La Cagnotte d’Eugène Labiche

Affiche de 1888. Source : BnF/ Gallica
Affiche de 1888. Source : BnF/ Gallica

Comédie-vaudeville en cinq actes d’Eugène Labiche et Alfred Delacour. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal, le 22 février 1864.
Distribution : 14 hommes, 3 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre.

L’argument

Un groupe d’amis de La Ferté-sous-Jouarre a accumulé une cagnotte à force de jouer. Ils décident de dépenser cette cagnotte lors un voyage à Paris.  Mais ces provinciaux ne connaissent pas les usages de la grande ville et le voyage se transforme en une série de catastrophes, provoquées par leur naïveté : ils sont victimes d’une arnarque au restaurant, accusés de vol et arrêtés par la police, dépouillés de leurs achats… Labiche propose dans cette comédie-vaudeville, une satire du bourgeois provincial en dénonçant les faux-semblants et la cupidité.

Un extrait

Benjaminrentrant.
L’addition demandée.

Champbourcyprenant la carte.
Voyons… total… Comment ! cent trente-sept francs vingt-cinq centimes ?

Tousbondissant et se levant.
Cent trente-sept francs !

Champbourcyà Benjamin, qui apporte des bols et se tient debout derrière la table.
Qu’est-ce que c’est que ce plat-là ? Nous n’avons pas demandé ça !

Benjamin.
Ce sont des bols… de l’eau de menthe !

Colladanénergiquement.
Nous n’en voulons pas !

Cordenbois.
Remportez ça !

Benjamin.
Mais ça ne se paye pas !

Tousexaspérés.
Remportez ça !

Champbourcy.
Cent trente-sept francs ! Vous vous êtes dit : « Ce sont des provinciaux, il faut les plumer ! « 

Benjamin.
Mais, monsieur…

Colladan.
Nous sommes aussi malins que toi, mon petit.

Cordenbois.
D’ailleurs, les prix sont sur la carte.

Champbourcy.
Donnez-moi la carte !

Benjaminla prenant sur une table et la remettant à Champbourcy.
Voilà, monsieur.

Champbourcyregardant.
J’en étais sûr… Melon, un franc la tranche.

Colladan.
Pourquoi que vous portez dix francs ? Vous êtes un malfaiteur !

Benjamin.
Il y a dix francs, monsieur… C’est le cadre qui cache le zéro.

Tousregardant.
Oh !

Cordenbois.
Mais la terrine de Nérac… deux francs.

Benjamin.
Vingt francs, monsieur… C’est le cadre qui cache le zéro !

Tousregardant.
Oh !

Léonida.
Nous sommes volés !

Colladanprenant la carte.
Tous les zéros sont cachés !

Champbourcy.
Mais nous ne payerons pas… Où est le patron ?

Mises en scène

Intervention de Jean-Luc Lagarce à propos de sa mise en scène de « La Cagnotte » d’Eugène Labiche lors de la présentation de saison 95/96 du Théâtre de La Métaphore de Lille… Lien vers la vidéo sur Theatre-video.net.

Extrait du spectacle joué à la Comédie-Française en 1988, accompagné d’une interview « impertinente » du metteur en scène Jean-Michel Ribes et des acteurs du Français. Lien vers la vidéo sur le site de l’INA

Dossiers pédagogiques

Lien sur le dossier pédagogique élaboré par la Comédie de Picardie : distribution, compétences visées, résumé de La cagnotte, le Théâtre Amazone,  Labiche et le vaudeville (biographie), exploitation de la biographie, lecture tabulaire de La Cagnotte, le texte de théâtre, vers le brevet, jouer une scène de vaudeville, lire, comparer un texte et une image, groupement de textes, règle du jeu de la bouillotte, bibliographie.

Lien sur le dossier pédagogique élaboré par le Théâtre National de Strasbourg : Labiche et son temps, la mise en scène de Julie Brochen, lecture de Jean Jourdheuil à propos de la mise en scène de Jean-Pierre Vincent (1971 et 1972 au TNS)

Critiques

Extrait des Impressions de Théâtre de Jules Lemaître, conférence de Francisque Sarcey (source site de l’OBVIL)

« Treize ans après, Labiche, avec la Cagnotte, inaugura un second moule. C’était encore celui du Chapeau de paille, — mais avec quelque chose de plus. Quoi donc ?
« La Cagnotte, c’est toujours le Chapeau, mais c’est le Chapeau après la Dame aux camélias, après Madame Bovary, après les études de critique expérimentale de Taine. Parfaitement !
« Vous savez que la grande originalité de Dumas, dans la Dame, c’est de nous avoir montré, sur les planches, des gens qui, au travers de l’action principale, font un tas de petites choses ordinaires et qui parlent, le plus souvent, le langage vrai de la conversation ; bref, d’avoir apporté au théâtre plus de vérité… Je me souviens que, toutes les fois : qu’on parlait à Barrière de la Dame aux camélias, ou plutôt toutes les fois) qu’il vous en parlait (car c’était lui qui y revenait toujours), il criait que Dumas l’avait volé ; que Marguerite, c’était Mimi ; qu’Armand, c’était Marcel ; que le père Duval, c’était l’oncle Durantin. Il oubliait que le grand et neuf mérite de la pièce de Dumas n’était point dans la fable, mais dans le ton, dans l’accent, dans le geste, et, si je puis dire, dans l’atmosphère dont l’action est enveloppée. On se sent là en pleine vie réelle.
« Eh bien, Mesdames et Messieurs, un peu de cette vie a pénétré jusque dans le vaudeville, avec la Cagnotte. Les personnages du Chapeau n’étaient encore que des fantoches. Mais tout le premier acte de la Cagnotte pourrait être celui d’une comédie de mœurs. La Cagnotte, c’est bien toujours le Chapeau, mais teinté de réalité. La Cagnotte, c’est la Dame aux camélias du vaudeville. »

La Cagnotte sur Gallica

Portrait de Lhéritier dans le rôle de Cordembois,

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6402088m
Portrait de Lhéritier dans le rôle de Cordembois. Dessin de Draner 1864. Source : BnF/ Gallica

Portraits desssinés par Lhéritier, lors des premières représentations en 1864

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400711v
scène du premier acte : avec Geoffroy, Lhéritier, Brasseur, Mme Thierret, Mlle Damain. Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400713p
Scène du 3ème acte avec Pellerin, Geoffroy, Brasseur. Source : Bnf/Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400706j
Lhéritier dans le rôle de Cordenbois. Source  BnF/Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400704q
Geoffroy dans le rôle de Champbourcy. Source : BNF/Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400708c
portrait de Lhéritier : dans le rôle de Cordenbois. Source : BnF/ Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400710f
Portrait de Luguet dans le rôle de Cocarel par Lhéritier, lors de la création de la pièce. Source : BnF/ Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b64007039
Brasseur dans le rôle de Colladan . Source : BnF/ Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b64007054
Portrait de Lassouche  dans le rôle de Sylvain. Source : BnF/ Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400707z
Lhéritier dans le rôle de Cordenbois. Source : Bnf/Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400709s
Lhéritier dans le rôle de Cordenbois. Source : Bnf/Gallica
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