Racine Jean

Chroniques consacrées à Jean Racine : biographie, œuvres théâtrales, thèmes abordés…

Phèdre de Jean Racine

Tragédie en cinq actes et en vers, représentée pour la première fois au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, par la troupe royale, le vendredi 1er janvier 1677, sous le titre initial de Phèdre et Hippolyte.
Distribution : 3 hommes, 5 femmes
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84387246/f74.item
Sarah Bernhardt dans le rôle de Phèdre. Source : BnF/Gallica

Thésée a disparu depuis six mois. Hippolyte, son fils, annonce à son confident, Théramène, son intention de partir à sa recherche. Il veut aussi quitter Trézène afin de fuir son amour pour Aricie, sœur des Pallantides, un clan ennemi. Phèdre, seconde épouse de Thésée, avoue à Œnone, sa nourrice et confidente, la passion coupable qu’elle ressent pour son beau-fils Hippolyte.

La mort de Thésée est annoncée. Hippolyte propose à Aricie de lui rendre le trône d’Attique et lui avoue son amour. Leur entretien est interrompu par Phèdre qui demande à Hippolyte de prendre soin de son fils mais qui finit par lui révéler sa passion. Devant la réaction horrifiée d’Hippolyte, elle prend l’épée d’Hippolyte pour se suicider mais Œnone l’arrête. Théramène annonce que le fils de Phèdre est choisi comme roi par Athènes, mais une rumeur circule : Thésée ne serait pas mort.

Phèdre propose la couronne à Hippolyte. Thésée arrive à Trézène et s’étonne de recevoir un accueil si froid : Hippolyte, qui veut avouer à Thésée qu’il aime Aricie, évite sa belle-mère, Phèdre, submergée par la culpabilité.

Œnone, qui craint que sa maîtresse ne se donne la mort, a déclaré à Thésée qu’Hippolyte a tenté de séduire Phèdre en la menaçant, donnant pour preuve l’épée qu’elle a conservée. Thésée bannit Hippolyte et prie Neptune, dieu de la mer, de le venger. Phèdre veut le faire changer d’avis mais elle apprend qu’Hippolyte aime Aricie. Furieuse d’avoir une rivale, elle renonce à le défendre.

Hippolyte part après avoir promis à Aricie de l’emmener hors de la ville et de l’épouse. Thésée commence à avoir des doutes sur la culpabilité de son fils, mais la nouvelle de sa mort, causée par un monstre marin, survient. Après avoir chassé Œnone qui, de désespoir, s’est jetée dans les flots, Phèdre révèle la vérité à Thésée ; ayant pris auparavant du poison, elle meurt.

Phèdre et ses interprètes

Chapitre réalisé à partir du dossier pédagogique de la mise en scène de Patrice Chéreau à l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Illustrations issues de Gallica.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84272667/f13.item
Portrait de Mlle Clairon (1723-1803). Source : Bnf/Gallica

Melle Clairon, 1743, Comédie-Française

 » Une force supérieure l’emporte continuellement à faire, à dire, ce que continuellement aussi, sa vertu réprouve. Dans toute l’étendue de ce rôle, ce combat doit être sensible aux yeux, à l’âme du spectateur.  » Mlle Clairon.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84272704/f164.item
Rachel (1821-1858) dans Phèdre. Source : Bnf/Gallica

1843 à 1855: Rachel

« On me dit que je suis trop jeune ? Que je suis trop maigre ? Je dis que c’est une bêtise. Une femme qui a un amour infâme mais qui se meurt plutôt que de s’y livrer, une femme qui dit qu’elle a séché dans les feux et les larmes, cette femme-là n’a pas une poitrine comme Madame Paradai. C’est un contresens. J’ai lu le rôle au moins dix fois depuis huit jours ; je ne sais pas comment je le jouerai, mais je dis que je le sens.  »


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8438727f/f2.item
Sarah Bernhardt dans « Phèdre », 1893. Source : BnF/Gallica

1879 à 1896 : Sarah Bernhardt

 » Faut-il parler de Phèdre ! Voilà bien la plus touchante, la plus pure, la plus douloureuse victime de l’amour ! oh : elle ne cherche pas à ergoter ! Aussitôt qu’elle voit Hippolyte, elle saisit la main de sa nourrice et la portant vers son coeur, elle murmure presque pâmée d’émotion : Le voici : vers mon coeur tout mon sang se retire. J’oublie en le voyant ce que je viens lui dire. Quelle phrase simple ! ll me semble que ce soit une femme d’aujourd’hui qui parle. […] Je n’ai jamais vu Rachel, mais il paraît qu’elle était admirable dans Phèdre. J’ai vu d’autres tragédiennes dans ce rôle mais je n’ai jamais compris le pourquoi de leur interprétation qui faisait de Phèdre une vulgaire passionnée ou une névropathe en fureur. […] Attachée au lyrisme de ce verbe harmonieux, à la vie profonde de ces sentiments, je me suis souvenue que la Champmeslé qui créa Phèdre était, au dire des historiens, une créature de beauté et de grâce, et non une forcenée, et j’ai tenté de pénétrer le charme du mystère de l’art racinien pur et touchant pour le rendre plus sensible au public trop enclin à ne trouver en ces tragédies que des souvenirs de collège.  »


