Renard Jules

Chroniques consacrées à Jules Renard : biographie, œuvres théâtrales, thèmes abordés…

Le Cousin de Rose de Jules Renard

Comédie en un acte écrite en 1908, jamais représentée du vivant de l’auteur.
Distribution : 3 hommes, 2 femmes
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

À la campagne, Bargette vient rendre visite à son amie Rose. Elle lui apprend que son cousin Jacques vient d’être chassé violemment par Morin, son logeur, qui l’a surpris avec sa femme. Jacques était auparavant hébergé chez Rose et on comprend que Rose a un faible pour son cousin, comme Bargette d’ailleurs. Arrive Jacques, suivi peu après par le terrible Morin et par le mari de Rose, Polyte…

Adaptation à la télévision

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Jules Renard, la R.T.F. a décidé de donner vie au « Cousin de Rose » qui n’avait jamais été représenté auparavant.  Durée 27 minutes, diffusé le samedi 21 mai 1960 à 22h10
Introduction de Gilbert SIGAUX Réalisation de Roland BERNARD
Avec
Claude NICOT Jacques, 30 ans
Pierre LEPROUX Polyte, 50 ans
Alexandre RIGNAULT Morin, 45 ans
Arlette THOMAS Bargette, 38 ans
Yvette ETIEVANT Rose, 37 ans
Source : BDFF (base de données de films français avec image)

http://php88.free.fr/bdff/image_film.php?ID=10895
Yvette Etievant et Pierre Leproux dans le Cousin de Rose. Source : BDFF

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L’Invité ou Huit jours à la campagne de Jules Renard

Comédie en un acte, représentée pour la première fois au Théâtre de la Renaissance, le 5 février 1906.
Distribution : 3 femmes, 1 homme
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Un jeune Parisien, Georges Rigal, veut passer «huit jours à la campagne» chez son ami, Maurice Perrier. Il arrive dans la maison familiale, mais il n’est pas attendu et son ami est absent. Il reçoit un accueil glacial de la part de la grand-mère, Maman Perrier.

Extrait

Madame Perrier
Maurice est sorti ce matin, avant le passage du facteur. Il n’a donc point lu votre lettre, et je ne l’ai pas décachetée ; je l’avais mise dans ma poche. Tenez, monsieur.

Georges
Vous pouvez la lire, madame.

Madame Perrier
C’est inutile, monsieur, puisque vous voilà.

Georgesprenant la lettre.
Elle ne renferme aucun secret, madame ; j’écrivais à Maurice. Il pose sa valise sur le banc, ouvre la lettre et lit : « Cher ami, mon congé m’est accordé. Il y a si longtemps que tu me retiens et que je te promets ces huit jours… »

Maman Perrierinquiète.
Huit jours !

Madame Perrierd’un ton insignifiant, pour réparer.
Huit jours.

Georges
J’ai mis huit jours, pour mettre un chiffre, mais je resterai autant que je voudrai, autant que Maurice voudra, autant que vous voudrez, mesdames… (Il continue de lire la lettre.) « J’arriverai demain matin jeudi, (c’est aujourd’hui, vous voyez si je suis exact !) par le premier train ; je me fais une joie de bavarder avec toi et de connaître enfin madame ta mère et mademoiselle ta sœur…»

Maman Perrier
Et la grand-mère, on n’en parle pas ?

Georges
Oh ! Madame.

Maman Perrier
Elle ne compte plus !

Georges
Pouvez-vous dire, madame ?

Maman Perrier
Maurice, je parie, m’a déjà donnée à tuer.

Georges.
Non, madame.

Maman Perrier.
Ça ne m’étonnerait pas de lui. Vous ne saviez peut-être pas seulement que j’existe ?

Georges.
Oh ! madame, je sais… je sais de quelle affection Maurice vous aime. Je vous ai oubliée par étourderie. Excusez-moi.

Madame Perrierarrangeante.
D’ailleurs, à quoi ça sert d’écrire des longues lettres qui n’en finissent plus, quand on va se voir ?

Georges.
N’est-ce pas, madame ? Vous avez bien raison.
Silence.
Je reprends donc ma lettre.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k442299f/f1.item
Les Hommes du jour / dessins de A. Delannoy ; texte de Flax. 3 avril 1909. Source : BnF/Gallica

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Le Plaisir de rompre de Jules Renard

Comédie en un acte, représentée pour la première fois le 16 mars 1897, au Cercle des Escholiers, reprise le 12 mars 1902, au Théâtre-Français. Dédiée à Edmond Rostand. Danièle Davyle, pensionnaire de la Comédie-Française, a inspiré le personnage de Blanche.
Distribution : 1 homme, 1 femme
Texte intégral de la pièce en téléchargement gratuit sur Libre Théâtre

L’argument

Maurice rend une dernière visite à Blanche, son ancienne maîtresse. Il prépare son mariage avec une jeune fille qui a les manières  « d’une chaise sous sa housse ». Blanche va également se caser avec « un adorateur frugal ». Ils semblent toujours s’aimer, avec autant de passion.

