Fondé en 2019 à Avignon par la compositrice Elisabeth Angot, l’Ensemble 44 a relevé le défi de populariser la création contemporaine auprès du grand public. Ce dimanche 8 décembre, le Théâtre du Balcon accueillait le troisième volet de la Saison Contemporaine en Avignon avec un concert intitulé Bagatelle : un voyage musical à travers des œuvres des XXe et XXIe siècles.
L’après-midi a débuté avec un extrait de Musica Ricercata de György Ligeti, interprété avec brio par le jeune pianiste Alexandre Bielle Chaoul, étudiant au Conservatoire du Grand Avignon. Cette ouverture a laissé place à N27, une création récente d’Elisabeth Angot pour flûte, clarinette et cor, magnifiquement interprétée. Puis, dans un programme savamment construit et animé par le ballet orchestré des pupitres, des pièces pour instrument seul ont alterné avec des œuvres allant du trio au quintette à vents.
Les solistes de l’Ensemble 44 ont proposé des pièces exigeantes mettant en valeur leur excellence technique. Ye-Chang Jung, au hautbois, a livré une interprétation remarquable de l’étonnant Studie über Mehrklänge de Heinz Holliger, explorant des sonorités uniques et complexes. Yannick Mariller, au basson, a ému avec Retracing d’Elliott Carter. Quant à Samuel Bricault, il a impressionné avec Loops I de Philippe Hurel, par sa précision rythmique et sa musicalité.
Inspirée des contes de Charles Perrault, la version pour quintette à vents de Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel a transporté le public dans une parenthèse de pure poésie instrumentale. Olivia Leblanc (clarinette), Samuel Bricault (flûte), Laurianne Gebel de Gebhardt (cor), Yannick Mariller (basson) et Ye-Chang Jung (hautbois) ont su évoquer avec délicatesse l’univers féérique et enchanteur de ces pièces enfantines.
Dans un tout autre registre musical, mais toujours dans l’exploration des jeux d’enfants, les cinq musiciens, devenus également récitants, ont interprété Opus Number Zoo de Luciano Berio avec énergie et humour, offrant une expérience à la fois ludique et théâtrale.
En écho à la pièce d’ouverture, le concert s’est conclu avec les célèbres Six Bagatelles pour quintette à vents de György Ligeti, empruntant au folklore roumain tout en explorant des formes contemporaines.
Une fois encore, l’Ensemble 44 a démontré que la musique contemporaine peut surprendre, émouvoir et ouvrir de nouveaux horizons, tout en restant accessible.

Critique de Ruth Martinez