1955 : Judith Malina (Grenier Living Theatre, New York)

« Je me bats, traverse des agonies, m’exténue à chaque répétition. C’est inimaginable ce que je me fais à moi-même sur cette scène. Je suis possédée, complètement délirante, et cependant contrôlée. Ce pourrait être abominable, ce pourrait être splendide. En réalité, ça va bien, mais les valeurs sont secouées. Il y a une vaste satisfaction à jouer ce rôle. Je n’ai jamais rien fait d’aussi énervant, et en même temps d’aussi satisfaisant.  » (Extrait de son Journal)

1958: Maria Casarès (Palais de Chaillot, Paris) (à Jean Vilar )

« Merci pour le livre sur Rachel. En effet, j’y ai trouvé des détails amusants et troublants. Je commence à nouveau à considérer ta pièce et le personnage. Je rassemble dans ma mémoire mes propres impressions, les critiques et les réactions des autres, ce que j’ai entendu autour de moi pendant les répétitions et après les représentations. Je trie et essaie de mettre de la distance entre elle et moi pour voir clair… Vous m’avez dit un jour que je ne me servais pas assez dans Phèdre du pouvoir de séduction que les poèmes de Baudelaire me prêtent parfois. Il y a quelque chose de juste et de secret que je devine mais qu’il m’est difficile de saisir quand je lis Racine. Parlez-m’en encore, en essayant de me le faire comprendre  » musculairement  » et de me le faire glisser ici… je m’explique encore mat, je pense donc je comprends mal, mais parlez-moi de Baudelaire et j’arriverai à saisir, je crois… La vie parte au théâtre et la scène est un effrayant miroir. Je veux retrouver en scène la Phèdre rongée, dévorée, pestiférée et pure que j’ai entrevue ; quitte à passer des nuits blanches pour envoyer le texte comme une voix off afin de conserver sa forme ! il n’y a pas de vie sans douleur et sans cruauté et je veux vivre et faire vivre ceux que j’aime. »

1973 : Sylvia Monfort (Carré Thorigny, Paris)

« Phèdre brûle en chacun de nous. A peine saisissons-nous l’image dans te miroir qu’elle s’estompe, et l’imminence de cet effacement aiguise l’acuité du reflet.  »  » Ce qui compte c’est qu’il y ait eu rencontre dans le mystère et dès la première lecture. C’est comme le désir, ou bien il est présent dans le regard qui le provoque, ou bien il n’y aura jamais fusion. Tous tes avis, compétents, impérieux, singuliers, qui me furent octroyés au sujet de Phèdre, et que j’écoutais intensément, n’eurent d’autre résultat sur moi que de me ramener à ma Phèdre, cependant longtemps brumeuse, avec l’évidence du pion regagnant sa case de départ au Jeu de l’oie […] tel est le prodige de Phèdre : l’aborder, c’est prendre son mal.  »

2003 :  Dominique Blanc (Théâtre National de l’Odéon, Paris)

« Phèdre est pour moi comme une offrande. Peu importe que la rencontre entre ce rêve et les personnages ait lieu, puisque […] les mois à venir seront des mois de splendeur absolue. Pour ma part, je suis ma pire ennemie, je ne pardonne rien, et Patrice ne s’est pas amélioré quant à son exigence : elle est totale. Celui avec qui il est le plus exigeant reste lui-même. Il sera intransigeant avec lui comme avec nous ou avec l’alexandrin auquel il veut tordre le cou pour faire entendre te désir de cette femme et son propre désir. […] Patrice travaille comme je l’ai toujours vu faire remonte à la source. Les séances de lecture s’attardent sur les oeuvres d’Euripide, de Sénèque. On remonte à la création des mythes, à l’essence. quand la Phèdre originelle interpelle Dieu, avec ou sans majuscule, au pluriel ou au singulier, il faut savoir qui elle interpelle et pourquoi. C’est passionnant. Tant d’hommes ont écrit sur Phèdre ; ils en ont perçu la folie, l’animalité, et Valéry a évoqué  » la rage du sexe « . Le désir féminin, exprimé là, semble avoir échappé à tout le monde. Le désir féminin et le désir de mort, puisqu’il s’agit d’une femme qui s’empare du suicide, sont des idées encore très dérangeantes. […I Comment peut-on entrer en scène en disant  » je vais mourir  » ? Comment jouer ce désir de mort, pendant deux heures, et finalement mourir ? Ce sont des limites formidables à dépasser. J’ai appris que le nom de Phèdre signifiait  » la brillante « . Peut-être est-il temps pour moi d’accepter d’entrer dans la lumière, celle que l’on s’accorde à soi-même.  »
Lien vers une captation de l’Acte II, Scène 5

