La Cerisaie d’Anton Tchekhov mise en scène par Tiago Rodrigues

Jusqu’au 17 juillet à 22h dans la Cour d’honneur du Palais des Papes
Spectacle diffusé le 9 juillet sur France 5 puis disponible sur Culturebox

La Cerisaie, Tiago Rodrigues, 2021 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

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À quoi reconnaît-on un grand spectacle ? Sans doute à l’émotion pure qu’il procure au spectateur pendant la représentation, par-delà le texte, la mise en scène ou le jeu des comédiens, et à l’empreinte consciente ou inconsciente qu’il laisse dans son esprit bien après le spectacle. En l’occurrence, la Cerisaie, cette maison bourgeoise où a grandi l’aristocrate ruinée Lioubov, hantera longtemps nos rêves, alors qu’elle n’est suggérée sur l’immense plateau de la Cour d’honneur, que par quelques rangées de chaises, et par de grands lustres. Faisant fi des conventions théâtrales, Tiago Rodrigues réussit ainsi à construire, puis à déconstruire, l’univers d’une aristocratie d’un autre temps, en s’appuyant sur le superbe travail de lumière de Nuno Meira, qui joue magistralement avec l’architecture grandiose de la Cour du Palais des Papes.

L’émotion naît dès le premier tableau : l’arrivée du train de Lioubov, de retour en Russie après de longues années d’exil à Paris. La partition musicale hypnotique de Hélder Gonçalves évoque habilement l’ambiance sonore d’une gare et, en chanson, caractérise chacun des protagonistes de cette œuvre chorale. Tout au long du spectacle, les comédiens traduiront avec finesse les inquiétudes ou les espoirs générés par l’inexorable émergence de ce monde nouveau. Au cœur de ce drame, Lopakhine, fils de serf devenu très riche, est campé par Adama Diop, qui compose un personnage tout en nuances et finalement plein d’humanité. Isabelle Huppert n’interprète pas Lioubov, elle est Lioubov, cette mère fantasque, nostalgique mais lucide, tour à tour enfantine ou poignante quand elle évoque la perte de son fils.
Le propos universel de Tchekhov, sur le déclin d’un ancien monde et les incertitudes du monde d’après, résonne avec force en cette période si particulière où ce ne sont plus les comédiens qui portent des masques, mais bien les spectateurs.
Un spectacle à ne pas manquer.
Critique de Ruth Martinez

Lien vers le site du Festival pour réserver 


Avec Isabelle Huppert, Isabel Abreu, Tom Adjibi, Nadim Ahmed, Suzanne Aubert, Marcel Bozonnet, Océane Cairaty, Alex Descas, Adama Diop, David Geselson, Grégoire Monsaingeon, Alison Valence
Et Manuela Azevedo, Hélder Gonçalves (musiciens)

Texte Anton Tchekhov
Traduction André Markowicz et Françoise Morvan
Mise en scène Tiago Rodrigues
Collaboration artistique Magda Bizarro
Scénographie Fernando Ribeiro
Lumière Nuno Meira
Costumes José António Tenente
Maquillage, coiffure Sylvie Cailler, Jocelyne Milazzo
Musique Hélder Goncalves (composition), Tiago Rodrigues (paroles)
Son Pedro Costa
Assistanat à la mise en scène Ilyas Mettioui

La Cerisaie, Tiago Rodrigues, 2021 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

 

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