Un monsieur qui a brûlé une dame d’Eugène Labiche
Comédie-vaudeville en un acte, mêlée de couplets d’Eugène Labiche et Auguste Anicet-Bourgeois, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal, le 29 novembre 1858.
Distribution : 6 hommes
Texte intégral de la pièce à télécharger sur Libre Théâtre.
L’argument
Bourguillon, notaire dans un petit village veut vendre son étude. Son ami, Blancminet, rêve de marier sa fille au nouveau notaire. Malheureusement Mistral, qui vient acheter l’étude, a mis le feu involontairement à la voiture qui le mène de Paris et découvre qu’il a brûlé la jeune fille qui lui était destinée.
Un extrait
Mistral.
Ah ! c’est le conducteur de la patache !… Tu m’apportes l’addition ?
Le Postillon, lui remettant un papier.
Voilà, monsieur.
Mistral, lisant.
« Pour une patache repeinte à neuf : six cent vingt francs. » (Parlé.) C’est salé ! mais ça n’arrive pas tous les jours ! Nous disons six cent vingt francs ?
Le Postillon.
Ce n’est pas tout, monsieur.
Mistral.
Quoi ?
Le Postillon.
Lisez…
Mistral, lisant.
« Plus, pour une dame brûlée… » (S’interrompant.) Comment, une dame ?
Le Postillon.
Qui était dans l’intérieur.
Mistral.
Qu’est-ce que tu me chantes ?
Le Postillon.
Je ne chante pas ! elle est portée sur la feuille… il paraît qu’elle était montée à Reims… et au relais mon camarade m’a recommandé d’en avoir bien soin !…
Mistral, avec agitation.
Sapristi ! j’aurais brûlé une dame ! pourquoi ne l’as-tu pas sortie de là ?…
Le Postillon.
J’ai songé d’abord à mes chevaux ; les chevaux, ça passe avant tout !
Mistral.
Vite ! courons… il est peut-être encore temps !…
Le Postillon,froidement.
Ah ! monsieur… c’est inutile… j’ai cherché dans les cendres… et je n’ai retrouvé que son dé. (Le lui donnant.) Le voici !…
Mistral.
Un dé ! voilà tout ce qu’il en reste ! (Au postillon.) Mais cours donc, imbécile !… informe-toi de son nom !… qui elle est ? d’où elle vient ?… Cent francs pour toi !… Va ! va !
Le postillon sort vivement.