2016 Anne Delbée dans Racine ou la leçon de Phèdre (Poche Montparnasse)

Photographie Emmanuel Orain
Photographie Emmanuel Orain

La Leçon de Phèdre, une rencontre vivante avec un être de chair et de sang qui s’appelle Jean Racine. (…) À travers cette représentation où se rencontrent la petite et la grande histoire, il s’agit aussi d’une transmission d’un artisanat « de l’architecture du vers » qui seul permet de devenir le Poète lui-même et d’oser la Tragédie, Anne Delbée nous fait entendre ce qui résonne chez Racine : la liberté fondamentale de l’être humain à dire non, à faire des choix, à s’avancer pour témoigner de la dignité humaine.Son écriture dévoilée comme une déclaration d’amour, et Phèdre l’atome de toutes ses pièces, éclate et resplendit jusqu’au testament de sa vie.

Lien vers le spectacle / Lien vers  l’entretien de Libre Théâtre avec Anne Delbée

Autour des mises en scène de Phèdre sur le site de l’INA

Jean-Louis Barrault, 1959.

http://www.ina.fr/video/I04261062/jean-louis-barrault-a-propos-de-la-mise-en-scene-de-phedre-video.html
Interview de Jean-Louis Barrault. Source : INA

Interview de Jean-Louis Barrault : sa conception de la mise en scène du théâtre classique de Racine, en particulier de sa mise en scène de la tragédie « Phèdre », et de sa collaboration avec le décorateur Jean Hugo. Des photos de la pièce illustrent ses propos.
Lien vers le site de l’INA


Anne Delbée, Comédie-Française, 1995

http://www.ina.fr/video/CAC95066104
Phèdre, mise en scène par Anne Delbée. Source : INA

Reportage consacré aux costumes de Christian Lacroix  les comédiens donnent leurs impressions. – Extrait de la pièce avec les personnages principaux : Phèdre en grande robe rouge. – Interview d’Eric Génovèse (Hippolyte), Céline Samie, Anne Delbée,  Martine Chevallier (Phèdre), François Beaulieu (Thésée) . Lien vers le reportage sur le site de l’INA 

Lien vers l’entretien de Libre Théâtre avec Anne Delbée


Luc Bondy, Théâtre de l’Odéon, 1998

Extrait de la scène 3 de l’acte I, où Phèdre (Valérie Dreville) fait à sa nourrice Œnone l’aveu de son amour pour Hippolyte et raconte ses efforts vains pour échapper à cette passion coupable.

Lorsque Luc Bondy met en scène Phèdre au Théâtre Vidy-Lausanne en 1998, il s’agit de sa première mise en scène d’une pièce de Racine. Plus familier d’Ibsen et de Strinberg, Bondy dit avoir voulu proposer « une Phèdre réaliste », mettant un accent particulier sur les relations transgressives des personnages entre eux. Le spectacle est centré avant tout sur le duo Phèdre-Œnone : face à la Phèdre de Valérie Dréville, dont la robe dorée renforce la personnalité lumineuse, à la fois passionnée et froide, Dominique Frot campe une Œnone petite et noiraude, figure de la rage destructrice. Autour d’eux, Hippolyte (Sylvain Jacques) est un adolescent inexpérimenté et falot, tandis que la force apparente de Thésée (Didier Sandre) se révèle impuissante. La scénographie, qui figure une plage, se transforme en arène au fil des affrontements, qui laisseront sur la scène trois morts sans vainqueur. (Source : Céline Candiard, INA)

