Une longue peine par la Compagnie des Hommes
Spectacle actuellement en tournée
Dates sur le site de la Compagnie des Hommes
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« Une longue peine » est une proposition théâtrale de La Compagnie des Hommes, distillée comme un alcool sous la prohibition à partir des témoignages bouleversants de quatre anciens détenus ayant purgé de longues peines de prison, et de la femme de l’un d’entre eux, qui l’a accompagné au parloir pendant toute la durée de sa détention. Il est difficile de parler de ce spectacle, mettant en scène de vrais ex-détenus rejouant sur la scène le drame de l’incarcération qu’ils ont vécu dans leur chair. Les comédiens, habituellement, n’interprètent pas leur propre rôle. Une vie en prison. Pourquoi ? Comment ? Par la voix des détenus, le spectacle parle plutôt, et de façon poignante, du comment. La brutalité de la police. L’absurdité de la justice. La cruauté de l’administration pénitentiaire. Comment on arrive en prison. Comment on tente d’y survivre. Comment on en sort. Comment on y retourne. Comment on peut enfin s’en sortir. Par la parole, justement. Ou par l’écriture. Le spectacle est suivi d’un échange avec le public. Et c’est lors de ce véritable deuxième acte qu’on entrevoit le pourquoi. La prison tend à la société le miroir terrifiant de sa propre injustice. De sa propre inhumanité. Certains de ces détenus ont vécu enfermés dès leur naissance. La centrale n’est qu’une prolongation naturelle d’un huis clos familial misérable, inévitablement suivi de séjours en maisons de correction. D’autres finissent en prison pour n’avoir pas voulu vivre dehors en esclaves, comme leurs parents. Ils écopent d’une longue peine pour avoir refusé d’aller au chagrin. Ils finissent à la case prison pour avoir préféré braquer la banque, plutôt que de tirer une carte chance au tabac du coin. On découvre alors que ces anciens détenus, sur la scène, malgré les horreurs qu’ils ont traversées, sont des hommes libres. Qu’ils l’ont toujours été. Plus que beaucoup de ceux qui dans la salle les regardent et les interrogent, enfermés eux-mêmes dans leur prêt à penser, dans leurs préjugés, et dans leurs prétendus bons sentiments. Il faut parfois beaucoup de souffrance pour faire surgir en l’homme ce qu’il a de meilleur. Loin de se présenter seulement comme les victimes d’un système inique, ces anciens détenus assument leurs parcours, leurs erreurs et leurs errances. Ils ne regrettent rien. Ni le bien, ni le mal. Ils demandent seulement un peu d’humanité à leurs juges et à leurs gardiens. Une expérience théâtrale et humaine dont vous ne sortirez pas indemne. À ne manquer sous aucun prétexte.
Critique de Jean-Pierre Martinez
Avec  : André Boiron, Annette Foëx, Eric Jayat, Alain Pera, Louis Perego
Mise en scène : Didier Ruiz
Assistante : Mina de Suremain
Lumière : Maurice Fouilhé
Son : Adrien Cordier
Images : Â Adrien Cordier et Alain Pera
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