Illustrations de Maillaud

extraites de l’édition Fayard, 1911. Source : BnF/Gallica



Sur le site de l’INA

Mise en scène pour la télévision par Jean Marie Coldefy. 28 juillet 1973 avec André Dussolier et Michele Boudet. Extrait sur le site de l’INA


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Le Pain de ménage de Jules Renard

Comédie en un acte représentée pour la première fois le 14 mars 1898, dans les salons du Figaro, à Paris, avec Lucien Guitry  et Marthe Brandès. Elle est dédiée à Tristan Bernard.
Distribution : 1 homme, 1 femme
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Deux couples sont réunis pour un séjour de vacances. Marthe et Pierre, dont les conjoints respectifs se sont retirés après le dîner, évoquent leur vie de couple, les qualités de leurs conjoints, la question de la fidélité. La conversation se transforme rapidement en marivaudage.

Illustrations de Maillaud

extraites de l’édition Fayard, 1911. Source : BnF/Gallica



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Monsieur Vernet de Jules Renard

Comédie en deux actes représentée pour la première fois sur la scène du Théâtre Antoine le 6 mai 1903. Entrée dans le répertoire de la Comédie-Française en le 30 mai 1933.
Distribution : 3 hommes, 5 femmes


L’argument

M. Vernet est un brave homme qui aime l’escrime et les artistes. Il invite un soir Henri Gérard, un jeune homme avec lequel il s’entraîne à l’épée et découvre qu’il est poète. La famille Vernet doit partir pour deux mois à la mer et M. Vernet propose au jeune homme de partir avec eux, pour donner des leçons à leur jeune nièce, Marguerite, qui les accompagne. L’entourage est conquis par ce beau jeune homme, qui s’éprend de Mme Vernet et lui déclare sa flamme, alors même que M. Vernet lui propose d’épouser Marguerite…

Illustrations

Illustrations de Maillaud extraites de l’édition Fayard de 1911. Source : BnF/Gallica



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Publication aux Editions La Comédiathèque

Monsieur et Madame Vernet se prennent d’amitié pour un jeune artiste, Henri Gérard. La famille Vernet doit partir pour deux mois au bord de la mer et M. Vernet propose à Henri de les accompagner. L’entourage est conquis par ce beau jeune homme, qui s’éprend de Mme Vernet et lui déclare sa flamme.

En adaptant pour le théâtre son célèbre roman L’Écornifleur, Jules Renard met en scène dans cette comédie en deux actes des personnages ordinaires, mais sensibles. Entre humour et mélancolie, l’écriture, ramassée et précise, évoque avec subtilité les relations d’un couple.

Distribution : 3 hommes, 5 femmes

ISBN 978-237705-084-0
Mars 2017
74 pages ; 18 x 12 cm ; broché. Prix TTC : 9,90 €

La Demande de Jules Renard

Comédie en un acte, écrite en collaboration avec Georges Docquois. Représentée pour la première fois à Paris, sur la scène du Théâtre national de l’Odéon, le 9 novembre 1895. Tirée d’une nouvelle parue initialement dans le Mercure de France de janvier 1890, et éditée dans le recueil Sourires Pincés.
Distribution : 3 hommes, 4 femmes
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argumentaire

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55877853/f131.image
Parution de la nouvelle La Demande dans Almanach Normand-Percheron en 1911. Source : Gallica/ BnF

Ripois a deux filles, Henriette et Marie qu’il veut marier. Marie est vive et jolie, mais Ripois veut d’abord marier Henriette, l’aînée, un peu disgracieuse. Alors que Gaillardon vient acheter un de ses taureaux, il fait sa demande en mariage. Ripois l’invite à déjeuner et informe sa femme et ses filles de la bonne nouvelle. Mais il y a une erreur sur la promise : Gaillardon souhaite épouser Marie, alors que Ripois pense qu’il s’agit d’Henriette…


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Biographie de Jules Renard

Jules Renard, de son véritable nom Pierre-Jules Renard, est né le 22 février 1864, à Châlons-du-Maine (Mayenne). Il a une sœur, Amélie et un frère, Maurice de deux ans son aîné. Lorsqu’il a deux ans, la famille retourne dans le pays de son père, à Chitry-les-Mines, dans la Nièvre. Son père, entrepreneur de travaux publics, est républicain, franc-maçon et anticlérical. Il devient maire de Chitry. Sa mère est une catholique dévote qui ne supporte plus ni son mari, ni le jeune  Jules, un enfant non désiré. Le roman Poil de Carotte est très largement autobiographique et décrit cette enfance difficile, sans amour.