Patrice Chéreau, Théâtre de l’Odéon, 2003

Extrait de la scène 5 de l’acte II, où Phèdre (Dominique Blanc) fait à Hippolyte (Eric Ruf) l’aveu de son amour en empruntant le détour d’un récit de sa rencontre avec Thésée, puis le voyant se dérober laisse éclater toute la violence de sa passion.
Patrice Chéreau se souvient de Sénèque lorsqu’il présente en 2003 sa Phèdre au Théâtre de l’Odéon : son spectacle, loin de se dérober à la violence de l’action, va jusqu’à montrer ce que Racine dissimule, à l’exemple du cadavre mutilé d’Hippolyte que l’on exhibe sur une table d’opération pendant le récit de Théramène. Le public est en disposition bi-frontale, en un huis-clos oppressant qui lui offre des points de vue multiples sur l’action, mais forme également comme deux camps opposés de témoins. À l’inverse de la tradition dominante, Chéreau choisit de mettre en valeur un Hippolyte (Eric Ruf) mûr et solide, dont l’intensité et les contradictions répondent à celles de Phèdre (Dominique Blanc) : l’un et l’autre disent l’amour tout en le rejetant, mélangent quête et fuite, et luttent entre l’instinct et la culpabilité. Autre jeu de miroirs, Hippolyte et Thésée (Pascal Greggory) présentent une ressemblance physique frappante, donnant ainsi une motivation évidente au désir de Phèdre. Loin d’un monstre mythologique, Patrice Chéreau cherche à faire voir l’humanité et l’érotisme poignant de son personnage principal, et à donner sens à sa violence. (Céline Candiard. Source : INA)
Lien vers le dossier pédagogique sur le site de l’Odéon-Théâtre de l’Europe

Dossiers pédagogiques

Parcours Phèdre dans les collections iconographiques de la Comédie-Française présentées au sein de la base La Grange. Lien vers le dossier

Mise en scène de Christophe Rauck au Théâtre du Nord, 2014. Lien vers le dossier pédagogique 

Autres ressources

Nouveaux chemins de la connaissance (France Culture) avec Patrick Dandrey. Lien vers l’émission

Quatrième documentaire d’une série de six consacrée aux grands rôles du théâtre, ce numéro analyse le personnage de Phèdre. Intervenants Dominique Blanc, Georges Forestier, Daniel Mesguich, Michel Schneider, Philippe Adrien. Lien vers l’émission sur le site de l’INA (extrait gratuit, contenu intégral payant)

Dossier de l’INA sur Phèdre à travers quelques dramatiques et émissions radiophoniques. Lien vers le site de l’INA

À signaler au Festival d’Avignon 2019 une adaptation de Phèdre  par François Gremaud, du 11 au 21 juillet (relâche le 16) à 11h40 à la Collection Lambert : Phèdre !  Pour en savoir plus : https://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2019/phedre

Britannicus de Jean Racine

Tragédie en cinq actes  et en vers de Jean Racine, représentée pour la première fois le 13 décembre 1669 à Paris, à l’Hôtel de Bourgogne
Distribution : 4 hommes, 3 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

L’empereur Claude a eu un fils, Britannicus, avant d’épouser Agrippine et d’adopter  Néron, fils qu’Agrippine a eu d’un précédent mariage. Néron a succédé à Claude. Il gouverne l’Empire secondé des gouverneurs Sénèque et Burrhus. La tragédie débute au moment où Néron tente de se libérer de la domination d’Agrippine sa mère. Il vient d’enlever Junie, fiancée de Britannicus et en tombe amoureux.

Quelques répliques illustrées à travers Gallica

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8446869s/f1.item
Estampe. Source : BnF/Gallica
Acte I, scène 3
Britannicus
De mille affreux soldats Junie environnée
S’est vue en ce Palais indignement traînée.
Hélas ! De quelle horreur ses timides esprits
À ce nouveau spectacle auront été surpris !
Enfin on me l’enlève. Une loi trop sévère
Va séparer deux cœurs, qu’assemblait leur misère.
Sans doute on ne veut pas que mêlant nos douleurs
Nous nous aidions l’un l’autre à porter nos malheurs.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8446870f
Estampe. Source : BnF/ Gallica

Acte II, Scène 3

Néron.
Caché près de ces lieux je vous verrai, Madame.
Renfermez votre amour dans le fond de votre âme.
Vous n’aurez point pour moi de langages secrets.
J’entendrai des regards que vous croirez muets.
Et sa perte sera l’infaillible salaire
D’un geste, ou d’un soupir échappé pour lui plaire.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8427271j/f70
Paris, Théâtre Français, 16 novembre 1814, Talma dans le rôle de Néron. Source : BNF/Gallica

Acte IV, scène 2

Néron.
Je me souviens toujours que je vous dois l’empire.
Et sans vous fatiguer du soin de le redire,
Votre bonté, Madame, avec tranquillité
Pouvait se reposer sur ma fidélité.
Aussi-bien ces soupçons, ces plaintes assidues
Ont fait croire à tous ceux qui les ont entendues,
Que jadis (j’ose ici vous le dire entre nous)
Vous n’aviez sous mon nom travaillé que pour vous.
Tant d’honneurs (disaient-ils) et tant de déférences
Sont-ce de ses bienfaits de faibles récompenses ?
Quel crime a donc commis ce fils tant condamné ?
Est-ce pour obéir qu’elle l’a couronné ?
N’est-il de son pouvoir que le dépositaire ?


