Les Fourberies de Scapin, mise en scène de Denis Podalydès
Du 20 septembre 2017 au 11 février 2018
Comédie-Française
Salle Richelieu
Place Colette, Paris 1er
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Les Fourberies de Scapin à la Comédie Française : un spectacle jubilatoire
Scapin n’est pas un justicier. S’il consent à user de ses ruses pour aider Octave à faire accepter à son père un mariage conclu sans son consentement, c’est moins pour faire le bonheur des jeunes époux que pour se venger de cette société qui l’a condamné il y a peu pour ses fourberies. La mise en scène de Denis Podalydès souligne dès le lever de rideau la marginalité de ce personnage asocial en le faisant surgir nu des profondeurs de la terre, tandis que c’est dans les airs qu’il se vengera de Géronte en le bastonnant, enfermé dans un sac et suspendu au-dessus de la scène et du public. Dans cette justice paradoxale, donc, « le justicier » semble tout droit sorti des enfers, et le châtiment a lieu presque dans les cieux. C’est par une autre fourberie que Scapin échappera finalement à une nouvelle condamnation. Et un coup de théâtre viendra restaurer l’ordre social un moment chamboulé. Mais la vision de la société proposée par Molière, bien traduite par cette astucieuse mise en scène, est tout sauf « morale » et manichéenne. Si l’on n’est pas encore dans le théâtre de l’absurde, le sens de cette société sans justice est en tout cas largement questionné.
Le décor, à base de palissades et d’échafaudages, renforce cette vision d’une société aux bases fragiles et à l’équilibre instable. Ce dispositif fait aussi écho aux conditions dans lesquelles cette pièce a été créée, alors que le Théâtre du Palais-Royal était en travaux. Cette simplicité apparente permet d’occuper tout l’espace du plateau, horizontalement et verticalement, offrant un spectacle total.
Mais les Fourberies de Scapin, c’est d’abord une farce qui déclenche des cascades de rire. Benjamin Lavernhe, dans le rôle titre, nous livre une fabuleuse interprétation d’un personnage complexe, passant tout à tour d’un ton badin à une expression cruelle. Aux côtés de cet incroyable Scapin, chaque personnage de Molière semble acquérir une nouvelle densité.
Un superbe moment de théâtre !
Illustration du spectacle par Bénédicte Roullier, lescroquis.fr
Croquis sur le vif (et dans la pénombre)
(Licence des illustrations CC BY-NC-ND)
Mise en scène : Denis Podalydès
Scénographie : Éric Ruf
Costumes : Christian Lacroix
Lumières : Stéphanie Daniel
Son : Bernard Valléry
Maquillages : Véronique Soulier-Nguyen
Avec
Bakary Sangaré, Silvestre
Gilles David, Argante
Adeline d’Hermy, Zerbinette
Benjamin Lavernhe Scapin
Claire de La Rüe du Can / Pauline Clément Hyacinte
Didier Sandre Géronte
Julien Frison Octave
Gaël Kamilindi Léandre
et les comédiennes de l’Académie de la Comédie-Française
Maïka Louakairim, Carle
Aude Rouanet, Nérine
Lien vers le texte intégral et la chronique consacrée aux Fourberies de Scapin sur Libre Théâtre
Afin de permettre au plus grand nombre d’assister à la représentation du spectacle, Pathé Live diffusera Les Fourberies de Scapin en direct de la salle Richelieu, le jeudi 26 octobre 2017 à 20h15, dans plus de 300 salles de cinéma dont 70 salles Gaumont et Pathé.
Des reprises au cinéma sont proposées du 12 novembre 2017 au 31 janvier 2018 dans plus de 400 salles de cinéma.
Voir aussi les notes de travail sur les personnages rédigées par Denis Podalydès illustrées avec les maquettes de costumes réalisées par Christian Lacroix sur le site de la Comédie-Française