Jules est pensionnaire à Nevers. Il est reçu bachelier ès lettres en 1883 après des études au lycée Charlemagne à Paris. Il prépare le concours de l’École normale supérieure, mais renonce rapidement. Il écrit, lit énormément, fréquente les cafés littéraires et les théâtres. Il rencontre Danièle Davyle pensionnaire de la Comédie-Française qui lui inspirera le personnage de Blanche dans Le Plaisir de rompre. Il fréquente alors assidument le théâtre. Il commence à écrire pour quelques revues. Le 28 avril 1888, il épouse Marie Morneau, âgée de 17 ans qui apporte une belle dot. Le couple s’installe 44 rue du Rocher à Paris.

Jules Renard participe à la fondation du Mercure de France en 1889 : il est à la fois critique théâtral, rédacteur en chef et administrateur. Il publie en 1890, Sourires pincés, recueil de ses textes parus dans le Mercure de France. Jules Renard fréquente Alphonse Allais, Edmond Rostand, Courteline, Huysmans, Marcel Schwob, Alphonse Daudet, les Goncourt, Tristan Bernard, Lucien Guitry et Sarah Bernhardt. Le succès arrive avec L’Écornifleur, publié en 1892, qui raconte l’histoire d’un littérateur parasite. Jules Renard commence à publier des textes dans le Figaro, l’Écho de Paris, Gil Blas. En 1893, il publie Coquecigrues et La lanterne sourde et achève l’écriture de sa première pièce, La Demande, qui sera montée en 1895. En 1894, il entre à la Société des gens de lettres et publie Poil de Carotte, qui obtient immédiatement un grand succès.

À partir de 1895, Jules Renard passe plusieurs mois par an à Chaumot, proche de Chitry-les-Mines.  Entre le 16 novembre 1895 au 4 janvier 1896,  Jules Renard fait paraître les scènes de La Maîtresse, illustrées par Valloton dans la revue Le Rire. 1896 est marquée par la parution des Histoires naturelles et de La Demande.
Sa pièce Le Plaisir de rompre est créée aux Bouffes-Parisiens en 1997. La même année son père, malade depuis quelque temps et sachant son mal incurable, se suicide d’un coup de fusil de chasse en plein cœur.
Jules Renard commence la rédaction de son Journal en 1897, qui sera publié de façon posthume, de 1925 à 1927.

En 1898, Jules Renard prend position en faveur du Capitaine Dreyfus. La même année, Jules Renard connaît un nouveau succès au théâtre avec Le Pain de ménage, pièce dans laquelle joue Lucien Guitry. L’année suivante, Jules Renard rédige l’adaptation théâtrale de Poil de Carotte, qui connaît un véritable triomphe au Théâtre-Antoine.

En 1900, Jules Renard reçoit la Légion d’honneur et devient conseiller municipal de Chaumot. Entre 1901 et 1903, il rédige de nombreux articles politiques, anticléricaux et républicains, pour le journal L’Écho de Clamecy. Succédant à son père, il devient maire de Chitry en 1904 ; il restera maire jusqu’à sa mort en 1910. Élu sur une liste républicaine, il s’engage dans la lutte contre l’ignorance.

En 1901, la pièce Le Plaisir de rompre est représentée à la Comédie-Française. Jules Renard travaille à l’adaptation de l’Écornifleur au théâtre : Monsieur Vernet.  La pièce sera représentée  sur la scène du Théâtre Antoine le 6 mai 1903.

Jules Renard est élu membre de l’académie Goncourt le 31 octobre 1907, au fauteuil de Huysmans grâce à Octave Mirbeau, qui a dû menacer de démissionner pour assurer son succès.

Sa mère, ayant perdu la raison, décède en 1909 en tombant dans le puits de la maison familiale. La même année, la pièce La Bigote est créée à l’Odéon.

Le 22 mai 1910, Jules Renard meurt à Paris. Il est enterré civilement à Chitry-les-Mines dans le tombeau en forme de livre ouvert qu’il a fait construire après la mort de son frère en 1900.

Certaines pièces sont créées à la Comédie-française après sa disparition :
1912 : Poil de Carotte
1927 : Le pain de ménage
1933 : Monsieur Vernet.