Estampe. Source : BnF/ Gallica
Estampe. Source : BnF/ Gallica

Acte IV, scène 3
Burrhus.
Ma mort m’épargnera la vue et la douleur.
On ne me verra point survivre à votre gloire.
Si vous allez commettre une action si noire,
Me voilà prêt, seigneur. Avant que de partir,
Faites percer ce cœur qui n’y peut consentir.
Appelez les cruels qui vous l’ont inspirée,
Qu’ils viennent essayer leur main mal assurée.
Mais je vois que mes pleurs touchent mon empereur.
Je vois que sa vertu frémit de leur fureur.
Ne perdez point de temps, nommez-moi les perfides
Qui vous osent donner ces conseils parricides.
Appelez votre frère. Oubliez dans ses bras…


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8438754b
Sarah Bernhardt dans « Britannicus » 1872. Source : BnF/ Gallica

Acte V, Scène 5

Junie.
Et que sais-je ? Il y va, seigneur, de votre vie.
Tout m’est suspect. Je crains que tout ne soit séduit.
Je crains Néron. Je crains le malheur qui me suit.
D’un noir pressentiment malgré moi prévenue,
Je vous laisse à regret éloigner de ma vue.
Hélas ! Si cette paix, dont vous vous repaissez,
Couvrait contre vos jours quelques pièges dressés !
Si Néron irrité de notre intelligence
Avait choisi la nuit pour cacher sa vengeance !
S’il préparait ses coups tandis que je vous vois !
Et si je vous parlais pour la dernière fois !


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8436362w/f45
Mademoiselle George dans le rôle d’Agrippine. Source : BnF/ Gallica

Acte V, scène 6
Agrippine.
Poursuis, Néron ; avec de tels ministres,
Par des faits glorieux tu te vas signaler.
Poursuis. Tu n’as pas fait ce pas pour reculer.
Ta main a commencé par le sang de ton frère.
Je prévois que tes coups viendront jusqu’à ta mère. Dans le fond de ton cœur je sais que tu me hais.
Tu voudras t’affranchir du joug de mes bienfaits. Mais je veux que ma mort te soit même inutile :
Ne crois pas qu’en mourant je te laisse tranquille. Rome, ce ciel, ce jour que tu reçus de moi,
Partout, à tout moment, m’offriront devant toi.
Tes remords te suivront comme autant de furies.
Tu croiras les calmer par d’autres barbaries.
Ta fureur, s’irritant soi-même dans son cours
D’un sang toujours nouveau marquera tous tes jours.
Mais j’espère qu’enfin le ciel, las de tes crimes
Ajoutera ta perte à tant d’autres victimes,
Qu’après t’être couvert de leur sang et du mien,
Tu te verras forcé de répandre le tien ;
Et ton nom paraîtra, dans la race future
Aux plus cruels tyrans une cruelle injure.
Voilà ce que mon cœur se présage de toi.
Adieu. Tu peux sortir.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84468728
Estampe. Source : BnF/ Gallica

Acte V, Scène 7

Agrippine.
Arrêtez Néron. J’ai deux mots à vous dire.
Britannicus est mort, je reconnais les coups.
Je connais l’assassin.


Quelques mises en scène de Britannicus à travers des vidéos

Jean Marais Comédie-Française, 1952

http://www.ina.fr/video/I00019264
Jean Marais dans le rôle de Néron à la Comédie-Française. Source : INA

En 1952, Jean Marais met en scène « Britannicus » à la Comédie Française et interprète le rôle de Néron. Il raconte les réactions du public scandalisé : huées, sifflets, gens qui se battent…
Interview de 1968 sur le site de l’INA
Sur cet épisode, lire aussi le dossier de presse de la Comédie-Française sur les mises en scène de Britannicus


Réalisation en 1959 pour la télévision pour la télévision par Jean Kerchbron.

http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu05409/britannicus-de-jean-racine.html
Adaptation de la tragédie par Jean Kerchbron en 1959. Source : INA

