo : Emmanuelle Favre repris par Anaïs Favre
Costumes : Arianna Fantin
Lumières : Dominique Bruguière reprises par Pierre Gaillardot
Chorégraphie : Jean Hostache
Dramaturgie : Judith Chaine
Assistanat à la mise en scène : Dagmar Pischel
Études musicales : Frédéric Rouillon
Violetta :Julia Muzychenko
Alfredo ::Jonas Hacker
Germont :Serban Vasile
Flora : Albane Carrère
Annina : Sandrine Buendia
Docteur Grenvil: Geoffroy Buffière
Gaston : Kenny Ferreira
Baron Douphol : Gabriele Ribis
Marchese d’Obigny : Dominic Veilleux
Giuseppe : Cyril Héritier
Domestico : Alain Iltis
Commissionario : Saeid Alkhouri
Comédiennes : Jacqueline Cornille, Alice Lestienne, Paloma Donnini
Chœur de l’Opéra Grand Avignon
Orchestre national Avignon-Provence