Lien vers le Théâtre de Jules Renard sur Libre Théâtre

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k273598k/f1.item
Jules Renard par Sacha Guitry. Extrait du Figaro Littéraire du 1août 1925. Source : BnF/Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8432962q/f17.item
Jules Renard. Nos contemporains chez eux / Dornac. Source : BnF/Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k442299f/f1.item
Les Hommes du jour / dessins de A. Delannoy ; texte de Flax. 3 avril 1909. Source : BnF/Gallica

Portrait de Jules Renard par Paul Acker

Paul Acker,  Petites confessions (visites et portraits). première série.  Editions A. Fontemoing, 1905 (Paris) . Source : Gallica

Un crâne pointu, aux cheveux jaunes et clairs, une tête ronde et grosse, deux oreilles écartées, un front large et haut, des yeux gris au regard aigu et froid ; près de la fenêtre, le veston ouvert sur un gilet de tricot, penché sur une table, M. Jules Renard lisait. Derrière lui, des livres ; à côté de lui, des livres, partout des livres, jaunes, blancs, verts, rouges, reliés, brochés, alignés, entassés, solitaires. Une lumière éblouissante baignait le cabinet de travail, et comme un parfum de silence flottait dans l’air. Un instant, je contemplai, piqués au mur par une épingle, les portraits d’Eugénie Nau et de Gertrude Eliott, dans le rôle de Poil-de-Carotte. M. Jules Renard leva la tête, me serra les doigts, et, du coupe-papier qu’il tenait à la main, désigna un fauteuil.
Il y a cinq ans, j’étais arrivé ainsi, un matin, chez l’auteur des Histoires naturelles. Je ne le connaissais pas, je l’aimais seulement, et, à peine échappé des bancs de l’Université, riche de puériles et littéraires ambitions, je lui avais rendu visite pour le voir, lui parler, et peut-être conquérir sa sympathie. Avec quelle émotion je l’avais écouté ! Maintenant, de nouveau, à la veille de la première représentation de Monsieur Vernet au Théâtre-Antoine, je venais le trouver, le cœur rempli toujours de la même admiration. Rien n’avait changé, ni le décor, ni lui-même : il n’y avait à sa boutonnière qu’un étroit ruban écarlate de plus. Il me sembla que, soudain, j’avais rajeuni, et, d’avoir éprouvé une si originale sensation, des mots reconnaissants montèrent à mes lèvres. Hélas ! ils ne parvinrent pas à s’échapper ! Je m’aperçus soudain que je ne savais presque rien de la vie d’un écrivain que je chérissais, et ce furent d’autres phrases que je prononçai, tout rougissant de mon ignorance. M. Jules Renard les entendit en souriant, il les attendait, il les salua au passage, et sans bouger, lentement, éveillant de lointains souvenirs, il leur répondit :
— Comme tout le monde, j’ai préparé l’École normale, mais j’ai rencontré au lycée Charlemagne, où j’étais, un professeur ridicule et fameux en ce temps-là — on le nommait La Coulonghe. — Ah ! il m’a trop ennuyé, j’ai renoncé à l’École. À cette époque, j’écrivais des vers sans cesse, des vers partout, des vers toujours. Je n’avais pas d’emploi, j’en cherchai un, je subis un examen pour entrer à la Compagnie de l’Est, je fus reçu, mais jamais placé… Voyons, voyons, c’est si loin, tout ça, je ne me rappelle plus très bien… Je présente à La Revue indépendante un article, et Félix Fenéon, qui la dirige, me le refuse sans barguigner. J’en présente encore avec le même succès à La Vogue. Je deviens membre d’un cercle de poètes, les « Zutistes », qu’avait fondé Charles Croze, et là on me sacre grand homme. Déjà ! et je n’avais pas le sou, je donnais des leçons, quelques jours même je fus employé dans une maison où l’on vendait du charbon, mais le patron me congédia en me prédisant d’autres destinées, prédiction qui, en attendant qu’elle se réalisât, me mit sur le pavé. Je récitais aussi des vers dans le sous-sol d’un café de la place Saint-Michel, c’était Goudeau qui présidait… La première fois que je montai sur l’estrade, on me hua… J’avais récité, sans m’en douter, des vers qui, parait-il, étaient inconvenants. Enfin, tout s’arrange, je me marie, je fonde avec Valette Le Mercure de France… Un matin, Marcel Schwob frappe à ma porte, j’étais au lit, je me lève, il me demande un conte pour le supplément de L’Echo de Paris, et je me vois encore, en chemise, fouillant en vain les tiroirs, puis obligé de promettre que j’écrirais une nouvelle tout de suite ; voilà comment j’entrai dans la presse.
Souple et nonchalant, un chat blanc, la queue en l’air, glissa par la porte de la chambre entr’ouverte, avança de quelques pas, leva son nez rose vers mes doigts qui se tendaient pour une caresse, puis, dédaigneux, se détourna et regagna l’asile un instant abandonné. Est-ce une comparaison trop familière ? Il me parut, par une de ces bizarres associations d’idées qui naissent en nous, on ne sait ni pourquoi ni comment, que M. Jules Renard, après avoir ainsi désiré et goûté le charme de la notoriété parisienne, en était revenu à souhaiter les éloges des compagnons de ses premières années. Tout jeune, je n’avais voulu voir en lui que l’homme de lettres, ignorant le peintre amoureux de la nature, que ravissaient les campagnes blondes, les bois verts et les paysans simples. Comment avais-je pu séparer du Parisien ironiste et âpre le Nivernais ému et attendri ? Comme s’il devinait mes pensées, il murmura :
— Je suis né en Mayenne, par hasard, mais je n’ai qu’un pays, Chitry-les-Mines, dans la Nièvre. C’est là que mon père demeurait, et c’est là qu’il mourut. Ce petit coin de terre contient toute ma vie…