Jean Kerchbron, fidèle aux choix du dramaturge, il opte pour un décor antique et solennel, la circularité des colonnes figurant peut-être déjà l’enfermement des personnages dans le piège des passions. Le choix du direct sied parfaitement au genre du théâtre, tandis que la caméra, à la télévision, a la spécificité de mettre en valeur le visage et les mouvements symboliques des acteurs. Extraits de l’ acte II, scènes 6 à 8. Lien vers le site de l’INA
Vidéo complète en version payante :  Lien vers le site de l’INA


Croquis réalisé par à partir de la mise en scène de Kerchbron. CC BY-NC-ND . Source : lescroquis.fr
Croquis réalisé par <BR> à partir de la mise en scène de Kerchbron. CC BY-NC-ND. Source : lescroquis.fr
Croquis réalisé par à partir de la mise en scène de Kerchbron. CC BY-NC-ND . Source : lescroquis.fr
Croquis réalisé par <BR>
à partir de la mise en scène de Kerchbron. CC BY-NC-ND. Source : lescroquis.fr

Antoine Vitez, Théâtre National de Chaillot en 1981

http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu05402/britannicus-de-jean-racine.html
Mise en scène de Vitez. Source : INA

Extrait de la mise en scène de Britannicus de Jean Racine au Théâtre National de Chaillot en 1981 et interview d’Antoine Vitez. Fin de la tirade d’Agrippine, acte IV, scène 2.


Brigitte Jaques-Wajeman au Théâtre du Vieux-Colombier, 2004

http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00274/britannicus-mis-en-scene-par-brigitte-jaques-wajeman-au-theatre-du-vieux-colombier.html
Mise en scène par Brigitte Jaques-Wajeman au Théâtre du Vieux-Colombier, 2004. Source : INA

Interview de Brigitte Jaques-Wajeman, qui explique avoir choisi Dominique Constanza pour jouer Agrippine afin de donner au personnage charme et féminité, à l’encontre des mises en scène traditionnelles. Extrait de la scène 2 de l’acte IV, entre Agrippine et Néron. Reprise de l’interview, où la metteuse en scène évoque l’« amour de prédation » qui traverse les pièces de Racine.

Lien vers le site de l’INA


Jean Louis Martinelli au théâtre Nanterre – Amandiers, 2012.

http://www.nanterre-amandiers.com/2013-2014/britannicus/photos-videos/
(c) Pascal Victor. Source : Théâtre des Amandiers Nanterre.

Vidéos sur le site Nanterre-Amandiers : bande annonce, présentation de la saison et journal de la création.
Interview de Jean-Louis Martinelli (25  minutes) : « l’imbrication du politique et du sentiment amoureux, la conquête de l’autonomie, plus que la conquête du pouvoir »
Lien vers le site Nanterre-Amandiers


Dossiers pédagogiques

Dossier de presse de la mise en scène de Jean Louis Martinelli au théâtre Nanterre – Amandiers, 2012.Lien vers le site Nanterre-Amandiers

Dossier de presse pour la mise en scène de Stéphane Braunschweig à la Comédie-Française en 2016 avec notamment un historique des mises en scène de Britannicus à la Comédie-Française. Lien vers le site

Emission les Nouveaux Chemins de la Connaissance, France Culture, 2012. Lien vers le site

Diriger l’acteur à partir d’une scène de Britannicus.
Fernand Ledoux, acteur de théâtre et de cinéma et professeur au Conservatoire national d’art dramatique, dirige d’une main de fer deux jeunes comédiens qui répètent une scène de Britannicus de Racine. Extrait de Qu’est-ce qu’un comédien, série « Initiation au théâtre »
© IPN/CNDP, 1962 . Lien vers le site pour télécharger la vidéo

Actuellement à l’Affiche

Mise en scène de Stéphane Braunschweig à la Comédie-Française.
Lien vers le site de la Comédie-Française
Lien vers CultureBox

Bérénice de Jean Racine

Tragédie en cinq actes et en vers, représentée pour la première fois le 21 novembre 1670 à l’Hôtel de Bourgogne.
Distribution : 5 hommes et 2 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre.

