Depuis quelques années, le théâtre s’impose comme un espace privilégié pour célébrer les grandes figures féminines du XXème siècle. De nombreux projets ont ainsi vu le jour pour rendre hommage aux combats de Simone Veil, Simone de Beauvoir ou encore Nina Simone. Ces pièces ont une double vocation : transmettre aux jeunes générations l’histoire de ces femmes dont l’engagement a changé la société, tout en rappelant que les luttes qu’elles ont menées restent d’une brûlante actualité.

Dans ce mouvement, Gisèle Halimi, une farouche liberté, inspiré du livre d’entretiens menés par la journaliste Annick Cojean, retrace les combats majeurs de l’avocate et militante. Engagée contre la torture pratiquée par l’armée française en Algérie, elle a défendu avec courage les militants du FLN, notamment Djamila Boupacha, une jeune Algérienne torturée et violée en 1960. Son engagement féministe l’a menée à jouer un rôle clé dans la dépénalisation de l’avortement en France, en défendant Marie-Claire Chevalier lors du retentissant procès de Bobigny en 1972. Son combat pour la reconnaissance du viol comme crime passible de la Cour d’Assises, illustré par le procès d’Aix-en-Provence en 1978, a marqué une avancée majeure dans le droit des femmes. On n’oubliera pas non plus ses combats pour l’égalité femmes-hommes dans le droit et la société ou son engagement politique et la lutte contre les discriminations.

Le spectacle propose le récit de cette vie d’engagement et dresse un portrait sensible, porté par deux voix féminines, Marie-Christine Barrault et Hinda Abdelaoui. Chacune incarne tour à tour Gisèle Halimi, révélant les différentes facettes de cette personnalité emblématique, dont la force motrice fut une indignation viscérale face à l’injustice. La sobre mise en scène laisse toute la place à la parole, rythmée par des archives sonores où résonne la voix même de l’avocate, faisant naître une intense émotion.

La grande salle de la Scala Provence était comble, rassemblant un public varié, avec de nombreux jeunes, attentifs et séduits. Au delà de l’hommage, le spectacle Gisèle Halimi, une farouche liberté est un spectacle essentiel qui invite à la réflexion et nourrit le débat/combat toujours actuel pour les droits des femmes et la justice sociale.

Critique de Ruth Martinez