Ah ! comme les yeux froids de M. Jules Renard s’adoucissaient subitement ! Ils ne regardaient plus ce qui les entourait, ils regardaient par delà les murs, très loin, très loin, la maison à un étage, avec la cour, la cage aux lapins, la barrière fermée sur le chemin, tout ce décor rustique où Poil-de-Carotte vécut son enfance douloureuse et que nous vîmes reproduit avec une si étonnante exactitude sur la scène de M. Antoine… Peut-être, comme au temps jadis, apercevait-il la terrible Mme Lepic, sa mère, penchée à la fenêtre, M. Lepic, son père, poussant la porte pour sortir, le grand frère Félix prêt à le battre. Tout l’émouvant tableau des années lointaines de ce gamin amer et philosophe, qui furent les siennes, se déroulait devant lui.
— Oui, comme tous les enfants, soupira M. Renard, un beau jour j’ai eu envie de me pendre… C’est bien mon enfance que j’ai racontée… Mme Lepic vit encore, Étiennette aussi. Félix est mort.
Un sourire indulgent et charmant flotta sur ses lèvres : aujourd’hui, il n’attachait plus grande importance à ce suicide manqué, c’était un souvenir qui l’amusait, d’autres soucis occupaient son cœur et son esprit.
— Je ne connais que ce petit coin de terre, car je ne voyage jamais. Comme ma mère habite toujours Chitry, j’ai loué une maisonnette à Chaumot, tout près, j’en suis conseiller municipal, et non seulement j’y vais aux vacances, mais aussi souvent dans l’année pour les réunions du conseil. J’écris des articles dans L’Écho de Clamecy, où je traite des questions morales et pédagogiques ; je suis délégué cantonal, je fais des conférences populaires, où je parle de Hugo, de Michelet, de Molière…
Un instant, la voix se tut, puis M. Renard ajouta :
— Eh bien ! je suis vingt fois moins connu chez moi qu’à Paris. Les gens ne peuvent pas admettre qu’un homme qu’ils ont vu enfant ait acquis, loin d’eux, une certaine célébrité. Je n’ai aucune influence comme conseiller. D’ailleurs, j’ai une détestable réputation : je suis « le socialiste et le païen ». Quand je fais une conférence, on écoute très attentivement, puis on s’en retourne avec défiance :
« Qu’est-ce qu’il veut ? pense-t-on. Qu’est-ce qu’il va nous demander ? » Et quand on voit que je ne veux rien, que je ne demande rien, on est alors tout à fait troublé, on est sûr que je médite quelque mauvais coup. Et puis, la Nièvre a ses grands hommes, qui ne la quittent pas, qui vivent toujours à l’ombre de ses bois, au bord de sa rivière… Ceux-là, personne ne les ignore. Vous pouvez citer le nom de Claude Tiller, de Milien, de Courmont et de plusieurs autres Nivernais, chacun a lu leurs proses ou leurs vers. La revue qui paraît à Nevers ne laisse dans l’oubli aucune de ses gloires locales, mais elle ne m’a jamais consacré un article. Tenez ! Poil-de-Carotte avait beaucoup accru ma réputation ; du moins naïvement je l’imaginais. Quand on le joua à Nevers, l’imprésario annonça que l’auteur était un enfant de la contrée et qu’il parlerait lui-même de sa pièce avant la représentation. Eh bien ! il n’y eut pas un chat, ce fut la soirée la plus désastreuse de la tournée.
M. Renard pencha la tête un peu. Il jouait toujours avec son coupe-papier, machinalement, et machinalement aussi les mots quittaient ses lèvres, sans se presser, sans s’ordonner, sans se grouper en un beau paragraphe solide et nerveux, pareils simplement à des gouttes paresseuses qui tombent une à une d’un robinet entr’ouvert. Je crus démêler des regrets, des illusions perdues, des rêves trop pleurés, mais, une fois encore, je me trompais.
— Non, non, ne croyez point que j’en veuille à mes compatriotes. Ils ne savent pas, ils ne pensent pas, ils vivent sans se soucier de rien. Quand je retournai à Chaumot, après ma décoration, je me figurais avec ingénuité que mes collègues du conseil me féliciteraient, et j’avais déjà tout arrangé pour les traiter au restaurant de la petite ville. Ah bien oui ! pas un ne m’en a parlé ; non pas qu’ils fussent jaloux, mais ils étaient impuissants à exprimer leur stupeur devant ce phénomène : un homme jeune décoré ! Ils sont si simples, qu’ils m’échappent. L’an dernier, je fis nommer Philippe, mon jardinier, adjoint au maire : quatre jours après, sa femme l’ignorait encore, il ne lui avait rien dit. Pourquoi s’intéresseraient-ils à moi, alors qu’ils s’intéressent si peu à eux-mêmes ? Et, d’ailleurs, c’est ce qui me passionne, cette lutte continuelle et silencieuse avec ces natures frustes et primitives ; je leur devrai encore, je le sens, tout ce que j’écrirai.
— Alors, la pièce qu’on va jouer, Monsieur Vernet…
Je n’eus pas le temps d’achever. D’un geste vif, M. Renard m’interrompait :
— Non, celle-là ne doit rien aux Nivernais. J’imagine, dans un milieu bourgeois, un poète ; l’entrée de ce poète dans ce milieu et son départ, voilà toute ma pièce. On a dit que c’était le sujet de mon roman : L’Écornifleur, porté sur le théâtre ; c’est une erreur.
Des minutes s’écoulèrent, le silence régna, puis douze coups retentirent. Si bien que je fusse dans mon fauteuil, tout près d’un maître cher, je ne pouvais trop retarder l’heure de son déjeuner. Je me levai, M. Renard aussi, je marchai sur la queue du chat qui revenait et s’enfuit, et je trébuchai quelques pas. Paternel, M. Renard ouvrit la porte :
— On me reprochait, dit-il, de ne pouvoir écrire une pièce en cinq actes. Voilà maintenant que j’ai écrit trois pièces d’un acte, et une autre de deux. N’est-ce pas la même chose ?…