L’argument

Titus, empereur de Rome, aime passionnément Bérénice, reine de Palestine mais il décide de la quitter par devoir…

« Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l’action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. » Préface de Bérénice

Bérénice à travers Gallica

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8446859d
Illustrateur Serangeli ; Sculpteur Massard. 1802. Source : BnF/ Gallica

Acte II Scène IV

Bérénice
Hé quoi ? vous me jurez une éternelle ardeur,
Et vous me la jurez avec cette froideur ?
Pourquoi même du ciel attester la puissance ?
Faut-il par des serments vaincre ma défiance ?
Mon cœur ne prétend point, Seigneur, vous démentir,
Et je vous en croirai sur un simple soupir.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8427272z/f102.item
Estampe. Source : BnF/Gallica

 

Acte V. Scène 5

Titus
Vous ne sortirez point, je n’y puis consentir.
Quoi? ce départ n’est donc qu’un cruel stratagème ?
Vous cherchez à mourir ? et de tout ce que j’aime
Il ne restera plus qu’un triste souvenir ?
Qu’on cherche Antiochus, qu’on le fasse venir.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8427272z/f62.item
Par Moreau le jeune. Source : BnF/ Gallica

 

Acte V. Scène 5

Bérénice
Vous m’aimez, vous me le soutenez,
Et cependant je pars, et vous me l’ordonnez!
Quoi ? dans mon désespoir trouvez-vous tant de charmes ?
Craignez-vous que mes yeux versent trop peu de larmes ?
Que me sert de ce cœur l’inutile retour ?
Ah, cruel! par pitié, montrez-moi moins d’amour;
Ne me rappelez point une trop chère idée,
Et laissez-moi du moins partir persuadée
Que déjà de votre âme exilée en secret,
J’abandonne un ingrat qui me perd sans regret.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8427272z/f88.item
Illustration Dessenne et Girardet. Source : BnF/ Gallica

 

Acte V. Scène 5

Titus
Oui, Madame, il est vrai, je pleure, je soupire,
Je frémis. Mais enfin, quand j’acceptai l’empire,
Rome me fit jurer de maintenir ses droits :
Je dois les maintenir. Déjà plus d’une fois ,
Rome a de mes pareils exercé la constance.
Ah ! si vous remontiez jusques à sa naissance,
Vous les verriez toujours à ses ordres soumis :
L’un, jaloux de sa foi, va chez les ennemis
Chercher, avec la mort, la peine toute prête ;
D’un fils victorieux l’autre proscrit la tête ;
L’autre, avec des yeux secs et presque indifférents,
Voit mourir ses deux fils, par son ordre expirants.
Malheureux ! mais toujours la patrie et la gloire
Ont parmi les Romains remporté la victoire.
Je sais qu’en vous quittant le malheureux Titus
Passe l’austérité de toutes leurs vertus,
Qu’elle n’approche point de cet effort insigne,
Mais, Madame, après tout, me croyez-vous indigne
De laisser un exemple à la postérité,
Qui sans de grands efforts ne puisse être imité ?


Acte V. Scène dernière.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8446859d
Source : BnF/Gallica

Bérénice
Arrêtez, arrêtez ! Princes trop généreux,
En quelle extrémité me jetez-vous tous deux !
Soit que je vous regarde, ou que je l’envisage,
Partout du désespoir je rencontre l’image,
Je ne vois que des pleurs, et je n’entends parler
Que de trouble, d’horreurs, de sang prêt à couler.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8427272z/f74.item
Planches d’après Le Barbier. Source : BnF/ Gallica

 

Acte V. Scène dernière.

Bérénice à Antiochus.
Prince, après cet adieu, vous jugez bien vous-même
Que je ne consens pas de quitter ce que j’aime
Pour aller loin de Rome écouter d’autres vœux.
Vivez, et faites-vous un effort généreux.
Sur Titus et sur moi réglez votre conduite:
Je l’aime, je le fuis; Titus m’aime, il me quitte.
Portez loin de mes yeux vos soupirs et vos fers.
Adieu. Servons tous trois d’exemple à l’univers
De l’amour la plus tendre et la plus malheureuse
Dont il puisse garder l’histoire douloureuse.
Tout est prêt. On m’attend. Ne suivez point mes pas.


Bérénice par la Comédie Française

Enregistrement en public de Bérénice de Racine avec les comédiens de la troupe de la Comédie-Française le mardi 31 octobre 2017 à 20h en public au Studio 104 de la Maison de la Radio


Les mises en scène de Bérénice à travers le site de l’INA

Mise en scène d’Antoine Vitez, 1980

http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00263/berenice-de-racine-mis-en-scene-par-antoine-vitez.html
Source : INA

