Ex(ode), au feu des origines par Matías Chebel
La Factory – Salle Tomasi 4, rue Bertrand – 84000 – Avignon
du 7 au 29 juillet à 15h55 – Relâches : 10, 17, 24 juillet
La population argentine est principalement constituée d’immigrés… dont les descendants ont à leur tour beaucoup émigré. L’exil est donc inscrit dans l’ADN des Argentins. L’exil qui a conduit les grands-parents à quitter leur patrie d’origine pour les conduire jusqu’à cette terre du bout du monde. L’exil qui sous la dictature a poussé leurs enfants à quitter l’Argentine pour des raisons politiques. L’exil encore qui a contraint leurs petits-enfants à fuir le pays cette fois pour des motifs économiques.
C’est cet exil que nous raconte en musique et en chanson Matías Chebel, né à Buenos Aires, accompagné de deux musiciens d’exception qui eux aussi sont des exilés : Élie Maalouf, né au Liban, et Marc Vorchin, né aux Antilles. Étranger partout, jusque dans son pays d’origine lorsqu’il lui est donné d’y revenir, l’exilé est souvent contraint à devenir un citoyen du monde. Les origines de Matías sont en Espagne, en Italie, au Liban… et dans ces terres précolombiennes qu’on n’appelait pas encore l’Amérique. Les peuples autochtones, dont la civilisation a été anéantie, ne sont-ils pas eux aussi en exil sur leur propre terre ?
Ex(ode) est un magnifique et émouvant hommage à tous les exilés d’hier et d’aujourd’hui. Dans cette période aux relents nationalistes qui voudrait faire du migrant un bouc émissaire, ce spectacle est surtout une ode à cette fraternité basée sur la certitude que nous sommes tous si ce n’est des migrants nous-mêmes, du moins de purs produits de l’exil. À un moment ou à un autre, en effet, nos ancêtres ont tous dû quitter leur pays ou leur région de naissance pour une terre inconnue.
Un spectacle chargé de beaucoup d’émotions, à célébrer ensemble, et en musique, comme un moment de partage et de communion.
Critique de Jean-Pierre Martinez
Avignon, juillet 2023
Texte, interprétation, mise en scène : Matías Chebel
Musiciens : Elie Maalouf (piano, buzuq, percussions), Marc Vorchin (saxophone, clarinette, flûte)
Création lumières : Edwin Garnier
Vidéo : Ragnar Chacín Solano