À propos de Jules Renard :

Blog amoureux de Jules Renard
Blog Pour Jules Renard
Emission Concordance des Temps, France Culture, 27/02/2016

 

 

La Bigote de Jules Renard

Comédie en deux actes, représentée pour la première fois le 21 octobre 1909 sur la scène du Théâtre de l’Odéon.
Distribution : 5 hommes et 6 femmes
Texte à intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b531299620/f1.item
Léon Bernard dans « La bigote » de Jules Renard / dessin de Yves Marevéry. 1909. Source : BnF/Gallica

M. Lepic, maire d’une petite commune du Nivernais est un libre-penseur alors que sa femme est bigote. Lorsque Paul Roland vient demander la main de leur fille, M. Lepic le met en garde contre l’influence nocive des curés dans la vie des couples.

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Extrait de l’article de G de Pawlowski,  journal Comœdia illustré. 11 novembre 1909.   Source: BnF/Gallica

« Ce sont deux actes qui mettent en scène quelques épisodes de la vie de cette famille Lepic, que les chefs d’œuvre de M. Jules Renard ont rendue populaire dans le monde des lettres.

Il s’agit de nous montrer comment l’intervention du curé dans une famille provinciale honnête, peut aboutir à un véritable ménage à trois.
Le premier acte expose quels sont, dans la vie courante de la famille, les résultats d’une pareille intervention.
Le second acte est consacré à une exposition de principes plus directe, et se termine d’une façon décourageante par la mainmise d’un curé sur les générations nouvelles que l’on espérait voir échapper à son action.
Au premier acte, la famille Lepic, dans un intérieur bourgeois que vous devinez, est à table. M. Lepic, déjà vieux, a renoncé à la lutte ; définitivement, il s’est renfermé dans sa coquille, passe ses journées à la chasse, fume sa pipe et ne répond plus rien lorsqu’on lui adresse la parole. Ce silence obstiné d’un brave homme épouvante tout le monde ; on craint M. Lepic car on ne discerne même plus quelles peuvent être les causes véritables de l’éternelle bouderie de ce bourru bienfaisant.
Mme Lepic est une bigote, c’est-à-dire que le côté extérieur seul de la religion l’intéresse. Ce n’est point une mystique, car elle garde le paradis pour elle toute seule et ne cherche point à convertir son entourage. Elle trouve toute sa force dans l’appui moral que lui prête le curé ; elle garde égoïstement cet appui pour elle toute seule : le curé n’est pour elle qu’une belle relation céleste.
Le respect de Mme Lepic pour le curé n’est en somme que la manifestation la plus vive du respect qu’elle a pour toutes les traditions sociales. Cela, est si vrai que Mme Lepic, en toute circonstance, tient à sauvegarder la dignité extérieure de son ménage et ne tarit point en éloges sur son mari. Elle dissimule ses gronderies, transforme ses violences continuelles en attentions charmantes ; Mme Lepic est une provinciale dans toute la force du terme.
M. Lepic a un allié : c’est son fils, qui vient de passer son baccalauréat. Son intelligence ne nous apparaît pas clairement, mais surtout son désir d’être avec son papa, d’aller à la chasse plutôt qu’à l’église, et de fumer la pipe parce que l’on aime bien prendre des allures d’homme alors qu’on n’est encore qu’un enfant. Son indépendance n’est qu’une dépendance déguisée.
Mme Lepic a pour alliée passive sa fille Henriette, qui souffre en silence de la mésintelligence familiale, redoute son père, le plaint parfois sans oser le lui dire, et qui, en qualité de fille bien élevée, ne peut faire cependant que ce que sa mère lui dit de faire. C’est un caractère faible que l’éducation traditionnelle n’a fait qu’assouplir encore et qu’aucune initiative ne saurait libérer.