Lorsqu’il met en scène Bérénice en 1980, Antoine Vitez semble se désintéresser de Titus, joué par le jeune Pierre Romans, au profit d’Antiochus, dont il assume lui-même le rôle face à la Bérénice de Madeleine Marion. La pièce est jouée en costumes du XVIIIe siècle comme pour souligner l’universalité de ce qui s’y joue. Pour Vitez, cette tragédie est celle des amours interdites d’une femme pour un homme dont tout la sépare, et de son impossibilité d’en aimer un autre dont tout la rapproche : Bérénice et Antiochus présentent d’ailleurs tout au long du spectacle un rapport d’étrange camaraderie amoureuse, tandis que Titus est un adolescent veule qui fuit. Ces personnages, qui se confondent avec le politique, ne songent jamais à y renoncer et leur douleur est d’autant plus déchirante qu’elle est, dès le début, lucide.
Entrecoupée d’extraits du spectacles, tirés de la scène 3 de l’acte III et de la scène 5 de l’acte IV, une interview du metteur en scène Antoine Vitez analyse le jeu amoureux décrit par la pièce et l’incapacité des trois personnages principaux à se rejoindre.
Lien vers le reportage sur le site de l’INA

Mise en scène de Klaus-Michael Grüber à la Comédie-Française en 1984

http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00264/berenice-de-racine-mis-en-scene-par-klaus-michael-gruber-a-la-comedie-francaise.html
Source : INA

Premier metteur en scène allemand invité à la Comédie-Française, Klaus-Michael Grüber impose pour la saison 1984-1985 l’une des mises en scène les plus mémorables de la tragédie de Racine. Dans un décor minéral et nu, il oppose à un Titus sculptural et impérial (Richard Fontana) une Bérénice orientale à la lourde perruque (Ludmila Mickaël), superposant aux deux personnages les figures plus anciennes d’Antoine et de Cléopâtre. Très statiques, les comédiens ne s’approchent jamais les uns des autres, comme pour figurer leur incapacité à se rejoindre, et donnent à entendre une diction chuchotée qui produit une impression d’épuisement.

. Extrait du spectacle, tiré de la scène 4 de l’acte II, puis interview de Jean-Pierre Vincent, administrateur de la Comédie-Française, qui appuie le choix d’une mise en scène statique en rappelant la raréfaction des effets opérée par Racine en son temps et défend le metteur en scène allemand Klaus Michael Grüber face aux réflexes nationalistes de certains critiques.
Lien vers le reportage sur le site de l’INA

. Les comédiens interprètent dans l’escalier de la Comédie Française des extraits de »Bérénice ». Historique du rôle de Bérénice à l’aide de photos et d’interviews d’actrices ayant tenu ce rôle : Germaine ROUER et Geneviève CASILE. Les comédiens évoquent ensuite Klaus Michael GRUBER, le metteur en scène et sa façon de travailler).
Lien vers l’émission Plaisir du Théâtre sur le site de l’INA

Mise en scène de Lambert Wilson au Théâtre des Bouffes du Nord en 2007

http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00287/berenice-de-racine-mis-en-scene-par-lambert-wilson-au-theatre-des-bouffes-du-nord.html
Source : INA

La mise en scène de Bérénice que Lambert Wilson présente en 2007 au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris est une seconde tentative : il avait déjà proposé une Bérénice en 2001 au Festival d’Avignon, puis au Théâtre National de Chaillot, avec Kristin Scott-Thomas et Didier Sandre dans les rôles de Bérénice et de Titus, mais la transposition qu’il avait alors opérée, situant l’action dans la Rome de Mussolini, n’avait guère convaincu. Pourtant, irrésistiblement porté vers une pièce qu’il considère comme « la pièce de Racine », contenant à ses yeux « tout le théâtre ou presque », Lambert Wilson y revient six ans plus tard, construisant une mise en scène très différente, beaucoup plus dépouillée et plus intime : s’appuyant sur les costumes et les décors sobres, à la romaine, de Chloé Obolensky, il parie avant tout sur le texte de Racine, cultivant la clarté de l’alexandrin et le respect de la prosodie. Formant avec Carole Bouquet le couple central de la tragédie, auquel les deux comédiens prêtent une distinction aristocratique, il confie à Fabrice Michel le rôle d’Antiochus et à son père Georges Wilson, âgé de quatre-vingt-six ans, celui du conseiller Paulin.
Présentation du spectacle en voix off sur des images de la préparatifs de la dernière répétition. Lambert Wilson souligne le caractère exigeant de la pièce, qui nécessite à la fois un engagement émotionnel et une attention plus intellectuelle à la langue. Extrait de la scène 6 de l’acte V en répétition. Carole Bouquet insiste sur l’exceptionnelle qualité de la langue et du théâtre de Racine.
Lien vers le reportage sur le site de l’INA

Voir aussi le reportage réalisé lors de la mise en scène de Wilson avec Kristin Scott Thomas et Didier Sandre au Palais des rois de Majorque. Lien vers le reportage sur le site de l’INA

Dramatique pour la télévision, réalisée par Raymond Rouleau, avec Laurent Terzieff
Lien vers un extrait sur le site de l’INA (intégralité en version premium).


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