Une épopée d'Al Andalous au Rouge Gorge à Avignon
Spectacle vu au Rouge Gorge le 17 mars 2023
Le Festival Andalou nous offre un concert en partage dans le cadre exceptionnel du Rouge Gorge à Avignon
Il faut d’abord parler du lieu. Car venir au Rouge Gorge, surtout pour la première fois, est en soi un événement extraordinaire. Installé dans l’ancienne imprimerie Aubanel, au pied du monumental Palais des Papes, et adossée au Rocher des Doms qui affleure encore à l’intérieur, le Rouge Gorge, avec sa structure métallique et sa vaste nef centrale entourée d’une coursive, le tout surplombé d’une verrière, a des allures de cathédrale industrielle ou de paquebot transatlantique.
C’est d’ailleurs à un voyage musical et culturel entre l’Occident et l’Orient que nous invitaient l’Orchestre Tarab et la chorale Les Chandalous, sous la direction du maître Fouad Didi. Un voyage de l’Andalousie à Damas, nous invitant à découvrir des musiques savantes ou populaires, associées à des textes poétiques et philosophiques.
Les femmes, avignonnaises et pour la plupart d’origine maghrébine, largement majoritaires dans la Chorale Les Chandalous, étaient donc aussi en nombre sur la scène pour donner de la voix aux côtés des musiciens et chanteurs de l’Orchestre Tarab, nous offrant ainsi le magnifique tableau de la France que l’on aime, faite de métissage et de diversité culturelle, de liberté d’être soi-même et d’envie de partage avec l’autre.
Il est éminemment symbolique que ce mariage entre l’Orient et l’Occident ait été célébré dans l’ancienne imprimerie de l’un des créateurs, avec Frédéric Mistral, du Félibrige : Théodore Aubanel. Preuve s’il en faut que la revendication d’une identité et d’une spécificité, lorsqu’elle est culturelle et humaniste, n’est pas incompatible bien au contraire avec une ouverture vers toutes les autres cultures.
L’Andalousie est ce lieu mythique où, pendant plusieurs siècles, les trois religions monothéistes ont su cohabiter en harmonie pour offrir au monde une culture d’une grande richesse et un art d’un extrême raffinement. On se prend à rêver que le monde entier s’inspire de ce modèle, en faisant des diversités culturelles une inépuisable richesse naturelle.
Souhaitons bonne chance à Harold David et Mickaël Perras, qui animent désormais ce lieu magique du Rouge Gorge. N’en doutons pas, tout au long de l’année, ils nous offriront encore bien d’autres spectacles d’un très haut niveau artistique, faisant une place à l’utopie, générateurs de bonne humeur et de convivialité.
Critique de Jean-Pierre Martinez
Orchestre Tarab avec :
Fouad Didi (violon, oud, chants),
Youssef Kasbadji (derbouka),
Farid Zebroune (banjo, mandole),
Zak (clavier-piano),
Ensemble vocal Chandalous d’Avignon (chants)
Lien vers le site web du Rouge Gorge