Cette fille Henriette, il s’agit de la marier à tout prix, et c’est aujourd’hui que doit venir un nouveau prétendant, le jeune Paul Roland. L’anxiété est grande. Déjà, M. Lepic, à la suite d’un entretien mystérieux, a mis en fuite un premier candidat. Que se passera-t-il aujourd’hui !
Une amie d’Henriette, plus confiante et aussi plus émancipée, interrogera hardiment M. Lepic qui, contrairement à la crainte générale, ne paraîtra point s’opposer au mariage.
Mme Bache, la mère du fiancé, qu’épouvante aussi M. Lepic, n’osera point lui faire sa demande, et c’est M. Paul Roland lui-même qui, au second acte, devra aborder le terrible maire anticlérical pour lui demander la main de sa fille. C’est une occasion pour M. Lepic d’exposer quel fut le désastre de sa vie et de mettre le jeune homme en garde contre les manœuvres du curé.
M. Lepic, lorsqu’il s’est marié, aimait sa femme. Il a tout fait pour la conserver ; le curé la lui a prise. Que Paul Roland fasse bien attention : la fille de Mme Lepic a été élevée par sa mère, elle lui ressemble. Que Paul Roland ne recommence point la triste aventure de M. Lepic !
M. Paul Roland est un brave jeune homme : il ne craint rien ; Henriette l’aime, et puis c’est un esprit libre, il est au-dessus de tous les vieux préjugés. M. Lepic lui accorde la main de sa fille et part pour la chasse. Et, dès qu’il est sorti, le curé s’assied dans son fauteuil. Entouré par toute la famille triomphante, il bénit les nouveaux fiancés.
Paul Roland a l’esprit trop libre pour ne point lui faire bon accueil dès le premier jour. Nous sentons que le curé prendra dans le nouveau ménage la même place qu’il occupe dans l’ancien. L’Eglise est patiente parce qu’elle est éternelle, et son histoire est un perpétuel recommencement. »





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La Maîtresse de Jules Renard

Comédie parue en plusieurs épisodes dans le Rire, du 16 novembre 1895 au 4 janvier 1896, illustrés par Valloton. Editée en un volume en 1896.
Distribution: 3 hommes, 1 femme
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Série de courtes scènes entre un jeune homme et sa maîtresse, de la séduction à la rupture, réelle ou supposée.
Sommaire des scènes: 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1172961r/f2.item
Source : Gallica

Pour Parler
– Réticences,
– Le Nez du Gouvernement,
– Phénomènes connus
La Veille
– Le Cocher
– Le Cocher, le même
– Echange de petits noms
– Avant tout, la Paix
– Le Passé
– D’où vient l’argent

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1172961r/f2.item
Source : Gallica

– La question des enfants
– Scrupules
– L’Alerte
Le Contact
– Inventaire
– La Patronne
– La Toilette
– L’Ami Osoir
Cris dans la Nuit
La Mise au point de leur amour
Les Manœuvres du Gouvernement dévoilées
L’Inévitable Lettre
Dénouement possible

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11729640
Source : Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1172961r
Source : Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1172965d/
source : Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1172966t
Source : Gallica

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Poil de Carotte de Jules Renard

Comédie en un acte, représentée pour la première fois le 2 mars 1900, au théâtre Antoine.
Distribution : 2 hommes, 2 femmes
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Comme à son habitude, alors que son frère est à la pêche, Poil de Carotte, âgé de 16 ans travaille dans la cour. Annette la nouvelle servante de la famille Lepic arrive. Poil de Carotte la met au courant des habitudes de la maison et Annette découvre la triste condition du fils  détesté de sa mère et délaissé par son père. Elle provoque un échange entre le père et son fils, qui se parlent enfin et dévoilent leurs sentiments.

