Tirade de Perdican dans On ne badine pas avec l’amour (Acte 2, Scène 5)

Perdican

Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.

Lien vers le texte intégral de la pièce et vers la chronique sur Libre Théâtre

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53049893n
Julia Bartet et Charles Le Bargy dans « On ne badine pas avec l’amour », de Alfred de Musset / dessin de Yves Marevéry. Source : BnF/Gallica
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