Extrait :

Poil de Carotte
Et la famille, papa ? Quelle blague !… Quelle drôle d’invention !

M. Lepic
Elle n’est pas de moi.

Poil de Carotte
Sais-tu comment je la définis, la famille ? Une réunion forcée… sous le même toit… de quelques personnes qui ne peuvent pas se sentir.

M. Lepic
Ce n’est peut-être pas vrai dans toutes les familles, mais il y a, dans l’espèce humaine, plus de quatre familles comme la nôtre, sans compter celles qui ne s’en vantent pas.

Poil de Carotte
Et tu es mal tombé.

M. Lepic
Toi aussi.

Poil de Carotte
Notre famille, ce devrait être, à notre choix, ceux que nous aimons et qui nous aiment.

M. Lepic
Le difficile est de les trouver… Tâche d’avoir cette chance plus tard. Sois l’ami de tes enfants. J’avoue que je n’ai pas su être le tien.

Poil de Carotte
Je ne t’en veux pas.

Pour aller plus loin

À propos de Poil de Carotte

Jules Renard a rappelé la genèse de la création de la pièce dans une conférence donnée aux adhérents de l’Amicale des Instituteurs de la Nièvre  le 29 octobre 1904 à Nevers.
«  Annette existe déjà dans un chapitre du livre. Sur scène, c’est elle qui a tiré toutes les ficelles. Etrangère, elle arrive, elle entre en place. Elle ne connaît pas la famille Lepic. Elle interroge Poil de Carotte. Poil de Carotte la renseigne et, du même coup renseigne le public.  »
Il raconte également la première lecture de Poil de Carotte à Tristan Bernard. «  C’est injouable, dans cet état, me dit-il. (…) Je failli me brouiller, pour quelques heures, avec ce vieil ami de 15 ans. (…) L’inspiration, c’est de travailler, a dit Baudelaire. C’est ce que je fis, et incorrigible, je lus la pièce dans son texte neuf, à un autre ami, l’acteur Lucien Guitry. (…) La première partie de la pièce l’émut. Je le vis au picotement de ses yeux. La seconde partie lui parut beaucoup trop longue. (…) Mais justement, moi, je préférais cette seconde partie.
— Ma foi, me dis-je, flûte pour les amis  ! Si on les écoutait, on démolirait tout ce qu’on a bâti. Je ne touche plus à ma pièce.
Cependant j’avais reçu ce télégramme d’Antoine  : «  on me dit que vous avez un Poil de Carotte. Le Théâtre Antoine vous est ouvert tout grand  » La lecture à Antoine marcha bien, et le rôle de M. Lepic lui plut. Qui allait jouer le rôle de Poil de Carotte  ? Ce ne pouvait pas être un homme. Les acteurs, comme les actrices, se rajeunissent volontiers, mais un acteur capable de retourner à l’âge de 12 à 14 ans, ça n’existe pas. Il fallait une femme en travesti, un femme qui eût beaucoup de talent et pas de hanches. »
C’est Suzanne Desprès qui obtint le rôle.
«  Oh ! ces répétitions de Poil de Carotte, je ne les oublierai jamais. Jamais je n’ai vu pleurer dans la vie comme sur la scène du Théâtre Antoine. Les trois femmes de ma pièces Suzanne Desprès (Poil de Carotte), Ellen Andrée (Mme Lepic), Renée Maupin (Annette) pleuraient chacune leur tour, souvent toutes les trois ensemble.
Ne vous y trompez pas. Elles pleuraient non d’émotion à l’étude de leurs rôles, mais parce qu’Antoine était terrible  »

Illustrations extraites des Editions Fayard, 1911

D’après les dessins de Maillaud, et Dudouyt. Editions Fayard 1911. Souce : BnF/Gallica


Affiche, estampe et dessin dans Gallica

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52504050s/f1.item
Suzanne Desprès dans Poil de carotte : [estampe] / Müller. 1900. Source : BnF/Gallica

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9017084f/f1.item
Poil de Carotte [avec] Miss Suzie Dorlans : [affiche] / Maurice Neumont. 1905. Source : BnF/Gallica

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53130023k/f1.item
[Marie Leconte dans « Poil de carotte » de Jules Renard / dessin de Yves Marevéry] . 1912. Source : BnF/Gallica



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